QUI A GAGNÉ LA 2e GUERRE MONDIALE ?

Le terme de "front de l’Est" désigne, dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, le théâtre d'opérations qui oppose l'Allemagne nazie à l'Union soviétique de juin 1941 à mai 1945. Ces deux nations se livrent à une guerre totale qui se déroule d'abord en Union soviétique, puis dans les pays occupés par les forces de l'Axe en Europe de l'Est ou alliés au Reich, et enfin en Allemagne. Les Russes appellent ce conflit "la Grande guerre patriotique" (en russe : Великая Отечественная Война), par allusion à la «guerre patriotique» de 1812 contre Napoléon Ier. Il s'agit du plus grand théâtre d'opérations de la Seconde Guerre mondiale et probablement de toute l'histoire militaire. Le front de l'Est est le lieu d'une guerre féroce, occasionnant d'énormes destructions et des déportations de masse, ce qui entraîne de gigantesques pertes militaires et civiles par suite de la guerre elle-même, de famine, de maladie, de conditions météorologiques extrêmes et de massacres. Les pertes civiles et militaires sur le front de l'Est sont estimées à environ 35 millions de personnes, soit environ la moitié des morts liées à la Seconde Guerre mondiale.
Graphique N° 4 : L'effort de guerre de l'Allemagne, des USA et de l'URSS, 1940 - 1944. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Complexe_militaro-industriel_de_la_Russie

RUSSIE : LA NATION QUI A LE PLUS CONTRIBUÉ À LA DÉFAITE ALLEMANDE EN 1945 - L'INGRATITUDE DE L'OCCIDENT

Doc. AA–30, FR–02–2016

 

     Le général Charles De Gaulle a dit : "Les Français savent ce qu'a fait la Russie soviétique et ils savent que c'est elle qui a joué le rôle principal dans leur libération !". Un sondage mené par l’IFOP [1] en mai 1945, sur l’ensemble du territoire français désormais libéré, a montré qu’une très nette majorité (57 %) des interviewés partageaient l’avis du général De Gaulle et considéraient que l’URSS fut la nation qui a le plus contribué à la défaite allemande, alors que les États-Unis et l’Angleterre, pourtant libérateurs du territoire national, ne recueillaient respectivement que 20 % et 12 %.

     Mais ce qui est surprenant est que cette vision de l’opinion publique française s’est inversée de manière très spectaculaire avec le temps, comme l’ont montré les sondages réalisés en 1994, en 2004 et plus récemment en mai 2015 : désormais plus de la moitié des interviewés considèrent que les États-Unis est le pays qui a le plus contribué à la défaite allemande, alors que l’URSS ne recueille que moins d’un quart de ces opinions (cf. Graphique N° 1).

     Les sondeurs britanniques ICM et YouGov ont réalisé le même sondage en 2015 dans certains pays d’Europe et dans les États-Unis. Le résultat figure au Graphique N° 2. Dans tous les pays objet du sondage ce sont les États-Unis qui raflent la première place, à l’exception de la Grande Bretagne et de la Norvège où les interviewés placent le Royaume-Uni au-dessus des USA. C’est en Allemagne que l’URSS obtient son meilleur score (27%), alors que ce pourcentage tombe à son plus bas niveau (ce qui n'est pas étonnant, il fallait s'y attendre) aux USA (11%).

 

     Les raisons de cette spectaculaire inversion des opinions avec le temps sont plusieurs, notamment la Guerre froide, la désintégration de l’URSS, la propagande politico-militaire, l’intoxication des média d’information, la manipulation de l’enseignement scolaire…  Pour une grande partie de la population, la Seconde Guerre mondiale est dans un passé très lointain qui ne les concerne pas. Ce qui peut aussi expliquer la remontée de l'extrémisme en Europe et notamment en Ukraine dans l'indifférence la plus totale : les gens ne faisant plus attention à l'histoire, on peut la réécrire pour eux et, par exemple, présenter maintenant les soldats ukrainiens de l'UPA (des collaborateurs nazis sanguinaires) [2], comme de gentils combattants pour l'indépendance contre le grand monstre moscovite !

 

     Il est aussi évident que Hollywood a bien fait son travail. L'armée américaine y gagne les batailles qu'elle perd sur le terrain, comme ce fut le cas pour la guerre du Vietnam, mais peu importe, l'image s'incruste dans les têtes modernes des gens qui préfèrent regarder un film sur un fauteuil confortable plutôt que d'ouvrir un ouvrage historique trop compliqué... Et si l'URSS, et ensuite la Russie, ont fait d'excellents films sur la guerre, ceux-ci ne peuvent pas accéder aux salles de cinéma de l'Europe libre.

 

     Certes, il résulte très compliqué d’évaluer de façon parfaitement rigoureuse «le plus grand contributeur à la victoire». L’évaluation a tendance à dégénérer lorsque des faits entrent en comparaison avec des contrefactuels, et la vérité est que personne n'avance une hypothèse solide comment la guerre aurait pu tourner en l’absence d'implication américaine, ou si le pacte de non-agression germano-soviétique aurait tenu, etc. Mais force est de constater que la résistance acharnée de l'Union Soviétique à l'invasion nazie, l’arrêt puis la repoussée de l’offensive allemande et la reprise par l’Armée Rouge des territoires de l’Europe de l’Est conquis par la Wehrmacht furent les plus importants des nombreux facteurs cruciaux pour battre l'Allemagne.

 

     La plupart des historiens et experts militaires coïncident que ce sont les Russes qui ont le plus contribué la défaite de l'Allemagne nazie. L'historien britannique Richard Overy, explique les raisons dans son livre «Why the Allies Won»  («Pourquoi les Alliés ont gagné» [3] :

«Si la défaite de l’armée allemande était l’objectif stratégique central, le conflit sur le front de l’Est en a été le théâtre principal [4]. C’est là-bas que l’armée allemande a été affaiblie puis a battu retraite, avant que l’essentiel des troupes alliées, terrestres et aériennes, n’arrive sur place en 1944 [5]. Plus de quatre cents divisions allemandes et soviétiques combattirent le long d'un front de plus de 1.000 milles. Les forces soviétiques ont détruit ou désactivé environ 607 divisions de l'axe entre 1941 et 1945 [6]. L'ampleur et l'étendue géographique du front de l’Est  oriental ont éclipsé toute autre guerre antérieure. Les pertes des deux côtés dépassèrent les pertes n'importe où ailleurs dans l’histoire militaire. La guerre à l'est se déroula avec une férocité presque inconnue sur les fronts de l'Ouest [7]. Les batailles de Stalingrad [8] et de Koursk [9], qui brisèrent le dos de l'armée allemande, ont puisé des soldats des deux côtés les derniers onces d'énergie physique et morale».

     Le 23 février 1942, le célèbre général américain Douglas MacArthur [10] avait déclaré :

«La situation mondiale montre à présent que les espoirs de la civilisation reposent sur les drapeaux de la vaillante Armée Rouge. J'ai participé dans plusieurs guerres, j'ai été témoin à d'autres, et j'ai pu étudier en détail les campagnes des grands chefs militaires du passé. Dans aucun cas je n'ai observé une telle défense victorieuse contre les coups terribles du début de la Deuxième Guerre Mondiale portés par un ennemi encore victorieux. Les contre-attaques anéantissantes (de l’Armée Rouge) rejetaient l'ennemi (la Wehrmacht) jusqu'à son propre sol. La portée et la grandeur de cet élan devraient être notées comme la plus grande réussite militaire de l'histoire».

     Dans le feu d’une guerre mondiale il n’y a pas de place pour le compromis, et la défaite de Staline aurait sans doute signifié une montée en puissance colossale d’Hitler, qui aurait alors pu profiter des immenses réserves de matières premières du pays le plus riche au monde et de millions de travailleurs obéissants et durs à la souffrance ayant appris à survivre dans les conditions les plus difficiles. Hitler commit une longue suite d’erreurs incroyables au moment même où la victoire sur son ennemi juré Staline semblait être entre ses mains.

     La première erreur fut l’orientation stratégique de la guerre vers un écrasement militaire total de l’ennemi [11]. Cependant 160 divisions allemandes ne pouvaient occuper un immense pays allant de la mer de Barents au nord à la mer Caspienne au sud, et de la frontière avec la Pologne à l’ouest aux monts Oural  à l’est (sans oublier la Sibérie). Hitler a aussi ignoré le facteur géographico-naturel. Les immenses espaces de la Russie avalèrent et éliminèrent l’armée des envahisseurs. Pour Napoléon, ce fut plus facile. Son armée étirée en une ligne marcha jusqu’à Moscou. La Wehrmacht commença l’invasion sur un front allant de Kaunas à Przemysl (environ 700 km) et, vers la fin de la guerre, les combats continuaient de Tikhvine à Rostov-sur-le-Don (1.600 km). Les communications de l’armée allemande s’étirèrent continuellement au fur et à mesure de leur avance en territoire soviétique. Chaque projectile et chaque litre de carburant devait franchir une distance de 1.500 à 2.000 kilomètres avant d’arriver sur le front. Hitler se vantait pouvoir vaincre les distances par les moteurs et de ne pas subir ainsi le même destin que Napoléon. Il s’est trompé. L’état de routes de l’URSS pose d'énormes problèmes à la Wehrmacht mécanisée : entourée de nuages de poussière soulevés par les colonnes blindées qui encrassent les moteurs — non pourvus de filtres à huile — les routes de fortune se transforment en bourbiers à chaque orage. Après avoir emporté des succès initiaux et une fois l’effet de surprise terminé, les Panzerdivisionen s’engloutissent et s’épuisent rapidement dans l’immensité des steppes russes [12]. Les Soviétiques se ressaisissent et leur opposent une résistance acharnée. Les Allemands n’atteindront pas à la capitale soviétique. Les forces de la Wehrmacht, affaiblies par cinq mois de combats incessants, ramperont jusqu’aux portes de Moscou dans un dernier souffle. Là, dans les champs enneigés, les restes frigorifiés de la Wehrmacht seront réduits au dixième par la contre-offensive soviétique de décembre 1941 déclenchée sur base de troupes fraîches, dotées d’équipement d’hiver, transférées de Sibérie et d’Extrême-Orient.

     En novembre 1941, alors qu’il participait à une réunion solennelle consacrée à l’anniversaire de la Révolution d’Octobre, Staline dit soudain la vérité : «La sotte politique d’Hitler a transformé le peuple d’URSS en l’ennemi juré de l’Allemagne…». Hitler – dont le cerveau malade mélangeait étrangement le délire raciste de  l’«infériorité des slaves» à une peur obsessionnelle du «géant de l’Est» – demanda à la Wehrmacht d’éliminer simplement et rapidement l’Armée Rouge. La stratégie de «Blitzkrieg» [13] (effet de surprise, assaut brutal et rupture rapide du système défensif ennemi, suivi de la percée du front et l’encerclement de ses troupes), lui permet d’emporter des victoires éclatantes. Au cours des premiers mois de l’offensive, la Wehrmacht obtient des victoires éclatantes, piège et anéantie des armées soviétiques entières.  Les prisonniers de l’Armée Rouge furent rassemblés comme du bétail sur d’immenses plaines cerclées de barbelés et ils furent décimés par la faim ou la dysenterie. Encore mieux que tous les porte-parole du parti communiste, les leaders fascistes montrèrent et démontrèrent aux soldats de l’Armée Rouge que la reddition ne les sauverait pas de la mort. Ensuite arriva un hiver précoce et rigoureux qui vit la mort des deux tiers des prisonniers en 1941, de froid, de faim ou de maladie.

     En même temps, avec une clarté sans ambivalence, l’administration allemande d’occupation démontra à une population soviétique abasourdie qu’il était temps d’oublier la formule «les Allemands sont un peuple civilisé et gentil» et qu’il fallait s’habituer désormais à un «ordre nouveau» qui parut encore plus brutal que l’ancien : c’est-à-dire la fusillade immédiate pour la moindre faute. Hitler ne se donna même pas la peine de prétendre aux Soviétiques qu’il venait pour les libérer du joug du Communisme. Cela fut la deuxième grande erreur d’Hitler. Avec une provocante sincérité, les haut-dignitaires du régime nazi ont expliqué à la population soviétique qu’ils n’étaient que des «Untermensch» et servir les Allemands représentants de la «race supérieure» devait devenir l’unique but de l’existence de ceux auxquels on avait laissé la vie sauve. Cependant il ne fut pas permis à tous de survivre. Les scènes cauchemardesques du génocide des Juifs, des Gitans et d’autres minorités ethniques, les camps de concentration, les massacres de masse des prisonniers de guerre, les exécutions d’otages, les châtiments publics... se succèdent. Hitler encouragea les représailles de masse pour toute désobéissance ou résistance comme moyens de réduire les habitants des zones occupées et agrandir l'espace vital pour l'Allemagne. Tout ceci choqua profondément la population soviétique des régions occupées. Et même ceux qui, à l’été 1941, accueillirent l’invasion allemande avec l’espoir d’un changement positif furent horrifiés et réalisèrent qu’il serait impossible de vivre sous cet «ordre nouveau».

     C’est à cet instant que débuta la «Grande Guerre Patriotique».  En Russie la Seconde Guerre Mondiale s'appelle la «Grande Guerre Patriotique» (en russe : Великая Отечественная война) - par allusion à la «guerre patriotique» de 1812 contre Napoléon Ier - car c'est tout le peuple qui s'est levé en masse contre l'agresseur nazi, tant il était inacceptable de perdre sa vie, sa terre, sa patrie. Staline l’a bien compris et déclara aussitôt que la résistance contre l’envahisseur allemand nazi n’était pas une affaire qui concernait uniquement le parti communiste, mais tous les peuples de l’URSS sans référence à des ethnies, des croyances religieuses et des affiliations politiques.

L’auteur ne propose pas de résumer l’histoire de la guerre au seul aspect sociologique ni à sa dimension psychologique. Il ne faut pas oublier que l’armée soviétique tenait sur autre chose que simplement «l’opinion du peuple». Elle était aussi fondée sur la discipline et les ordres. Le rôle des responsables militaires est énorme, et là où les chefs et les commissaires aux armées réussirent maintenir l’ordre et le commandement, ils purent préserver leurs soldats de la contagion du sentiment général de panique déclenché par l’offensive allemande et c’est face à eux que l’ennemi rencontra une résistance acharnée déjà lors des premiers combats. On trouvait de tels divisions, régiments, bataillons et batteries sur chaque parcelle du front. Des dizaines de milliers de combattants et de commandants de l’Armée Rouge commencèrent leur «Grande Guerre Patriotique» à l’aube du 22 juin 1941, au début de la guerre. Se trouvant au milieu du chaos de la débandade, sans voisins, sans lien avec l’arrière et sans espoir de rester en vie, ces combattants ne se livrèrent sous aucun prétexte et obligèrent les Allemands à briser leur ordre militaire. Encore et encore, ils ralentissaient le rythme de l’invasion et ébranlèrent l’orgueil de l’ennemi. Contrairement aux estimations optimistes du haut commandement allemand, l’Armée Rouge est parvenue constamment à renaître de ses cendres en alignant toujours plus d’hommes et de matériels [14]. L’Armée Rouge pouvait ainsi s’assurer une supériorité de 4 contre 1 dans tout secteur où elle décidait de préparer une attaque. La stratégie des Soviétiques consistait à mettre à profit leur supériorité numérique pour enchaîner les offensives, tantôt sur un point, tantôt sur un autre point du front. Ainsi, les réserves allemandes devaient toujours courir d’un endroit à un autre, pour tenter de rétablir la situation. Même quand elles y parvenaient provisoirement, elles subissaient des pertes qui les affaiblissaient et diminuaient leur capacité de stopper l’offensive soviétique suivante.

     Contrairement à l'industrie américaine outre-Atlantique loin des combats, qui a eu le temps de monter en puissance sans aucune contrainte (pas de bombardement, pas de famine, pas de déportation, ni contraintes climatiques rigoureuses), l'industrie russe elle n'a pas eu de répit, elle ne pouvait se permettre la moindre baisse de production. Pour faire face à l’agression nazie, le régime soviétique a procédé à une mobilisation totale des ressources humaines et naturelles du pays et son industrie de guerre a atteint des niveaux de performance surprenants, même après la perte d’importantes régions industrielles (en Biélorussie et en Ukraine, notamment le Donbass) prises par les Allemands durant les premières années de la guerre [15].

     Toute la population de l’URSS fut mobilisée, les usines furent déplacées aux pieds de l'Oural, femmes et enfants participèrent d'une manière ou d'une autre à l'effort de guerre. Ce gigantesque effort porte ses fruits puisque les forces blindées soviétiques passent de 7.700 chars en janvier 1942 à plus de 20.000 chars un an plus tard, et ce en dépit des pertes, qui sont loin d'être négligeables (rien que 15.000 chars durant le printemps et l’été 1942). Ainsi l’URSS a produit de 1942 à 1944 plus d’avions et de chars que l’Allemagne nazie, et a même dépassé la production de chars des USA en 1944 (cf. Graphique N° 4),fait d'autant plus remarquable que l'URSS a subit de grandes destructions sur son territoire, déménagé ses usines, perdu de sa main d'œuvre qualifiée envoyée au front...De plus, cet armement est le plus souvent de bonne qualité, à la fois fiable et efficace, tels les chars KVI et T-34 [16].., les avions de chasse Yak et Stormovik ou encore les lances roquettes Katyoucha, les fameuses «Orgues de Staline».

     Il a fallu faire face à un problème démographique considérable pour maintenir coûte que coûte les effectifs de l'Armée Rouge à 6 - 7 millions d'hommes. Ainsi les femmes prenant la place des hommes partis au front représenteront jusqu'à 60% de la main d’œuvre industrielle en 1945, alors qu'en 1940 elles n'étaient que de 35%. Alors que l'ensemble des structures industrielles de l’URSS sont entièrement tournées vers la production militaire, les vacances et les jours fériés ont été supprimés et la durée de la semaine de travail fut portée à 72 heures.

     "Tout pour le front ! Tout pour la victoire !" : c’était le mot d'ordre pour l'arrière soviétique. Toute la population fut mobilisée, les usines furent déplacées aux pieds de l'Oural, femmes et enfants participèrent d'une manière ou d'une autre à l'effort de guerre. De plus le peuple russe eut à souffrir de la famine, car l'Ukraine (le grenier à blé de l'URSS) était aux mains des Allemands dès le mois de septembre 1941. Les pénuries de toutes sortes se firent sentir. Le premier hiver très rigoureux emporta bien des vies humaines notamment à Leningrad assiégé par les troupes germano-finlandaises, où les rations alimentaires sont tombées à 225 gr de pain et 1.067 calories par jour pour les adultes et à 150 gr de pain et 644 calories pour les enfants. D'après les chiffres officiels russes fournis au tribunal de Nuremberg, la famine causa la mort de 632.000 habitants de Leningrad. Le siège de Leningrad qui a duré 900 jours fait partie du plan famine mis en place par les nazis pour exterminer par la faim les Soviétiques [17].

     Ces efforts ne se limitèrent pas uniquement à l'industrie, la production agricole fut stimulée malgré la perte des riches terres d'Ukraine et de la moitié du bétail, ainsi que la mobilisation des hommes pour les fronts. Au printemps 1942, les superficies ensemencées en céréales augmentent de 2,2 millions d'hectares par rapport à 1940. Malgré ces efforts, la production en grain resta malgré tout inférieure d'un tiers à celle de 1940 et le cheptel ne fut pas reconstitué. 

     Outre la contribution de l’Armée Rouge, il convient de souligner aussi celle de la résistance de la population civile à l'ennemi sur les territoires occupés de l'URSS. Sur le front de l’Est la Wehrmacht se retrouva en fait encerclée. Les troupes régulières soviétiques la pressaient à l'est et les partisans à l'ouest. La résistance regroupait au total plus d'un million de patriotes. Cela contraignit les Allemands à maintenir des forces importantes pour la défense des communications et points d'appui de l'arrière. En fin 1943, il s'agissait de 50 divisions. Les partisans détruisirent les communications de l'adversaire, firent dérailler plus de 20.000 trains convoyant les troupes et du matériel de guerre, mirent hors service plus de 10.000 locomotives et 110.000 wagons, firent sauter et incendièrent 12.000 ponts sur les voies ferrées et les routes, tuèrent, blessèrent et firent prisonniers 1.500.000 soldats et officiers ennemis.

     L’engagement des femmes soviétiques dans la 2ème Guerre mondiale, de par leur nombre et leur rôle, est un évènement sans précédent dans l’Histoire. Plus de 100.000 d’entre elles vont s’engager dans l’armée régulière – fantassins ou aviatrices [18] - ou rejoindre les partisans. Quatre-vingt-sept vont recevoir la plus haute distinction de Héros de l’Union Soviétique. Une des plus célèbres est Zoïa Kosmodemianskaïa, résistante soviétique pendue par les nazis le 29.11.1941 à l'âge de 18 ans. Elle est devenue l'un des martyrs les plus révérés de la «Grande Guerre Patriotique». En même temps, plus de 2.000 femmes russes ont participé aux combats en tant que tireurs d’élite («snipers») durant ce conflit au sein de l’Armée Rouge. Les femmes «snipers» soviétiques ont abattu plus de 11.280 soldats et officiers des nazis [19].

     Bien sûr, la guerre aérienne fut aussi cruciale, et les États-Unis et le Royaume-Uni y ont joué un rôle assez important [20]. Aussi le combat de la Grande-Bretagne dans le nord de l’Afrique et les opérations anglo-américaines en Italie, en France, aux Pays Bas et en Belgique méritent également quelque crédit, bien que nulle part ailleurs les pertes subies par les Allemands ne fussent aussi grandes que celles subies sur le front de l'Est. Indéniablement la contribution soviétique fut de loin la plus importante, sans que cela disqualifie les contributions américaines et britanniques d’insignifiantes ou négligeables [21]. 

     Une autre façon possible de comparer serait de regarder combien de soldats allemands ont été anéantis par les Soviétiques, contre ceux par les Anglo-américains. Sur les 783 divisions de l'Allemagne nazie et de ses alliés qui participèrent aux combats sur les différents fronts de la 2ème Guerre mondiale, 607 furent anéanties sur le front de l’Est. Fin mars 1945, seulement 26 divisions allemandes demeuraient sur le front occidental, contre 170 divisions sur le front de l’Est, qui combattirent farouchement jusqu’au 9 mai (date de la prise de Prague).

     Les taux de pertes de la Wehrmacht sur le front de l'Est sont impressionnantes : la douzième division d'infanterie perd un tiers de ses effectifs, soit 4.200 hommes entre juin et décembre 1941 ; la dix-huitième Panzerdivision perd plus la moitié de son effectif initial et les quatre-cinquièmes de ses officiers de départ de juin 1941 à mars 1942 ; fin 1943, au sein de la division «Grossdeutschland», un sous-lieutenant chef de la sixième compagnie de grenadiers a une durée de commandement effective d'un peu plus d'une semaine, avant d'être mis hors de combat pour cause de blessure ou de mort. Sur le front germano-soviétique, la Wehrmacht enregistrait quotidiennement des pertes se chiffrant à 7.055 hommes, 55 avions, 34 chars et canons d'assaut, 118 pièces d'artillerie. En décembre 1941, les armées allemandes qui avaient envahi l'URSS six mois plus tôt comptaient 90.000 malades et 90.000 soldats aux membres gelés (sûr de vaincre l’URSS en quelques mois, Hitler a déclenché l’opération «Barbarossa» sans approvisionner ses troupes de vêtements d’hiver !). Parmi les 214.000 soldats de l'Axe morts jusqu'en janvier 1942, les deux tiers sont morts de maladies liées à la rapide détérioration des conditions de vie sur le front de l’Est. En moyenne par mois, la Wehrmacht perd en 1943 100.000 soldats, 150.000 en 1944, et 350.000 entre janvier et avril 1945, ce qui souligne l'intensité des combats sur ce front notamment durant les derniers mois de la guerre. Finalement, sur le front de l’Est, l'Allemagne nazie perdit 4,3 millions tués et 77.000 avions (70%), 48.000 chars et canons d'assaut (75%), 167.000 pièces d'artillerie (74%)...

     La défaite allemande serait impensable sans l’Armée Rouge, qui fixe en juin 1944 les deux tiers de la Wehrmacht, en général les troupes les plus jeunes, les plus endoctrinées et les mieux équipées. Toutes les 38 Divisions Waffen SS combattirent à un moment ou un autre sur les différents points chauds du front de l’Est. Sous le commandement de Paul Hausser, les redoutables divisions Waffen SS «Leibstandarte Adolf Hitler», «Das Reich» et «Totenkopf» participent à la tentative avortée de dégager Stalingrad de l'encerclement russe, en décembre 1942. Des éléments de la Waffen-SS participent finalement à la Bataille de Berlin : la défense du centre-ville est confiée au Gruppenführer Wilhelm Mohnke, des éléments de la division «Nordland», des SS français, espagnols et lettons font partie du dernier carré des défenseurs du Reichstag et du Bunker d’Adolf Hitler.

     Les statistiques démontrent que les Soviétiques ont tué plus d’Allemands que les Anglo-américains, mais ceux derniers en ont capturé plus, ce qui est attribuable à l’extrême cruauté de la guerre sur le front de l’Est [22], qui a fait que l'Armée Rouge fut plus brutale que les autres armées alliées. En effet, craignant les représailles des Russes en réponse aux crimes commis par la Wehrmacht - notamment les Waffen SS - lors de leur avance en territoire soviétique, les soldats allemands préféraient de loin se rendre aux forces anglo-américaines que soviétiques.

     Dans l'ensemble, l’examen historique affirme incontestablement que les Soviétiques ont mis hors d'usage plus de troupes allemandes que les autres Alliés. Franklin Roosevelt, Président des USA, a déclaré: "Il m'est difficile d'ignorer ce simple fait que les Russes tuent plus de soldats ennemis et détruisent plus d'armement ennemi que tous les autres 25 États des Nations Unies pris ensemble !".  Winston Churchill,  premier ministre britannique, a dit : "... C'est l'armée russe qui a brisé la machine de guerre allemande...".

     Même sur le théâtre du Pacifique, l’Armée Rouge a aussi fait preuve d’une efficacité surprenante ayant causé durant son intervention-éclair en Manchourie (août de 1945) proportionnellement davantage de pertes à l’Armée japonaise que toutes les forces américaines confondues de 1941 à 1945 (cf. Figure N° 10).

     Si on se place du côté du bilan humain de la guerre, les Soviétiques ont subi clairement les pertes les plus lourdes. Le «Postwar» de Tony Judt [23] cite des estimations, comptabilisant 8,6 millions de décès militaires soviétiques et plus de 16 millions de morts parmi les civils pendant la Seconde Guerre mondiale [24]. Ce chiffre est révélateur de l’énorme sacrifice du peuple soviétique. Par contre, les États-Unis ont perdu seulement quelque 418.500 militaires et civils et ce, dans tous les théâtres de la guerre — un chiffre qui à l’évidence n’est pas sur la même échelle que celui des pertes soviétiques (cf. Graphiques N° 5 – 12) [25].

     Pendant leur mission de libération de l’Europe occupée par l’Allemagne nazie, les troupes soviétiques libérèrent le territoire de onze états d’une superficie de 1 million de Km2 et totalisant une population de 113 millions d’habitants. La mission de libération exigea des troupes soviétiques des efforts et des sacrifices considérables. Dans les combats pour la libération de la Pologne périrent 600.000 soviétiques, En Roumanie, 69.000, en Autriche 26.000 et 14.000 en Tchécoslovaquie. Lors de la libération de Belgrade (octobre-novembre 1944), les pertes soviétiques se chiffrèrent à 20.000 tués, blessés et portés disparus et à environ 16.000 lors de l'opération Petsamo-Kirkennes (octobre 1944) pour la libération du nord de la Norvège. Lors de la bataille de Budapest (du 29.12.1944 au 13.02.1945) les pertes soviétiques se chiffrent entre 70.000 tués (estimation basse) et 160.000 tués (estimation haute). De juillet 1944 jusqu’à la fin de la guerre, environ 7 millions de combattants soviétiques participèrent aux opérations pour la libération des pays européens. Au total, plus d'un million de soldats et officiers soviétiques trouvèrent la mort dans les pays libérés.  

     Le 22.06.1944, deux semaines après le débarquement allié en Normandie, l'Armée Rouge lance l'opération «Bagration», une énorme offensive dans la profondeur du dispositif allemand. Les Soviétiques, qui possèdent la supériorité en troupes et en matériel, éventrent les lignes allemandes. Le groupe d'armées Centre volatilisé sous le choc de l'attaque, l’Armée Rouge libère la Biélorussie et atteint rapidement l'ancienne frontière avec la Pologne. Alors que les Alliés occidentaux piétinent en France et en Belgique, quatre «fronts» soviétiques s'élancent des têtes de pont conquises sur la Vistule, percent les lignes défensives allemandes et progressent en à peine 23 jours de 400 km jusqu'à l'Oder où des têtes de pont sont sécurisées autour de Kostrzyn (Kustrin).

     Le 1er avril 1945, peu avant la prise de Vienne par les troupes soviétiques, Churchill écrivait à Roosevelt : "Les Russes s'empareront très certainement de toute l'Autriche et entreront à Vienne. S'ils prennent aussi Berlin, est-ce que cela ne va pas leur donner une idée exagérée de leur contribution à notre victoire commune...? J'estime donc que d'un point de vue politique nous devons avancer en Allemagne le plus loin possible vers l'est et que dans le cas où Berlin serait à notre portée, nous devons absolument nous en emparer». Mais, le général Eisenhower, commandant en chef des armées anglo-américaines, estimant que poursuivre l'offensive causerait la perte de 100.000 américains, arrête l'avancée de ses troupes. L'ordre de ne pas passer l'Elbe est donné le 15.04.1945, soit trois jours après la mort de Roosevelt.

     Le 16 avril 1945, deux groupes d'armées soviétiques : ceux de Joukov (1er front biélorusse) et de Koniev (1er front ukrainien), avec en appui celui de Rokossovsky (2ème front biélorusse), que la récente prise de Königsberg vient juste de libérer se lancent à l’assaut de Berlin (cf. carte N° 7). L’effort soviétique est titanesque : 196 divisions (2.500.000 soldats), 6.250 chars, 7.500 avions, 41.600 pièces d'artillerie, soit 1 pièce tous les dix mètres.  Le drapeau rouge est hissé sur le toit du Reichstag le matin du 1er mai. Le 2 mai, à 4 heures du matin, le dernier commandant allemand, Helmuth Weidling, signe la capitulation des derniers défenseurs de Berlin. Le maréchal Wilhelm Keitel signe la capitulation inconditionnelle des forces allemandes le 7 mai 1945 face aux Soviétiques. Plus de 80.000 Soviétiques sont tombés et plus de 280.000 blessés et malades  lors de la Bataille de Berlin.

 


 

CONCLUSION

     L’enseignement de l’histoire est que l’URSS fut incontestablement le plus grand contributeur à la victoire des Alliés durant la 2ème Guerre mondiale. Ce constat se reflétait adéquatement à l’opinion publique à l’issue de la guerre. Mais ce qui est proprement sidérant est que cette vision de l’opinion publique s’est inversée de manière très spectaculaire avec le temps, comme l’ont montré les sondages réalisés dans plusieurs pays européens dont la France en 1994, en 2004 et en mai 2015. C’est tout de même formidable : en 1945, les Français qui ont vécu pendant la guerre sous la censure ont bien compris qui a vraiment battu l’Allemagne, mais 70 ans plus tard, c’est une Histoire totalement différente qui est dans leurs esprits ! Quelles sont les raisons de cet inversement ?

     Dans l’Europe de l’après-guerre, la légende du triomphe américain a progressé avec l’expansion américaine sur le continent européen planifiée à Washington depuis 1941 et mise en œuvre avec l’aide du Vatican, tuteur des zones catholiques et administrateur, avant, pendant et après la 2ème Guerre mondiale de la «sphère d’influence “occidentale”». Conduite en compagnie de et en concurrence avec la RFA (puis l’Allemagne réunifiée), cette poussée vers l’Est (une sorte de nouveau «Drang nach Osten» [26]) a pris un rythme effréné depuis la «chute du Mur de Berlin» (1989) : elle a pulvérisé les «buts de guerre» que Moscou avait revendiqués en juillet 1941 et atteints militairement en 1944 (récupération du territoire de 1939-1940) et 1945 (acquisition d’une sphère d’influence recouvrant l’ancien «cordon sanitaire» d’Europe centrale et orientale, vieille voie germanique d’invasion de la Russie).

     Le projet américain avançait si vite qu’Armand Bérard, diplomate en poste à Vichy et, après la Libération, conseiller d’ambassade à Washington (décembre 1944) puis à Bonn (août 1949), prédit en février 1952 : «les collaborateurs du Chancelier [Adenauer] considèrent en général que le jour où l’Amérique sera en mesure de mettre en ligne une force supérieure, l’URSS se prêtera à un règlement dans lequel elle abandonnera les territoires d’Europe Centrale et Orientale qu’elle domine actuellement.». Les prémonitions, alors effarantes, de Bérard-Cassandre, sont en mai-juin 2014 dépassées. Sous l’impulsion des USA, les pays de l’Europe de l’Est libérés par l’URSS ont changé de camp : des pays satellites et membres du CAEM (COMECON) sont devenus des États membres de l’Union Européenne. Ils ne font plus partie du pacte de Varsovie, mais de l’OTAN. L’ancienne URSS, réduite à la Russie depuis 1991, est désormais menacée à sa porte ukrainienne.

     Pour Moscou, l'Ukraine constitue la pièce essentielle dans sa volonté de recomposer un espace post-soviétique. Après avoir suivi, au début de son arrivée au pouvoir, la ligne pro-occidentale défendue par son prédécesseur, Vladimir Poutine a infléchi cette position pour développer, depuis le milieu des années 2000, une stratégie politique basée sur une rivalité constante envers l'occident. Vladimir Poutine aura mis le temps, mais il aura enfin compris : l’Europe occidentale le déteste et elle obéira à ses maîtres américains jusqu’à la mort.

 


 

ÉPILOGUE

     Le 70ème anniversaire de la victoire sur le nazisme, le 9 mai 2015 à Moscou, a été boycotté,  - sur la pression de Washington - par tous les gouvernants de l’Union Européenne, sauf le président chypriote grec. C’est un geste inamical envers la Russie, voire insultant, et d’une stupidité diplomatique insondable pour les Européens. Boycotter la cérémonie de la victoire à Moscou, alors que sans la Russie et les peuples de l’URSS cette victoire aurait été obtenue par Hitler, a été une décision symbolique très blessante pour la nation russe. Ce refus de venir célébrer le 9 mai à Moscou, alors que les vétérans, encore nombreux (plus de 2,5 millions), sont voués à disparaître dans les prochaines années, heurte profondément la fibre patriotique des Russes. Ce fut une provocation de plus. D’autant que Vladimir Poutine s’était poliment rendu en Normandie pour l’anniversaire du débarquement des alliés occidentaux de Normandie, répondant à l’invitation de François Hollande.

      Le prétexte du boycott des occidentaux fut l’«annexion» de la Crimée et le soutien de la Russie aux indépendantistes russophones de l’est de l’Ukraine. Il s’agit en réalité d’un prétexte contrevenant aux idéaux qui ont unis les Alliés pour combattre le fascisme lors de la 2ème Guerre mondiale, compte tenu du soutien des occidentaux au nouveau gouvernement de profasciste de Kiev – issu en réalité d’un coup d’État – promu et financé par Washington [27].

     Une réunion du comité d’organisation des commémorations du 70ème anniversaire de la victoire durant la Seconde Guerre mondiale s’est tenue mardi 17 mars à Moscou. Au cours de cette réunion, le chef d’État Vladimir Poutine a dénoncé les tentatives de «déformer les événements» de la guerre au moyen de «mensonges cyniques et non dissimulés» et «d’utiliser des spéculations historiques dans les jeux géopolitiques». «Parfois, on entend de véritables absurdités» et «on se demande comment on peut en arriver là», a-t-il ajouté[28]. Ainsi, le président russe estime que la Russie doit «constamment défendre la vérité sur la guerre avec fermeté et insistance et de manière argumentée».

     Par contre, ont fait le déplacement à Moscou les chefs d’Etat ou les chefs de gouvernement des pays des «BRICS» et des pays de l’«OSC». Plus encore, la présence des chinois et des indiens acquière une signification particulière. La population de la Chine a payé d’un prix humain extrêmement lourd un conflit qui, pour elle, a commencé non en 1939 mais en 1937. En fait, elle est – derrière l’URSS – le deuxième pays à avoir le plus souffert. Les atrocités commises par l’armée japonaise ont été abominables. Les troupes de l’Inde quant à elles se sont battues, tant contre l’Allemagne et l’Italie que contre le Japon. La participation de contingents des armées chinoises et indiennes au défilé de Moscou a, à l’évidence, une portée qui dépasse la simple commémoration.

     Si l’on mesure démographiquement le poids de ces représentants, ils pèsent plus de 50% de la population terrestre. Si l’on mesure économiquement leur contribution, elle est élevée, autour de 40%. Parler dans ces conditions d’un «isolement» de Vladimir Poutine, tel que voulu par les Américains (suivis par les Européens) est une absurdité. L’attitude des Etats-Unis, et des pays qui les suivent ou qu’ils contraignent de les suivre est en train d’aboutir à souder une alliance du «nouveau monde», qui est en train d’émerger autour de l’Asie et qui attire à lui sans cesse de nouveaux pays, contre l’«ancien monde» celui du bassin atlantique en pleine crise économique et morale.

     En refusant de se rendre à Moscou le 9 mai à l’invitation de Vladimir Poutine, François Hollande s'est aligné sans nécessité sur la position américaine d’un boycott total de la Russie oubliant le principe d’indépendance en matière de politique extérieure prônée par le général De Gaulle qui affirmait : "Notre allié principal est la Russie et non pas les États-Unis. Ces derniers ne sont pas un ennemi, certes, mais un adversaire, un compétiteur. Le seul véritable ami naturel de la France comme de nos partenaires continentaux de l’UE, c’est la Russie. Cette réalité est à la fois géopolitique et historique".

     «Nous ne sommes pas venus en Europe sauver les Français. Nous sommes venus parce que nous, les Américains, nous étions menacés par une puissance hostile, agressive et très dangereuse…». C’est d’un  opuscule que l’armée américaine distribua à ses soldats à la Libération que Philippe de Gaulle tire cette citation, publiée dans son livre «De Gaulle, mon père». «Mon père le répétera», ajoute-t-il, «les Américains qui sont morts en libérant la France sont morts pour les Etats-Unis d’Amérique et pour personne d’autre» [29]. Par ailleurs, le général Charles De Gaulle n’a jamais célébré le débarquement allié du 6 juin 1944. Pourquoi? Il déclarait à Peyrefitte en 1964 : « La France a été traitée comme un paillasson! Churchill m’a convoqué d’Alger à Londres, le 4 juin, il m’a fait venir dans un train où il avait établi son quartier général, comme un châtelain sonne son maître d’hôtel. Et il m’a annoncé le débarquement, sans qu’aucune unité française n’ait été prévue pour y participer. Nous nous sommes affrontés rudement. Je lui ai reproché de se mettre aux ordres de Roosevelt, au lieu de lui imposer une volonté européenne» [30].

     En décidant, à la dernière minute, d’envoyer Laurent Fabius, non seulement François Hollande a commis une faute lourde, mais il s’est discrédité durablement sur la scène nationale et internationale. L’envoi du Ministre des Affaires Etrangères représente clairement un indigne «entre deux». D'autant plus que ce dernier fut éclipsé du défilé militaire, mais réapparu au déjeuner offert par Vladimir Poutine à l'issue du défilé !!!

     Suite à ce qui précède, nous sommes obligés de constater que le gouvernement français, son Président et son Premier-ministre, ont sur ce point (et comme sur beaucoup d’autres) failli. Cette responsabilité-là, celle d’avoir renoncé à une politique gaullienne au moment même où elle s’imposait, témoigne de leur incapacité d’évaluer les enjeux géopolitiques et restera devant l’Histoire. C’est une faute, et – on le sait depuis Talleyrand – les fautes en politique sont pires que les crimes.

     Depuis la chute du mur de Berlin et la dissolution du Pacte de Varsovie, l’Europe et la France ont mené vis-à-vis de la Russie une politique étrangère catastrophique, sur ordre de Washington. L’occasion unique d’un partenariat puissant euro-russe (la ”Maison Commune”) a été sabordée. Contrairement aux promesses faites à Gorbatchev, en échange de la réunification de l’Allemagne, l’OTAN s’est étendu vers l’Est, jusqu’aux portes de Moscou. Le secrétaire d’État américain James Baker avait en effet juré à Gorbatchev en 1990 qu’il n’y aurait pas d’élargissement de l’OTAN vers l’Est. Il savait qu’il mentait. Gorbatchev fut naïf d’y croire ; il a ainsi sombé tout le capital politique, économique et militaire accumulé par les victoires de l’Armée Rouge durant la 2ème Guerre mondiale. Et aujourd’hui, après la Pologne et les Pays baltes, Washington cherche à encercler davantage la Russie en poussant l’Ukraine à adhérer à l’OTAN, comme il y a incité la Géorgie. Washington et l’OTAN jouent la carte de la déstabilisation de l’Europe et de l’humiliation agressive de la Russie, qui leur apparaissait, depuis la chute de l’URSS, comme un pays en déclin et à soumettre.

     Mais la renaissance de la puissance russe, avec Poutine, a changé la donne. La Russie reprend sa liberté stratégique et géopolitique [31] et réoriente sa doctrine militaire [32]. La volonté de Vladimir Poutine de redonner à la Russie une place de tout premier plan sur la scène internationale ; les intérêts souvent  divergents de Moscou et de Washington au Moyen-Orient ; le soutien russe notamment  à la Syrie ; la résistance du Kremlin  à  la déstabilisation  de l’Ukraine ; sa lutte pied à pied contre les menées américaines en Asie centrale ;  les alliances diplomatiques nouées pour briser le carcan unipolaire ; la défense résolue  sur le plan intérieur des valeurs traditionnelles et patriotiques, bref l’opposition frontale de la Russie de Poutine au  nouvel ordre mondial voulu par les USA, aux dogmes libertaires sur le plan sociétal, forment les vraies raisons de la diabolisation de ce pays  par les dirigeants américains [33].

     Les dirigeants de l’UE font l’erreur de les suivre. C’est la destruction du grand projet de partenariat macro-économique global UE–Russie, la fin de la vision de De Gaulle d’une Europe unie de l’Atlantique à l’Oural. Cependant, le but des Etats-Unis est clair : reconstituer le rideau de fer, couper l’Europe de l’Ouest de la Russie pour mieux vassaliser la première, entretenir une tension permanente (la nouvelle guerre froide) avec le Kremlin, catastrophique pour l’Europe. Le boycott des cérémonies de la victoire à Moscou le 9 mai 2015, qui est un affront calculé par Washington et les milieux atlantistes européens, marque bel et bien le retour de cette seconde guerre froide. Geste symbolique d’hostilité.

     Le 09.05.2015, la Russie a fait étalage de sa puissance lors de la plus grande parade militaire organisée sur la place Rouge depuis la chute de l’Union Soviétique. La démonstration de force de l’armée russe à l’occasion du défilé du 9 mai correspond à une volonté dissuasive et non pas agressive. C’est un message envoyé à Washington. Menacée devant les portes de Moscou, la Russie augmente son effort militaire, mais sans commune mesure avec le colossal budget militaire US (50% des dépenses mondiales en la matière).

     Sans rancune à l'égard de ses alliés de la Seconde guerre mondiale, Vladimir Poutine a choisi de les remercier. «Je remercie les peuples de Grande-Bretagne, de France et des Etats-Unis pour leur participation à la victoire. Je remercie les différents pays antifascistes qui ont pris part aux combats contre les Nazis dans les rangs de la résistance et dans la clandestinité», a déclaré le président russe, avant une minute de silence en mémoire des victimes de la guerre. «Soixante-dix ans plus tard, l'Histoire nous appelle à être à nouveau vigilants», a ajouté Vladimir Poutine.

     Le célèbre char russe T-34, une légende de la Seconde Guerre mondiale reconnue comme le meilleur char de combat de l’époque, a été le premier véhicule à rouler sur la place Rouge. D’autres véhicules de l’époque ont défilé encore avant que les armes modernes ne leur aient succédé. Ainsi, la Russie s'enorgueillit de présenter les nouveautés de son industrie de défense: les missiles S400, le canon «Koalitsia», le blindé «Kourganets» et surtout le char «Armata T-14». Ce char qui a fait la «Une» de la presse russe est présenté comme le meilleur char du monde, supérieur en tout cas à ses concurrents américains et des missiles balistiques intercontinentaux de près de 50 tonnes. Le Kremlin a voulu faire ainsi une démonstration de la puissance militaire retrouvée.

 

Dr. Angel ANGELIDIS

Ex-Conseiller au Parlement Européen, Bruxelles, Belgique

Vice-président de l’Institut de Gestion des Crises Géopolitiques, Thessalonique, Grèce

Bruxelles, février 2016

 


Notes de fin de page

[1]  L’IFOP (Institut français d’opinion publique) fut créé en 1938.

[2] L’Armée insurrectionnelle ukrainienne ou UPA (en ukrainien : Украïнська Повстанська Армiя, Ukrains'ka povstens'ka Armiya ou УПА) était une armée de guérilla ukrainienne formée en octobre 1942, en Volhynie. Ses dirigeants ont été Dmytro Klyachkivskiy, Roman Choukhevytch (dès janvier 1944) et Stepan Bandera. Il s'agit de la branche militaire de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN). Son principal objectif était de mettre en place un état ukrainien indépendant de l'URSS. Dès 1940, l'OUN se scinde en deux tendances : celle, plus radicale, de Stepan Bandera et celle, plus modérée, d'Andry Melnyk. Elles sont désignées respectivement : OUN-B et OUN-M. Les groupes menés par Stepan Bandera et soutenus par les Allemands prirent le dessus sur les groupes plus modérés. Ce sont les hommes de Bandera qui dirigeaient les unités auxiliaires de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN-B) qui pénétrèrent en Galicie orientale en juin 1941 avec la Wehrmacht. C'est à Lviv (Lvov) qu'est proclamé, le 30 juin 1941, l'État d'Ukraine, après la création d'un rassemblement national Ukrainien. Dans le texte de la Déclaration de l'Indépendance de l'Ukraine, du 30 juin 1941, il est dit que l'armée nationale révolutionnaire d'Ukraine est créée sur le territoire ukrainien et qu'elle combattra plus tard avec son alliée, l'armée allemande, contre l'occupation par Moscou et pour l'État souverain d'Ukraine et le nouvel ordre mondial. Le 27 juillet 1941, dans le centre-ville de Rivne, a lieu la prestation de serment du Premier bataillon de l'armée ukrainienne, du nom de «Kholodna Yara». À l'automne 1941, ils sont réformés et adjoints comme auxiliaires de la police de sûreté ukrainienne Schutzmannschaft, dite «Chouma», du Reichskommissariat Ukraine. Leur rôle principal est la lutte contre les partisans soviétiques et l'extermination des Juifs. Beaucoup de collaborateurs ukrainiens se retrouvent dans les unités militarisées du Troisième Reich, telles que la 14ème division de grenadiers «SS Galicie», la 13ème division de montagne de la «Waffen SS Handschar»,  la 5ème division SS des tanks «Viking», la division SS «Frundberg», la 22ème division «Keitel», la brigade «Nora», etc. Après la période des actions contre les partisans, les divisions se livrent à des crimes de guerre. D'après le chercheur américain Mordecai Paldiel, en octobre 1944, jusqu'à 220.000 Ukrainiens ont combattu du côté allemand. À l'automne 1944, les Allemands libèrent Bandera qui installe son quartier-général à Berlin. La presse allemande publie un grand nombre d'articles sur les succès de l’UPA, dans la lutte contre le bolchevisme et appelle les membres de l'UPA «les militants ukrainiens pour la liberté».Aux derniers jours d’avril 1945, la division «SS Galicie» est nommée la première de l'Armée nationale ukrainienne et se bat avec la Wehrmacht à Berlin. Durant la période du 8 au 11 mai 1945, une partie des membres de la division se rend aux Américains et aux Britanniques. Elles sont séparées des Allemands et envoyées dans un camp dans les environs de Rimini, en Italie. À la suite de l'intervention du Vatican, qui estime que les soldats de ces divisions sont de «bons catholiques et de tradition anticommuniste», leur statut est modifié par les Anglais, passant de celui de «prisonniers de guerre» à «personnel ennemi qui s'est rendu». Au moment de se rendre, les membres de la division affirment qu'ils ne sont pas Ukrainiens, mais Galiciens, et cela donne un motif officiel aux Britanniques pour refuser de les livrer, malgré les demandes pressantes des Soviétiques. Stepan Bandera, voyant la défaite allemande inéluctable, il décide de fuir Berlin pour se diriger d’abord vers la Suisse, puis afin d'échapper aux espions soviétiques, il change sans cesse de ville : Berlin, Innsbruck, Seefeld. Puis, sur les recommandations des services britanniques, Bandera rejoint la zone américaine de Munich où il vit sous la fausse identité du correspondant apatride Stefan Popel et assure toujours la direction de l'OUN(B). Avec le retour de l'Armée Rouge en Ukraine, l'UPA livre une guerre sans merci contre les Soviétiques. Les combats ne cessent qu'en 1953-1954. Pendant toute cette période, depuis l’Allemagne de l'Ouest, Stepan Bandera encourage et dirige l'insurrection. Il donne son appui inconditionnel à toutes les actions de l'UPA. Dans les années 50, l'ancien nazi et dorénavant chef du Service fédéral de renseignement allemand (Bundesnachrichtendienst - BND), Reinhard Gehlen, travaille avec Stepan Bandera pour fournir l'aide aux ukrainiens nationalistes insurrectionnels afin d'entraver la mainmise soviétique en Ukraine. Cependant, dans les années 1950, l'organisation Gehlen est infiltrée par des agents doubles du KGB. Le 14 octobre 1959, Bandera déjeune avec un haut gradé allemand pour parler des opérations en Ukraine. Le lendemain, Stepan Bandera est retrouvé mort à l'entrée du 7 Kreittmayrstraße, à Munich. Bandera est considéré les ultranationalistes ukrainiens comme un héros national. C'est en taisant les crimes des nationalistes contre les civils soviétiques, polonais et juifs, et comme le rappelle l'historienne Sofiya Grachova, par l'absence d'enquête honnête que la glorification de Stepan Bandera en tant que héros de l'Ukraine a pu se produire. Après la dissolution de l’URSS et pendant la présidence de Viktor Iouchtchenko, les manuels scolaires d'Ukraine participent à la réhabilitation de Stepan Bandera auprès des jeunes générations en occultant les massacres perpétrés par l'OUN(B) et l'UPA. Stepan Bandera est élevé à la dignité posthume de Héros d'Ukraine par un décret signé le 22 janvier 2010 par le président ukrainien Viktor Iouchtchenko «pour l'invincibilité de l'esprit dans la poursuite de l'idée nationale, l’héroïsme et le sacrifice dans le combat pour l'indépendance de la nation ukrainienne». Cette distinction provoqua une vague de protestations dans la fédération de Russie, de la population russophone d'Ukraine ainsi que la désapprobation et des mises en garde du Parlement Européen et d'associations d'anciens combattants en Europe. Fin janvier 2010, le Centre Simon-Wiesenthal a dénoncé, dans une lettre adressée à l'ambassade ukrainienne aux États-Unis, l'attribution du titre de Héros de l'Ukraine à un «collaborateur nazi responsable du massacre de milliers de Juifs pendant la guerre de 1939-1945». En 2010, après l'arrivée au pouvoir de Viktor Ianoukovytch, le tribunal régional de Donetsk invalide le décret. La réhabilitation de Stepan Bandera et de son mouvement continue en automne 2014, quand Petro Porochenko remplace le Jour du défenseur de la patrie, fête de la tradition soviétique célébrée chaque année le 23 février, par la Journée des défenseurs de l'Ukraine le 14 octobre, date qui commémore la fondation de l'UPA. Le 1er janvier 2015, à l'appel des partis nationalistes secteur droit, Svoboda et du bataillon Azov, une marche aux flambeaux a été organisé pour une manifestation pour commémorer la naissance de Stepan Bandera (01.01.1909). En avril 2015, Efraim Zuroff, directeur du Centre Simon Wiesenthal, déclare à propos de cette marche, qu'elle sert  à «cacher ou minimiser le rôle des collaborateurs nazis locaux dans les crimes de l'Holocauste; promouvoir le bobard de l'équivalence entre les crimes des nazis et des communistes; et glorifier les combattants anti-communistes, qui étaient des collaborateurs locaux nazis qui ont participé aux crimes de la Shoah». Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Stepan_Bandera

[3] World War Two : How the Allies Won”, By Professor Richard Overy, Published May 17th 1997 by W. W. Norton & Company (first published 1995). Last updated 17.02.2011.

[4] Le front de l’Est a constitué de loin le plus grand théâtre d'opération de la Seconde Guerre mondiale et probablement de toute l'histoire militaire. Le front de l'Est fut le lieu d'une guerre féroce, occasionnant d'énormes destructions et des déportations de masse, ce qui entraîne de gigantesques pertes militaires et civiles par suite de la guerre elle-même, de famine, de maladie, de conditions météorologiques extrêmes et de massacres. Les pertes civiles et militaires sur le front de l'Est sont estimées à plus de 35 millions de personnes, soit environ la moitié des morts liées à la Seconde Guerre mondiale. Il s’est déroulé sur les territoires des pays de l’Europe de l’Est et de l’Union Soviétique plus vastes que tous les autres théâtres d'opérations réunis. Ce théâtre d'opérations, où les deux adversaires se battirent en guerre totale, fut le plus déterminant dans la chute du Troisième Reich.

[5] Le second front en Europe Occidentale, que les alliés avaient promis solennellement d'ouvrir en 1942, ne fut véritablement créé qu’en 1944, lorsque les troupes anglo-américaines débarquaient en Normandie (06.06.1944). L’ouverture de ce front s’est faite pressante suite aux résultats médiocres du front en Méditerranée ouvert par les Alliés avec le débarquement en Afrique du Nord en novembre 1942, suivi par celui en Sicile en juillet 1943. Mais, cela ne modifia pas de façon notoire le groupement des forces armées de l'Allemagne nazie. Le front germano-soviétique demeurait décisif, paralysant les principales forces de la Wehrmacht. Ceci est cohérent avec la répartition des divisons de l’armée allemande :

             Front Est    Front Ouest    Autres

*1942 : 179(79%)      38(17%)          9(4%)

*1943 : 187(73%)      50(20%)        19(7%)

*1944 : 165(60%)      86(31%)        23(9%)

Remarque :

Il convient de souligner le fait que le second front en Europe de l’Ouest ne fût ouvert par les alliés occidentaux que 11 mois avant la fin du conflit en Europe, tandis que l’URSS combattit pratiquement seule à seule durant 3 années l’Allemagne fasciste et ses alliés. 

[6] Voir images 3 & 4 ci-dessous.

[7] Fin 1944, Hitler tente de profiter de la fatigue des troupes alliées engagées sur le front occidental, harassées par plusieurs mois de durs combats à travers la France, de l'ampleur de leurs pertes et de la stagnation de leur progression suite à l’échec de l'opération «Market Garden», qui visait à contourner la ligne Siegfried par les Pays Bas. Dès lors, il lance une contre-offensive dans les Ardennes en décembre 1944. Ce fut l'unique tentative d'Hitler, à dater du débarquement en Normandie, de reprendre l'initiative à l'Ouest. Le 16 décembre 1944, alors que les armées alliées piétinaient aux frontières de l'Allemagne, le Groupe d'Armées B du maréchal Gerd von Runstedt (remplacé par Model durant la bataille) – parmi lesquelles la redoutable VIème Panzerarmee SS du général Sepp Dietrich – passait à la contre-offensive et créait en une semaine au centre de la 1ère Armée US un saillant que les Alliés allaient mettre plus d'un mois à résorber. Le 1er janvier 1945, les armées alliées abandonnaient l'Alsace. La contre-offensive de la 1ère armée américaine, commencée le 5 janvier, échoua. La situation sur le front Ouest devenant critique, le 6 janvier, Winston Churchill télégraphiait à Joseph Staline : «Je vous serais reconnaissant de me communiquer,  si nous pouvons compter sur une offensive russe d'envergure sur le front de la Vistule ou en tout autre endroit dans le courant janvier... Je pense que c'est urgent". L'offensive soviétique était prévue pour le 20 janvier, mais pour aider les Alliés en difficultés, elle commença huit jours plus tôt. Le 16 janvier, Hitler donna l'ordre de passer à la défensive dans les Ardennes et de transférer de toute urgence toutes les troupes disponibles vers l'Est. Durant les six premiers jours de l'opération Vistule-Oder, les troupes soviétiques avancèrent de 150 Km et libérèrent la plus grande partie de la Pologne y compris Varsovie.

[8] Au début de l'été 1942, le principal groupement de choc de la Wehrmacht avait engagé l'offensive sur une ligne de 800 Km et il s'était enfoncé sur 650 Km en profondeur dans la direction de Stalingrad. Dès la mi-juillet 1942, des combats acharnés se déroulèrent sur l'axe de Stalingrad, mais la Wehrmacht n’a pas réussi à prendre la ville. Bien que le général Paulus ait tenu pour quelque temps les neuf dixièmes de la ville, les forces de l'Axe furent impuissantes face à l'extraordinaire force morale des Soviétiques et à leur tactique d'encerclement. La contre-offensive des troupes soviétiques, commencée le 19 novembre 1942, boucla 4 jours après l'anneau d'encerclement, prenant ainsi en étau 22 divisions allemandes, plus de 160 unités de la VIème armée  (Paulus) et partiellement de la IVème armée blindée (Hoth), totalisant 350.000 hommes (cf. Carte N° 5). Les tentatives du maréchal von Manstein de porter secours au groupement encerclé échouèrent. Le 2 février 1943, Paulus (qui avait été capturé le 31 janvier) se rendit au Haut Commandement soviétique et signa la capitulation de ses troupes. C'était la première fois qu'un maréchal allemand capitulait et était fait prisonnier (il avait été promu maréchal par Hitler peu de temps avant). La bataille de Stalingrad, qui fut la plus sanglante et la plus coûteuse en vies humaines de toute l'histoire militaire, venait de prendre fin. Les Russes prirent 60.000 véhicules, 1.500 chars et 6 000 canons. 105.000 allemands furent fait prisonniers (seulement 5.000 reviendront en Allemagne vivants). Au cours des 200 jours de combats pour Stalingrad, les forces soviétiques anéantirent cinq armées ennemies : deux armées allemandes, deux roumaines et une italienne totalisant environ 1.500.000 hommes, dont 2.500 officiers, 24 généraux et un maréchal, tués, blessés, faits prisonniers ou disparus. Les Soviétiques ont eu 487.000 tués et 629.000 blessés. La bataille de Stalingrad fut le tournant de la guerre. La Wehrmacht avait dû céder l’initiative stratégique aux forces soviétiques qui la conservèrent jusqu’à la fin de la guerre.  

[9] Humilié par la reddition de la VIème armée à Stalingrad à l'hiver 1942-1943, Hitler veut enrayer le recul de ses armées. Au printemps 1943, le front de l’Est s'étire du nord-ouest au sud-est de la Russie, de Leningrad à Kharkov. Sur cette ligne régulière, le saillant soviétique de Koursk, à mi-distance entre Moscou et Kiev, d’une vaste étendue de 23.000 km2 pénètre dans les lignes allemandes et gêne les mouvements de la Wehrmacht. Hitler décide dès le mois d'avril de percer le front à Koursk en y concentrant un maximum de forces : 25 divisions d'infanterie, soit 780.000 hommes, 20 divisions blindées, 2.000 chars de combat dont les Tigre et Panther, 10.000 canons et mortiers et 2.000 avions. Son plan était d’attaquer simultanément à partir du nord et du sud à la base du saillant, encercler puis écraser les troupes soviétiques et développer ensuite l'offensive en direction de Moscou. L'opération dénommée «Zitadelle», que le maréchal von Manstein aurait voulu lancer dès le mois de mai, est indéfiniment reportée du fait de l'indécision d’Hitler. Les Soviétiques, bien informés, mettent à profit ce retard pour consolider leurs positions. Le saillant de Koursk finit par rassembler un total de 1.900.000 troupes soviétiques prêtes au combat, solidement retranchées et équipées de redoutables chars T-34.  Elles sont placées sous le commandement des généraux expérimentés Rokossovsky (nord) et Vatoutine (sud). Au nord du saillant, le mouvement de tenaille devait être exécuté par la IXème armée de Model avec trois corps blindés, deux corps d'armée et de l'infanterie de soutien. Au sud, le mouvement devait être exécuté, sous les ordres de von Manstein, par la IVème Panzerarmee du général Hoth, le 2ème corps blindé SS de Hausser y compris les divisions Waffen SS «Leibstandarte», «Das Reich» et «Totenkopf», le 48ème corps blindé de Von Knobelsdorff y compris la division «Grossdeutschland»,le 52ème corps de Ott et le Gruppe Kempf qui avaient pour tâche de protéger le flanc est de la IVème Panzerarmee alors qu'elle se déplacerait vers le nord. L’effort principal allemand se porta donc sur la pince-sud où quelques-unes des meilleures divisions du Reich étaient alignées sur un front de cinquante kilomètres (cf. Carte N° 6). Quand l'offensive allemande est enfin engagée le 5 juillet 1943, les généraux allemands sont surpris de ce que les Soviétiques soient si bien préparés et si peu pris au dépourvu ! Dans le nord, la IXème armée progressa quelque peu, mais dès le lendemain, les Allemands se trouvèrent dans l'impossibilité d'avancer face aux blindés et à l'artillerie soviétique. Le 7 juillet, Model déplaça l'axe de son attaque de la route Orel-Koursk vers la gare de Ponyri, plus à l'est. Pendant trois jours, les Allemands attaquèrent ce secteur avec violence, mais sans résultat. Le 10 juillet Model se retrouva sur la défensive ; il était clair qu'il ne réussirait pas à effectuer la partie nord du mouvement de tenaille en direction de Koursk. Au sud, les choses se présentèrent mieux pour von Manstein où le 9 juillet les forces de Hoth et de Hausser réussirent à creuser une bande rectangulaire d'environ quinze km de profondeur et vingt-cinq km de large dans les lignes soviétiques. Le 12 juillet le général Vatoutine a fait entrer dans la bataille la Vème armée blindée du général Rotmistrov. Les formations blindées allemandes et soviétiques se sont affrontés lors d’une bataille frontale près de la gare de Prokhorovka. Plus d'un millier de chars des deux côtés ont pris part à la bataille. L’affrontement eu lieu dans l'après-midi du 12 juillet, dans une chaleur torride et sous un énorme nuage qui entrava sérieusement les opérations aériennes. Ce fut la plus grande bataille de blindés de la deuxième guerre mondiale. Les adversaires étaient en nombre à peu près égal. Les Soviétiques pouvaient toutefois aligner des troupes fraiches. Ils disposaient en outre, pour affronter les chars Panther et Tiger, du nouveau SU-85, un canon automobile de 85 mm monté sur un châssis de char T-34. Les Allemands, au contraire, sortaient de violents combats avec des engins réparés à la hâte. Leurs nouveaux blindés lourds - le Panther, le Tiger et le canon d'assaut Ferdinand (ou Elefant) - s'avérèrent tous décevants. Les munitions manquaient et les pannes techniques se succédaient. En outre, des erreurs de tactique furent commises dans l'utilisation des nouveaux blindés lourds. Au lieu d'exploiter leurs canons à longue portée, les Allemands les placèrent à l'avant de la ligne de bataille; ainsi, à courte distance, un T-34 pouvait atteindre un Tiger aussi efficacement que celui-ci pouvait détruire un T-34. La bataille de Prokhorovka se distingue en ce sens qu’elle fut à la fois réduite dans l'espace et le temps (moins de 20 km2 et 2 jours 12-13 juillet 1943), mais avec une forte concentration de blindés et une intensité encore jamais vue. Une série d'attaques et contre-attaques rapides et puissantes ont donné un aspect confus à la bataille, les lignes de chars s'entrechoquaient et disloquaient les rangs. La furieuse mêlée orchestrée par les Russes et la confusion qui en découla, contribua à cet état de faits. Les pertes sont énormes des deux côtés, mais les Allemands ne réussissent pas à prendre Prokhorovka. Le 13.07.1943, Hitler décida de mettre fin à l’opération «Zitadelle» et les Allemands commencèrent à retirer leurs forces. Mais, l'Armée Rouge dispose de réserves stratégiques et lance deux contre-offensives de part et d'autre du saillant de Koursk, l’opération Koutouzov et l’opération Rumyantsev. Ces contre-attaques rejettent la Wehrmacht sur ses lignes de départ et permettent la libération de deux villes stratégiquement importantes, Orel et Kharkov.La bataille devant Koursk en juillet-août 1943 est entrée dans l'histoire comme l'une des batailles les plus importantes et les plus décisives de toute la Seconde Guerre mondiale. Y participèrent des deux côtés plus de 4 millions d'hommes. Les forces soviétiques anéantirent sur le saillant de Koursk 30 divisions ennemies, dont 7 blindées, soit 500.000 soldats et officiers, 3.000 pièces d'artilleries, 1.500 chars, plus de 3.700 avions. Après cette défaite, la Wehrmacht ne parvint plus jamais à reprendre l'offensive sur le front russe. Elle subit dès lors une poussée continue, parsemée de défaites successives, qui allait conduire à la libération du territoire soviétique de l’occupation nazie, à la traversée de la Pologne par l'Armée rouge et enfin à la conquête de Berlin.

Remarque : le 28 février 1944 - alors qu’il procédait à un regroupement complexe pour une nouvelle opération - le général Nikolaï Vatoutine, héros des batailles de Stalingrad, de Koursk et de Kharkov, fut pris en embuscade par des insurgés de l'armée insurrectionnelle ukrainienne loin derrière les lignes de front. Il meurt de ses blessures à l'hôpital six semaines plus tard. Vatoutine est reconnu comme l'un des généraux les plus créatifs de la Seconde Guerre mondiale.

[10] Douglas MacArthur fut le commandant suprême des forces alliées dans le Pacifique sud-ouest. Il reçut la «Medal of Honor» pour sa défense des Philippines. Il accepta formellement la reddition japonaise le 2 septembre 1945 et il supervisa l'occupation du Japon de 1945 à 1951. Douglas MacArthur mena les forces des Nations unies durant la guerre de Corée de 1950 jusqu'au 11 avril 1951, lorsqu'il fut relevé de son commandement par le président Harry S. Truman.

[11] Le 22 juin 1941, la Wehrmacht envahit par surprise l'URSS dans le cadre de l'Opération «Barbarossa». Elle mobilise 3,2 millions de soldats du Reich et 600.000 soldats des États alliés d'Italie, de Hongrie, de Roumanie, de Finlande, de Slovaquie, de Croatie, etc. L’Allemagne engage 159 divisions sur les 220 dont elle dispose alors (73 % des effectifs totaux de la Wehrmacht). Ce sont pour la plupart des troupes aguerries par les campagnes précédentes, bien équipées et bien motorisées (600.000 véhicules) grâce en particulier aux prises de guerre de la bataille de France. On note aussi l’utilisation en juin 1941 de 600.000 chevaux par les équipages du train. C'est à ce jour la plus grande offensive militaire de l'histoire. La Wehrmacht possède une supériorité initiale considérable en hommes (de deux contre un au minimum) et en équipements. Elle est mieux organisée, bien mieux commandée et dispose d’une incontestable supériorité tactique. Elle bénéficie en outre de l’effet de surprise. En quelques semaines à peine, les divisions allemandes vont progresser de 500 km vers le Nord, de 650 km vers l’Est, de 350 km vers le Sud-Est. De juin à octobre 1941, l’«Ostheer» (la Wehrmacht sur le front russe) a fait au total plus de trois millions de prisonniers. Les premiers massacres en masse de Juifs, Tsiganes et Russes débutent quelques semaines seulement après le début de l’invasion.

[12] Les distances rendent en outre la coordination entre les blindés d’une part et l'infanterie d'autre part, hasardeuse ; ainsi, dès la fin août 1941, les divisions blindées affectées au groupe d'armées Nord sont parvenues aux portes de Leningrad, mais dans l'incapacité de prendre seules la ville, doivent attendre l'arrivée de l'infanterie, donnant ainsi le temps aux Soviétiques d'organiser la défense de la ville. De même, immobilisés par le manque de carburant, les chars de la 18ème Panzerdivision sont balayés devant Moscou en décembre 1941. De plus, un froid sibérien précoce s'est abattu sur la Russie dès l'automne 1941 : les soldats allemands meurent de froid, au sens propre du terme, et les mécaniques des chars sont gelées au matin après une nuit glaciale. Cette absence de coordination, sur le terrain, entre blindés et infanterie, pourtant l'une des clés de la réussite de la Blitzkrieg, contribue à la création d'un front de plus en plus impossible à tenir sur le long terme et à transformer le front de l'Est en front statique, à l'image du front de la Grande Guerre de 1914-1918.  

[13] La stratégie de la «Blitzkrieg» (guerre-éclair) a été mise au point par le général allemand Heinz Guderian. Il s'agit de l'utilisation conjointe des blindés, des avions et de l'infanterie, et du déplacement rapide des blindés en ordre groupé, pour éventrer les lignes ennemies dans l'optique de frapper en profondeur la capacité militaire, économique ou politique de l'adversaire. Les trois éléments essentiels du Blitzkrieg sont : a) l’effet de surprise, b) l’assaut brutal et rupture rapide du système défensif ennemi, suivi de la percée du front, et c) l’encerclement de ses troupes. La phase initiale du Blitzkrieg est la rupture rapide du système défensif ennemi en un point précis («Schwerpunk t»). Cette rupture est obtenue par une concentration de forces terrestres (blindés, artillerie, troupes d'élite, parachutistes et autres forces spéciales…) et aériennes. Avant même que la rupture soit complètement obtenue, la phase d'exploitation est engagée. Elle consiste à s'enfoncer le plus rapidement et le plus loin possible dans le dispositif ennemi. L'action est menée par des unités blindées et motorisées et peut être complétée par des forces aéroportées sur des points précis (points fortifiés, passage clefs), et - à la demande des troupes au sol - par un appui aérien tactique rapproché d'appui-feu (typiquement par bombardement en piqué : dans cette phase l'artillerie est trop en arrière pour pouvoir fournir un appui efficace). Les forces terrestres à pied suivent et occupent le terrain conquis. Elles assurent le contrôle des voies d'approvisionnement, la défense contre une éventuelle contre-attaque ennemie, et le nettoyage des poches de résistance dépassées par la force blindée. La force blindée elle-même avance le plus loin possible, contournant les obstacles sans chercher à les annihiler systématiquement. L'avance doit se faire en profondeur, de façon à rendre impossible le rétablissement d'une nouvelle ligne de résistance par l'ennemi. La technique est particulièrement efficace contre un ennemi privilégiant la tenue d'une ligne continue d'infanterie, dans laquelle les unités tiennent leur front et négligent leurs flancs et leurs arrières. Le défenseur n'a pas le temps de se réorganiser et une retraite entraîne la perte des moyens lourds comme l'artillerie. Une fois la phase de rupture passée, l'opération peut devenir un encerclement à l'échelle opérationnelle, de l'ordre de plusieurs km2, et pouvant contenir une armée ennemie en entier. Les vastes poches ainsi formées sont réduites ultérieurement par des moyens plus traditionnels (infanterie, artillerie). C'est grâce à cette tactique très offensive que la Wehrmacht réussit à vaincre les armées alliées pendant le début de la 2ème Guerre mondiale.

[14] La capacité combative d’un État repose sur trois axes interconnectés se soutenant mutuellement : l’'axe économique et industriel, l'axe militaire et l'axe politique, social et moral. La destruction d'un seul de ces piliers n'est en aucun cas suffisante, car suivant la consistance des deux autres piliers, la destruction du troisième pilier pouvant être compensée avec plus ou moins de difficulté. Ainsi, la destruction massive de la capacité militaire d'un ennemi peut être compensée par une production industrielle importante et par l'appel à d'éventuels alliés pour combler les pertes subies. De plus, le maintien de la cohésion sociale et du moral de la population permet d'atténuer les effets de ces pertes en faisant peser sur cette dernière des sacrifices plus importants. Cette situation correspond absolument à la situation de l'Allemagne face à l'URSS en 1941. L'Allemagne a été totalement incapable de frapper la capacité industrielle de l'URSS du fait d'une migration sans précédent des principaux centres de productions vers l'est, hors de portée des agresseurs. Incapable de frapper ce pilier, l'Allemagne s'est retrouvée contrainte d'anéantir l'armée soviétique (pilier militaire) et d'atteindre la ville de Moscou dans un effort déséspéré de détruire le symbole qu'elle représentait (pilier politique et social). Malheureusement pour Hitler et heureusement pour les Alliés), le pilier militaire soviétique n’a été que partiellement atteint et il a tenu, laissant ainsi le temps à l'URSS de mobiliser son industrie et son peuple pour combler les pertes.Cette Blitzkrieg", voulue par Hitler mais impossible à mettre en place dans les vastes espaces ouverts de la Russie, transforma la guerre-éclair que doit mener l'«Ostheer» en guerre d'usure, pour laquelle ni l'armée, ni l'économie allemande n’étaient préparées.

[15] Au cours des 5 premiers mois de la guerre, les armées allemandes réussirent à pénétrer en URSS sur une profondeur de 850 à 1.200 km. Elles occupaient alors un territoire de plus de 1.500.000 km2 totalisant une population de 75 millions d'habitants avant la guerre. Durant le recul de son armée, l’URSS réussit une chose quasiment inconcevable : 2.600 entreprises industrielles furent évacuées par les chemins de fer vers l'est du pays. Il fallait à peine quelques mois pour réorganiser la production dans les nouvelles régions. Les travailleurs, essentiellement des femmes et des enfants, animés de patriotisme, réalisaient une productivité du travail sans précédent. Au début 1942, la chute de la production industrielle fut stoppée. Reconvertie aux besoins de la défense, totalement subordonnée aux intérêts du front, l'industrie créait en des temps record l'assise indispensable pour assurer la supériorité en matériel de guerre sur les forces de la machine de guerre hitlérienne. L'URSS finit par dépasser l'Allemagne pour la quantité et la qualité des armements produits. Au total, l'arrière soviétique fournit au front 1,5 fois plus de munitions que l'arrière de l'Allemagne et de ses alliés, 2 fois plus d'avions et de chars, 4 fois plus de pièces d'artillerie, bien que le potentiel économique sur lequel s'appuyait l'Allemagne nazie dépassât du double le potentiel soviétique. La victoire économique précéda la victoire militaire. Ce fait ne diminue en rien l'importance des fournitures des alliés occidentaux, effectuées conformément aux arrangements conclus. Le gouvernement et le peuple soviétique en furent reconnaissants. Mais, il n'en reste pas moins que la part des moyens de guerre fournis par les Alliés occidentaux pendant le conflit ne constituait que 4% environ des moyens et matériels fournis par l'industrie soviétique.

[16] Un atout maître de l'armée blindée russe fut le char T-34. La découverte du T-34, non signalée par les services de renseignement de l'Abwehr, sera une surprise si frappante pour l'État-major allemand que le général Von Kleist le considèrera comme «le meilleur char du monde». L’URSS en produira 55.000 avant la fin de la guerre. Ce char moyen, mis au point par les ingénieurs Morozov et Koutcherenko, combinait des innovations révolutionnaires pour l'époque, tels que des roues de grande dimension permettant des vitesses élevées, un blindage incliné et soudé, un bloc moteur diesel en aluminium. Il constituait à l'époque un remarquable équilibre entre les trois facteurs majeurs qui définissent la qualité d'un blindé, à savoir : la puissance de feu, la protection (blindage) et la mobilité. Parmi les quelques défauts on peut citer une optique de tir pas à la hauteur du canon (les tankistes russes utilisaient encore la technique des 3 coups) la conduite du char était fatigante (le confort des pilotes n'était pas le souci majeur des ingénieurs russes) et aussi une tourelle où les tâches étaient mal réparties du fait de l'espace restreint. Une autre caractéristique du char T-34 était sa rusticité, celui-ci nécessitait peu d'entretien. Un simple entretien tous les 250-300 km suffisait. En revanche les chars allemands nécessitaient un entretien plus rigoureux (150 km maximum), les steppes russes usèrent davantage les Panzer que les feux ennemis. La puissance des canons montés sur les différents modèles T-34 était suffisante pour percer les blindages des chars allemands de 1941, mais incapable de faire jeu égal avec les productions allemandes de chars lourds à partir de 1942-43 (on pense notamment au "Panzer IV-G", aux "Tiger" et "Panther", ainsi qu’au Jagdpanzer Ferdinand ou Elefant). La meilleure chance de survie et de réussite pour les chars russes de type T-34 est donc, début 1943, la chasse en meute (la masse de blindés devant palier leurs déficiences conceptuelles). L'apparition des nouveaux chars lourds allemands oblige les soviétiques à améliorer leurs chars. Fin 1943, les premiers T-34/85 sortent de production. Le blindage est porté à 75 mm et la tourelle plus volumineuse abrite un canon L/51 de 85 mm (au lieu de L-11 de 76 mm aux performances antichar modestes du T-34). Si, à la fin de la guerre, le T-34 n'est plus tout à fait le meilleur char présent sur le champ de bataille, il n'en reste pas moins un des principaux artisans de la défaite de la Wehrmacht dans les steppes russes.

[17] Du 8 septembre 1941 au 27 janvier 1944, la ville de Leningrad (aujourd’hui Saint-Pétersbourg) subit un siège long de 29 mois, soit près de 900 jours, après que Wehrmacht ait tenté d’attaquer la ville dans le cadre de l’Opération «Nordlicht» (Aurore boréale).Fin juin 1941, le groupe d’armées Nord sous le commandement du maréchal von Leeb, soit 725.000 hommes, 13.000 canons, 1.500 chars, se dirigent sur Leningrad pour prendre la ville avec le soutien de 760 avions. Adolf Hitler avait décidé la destruction totale de la ville qu’il définissait comme un haut lieu de l’intelligentsia bolchevique et juive. L’annonce de l’attaque allemande provoque une vague de patriotisme : des milliers de personnes se font enrôler dans les bataillons de défense, les opoltcheniye. Le 29 juin, les forces germano-finlandaises lancent des attaques dans l'isthme de Carélie et plus au nord vers Petsamo. Le 8 septembre, l’ancienne capitale impériale est encerclée. 2,5 millions de personnes sont prises au piège. Isolée du reste de l’URSS, la ville manque de tout. Devant les échecs répétés de leurs assauts, les Allemands cherchent à s’emparer de la ville par des bombardements et la mise en place d’un blocus. Faute d’approvisionnements, la famine fait son apparition. La viande étant réservée aux soldats, la population se contente de pain, puis de pain additionné de malt de brasserie. Fin 1941, la ration quotidienne de pain est réduite à 110 g par personne. Le dur hiver 1941-1942 aggrave encore la situation. Le 13 décembre, un communiqué rapporte un premier cas de cannibalisme. Tous se mangeait, allant des animaux morts jusqu’aux chandelles de suif..La population de Leningrad fait preuve d’un grand courage,la ville continue à fournir le front en armes, et aucune des tentatives des Allemands pour pousser les soldats à la mutinerie n’aurait réussi. Une liaison routière connue sous le nom de «route de la vie» est établie. Elle traverse le lac Ladoga gelé et permet d’approvisionner les habitants de la ville. Il va sans dire que cette voie fut difficile à mettre en place, en raison des conditions climatiques sur le lac, que la glace encore fragile engloutit des convois entiers, et surtout qu’elle fut particulièrement touchée par les raids incessants de l’aviation allemande. C’est par cette voie unique de circulation que plus de 500.000 civils parviendront à fuir Leningrad. Dès janvier 1943, une contre-offensive soviétique (opération «Iskra») permet de libérer une brèche dans l’encerclement de la ville, et la situation s’améliore. La ville reste cependant très proche de la ligne de front et est régulièrement bombardée. Fin 1943, l’Armée Rouge reçoit du nouveau matériel militaire en provenance de l'Oural et  une contre-offensive soviétique est lancée le 14 janvier 1944 entraînant la fin du siège, le 27 janvier 1944. En mars, les troupes allemandes sont repoussées à 250 km de Leningrad. Le bilan du siège est particulièrement lourd. Déterminer le chiffre exact des victimes du siège de Leningrad est l’un des grands enjeux historiographiques de la Seconde Guerre mondiale : les estimations oscillent entre 650.000 et deux millions de morts.La ville elle-même et ses environs ont beaucoup souffert. Près de 3.200.000 mètres carrés habitables auraient été détruits, et le patrimoine architectural de la ville fut particulièrement touché, ainsi que les palais et résidences impériales occupés et pillés par les Allemands. (Cf. Article "Siège de leningrad" dans le même Chapitre).

Remarque : Du 10 au 13 février 1943, la 250ème division de volontaires espagnols «División Azul»qui combattait avec la Wehrmacht et la 55ème armée soviétique se sont affrontées lors de la sanglante bataille de Krasny Bor (Красный Бор), ville située entre la route et la ligne de chemin de fer Leningrad-Moscou). Krasny Bor est prise par les Soviétiques le 11.02.1943 ; le lendemain, la «División Azul» lance une contre-attaque pour reprendre la ville, mais sans succès. Les combattants espagnols opposeront une résistance féroce aux Soviétiques. 3.250 d’entre eux seront mis hors de combat et environ 300 autres seront prisonniers ou disparus. Les prisonniers espagnols sont envoyés dans les camps du Goulag en Sibérie. Les derniers seront rapatriés en Espagne en 1954. En raison de ces lourdes pertes et de la pression des Alliés sur le gouvernement espagnol, la «Division Azul» est retirée et dissoute. Toutefois une nouvelle formation appelée «Légion Azul», soit près de 2.000 hommes qui forment un régiment intégré à la 121ème Division d’infanterie allemande, reste au combat sur le front de l'Est.  

[18] Devant les pertes catastrophiques de l’armée de l’air soviétique au cours de l’été 41, les régiments féminins d'aviation de combat commencent à être formés vers octobre 1941, après que le Haut Commandement soviétique autorisa Marina Raskova, figure de l'aviation soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale, à organiser le Groupe d'Aviation n°122, une unité aérienne militaire soviétique entièrement féminine.Avec l'approbation de la Stavka (Haut commandement suprême), Marina Raskova forme trois régiments d’aviation: le 586ème IAP (Régiment de chasse), le 587ème BAP (Régiment de bombardier en piqué) et le 588ème NBAP (Régiment de bombardier de nuit). Chacun des trois régiments féminins comprend environ 400 personnes, et à l’exception du régiment de bombardement de jour  qui compte quelques éléments masculins, ils sont intégralement constitués de femmes (pilotes, mécaniciennes et radio pour la plupart).Ses aviatrices soviétiques ont mises en places diverses tactiques de combat. Elles volent précisément et très près vers leurs objectifs en rase-motte puis au dernier moment, prennent de plus en plus l’altitude avant de couper leur moteur et de piquer sur leur cible.Grâce à leurs prouesses, ces femmes gagnent rapidement en crédibilité et deviennent la terreur des Allemands qui les surnomment les «Sorcières de la nuit». Les exploits les plus prestigieux sont à mettre à l’actif du 46ème NBAP de la Garde qui ont accompli pas moins de 2.400 sorties nocturnes et ont glané 23 des 30 médailles de Héros de l’Union Soviétiques décernées à des équipages féminins lors de la Grande Guerre Patriotique.

[19] Parmi ses femmes «sniper», six vont recevoir la distinction de Héros de l'Union Soviétique. Ludmila Mikhaïlovna Pavlitchenkova fut la plus célèbre des tireurs d'élite féminine soviétiques ; elle comptabilisa 309 victoires dont 36 tireurs d'élite ennemis.En septembre 1942, elle fut envoyée au Canada et aux États-Unis et fut même reçue à la Maison-Blanche par le président Franklin Roosevelt. Ayant atteint le grade de major, Pavlitchenko ne fut pas renvoyée au combat et se consacra à la formation des tireurs d'élite soviétiques jusqu’à la fin de la guerre. Elle est décédée le 10.10.1974 à Moscou, à l'âge de 58 ans. D’autres ont eu une fin tragique comme Natalia Venediktovna Kovchova et Maria Semionovna Polinovna engagées au 528ème régiment de fusiliers, où elles obtinrent 300 victoires. Le 12 août 1942, près de Novgorod, les deux jeunes femmes blessées luttèrent jusqu'à leurs dernières forces. Encerclées par l'ennemi, elles ne se rendent pas mais préfèrent se suicider en dégoupillant une grenade entraînant ainsi dans la mort de plusieurs soldats allemands.

[20] Il convient de signaler que durant tous les bombardements US/GB de la seconde Guerre mondiale seul 8 % du potentiel industriel allemand a été détruit. Le bombardement allié de Dresde (du 13 au 15 février 1945), effectué pour venger le bombardement allemand de Coventry (14 novembre 1940), ne montrait que peu d’intérêts stratégiques. Résultat 25.000 civils allemands au tapis. Cependant, les 42 Divisions du Reich en route vers le front de l’Est, à 15 km de Dresde, n’ont pas été touchées !

[21] Plusieurs historiens – y compris l’auteur  –  partagent l’avis que l’URSS, notamment suite aux succès emportés en 1943 et 1944, aurait été de toute façon capable de vaincre l’Allemagne nazie par ses propres moyens.

[22] Dès le lancement de l’opération «Barbarossa», le message du commandement hitlérien aux troupes allemandes combattant sur le front de l’Est stipulait : «Soldat allemand, supprime en toi toute pitié et toute compassion, tue tous les Russes, tous les Soviétiques, n'épargne ni vieillard, ni femme, ni fille, ni garçon, tue, ... !".

[23] Tony Judt Postwar : A History of Europe Since 1945”, 5 September 2006.

[24] Soulignons que les 25 millions de Soviétiques morts se répartissent principalement par nationalité en :

Russie : 14 millions (13 % de la population de 1940) – 7 M de soldats, 7 M de civils ;

Ukraine : 7 millions (16 %) – 1,7 M de soldats, 5,3 M de civils (NB. Il s’agit surtout des civils Ukrainiens du Centre et de l’Est, hors Galicie – sauf pour les Juifs) ;

Biélorussie : 2,3 millions (25 %) – 0,6 M de soldats, 1,7 M de civils.

[25] Les pertes des USA lors de l'attaque par l'aéronavale japonaise du 07.12.1941 contre la base navale de Pearl Harbor, située sur l’île d’Oahu, dans l’archipel du territoire américain d’Hawaï, au cœur de l'océan Pacifique furent de 2.403 morts et 1.178 blessés. Les Japonais perdirent uniquement 64 hommes (55 aviateurs et neuf sous-mariniers). Cette attaque, fut l’unique que les USA ont subi sr leur territoire durant la 2ème Guerre mondiale. 

[26] Le Drang nach Osten («Marche vers l'Est ») ou Ostkolonisation était à l'origine un mouvement de colonisation germanique vers l'est, depuis la première moitié du XIIe siècle et jusqu'au XIXe siècle. Théorie reprise par le nazisme, ce nom désigne aussi, dans les livres d'histoire, la politique expansionniste de la Prusse et de l'Autriche en Pologne ou dans les Balkans, à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle.

[27]  Un membre du parti ultra-nationaliste paramilitaire aux accointances néonazies, «Pravyi Sektor», Dmytro Iaroch, a été nommé début avril 2015 conseiller au ministère de la Défense du gouvernement de Kiev. «Pravyi Sektor» combat aux côtés de l’armée ukrainienne dans l’Est séparatiste, avec une férocité particulière rappelant les méthodes des ultranationalistes de Stepan Bandera durant la 2ème Guerre mondiale. Une armée qui est responsable de milliers de morts civils russophones et qui bénéficie de livraisons d’armes américaines, voire européennes, ainsi que de l’aide logistique de la CIA !

[28] Par exemple, le 21 janvier 2016, le ministre polonais des Affaires étrangères Grzegorz Schetyna a déclaré que le camp de concentration d’Auschwitz avait été libéré par des soldats ukrainiens !!! Pour l’histoire, le 27 janvier 1945, tout en repoussant devant elles la Wehrmacht, les troupes soviétiques (et non pas ukrainiennes, puisque l’OUN-UPA collaboraient avec les Allemands) découvrent le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, à l'ouest de Cracovie (Pologne), aujourd'hui le plus emblématique des camps nazis. Les troupes soviétiques y trouvent quelques milliers de détenus, abandonnés par les nazis qui avaient quitté le camp en emmenant avec eux la majorité des déportés valides pour une interminable marche de la mort. Avant leur fuite, les nazis avaient tenté d’effacer les traces de leurs crimes. Par contre, les ultranationalistes ukrainiens ont combattu les Polonais à plusieurs reprises. En 1933, l'OUN a assassiné au total une soixantaine de personnalités, dont le super-intendant de l'école de Lvov, Stanislaw Sobinski, le commissaire de la police polonaise de Lvov, Emilian Czechowski et le ministre des affaires étrangères polonaises Tadeusz Holowko.Le 13 janvier 1936, Stepan Bandera fut condamné à mort pour avoir mené avec onze autres confrères l'attentat contre Bronisław Pieracki, le ministre de l'Intérieur polonais. En recevant la sentence, Stepan Bandera crie «Gloire à l'Ukraine». La décision de justice polonaise fut commuée en emprisonnement à vie dans la prison de Bereza Kartuska qui, selon l'historien ukrainien Vladimir Dovganserait, fut une clause secrète du pacte de non-agression germano-polonais. À la suite de l'offensive allemande contre la Pologne, Stepan Bandera est libéré en septembre 1939. Le colonel de l'Abwehr Erwin Stolz avoue lors du procès de Nuremberg que les Allemands ont libéré de prison et recruté Stepan Bandera pour leur servir d'agent à l'intérieur de l'URSS avec comme nom de code : Consul II.

[29] Si Hitler n’avait pas déclaré la guerre aux États Unis (en soutien au Japon, en espérant que ce dernier déclare la guerre à l’URSS et ouvre un seconde font en Asie), il est probable que jamais ces derniers ne l’aurait déclarée à l’Allemagne. En effet, la luttes contre les communistes et l’hostilité vis-à-vis des Juifs étaient bien vues d’une partie des dirigeants américains. Militairement les États-Unis n’étaient pas irrésistibles, mais leur puissance industrielle leur permettait de bénéficier d’un matériel moderne et nombreux, et d’une logistique impressionnante. La maîtrise de l’air a permis de clouer les Allemands sur place et de rendre les choses beaucoup plus faciles ensuite. Sans les Américains, il est probable qu’il n’y aurait pas eu ouverture du second front de l’Ouest et que la guerre se serait déroulée uniquement à l’Est, une fois l’Axe chassé d’Afrique.

[30] Cf. http://www.geopolitique-geostrategie.fr/jean-bernard-pinatel/analyses

[31] Vladimir Iakounine, président des chemins de fer russes RZD et proche de Poutine, a déclaré à propos des sanctions économiques contre la Russie, décidées par les USA et appliquées servilement par l’Europe : «leur but principal n’est pas de mettre la Russie à genoux, mais d’empêcher que la coopération entre Russes et Européens n’engendre le premier concurrent de l’économie américaine. […] Les sanctions nous ferment l’accès aux marchés internationaux de capitaux. Elles ont encore un autre effet, en poussant les dirigeants russes à réorienter le développement économique du pays vers l’Asie, les pays émergents et les pays non membres de l’OTAN. Cela représente une grande partie du monde». (Entretien avec Philippe Gélie, Le Figaro, 21/04/2013).

[32] Fedor Loukianov, président du Conseil pour la politique étrangère et la politique de défense, explique qu’au cours de son premier mandat présidentiel, Vladimir Poutine avait sincèrement cru à la perspective d’un ordre multinational multipolaire et à une entente sincère avec les USA contre des menaces communes, ainsi qu’à la construction d’une alliance structurelle avec une Europe libre. Mais devant un gouvernement US grisé par la chute de l’URSS, succombant à ses tentations de superpuissance interventionniste autoritariste et belliciste, Poutine a dû déchanter (cf. Rossiyskaya Gazeta, 19/11/2014).

[33] La véritable direction de la politique des USA n’est pas déterminée par la présidence, la Maison Blanche, mais par la triarchie Pentagone/CIA/Complexe militaro-industriel, dite : «Les Trois Sœurs». Le président américain (contrairement aux présidents français ou russes) est un exécutant et non pas un directeur.

 


SOURCES :

http://www.les-crises.fr/la-fabrique-du-cretin-defaite-nazis/

http://www.les-crises.fr/annie-lacroix-riz-le-role-de-lurss-dans-la-deuxieme-guerre-mondiale/

http://www.egaliteetreconciliation.fr/L-histoire-contre-la-memoire-le-sondage-inquietant-25914.html

http://fr.sott.net/article/25460-Pourquoi-les-USA-n-ont-pas-gagne-la-2e-Guerre-Mondiale

http://leblogdexaviera-sm.blogspot.be/2015/05/quelle-est-la-nation-qui-le-plus.html

http://lucien-pons.over-blog.com/tag/histoire/6

https://yougov.co.uk/news/2015/05/01/Britain-America-disagree-who-did-more-beat-nazis/

https://twitter.com/domdelport/status/596963750894292992

http://www.legrandsoir.info/le-debarquement-du-6-juin-1944-du-mythe-d-aujourd-hui-a-la-realite-historique.html

http://www.vox.com/2014/6/16/5814270/the-successful-70-year-campaign-to-convince-people-the-usa-and-not

http://fr.sputniknews.com/analyse/20150430/1015903616.html

http://sputniknews.com/world/20150429/1021512662.html

http://www.communisme-bolchevisme.net/la_Seconde_Guerre_Mondiale_et_Staline.htm

https://yougov.co.uk/news/2015/05/01/Britain-America-disagree-who-did-more-beat-nazis/

http://www.atlantico.fr/decryptage/fiascos-militaires-seconde-guerre-mondiale-bataille-stalingrad-laurent-tirone-ixelles-editions-2230427.html

http://www.atlantico.fr/decryptage/poutine-seul-pour-celebrations-1945-pourquoi-moscou-et-bruxelles-auraient-peut-etre-interet-se-souvenir-que-europe-peut-aller-2134807.html

http://www.herodote.net/5_juillet_1943-evenement-19430705.php

http://info-resistance.org/guerres/liberation-1944-russe-et-non-les-etat-unis/

http://www.enquete-debat.fr/archives/la-machination-americaine-contre-la-russie-et-leurope-70725

http://www.egaliteetreconciliation.fr/9-mai-2015-la-faute-politique-majeure-de-l-Occident-32797.html

http://russeurope.hypotheses.org/3795

http://fr.rbth.com/ps/2015/03/19/poutine_denonce_les_speculations_historiques_autour_du_defile_du_9_mai_33151

http://www.rfi.fr/europe/20150508-russie-demonstration-force-moscou-jour-de-victoire

http://www.liberation.fr/planete/2015/05/09/parade-militaire-et-patriotisme-la-russie-celebre-sa-victoire-de-1945_1301321

http://www.45enord.ca/2015/05/defile-de-la-victoire-sur-les-nazis-a-moscou-la-russie-fait-etalage-de-sa-puissance/

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http://www.solonin.org/fr/book_le-22-juin-le-tonneau-et-les/46

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http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2015/05/quel-est-le-principal-acteur-de-la-d%C3%A9faite-du-nazisme-etats-unis-ou-urss-.html

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Complexe_militaro-industriel_de_la_Russie

https://fr.wikipedia.org/wiki/Seconde_Guerre_mondiale

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http://apocalypse.france2.fr/seconde-guerre-mondiale/Le-siege-de-Leningrad

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Stalingrad

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http://www.lafauteadiderot.net/Operation-Barbarossa-le-Blitzkrieg

http://secondeguerre.net/articles/evenements/es/42/ev_bataillestalingrad.html

http://phil.hubert.free.fr/bataille%20koursk.htm

http://www.cieldegloire.com/batailles_koursk.php

http://liberationroute.fr/allemagne/histoire/battle-of-berlin

https://julienfaessel.wordpress.com/2013/03/10/les-grandes-erreurs-de-lallemagne-lors-de-la-seconde-guerre-mondiale/

http://russiaworldwar2.voices.wooster.edu/final-blog-the-memory-of-wwii-in-russia/

 


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Les soldats soviétiques hissent le drapeau victorieux de l'URSS devant la porte de Brandebourg, Berlin, 2 mai 1945.
Graphique N° 1 : Qui a le plus contribué à battre l’Allemagne Nazie ? Source : http://www.les-crises.fr/la-fabrique-du-cretin-defaite-nazis/
Graphique N° 2 : Qui a le plus contribué à battre l’Allemagne Nazie ? Sondages réalisés par l’IFOP (France). Source : http://www.les-crises.fr/la-fabrique-du-cretin-defaite-nazis/
Graphique N° 3 : Qui a le plus contribué à battre l’Allemagne Nazie ? Poll conducted in 2015 by YouGov in seven European nations, including France, Britain and Germany, as well as the United States. Source : https://yougov.co.uk/news/2015/05/01/Britain-America-disagree-who-did-more-beat-nazis/
Graphique N° 4 : Les pertes civiles et militaires de la 2ème Guerre mondiale. Source : http://www.les-crises.fr/la-fabrique-du-cretin-defaite-nazis/
Graphique N° 5 : Les pertes militaires par année et par théâtre de guerre.
Graphique N° 6 : Les pertes civiles et militaires de la 2ème Guerre mondiale. Source : http://www.les-crises.fr/la-fabrique-du-cretin-defaite-nazis/
Graphique N° 7 : Les pertes militaires en Europe sur le front de l’Est et de l’Ouest.
Graphique N° 8 : Les pertes militaires de l’URSS et des USA en Europe.
Graphique N° 9 : Les pertes militaires de l’URSS et des USA en Asie-Pacifique.
Carte N° 1 : 2ème Guerre mondiale - comparaison des pertes militaires des belligérants.
Image N° 2 : Soviet truck-mounted Rocket Launcher "Katyusha" [the Stalin organ]. The design was relatively simple, consisting of racks of parallel rails on which rockets were mounted, with a folding frame to raise the rails to launch position. Each truck had 14 to 48 launchers. The M-13 rocket of the BM-13 system was 80 cm long, 13.2 cm in diameter and weighed 42 kg.The weapon was less accurate than conventional artillery guns, but was extremely effective in saturation bombardment. A battery of four BM-13 "Katyusha" launchers could fire a salvo in 7–10 seconds that delivered 4,35 tons of high explosives over a 400.000-square-metre impact zone making its power roughly equivalent to that of 72 guns. With an efficient crew, the launchers could redeploy to a new location immediately after firing, denying the enemy the opportunity for counterbattery fire.The distinctive howling sound of the rocket launching terrified the German troops and were also used for psychological warfare. Katyusha batteries were often massed in very large numbers to create a shock effect on enemy forces.
Les soldats soviétiques hissent le drapeau victorieux de l'URSS au Reichstag, Berlin, 30.04.1945.
In this image taken from the 1950 Russian film “The Fall of Berlin”, Soviet soldiers are shown celebrating their conquer of Berlin on the steps of the German Reichstag.
Image N° 3 : Triumph of the Victorious People. Mikhail KHMELKO, 1949.
Image N° 4 : Défilé de la victoire, Moscou, 24.06.1945. Parmi les drapeaux allemands jetés par terre, on revoit le sigle bien connu des nazis ukrainiens utilisé aujourd’hui par les extrémistes du parti politique ultranationaliste ukrainien «Pravy Sektor», essentiellement anti-russe. Pour rappel, le 28.02.1944, les ultranationalistes Ukrainiens ont lâchement embusqué et mortellement blessé le général Nikolaï Vatoutine, héro des batailles de Stalingrad, Kharkov et Koursk.
Image N° 5 : le ministre russe de la défense Sergueï Choïgou fait le signe de Croix avant le début des célébrations (09.05.2015). Certes, la vieille tradition voulait que l’on fasse le signe de Croix quand on passait sous la Tour du Sauveur du Kremlin, parce qu’il y a une icône du Sauveur juste au-dessus de la porte; cependant jamais dans l’histoire de l'URSS aucun ministre soviétique de la défense n’avait fait quelque chose de semblable. Tout le monde en Russie a immédiatement compris qu’il y avait beaucoup plus dans ce geste qu’un signe ostentatoire de respect à une vieille tradition. En se plaçant lui-même et toute la Russie dans les mains de Dieu, Choïgou a déclaré une guerre spirituelle, culturelle et civilisationnelle aux conspirateurs immoraux. Et rien que pour ça, il va entrer dans l’Histoire comme l’un parmi des plus grands hommes de la Russie. Source : http://reseauinternational.net/il-sest-passe-quelque-chose-de-vraiment-incroyable-lors-de-la-parade-du-jour-de-la-victoire/
Image N° 6 : The secret of Putin's power...
Image N° 7 : On 7 May 2012, His Holiness Patriarch Kirill of Moscow and All Russia celebrated a prayer service on the occasion of Vladimir Putin’s inauguration as President of the Russian Federation.

Albert 13.01.2022 15:03

God save the queen

Commentaires

21.04 | 19:00

trop top..... on va dans la region cet été… merci à vous...

13.01 | 15:03

God save the queen

08.01 | 17:39

Grand merci pour la leçon d'histoire.
Nguyen Van Kiet

29.09 | 15:00

remarquable de précisions et donne l'idée générale de la ruse de guerre pour mieux répartir ses forces.