LE SIÈGE DE LENINGRAD

L’encerclement de Leningrad par des forces allemandes et finnoises.

Français 

LE SIÈGE DE LENINGRAD

 

Capitale historique de la Russie et ville hautement symbolique par son nom, Leningrad (Saint-Pétersbourg) voient les armées allemande et finlandaise l’entourer en août 1941. C'est un objectif majeur de la conquête de la Russie. La chute de Léningrad et de la poche d'Oranienbaum  permettrait aux Allemands de mettre hors de combat une quarantaine de divisions, ainsi que la disparition d'un centre de fabrication très important d'armement. Pendant toute la durée de la guerre, ses usines de chars et ses arsenaux de munitions et de canons fonctionnèrent sans discontinuer, fournissant aux troupes de l'Armée rouge les armes nécessaires. D'autre part, la prise de Léningrad aurait libéré un grand nombre de troupes allemandes. Le 21 août, contournant vers l'Est les défenses soviétiques, la 8e Panzerdivision s'empare de Chudovo, coupant ainsi la principale route et voie ferrée reliant Léningrad à Moscou. Le 30 août, la ville de Mga est prise, isolant ainsi totalement Léningrad du reste du pays par voie routière et ferroviaire. Le 4 septembre, les bombes commencent à tomber sur Léningrad. La prise de la ville, dont la défense est organisée par Joukov, se révèle vite impossible. Les Allemands renoncent à un assaut direct et décident de l'investir progressivement. Lorsque les Allemands terminent le blocus de Léningrad, les autorités russes se rendent compte qu'elles ont commis une grave erreur : personne n'a pensé à évacuer la population civile avant l'arrivée de l'ennemi. Il y a donc de très nombreuses «bouches inutiles» sur les 3.000.000 d'habitants qui se trouvent dans la ville. Ainsi, jusqu’au 18 janvier 1944, la ville de trois millions d’habitants sera totalement coupée de l’extérieur, à l’exception d’une voie d’eau via le lac Ladoga. Quelques bateaux traversant le lac parviennent à ramener un peu de farine et d’aliments aux assiégés, et lorsque l’hiver terrible tombera, ce seront des camions qui circuleront sur la glace, sous la menace des bombardiers allemands. La faim a été l’épreuve la plus dure. Janvier 1942 s’est avéré le plus difficile. Seuls ceux qui travaillaient recevaient du pain : 250 grammes par jour. Ce pain ressemblait plus à l’argile. Toutes sortes de mélange ignoble à base de bottes de cuir, de colle à papier peint, de graisse industrielle ou même de peinture servent à rajouter quelques calories au quotidien. Des milliers de personnes étaient mortes tous les jours : parfois 6-7 mille personnes par jour. Le "Chemin de la vie" sur le lac Ladoga a donné de l’espoir. Il a permis de transporter les vivres et d’évacuer les enfants. Survivant dans des conditions extrêmement difficiles, la ville verra mourir plus d’un tiers de sa population.  Le 14 janvier 1944, quatre armées russes réparties entre le lac Ilmen et le lac Ladoga (soit un front de 18 km) attaquent les positions allemandes, c'est l'offensive Novgorod-Luga . La résistance est vive mais les généraux Kirill Meretskov, commandant du Front de Volkhov, et Leonid Govorov, commandant du Front de Léningrad, effectuent leur jonction le 25 janvier 1944. Le siège prend fin le 27 janvier 1944. En mars 1944, les troupes allemandes sont repoussées à 250 km de Léningrad. Les Allemands partirent avec un énorme butin. Ils détruisirent ensuite les palais impériaux les plus importants, tels que le palais Catherine à Pouchkine, le palais de Pierre le Grand à Peterhof, le palais de Gatchina à Gatchina, le palais Constantin à Strelna... De nombreux autres monuments historiques et des maisons situées dans la banlieue de Saint-Pétersbourg ont été pillés et détruits, et des nombreuses collections d'art volées. Ce blocus, le plus long de la guerre avec ses 28 mois (872 jours), a entraîné des pertes humaines colossales: la mort de 1.800.000 Soviétiques (dont plus d'un million de civils) et de 200.000 soldats de l'Axe (allemands, finlandais, espagnols de la "División Azul", flamands de la "Freijwilligerslegioen Vlanderen"...).

  


 

English   

THE SIEGE OF LENINGRAD

 

Historical capital of Russia and highly symbolic town by name, Leningrad (Saint-Petersburg) sees the German and Finnish armies surrounding it in August 1941. It is a major objective of the conquest of Russia. The fall of Leningrad and Oranienbaum Pocket would allow the Germans to incapacitate 40 divisions, as well as the disappearance of a very important weapon manufacturing centre. For the duration of the war, its plants producing tanks and stockpiles of guns and ammunition functioned without interruption, providing the necessary weapons to the Red Army troops. On the other hand, the taking of Leningrad would release a large number of German troops. On 21 August, bypassing Soviet defences to the East, the 8th Panzer Division took Chudovo, thus cutting the main road and railway connecting Leningrad to Moscow. On 30 August, the town of Mga is taken, thus totally isolating Leningrad from the rest of the country by road and rail. On 4 September, the bombs begin to fall on Leningrad. The capture of the city, whose defence is organized by Zhukov, soon proves to be impossible. The Germans give up the idea of a direct assault and decide to invest it gradually. When the Germans end the blockade of Leningrad, Russian authorities realize that they have committed a serious mistake: no one thought to evacuate the civilian population before the arrival of the enemy. Thus, there are many "unnecessary mouths" left among the 3.000.000 inhabitants trapped in the city. Until 8 January 1944, the city of more than three million inhabitants will be completely cut off from the outside, with the exception of a waterway through Lake Ladoga. Some boats crossing the lake reach back some flour and food to the besieged, and when the terrible winter falls, it will be trucks which circulate on the ice, under the threat of German bombers. Hunger was the hardest test. January 1942 proved to be the most difficult. Only those who were employed received bread: 250 grams per day. This bread looked more like clay. All kinds of vile mixture of boots leather, wallpaper glue, industrial grease or even paint are used to add some calories on a daily basis. Thousands of people died every day: sometimes 6-7 thousand people per day. The "way of life" on the Lake Ladoga gave hope. It allowed to transport food and to evacuate children. Surviving in extremely difficult conditions, the city will see die more than a third of its population. On 14 January 1944, four Russian armies across the Lake Ilmen and Lake Ladoga (i.e. on a front  line of 18 km) attacked the German positions, the "Novgorod-Luga offensive". German resistance is strong but generals Kirill Meretskov, Commander of the Volkhov Front, and Leonid Govorov, Commander of the Leningrad Front, perform their junction on 25 January 1944. The siege ends on 27 January 1944. In March 1944, German troops were repulsed 250 km from Leningrad. The Germans left with a huge booty. They then destroyed the largest imperial palaces, such as the Catherine Palace in Pushkin, Pierre le Grand Peterhof Palace, the Palace of Gatchina in Gatchina, Strelna Constantin Palace. Many other historic monuments and houses in the suburbs of Saint-Petersburg have been looted and destroyed, and numerous collections of art stolen. This blockade, the longest of the war with its 28 months (872 days), has resulted in enormous human losses: the death of 1.800.000 Soviets (including more than a million civilians) and 200.000 axis soldiers (German, Finnish, Spanish of the "División Azul", Flemish of the "Freijwilligerslegioen Vlanderen.

 


 

Soviet World War II poster: "We will defend the city of Lenin!" - Source Wikipédia.
Generaloberst Hoepner with Officers of 6. Panzer-Division in Leningrad, August 1941.
Leningrad under siege, 1941-1944.
Leningrad under siege, 1941-1944.
Leningrad under siege, 1941-1944.
Batteries soviétiques de défense aérienne tirant à proximité de la cathédrale Saint-Isaac, siège de Léningrad, 1941.
Leningrad Blockade 1941-1944 by Sergey Nemenov, 2006.
Panorama de l’hiver 1941 exposé au musée du siège.
Adolf Hitler and marshal Carl Gustaf Emil Mannerheim of Finland in 1942. Photo: JPViktorJokinen.
"La División Azul dans la bataille de Krasni Bor" (peinture d'Augusto Ferrer Dalmau). La bataille de Krasny Bor (Битва за Красный Бор en russe), est une bataille majeure de l'opération Krasnoborsk Smerdynskaya qui s'est déroulée du 10 au 13 février 1943, dans le cadre de l'opération Polyarnaya Zvezda (étoile polaire). Ce fut un affrontement sanglant entre le 50e corps d’armée allemand, plus particulièrement la 250e division d'infanterie de volontaires espagnols ("División Azul") et la 55e armée soviétique dans le secteur de la route et du chemin de fer Léningrad-Moscou. Le 10 février 1943 à 6 h 40, l'artillerie lourde soviétique, composée de plus de 800 canons sur un front de 5 km, bombarde pendant deux heures, à raison d'un coup toutes les dix secondes pour chaque pièce, les positions tenues par les forces de l'Axe à Krasny Bor, relayée par l'aviation soviétique. En milieu de matinée, les Soviétiques percent le front en trois endroits. Toutefois les compagnies de volontaires espagnols bien qu'affaiblies par les ravages faits par des tireurs d'élite soviétiques résistent encore.Dans l'après-midi,les renforts allemands, composés d’un groupe de combat de la 212e ID de deux compagnies des légions flamandes et lettones, et d'un soutien aérien, permettent de renforcer les défenses espagnoles. À la fin de la journée, la 72e Division d'infanterie soviétique repousse les Espagnols vers le fleuve, anéantissant le 250e Bataillon de réserve mobile, au prix de 70% de pertes. Le 11 février 1943, l’aile gauche de la 63e division d'infanterie de la Garde contrôle dans la soirée la ville de Krasny Bor. Le 12 février, après un bombardement d’artillerie du 1er bataillon d'artillerie espagnol contre les positions soviétiques, le 262e régiment d'infanterie espagnol lance une contre-attaque pour reprendre Krasny Bor, mais sans succès. Le 13 février, la 55e armée soviétique, qui avait perdu près du tiers de sa force initiale ainsi que la plupart de ses chars, ne pouvait plus avancer. Le taux de pénétration global réalisé atteint seulement une profondeur de 4 à 5 km sur un front de 14 km. Finalement, la résistance de la Division Azul à la bataille de Krasny Bor fit échouer l’opération Polyarnaya Zvezda, la grande offensive soviétique destinée à libérer Léningrad. Les forces soviétiques perdent dans cette affaire de 11.000 à 14.000 hommes et un nombre identique de blessés. L’état-major soviétique attribue l'échec au manque de reconnaissance des positions ennemies, à l’emploi maladroit de chars, à l'inefficacité des soutiens d'artillerie et à des erreurs de commandement à tous les niveaux. Les pertes de la 250e division d'infanterie atteignent 3.645 tués ou blessés et 300 disparus ou faits prisonniers soit un taux de pertes de 75%. Les prisonniers espagnols sont envoyés dans les camps du Goulag en Sibérie. Les derniers seront rapatriés en Espagne en 1954. En raison de ces lourdes pertes, la Division Azul est retirée du front et dissoute en 1943. Toutefois une nouvelle formation appelée "Légion Azul", soit près de 2.000 hommes qui forment un régiment intégré à la 121e division d’infanterie allemande, reste au combat sur le front de l'Est.
Soldados de la División azul - foto de recuerdo.
Des volontaires espagnols de la "División Azul" et des volontaires flamands de la "Freijwilligerslegioen Vlanderen", près de Leningrad, 1943. L’Union européenne avant l’heure...
Soviet rocker projectors "Katyusha" [the Stalin organ] near Viborg, Leningrad front, 1944.
The Palace Embankment in Leningrad was a scene of destruction in 1941, but 71 years later, it glistens in sunshine as one of St Petersburg's most picturesque riverside settings.
German POWs in the Streets of Leningrad, 1944.
Ленинград - Блокада (Leningrad - Blockade) 1941-1944

Commentaires

21.04 | 19:00

trop top..... on va dans la region cet été… merci à vous...

13.01 | 15:03

God save the queen

08.01 | 17:39

Grand merci pour la leçon d'histoire.
Nguyen Van Kiet

29.09 | 15:00

remarquable de précisions et donne l'idée générale de la ruse de guerre pour mieux répartir ses forces.