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LA GUERRE FROIDE - PARTIES I, II, III
LA GUERRE FROIDE - INDEX
LA «GUERRE FROIDE» SOMMAIRE
Préambule 1. Les crises de la guerre froide 1.2 Le blocus de Berlin (1948-1949) 1.2 La guerre de Corée (1950-1953) 1.3 La construction du Mur de Berlin (1961) 1.4
Le Débarquement de la baie des Cochons et la Crise des missiles de Cuba (1961-1962) 2. Un nouvel équilibre 2.1 La détente 2.2 La modification des sphères d'influence 2.2.1
L’agrandissement de la sphère d'influence soviétique 2.2.2 Le rétablissement des Etats Unis – La
«Guerre fraîche» 2.3 L'écroulement du régime soviétique - Fin
de la Guerre froide 2.3.1 Le prélude 2.3.2 Le désarmement 2.3.3 La crise économique
et alimentaire 2.3.4 Les nationalismes 2.3.5 Le chaos politique et socio-économique 2.3.6 Pourquoi l'URSS s'est-elle
écroulée au début des années 1990 ? 2.3.7 Trahison ?...
LA «GUERRE FROIDE» PARTIE I Préambule La rupture de la grande alliance de guerre contre l'Allemagne marque le début de la «guerre froide» [1]. Deux blocs se forment alors, se groupant autour de valeurs
communes, partagées ou imposées et se dotent d'institutions collectives aussi bien politiques que militaires. La rivalité des deux grandes puissances, soviétique et américaine, est à l'origine de la création
d'un monde bipolaire. Dès 1946, Churchill fait apparaître le concept de "rideau de
fer", i.e. la situation de partage de l'Europe. Forte de sa victoire militaire sur l’Allemagne nazi, l'URSS tente d'étendre son influence selon le principe du "glacis protecteur". Elle installe des gouvernements communistes dans
tous les pays de l’Europe centrale et orientale libérés par l'Armée rouge. Certains pays choisissent le communisme, alors que d'autres y sont contraints. L'URSS a des visées hégémoniques aussi vers le Sud, et
particulièrement vers la Grèce et la Turquie. Cette dernière contrôle les détroits du Bosphore et de l’Hellespont depuis la chute de l’empire byzantin en 1453 et la Grèce est en situation de guerre civile
suite au soulèvement communiste de décembre 1945. Si les Etats-Unis se sentent impuissants pour empêcher la progression soviétique à l'ouest, ils s’opposent cependant résolument à l'expansionnisme soviétique
vers le sud en vertu de la «doctrine Truman», selon laquelle les Etats Unis se réservent le droit d'intervenir ouvertement chaque fois qu'un pays risque de basculer sous le coup de l'URSS. Début 1947, cette doctrine
est officialisée juste après que le Congrès ait accordé de plus gros moyens militaires pour la Grèce pour venir à bout de l’insurrection communiste. La doctrine Truman est aussi connue sous le nom de "Containment",
càd l’endiguement du communisme. Elle est pourvue des moyens d'actions suivants: • sur le plan
militaire: le Traité de l’Atlantique Nord (NATO/OTAN), en 1949 ; • sur la plan économique: le plan
Marshall [2], signé
par le président Truman en 1948, qui consiste en dons et prêts aux pays d'Europe pour les aider à se reconstruire de la sorte que les Soviétiques ne récupèrent pas ces pays du fait de leur affaiblissement.
La réplique soviétique à la doctrine Truman est la «doctrine Jdanov» [3].
Jdanov propose une analyse manichéenne qui allait devenir caractéristique de la problématique de la Guerre froide qui s'annonce alors. Contre la domination mondiale de l'impérialisme américain, il fallait mobiliser toutes
les forces. C'est aux partis communistes qu'incombe le rôle historique de se mettre à la tête de la résistance au plan américain d'asservissement économique et politique de l'Europe. C'est la première officialisation
de la bipolarité. Le COMECON [4] est créé en 1949 en réponse à l’OECE [5] et le pacte de Varsovie [6] est conclu en 1955 en réponse à l’OTAN.
L'affrontement entre l'Est et l'Ouest affirma donc la position des deux grandes puissances dans de futurs conflits,
dont la lutte pour l'Allemagne, la Guerre de Corée et la Crise des Missiles de Cuba. 2.1 Les crises de la guerre froide 2.1.1 Le blocus de Berlin (1948-1949) L'enjeu majeur de la guerre froide,
c'est le partage de l'Europe, notamment de l’Allemagne vaincue, et plus précisément de sa capitale Berlin. La première crise importante est celle du blocus de Berlin: c'est une crise qui a opposé les Américains et leurs
alliés à l'URSS, de juin 1948 à mai 1949. Berlin concrétise la guerre froide.
Berlin, situé en plein dans la zone soviétique (de la division quadripartite de l'Allemagne), était également divisé en 4 zones. Les alliés occidentaux veulent réunifier leurs 3 zones, mais l'URSS réplique
en bloquant l'accès des alliés aux zones de Berlin. La coupure de toutes les routes terrestres empêche l'approvisionnement de ces 3 zones. En conséquence les alliés régissent pacifiquement et instaurent un pont aérien
de ravitaillement. La guerre froide est une partie à la fois de force de bluff, sous l’ombre de la menace nucléaire. Cette situation dure jusqu'en mai 1949. Elle aboutit à un partage de l'Allemagne différent. Les 3 zones d'influence occidentales sont unifiées le 8 mai 1949 en République Fédérale
Allemande (RFA). Les Soviétiques répliquent en octobre 1949 en créant la République Démocratique allemande (RDA). La division de l'Allemagne et de Berlin devient officielle en octobre 1949. Les deux Europe (Ouest et Est) s'organisent de façon différente: - L'Europe de l'Ouest s'organise de façon autonome et indépendante: création de la Alliance Atlantique (1949), de la CECA (1952) et de la CEE (1958).
- L’Europe de l'Est passe essentiellement sous la tutelle de l'URSS avec la création du COMECON en 1949 et du Pacte de Varsovie
en 1955, qui est une réplique face à l'OTAN. Le bloc de l'Est a été constitué à l'avantage de l'URSS et toute tentative d'indépendance est fermement réprimée conformément à la «doctrine
Brezhnev» [7]. 2.1.2 La guerre de Corée (1950-1953) La péninsule Coréenne était occupée par l'empire du Japon depuis 1910. Après la reddition du Japon en septembre 1945,
États-Unis et Union soviétique se partagèrent l'occupation de la péninsule le long du 38e parallèle, avec au sud des forces américaines d'occupation et au nord des forces soviétiques. L'échec de tenue
d'élections libres dans la péninsule en 1948 aggrava la division entre les deux côtés. Le Nord établit un gouvernement communiste, tandis que le Sud établit un gouvernement pro-américain. Le 38e parallèle
devint une frontière politique entre les deux États coréens. La situation conflictuelle
entre les deux Corées se transforma en guerre ouverte lorsque des forces du Nord passent le 38° parallèle et attaquent le sud (25.06.1950). Les Coréens du Sud font alors appel à l'ONU pour leur demander d'intervenir en leur
faveur. L'ONU a 5 membres permanents et chacun de ces membres possèdent un droite de veto, mais en ce moment l'URSS boycottait le conseil de sécurité, car l'ONU refusait de reconnaître la Chine populaire, mais seulement la Chine
de Formose (Taiwan). En l'absence d'un veto de l'Union soviétique, les États-Unis et leurs alliés votèrent une résolution autorisant une intervention militaire en Corée. Les États-Unis fournirent 88 % des 341.000
soldats internationaux (ONU et pas américains) sous le commandement du général Mac Arthur qui aidèrent les forces du Sud. Alors qu'elle n'amena pas directement de troupes sur le terrain, l'Union soviétique fournit de l'aide
matérielle aux armées nord-coréenne et chinoise. La situation tourne rapidement
à l'avantage de la Corée du sud, et les troupes du Sud passent le 38° parallèle et pénètrent au Nord. Si l'URSS n'intervient pas directement, la Chine populaire le fait et aide les Coréens du Nord. Environ 1,7
million de «volontaires chinois», commandés par Lin Biao, forcèrent les Sud-Coréens et les troupes de l'ONU à se replier derrière le 38e parallèle à la mi-octobre 1950. En janvier 1951, les Communistes
reprirent Séoul, reprise ensuite par les Américains en mars 1951. Le front alors se stabilise autour du 32° parallèle et la guerre s'enlise. Mac Arthur propose d’utiliser l'arme nucléaire, et veut continuer la guerre sur
le territoire chinois, mais il est renvoyé. Les pourparlers de paix sont entamés et ils
conduisent à l'Armistice de Panmunjeom, le 27 juillet 1953, mais le Traité de paix n'est pas signé. L'accord restaurait la frontière entre les deux Corées près du 38e parallèle et créait la zone coréenne
démilitarisée, une zone tampon fortifiée entre les deux nations coréennes. Les deux pays étant encore officiellement en guerre, des incidents mineurs continuent de se produire encore aujourd'hui. On estime que le conflit
a fait plus de 800.000 tués parmi les militaires coréens, nordistes et sudistes, probablement autant parmi les militaires chinois et 57.000 parmi les militaires des forces de l'ONU. Le nombre de victimes civiles est estimé à 2 millions
et à 3 millions de réfugiés. La péninsule coréenne a été dévastée par les combats et les bombardements, Séoul est ainsi détruite à plus de 70 % Durant ce conflit, chacun des deux blocs a tenté de garder sa zone d'influence sans vouloir utiliser la bombe atomique. Cela montre
l'étendue mondiale de la guerre froide, mais aussi le pouvoir dissuasif de l’arme nucléaire par la crainte d’une troisième guerre mondiale. Grâce à la dissuasion nucléaire, on entre dans l'équilibre
de la terreur: Chaque partie développe quantitativement et qualitativement sa puissance nucléaire. On aboutit à une situation d'équilibre entre les deux superpuissances, il y a un statu quo dans toutes les zones d'influence. Cet
équilibre est remis en cause par Moscou par deux fois: avec la construction du mur de Berlin en 1961, avec la crise des missiles de Cuba en 1962. 2.1.3 La construction du Mur
de Berlin (1961) Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, les autorités
de la République démocratique allemande (RDA) commencent à couler du béton et à tendre des barbelés sur la ligne qui sépare à Berlin la zone sous occupation soviétique de la zone sous occupation
américaine, anglaise et française. En interdisant la libre circulation entre les deux parties de la ville, les Soviétiques veulent stopper l'émigration vers l’ouest des citoyens est-allemands et asphyxier économiquement
Berlin-Ouest. Plus qu'un simple mur, il s'agissait d'un dispositif militaire complexe comportant deux murs de 3,6 mètres de haut avec chemin de ronde, 302 miradors et dispositifs d'alarme, 14.000 gardes, 600 chiens et des barbelés dressés
vers le ciel. Un nombre indéterminé de personnes sont victimes des tentatives de franchissement du mur.
Le mur de Berlin (en allemand Berliner Mauer) – dénommé «mur de la honte» par les Allemands de l'ouest et «mur de protection antifasciste» par les Allemands de l’est - sépara physiquement la
ville en Berlin-Est et Berlin-Ouest pendant plus de vingt-huit ans, et constitue le symbole le plus marquant d'une Europe divisée par le «Rideau de fer». Deux semaines après la construction du mur de Berlin, le checkpoint Charlie est le théâtre d’une épreuve de force entre Américains et Soviétiques.
Pendant plusieurs heures, blindés américains et soviétiques, distants de quelques dizaines de mètres, se font face au niveau du point de passage entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. Soucieux de ne pas risquer un conflit armé
pour de simples provocations, les deux armées reculeront. John Fitzgerald Kennedy (JFK) est le
premier président américain à fouler le sol de l'ancienne capitale du Reich, depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Pendant sa courte visite (moins de huit heures) du mercredi 26 juin 1963, il prononce une petite phrase improvisée
en allemand: "Ich bin ein Berliner" ("Je suis un Berlinois") [8]. Elle entre
immédiatement dans l'histoire. Prononcée à la frontière entre les blocs de l'Est et de l'Ouest, en pleine guerre froide, elle fait presque oublier le reste du discours virulent de JFK à l'égard des communistes. Kennedy
sera assassiné moins de cinq mois plus tard, à Dallas (Texas). Le Mur de Berlin tombera
le 9 novembre 1989, en ouvrant la voie à la réunification allemande et en annonçant la chute du communisme en Europe et l’effondrement de l’URSS. 2.1.4 Le Débarquement
de la baie des Cochons et la Crise des missiles de Cuba (1961-1962) Cuba a été
longtemps sous le protectorat américain et son président Batista était à leur solde, bien que Cuba soit indépendant. Les États-Unis poursuivirent une ingérence marquée («amendement Platt»,
Politique de bon voisinage, présence américaine dans la baie de Guantánamo) et beaucoup pensaient que le protectorat n'était plus acceptable. Fidel Castro [9] prend la tête d'une armée rebelle en 1956 et renverse le dictateur Fulgencio Batista [10] le
1er janvier 1959. Les anticastristes se réfugient aux Etats Unis. Le crédit de Castro auprès de la population cubaine est énorme. Un premier gouvernement temporaire est mis en place, associant toutes les forces d'opposition à
Batista et avec comme président Manuel Urrutia. Ce gouvernement est reconnu par les États-Unis le 7 janvier 1959 et Fidel Castro est nommé Premier ministre en février 1959. Ce gouvernement a pour mission de préparer des élections
dans les 18 mois. Cuba devra cependant affronter l'opposition croissante des États-Unis aux réformes nationalistes que Castro veut amener. En effet, après la chute du régime de Batista, Castro sera rapidement confronté à
un choix déterminant, soit renoncer aux réformes nationalistes désirées ou s'orienter vers la nationalisation complète de l'industrie, des banques et vers la réforme agraire. Le gouvernement de Castro s'orientera vers
la seconde possibilité. Mais une tension se développe alors qu'il commence à exproprier
des industries américaines, telles que «United Fruit C°». En avril 1959, Castro rencontre le vice-président Richard Nixon à la Maison-Blanche. On raconte que le président Eisenhower évita Castro, prétextant
une partie de golf, pour laisser Nixon discuter avec lui et déterminer s'il était communiste ou pas. La politique économique de Castro avait inquiété Washington, qui pensait qu'il avait fait allégeance à l'Union
soviétique. À la suite de cette rencontre, Nixon expliqua que Castro était naïf, mais pas forcément communiste. Le 17 mars 1960, le gouvernement Eisenhower a pris la décision formelle de renverser le gouvernement cubain. Cette nouvelle politique se base sur plusieurs piliers: l'annulation de la quote-part sucrière
cubaine, la fin des livraisons de ressources énergétiques telles que le pétrole, la poursuite de l'embargo sur les armes imposé en mars 1958 et la mise en place d'une campagne de terrorisme et de sabotage, ainsi que l'organisation
d'une force paramilitaire composée des exilés cubains anticastristes destinée à envahir l'île et destituer Fidel Castro. En avril 1960, Castro signe un accord avec l'URSS pour l'achat de pétrole à la suite du
refus du gouvernement des États-Unis de livrer les raffineries américaines implantées à Cuba. Lors des premières livraisons de pétrole par l'URSS, le refus de ces compagnies, qui suivaient une directive de l'administration
Eisenhower de raffiner ce pétrole, entraîne leur nationalisation automatique. Les États-Unis suppriment alors l'importation du sucre cubain, lequel représentait 80 % des exportations de Cuba vers ce pays et employait près
de 25 % de la population. À la grande inquiétude de l'administration Eisenhower, Cuba resserre progressivement les liens avec l'Union soviétique. Nombre de conventions sont signées entre Fidel Castro et Nikita Khrouchtchev concernant
une aide substantielle soviétique en matière économique et militaire. Cependant,
les renseignements des services de sécurité cubains qui avaient infiltré des agents doubles au sein des exilés, avec la collaboration du KGB, permet aux autorités cubaines d'être informées longtemps à
l'avance de la préparation de ce débarquement. Le matin du samedi 15 avril 1961, six bombardiers américains B26 peints aux couleurs cubaines, en violation des conventions internationales, décollent du Nicaragua et attaquent les
bases aériennes de La Havane et de Santiago (sud). La plupart des appareils de l'armée cubaine, plus de nombreux avions civils, sont détruits au sol. Seuls neuf appareils cubains qui n'étaient pas au sol sont restés intacts
et joueront un rôle décisif 48 heures après. Le débarquement de la «Brigade 2506», composée de 1.400 exilés cubains financés et entraînés par la CIA dans un camp au Guatemala, sous la
direction des agents Grayston Lynch et William Robertson, a lieu le 17 avril vers 1 h 15, sur la côte sud de Cuba, en deux endroits, à Playa Larga et Playa Girón, c'est-à-dire au fond et à l’entrée orientale de
la baie des Cochons, à 202 km au sud-est de La Havane. Au large, de nombreux cargos et autres
bâtiments de guerre américains sont destinés à consolider la tête de pont. La CIA pense que le débarquement va provoquer un soulèvement populaire contre Castro. Or, il n'en est rien, les exilés cubains
ont débarqué dans une région agricole dont les habitants avaient bénéficié des réformes agraires mises en place par le gouvernement de Castro et ne reçoivent pas le soutien attendu de la part des populations
locales. L'intervention de la milice et des troupes de Fidel Castro, appuyés par la dizaine d'avions militaires cubains encore en état, mettent l'envahisseur en déroute et les combattants anticastristes se rendent à l'armée
cubaine le 19 avril 1961 qui en fait des prisonniers. Kennedy doit négocier leur libération. Elle sera obtenue après 20 mois de négociations au prix de 53 millions USD en nourriture et médicaments. Deux navires de la marine
américaine, venus en support, sont coulés par l'aviation cubaine et neuf personnes sont exécutées à la suite de cet échec. Castro, qui dirige personnellement les opérations sur le champ de bataille, y gagne
une popularité supplémentaire auprès des Cubains. Planifiée sous l’administration
de Dwight Eisenhower, l'opération était lancée au début du mandat de John F. Kennedy (entré en fonction le 20.01.1961). Mal informé et à la lumière de la tournure des évènements, le Président
Kennedy retire au dernier moment son soutien à l'opération et refuse tout appui aérien. Kennedy, dans un discours, se déclare seul responsable du désastre, mais en privé, il déclare que la CIA lui a menti et
l'a manipulé pour qu'il donne l'ordre de l'invasion totale de Cuba. Allen Welsh Dulles, directeur de la CIA, sera limogé et le reste du mandat de Kennedy sera marqué par une méfiance envers la CIA [11]. L'opération
d’invasion ratée a poussé le gouvernement cubain à s'allier ouvertement à l'URSS, et a constitué une humiliation internationale pour les États-Unis. Elle est aussi la cause directe de la crise des missiles de
Cuba l'année suivante. La crise des missiles de Cuba est une suite d'événements survenus du 14 au 28 octobre 1962, qui ont opposé les États-Unis et l'Union soviétique au sujet des missiles nucléaires soviétiques
pointés sur le territoire des États-Unis depuis l'île de Cuba, et qui ont mené les deux blocs au bord de la guerre nucléaire. En novembre 1961, les États-Unis déploient 15 missiles Jupiter en Turquie et 30 autres en Italie, lesquels sont capables d'atteindre le territoire soviétique. Commence également, le 7 février
1962, l'embargo des États-Unis contre Cuba, encore en vigueur aujourd'hui. Des manœuvres militaires maritimes américaines étaient aussi en préparation pour l'automne 1962 destinées à renverser «un tyran
nommé Ortsac» (anagramme transparent). Elles seront transformées après la découverte des missiles soviétiques en dispositif de blocus. En mai 1962, Nikita Khrouchtchev déclenche l'Opération «Anadyr»: il envoie 50.000 soldats, trente-six missiles nucléaires SS-4 et deux SS-5, ainsi que quatre
sous-marins nucléaires à Cuba pour empêcher les États-Unis d'envahir l'île. Cuba se trouve à moins de 200 km de la Floride, ce qui rend le territoire des États-Unis vulnérable à ses missiles, ceux-ci
ne pouvant être détectés suffisamment à l'avance pour garantir la riposte immédiate exigée par la politique de dissuasion. En 12 minutes, toutes les villes de la côte est des Etats Unis pouvaient être détruites.
Cette opération s'est faite dans le plus grand secret, mais les avions U2 d’espionnage américains ont rapidement tout découvert. On est entré à partir de là dans la guerre froide. Le 2 octobre 1962 débute l'Opération «Kama»: quatre sous-marins d'attaque diesel-électrique de classe
Foxtrot de la marine soviétique appareillent de la presqu'île de Kola, avec à leur bord des torpilles nucléaires (à noter que la nature nucléaire de ces torpilles ne fut révélée qu'en 2001). Leurs
commandants avaient pour mission de rejoindre le convoi de cargos soviétiques qui faisait route vers Cuba, avec à leur bord les missiles nucléaires destinés à compléter le dispositif déjà en place sur
l'île. Ils avaient pour mission de protéger le convoi, si besoin au prix du torpillage des navires qui tenteraient de s'interposer. Kennedy lance un discours à la nation américaine et au reste du monde à propos de cette «agression» de la part de l'URSS le 22 octobre 1962. Kennedy veut montrer que c'est l'URSS qui
aura la responsabilité de la guerre, s'il y en a. Le 24 octobre, à 10 h, le blocus américain est en place. Dès le 25 octobre Khrouchtchev entame des négociations secrètes avec Kennedy pour essayer de donner une sortie
honorable pour l'URSS qui ne veut pas perdre la face. L'URSS demande que les Etats Unis reconnaissent le régime de Castro et qu’ils s'engagent à ne pas tenter de le renverser, en contrepartie les missiles seront retirés. De leur
côté les Etats Unis s’engagent à démonter leurs 15 fusées PGM-19 Jupiter installées en Turquie (et donc pointées vers le bloc de l'Est). De cette manière l'URSS ressort comme voulant éviter
la guerre. Le 26 octobre 1961, les fusées soviétiques sont enlevées. Moment paroxystique
de la guerre froide, la crise de Cuba souligna les limites de la coexistence pacifique et se solda par un retrait de l'URSS en échange d'une concession publique et de deux promesses confidentielles accordées par l'administration Kennedy. En apparence
mineure à l'époque, elles ont été considérées dans les décennies suivantes comme très contraignantes pour la politique extérieure des États-Unis. Le retrait des armements de Cuba fut présenté
par les médias occidentaux comme un gros succès personnel de Kennedy. Son assassinat à Dallas le 22 novembre 1963 sera également l'un des points marquants et des plus dramatiques de la guerre froide. Par contre, au sein de l'URSS,
la crise résulte à une perte de crédit de Khrouchtchev qui va accélérer son renvoi (1964). Un «téléphone rouge» reliant directement la Maison Blanche au Kremlin fut installé après la
crise afin de pouvoir établir une communication directe entre les deux chefs d'état soviétique et américain et éviter qu'une nouvelle crise de ce style ne débouche sur une impasse diplomatique, voire sur une guerre
nucléaire. La résolution de cette crise ouvrit la voie à une nouvelle période de la guerre froide, la «Détente». [1] L'expression "Guerre Froide" provient du journaliste américain
Herbert Bayard Swope suite à un discours qu'il a écrit en 1947. [2]
Du nom du Secrétaire d'État des États-Unis, le général George Marshall, qui l’a élaboré.Officiellement appelé «Programme de rétablissement européen». L'administration
Truman le préféra au plan Morgenthau qui prévoyait de faire payer les réparations par l'Allemagne. Le mécanisme retenu consistait pour les États-Unis à fournir un crédit à un État européen.
Ce crédit servait à payer des importations en provenance des États-Unis. L'État européen bénéficiaire encaissait, en monnaie locale, le produit des ventes de ces importations sur son marché national,
ainsi que les droits de douanes afférents. Parallèlement cet État devait octroyer à des agents économiques nationaux (entreprises ou administrations) des crédits destinés à des investissements d'un montant
deux fois supérieur au crédit qu'il avait lui-même reçu. L'État bénéficiaire devait en outre faire la preuve qu'il autofinançait sa part, sans recourir à la création monétaire. Par
ce montage, les États-Unis encourageaient un effort significatif d'équipement et d'épargne en Europe. La reconstruction européenne, relativement rapide, fut largement stimulée par l'aide américaine, tandis que l'économie
américaine évita ainsi la récession à cause d'une surproduction massive qu'aurait pu entraîner la cessation des hostilités [3] La «doctrine Jdanov», du nom du 3e secrétaire du Parti communiste de l'Union soviétique, proclamée le
22 septembre 1947, au début de la Guerre froide, affirme la division du monde en deux camps : les « forces impérialistes », dirigées par les États-Unis, et les « pacifistes », menées par l'URSS.
[4] Le Conseil d'assistance économique
mutuelle ou Conseil d'aide économique mutuelle (CAEM, également désigné par l'acronyme anglais «Comecon Council for Mutual Economic Assistance» (en russe: Совет Экономической Взаимопомощи, - СЭВ) était
une organisation d'entraide économique entre différents pays du bloc communiste. Créé par Staline en 1949 en réponse à l'OECE capitaliste, il s'est dissous avec la chute de l'empire soviétique en juin 1991,
à la fin de la Guerre froide. [5]
L’Organisation européenne de coopération économique (OECE) (en anglais «Organisation for European Economic Co-operation» - OEEC) est l'ancêtre de l'OCDE. Fondée le 16 avril 1948, elle eut
la charge initiale de répartir les crédits accordés par le Plan Marshall entre les pays de l'Europe occidentale. Elle contribua également à la libéralisation des échanges (dans le cadre du GATT) et permit le
renforcement de la coordination économique entre les pays membres. [6]
Le pacte de Varsovie groupait les pays d'Europe centrale (appelée aussi Europe de l'Est) avec l'URSS dans un vaste ensemble économique, politique et militaire. L'alliance militaire fut conclue le 14 mai 1955 entre la plupart
des États du bloc communiste par le traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle. Nikita Khrouchtchev, qui en fut l'artisan, l'avait conçu dans le cadre de la Guerre froide comme un contrepoids à
l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) qui, avait vu le jour en 1951 à la suite du Traité de l'Atlantique Nord de 1949. Mais la principale raison ayant motivé la formation du pacte de Varsovie, selon l'exposé
des motifs, fut l'adhésion de la République fédérale d'Allemagne «en voie de remilitarisation» au traité de l'Atlantique Nord le 9 mai 1955, (soit à peine 10 ans après la fin de la Seconde guerre
mondiale), rendu possible après la ratification par les pays occidentaux des accords de Paris. Le traité créait un commandement unifié et un comité consultatif politique, où chaque État était représenté
et qui se réunit deux fois par an. Le premier commandant en chef fut le maréchal Koniev. Les forces armées de la République démocratique allemande ne furent officiellement intégrées au pacte qu'en janvier 1956.
[7] La «doctrine
Brejnev» est la doctrine soviétique de politique étrangère qui servit à justifier a posteriori l'intervention de 1968 à Prague. Elle fut formulée le 3 août 1968 à Bratislava, lors d'une
réunion du Pacte de Varsovie. Elle prône une souveraineté limitée des États satellites de l'URSS en ce que le caractère conforme au communisme de leur politique est apprécié à l'échelon supranational
de tous les États socialistes, de fait par l'URSS. Elle visait essentiellement à préserver l'attachement des pays satellites au bloc soviétique et à éviter toute évolution libérale ou anti-communiste.
Plus généralement, Léonid Brejnev voulait défendre le monopole du pouvoir du parti communiste partout où il était menacé. Il considérait que la sauvegarde du socialisme ne serait possible que si l'URSS
pouvait intervenir préventivement et militairement dans les États satellites. [8] A 12h50 du 26.06.1963, John F. Kennedy arrive à la mairie de Schöneberg, un quartier du sud-ouest de Berlin. Sur la place Rudolph-Wilde, quelque 400.000 personnes attendent
son discours. Mais Kennedy est en train d'y apporter quelques modifications. Le président américain n'est pas aussi germanophone que le général De Gaulle, et ne veut pas risquer de se ridiculiser. Il a renoncé, en préparant
son voyage, à tenir tout un discours dans cette langue qu'il ignore. JKF demande alors à son traducteur comment dire "Je suis un Berlinois". Il note ensuite, en phonétique, "Ish bin ein Bearleener", ainsi que la citation en latin à
laquelle il fait allusion (Civis romanus sum, "je suis un citoyen romain"). Cette petite phrase n'a pas seulement permis à JFK d'être longuement applaudi ce jour-là. Elle a aussi amusé les caricaturistes américains et longtemps
été considérée comme une drôle de faute grammaticale. Des mauvaises langues assurent que "Ich bin ein Berliner" signifierait "je suis un beignet" et que JFK aurait dû dire "Ich bin Berliner". Les médias de l'époque
s'en sont délectés, mais la grammaire allemande autorise la formulation employée par le président américain. D'autant plus que la version "Ich bin Berliner" aurait donné l'impression qu'il se présentait comme
originaire de Berlin, effaçant l'effet de style recherché. D'autres hommes politiques, après JFK, ont rêvé de marquer l'histoire avec une déclaration aussi efficace. Nicolas Sarkozy, par exemple, en
2009, pour la célébration des 20 ans de la chute du mur de Berlin, s'est essayé à la langue allemande. Avec moins de succès. Voulant trouver sa propre formule, l'ancien président de la République française
a maladroitement lancé: "Nous sommes du bouillon, nous sommes Berlin". Sa langue a fourché et il a confondu "Brüder" qui signifie "frères" avec "Brühe", que l'on peut traduire par "bouillon" ou "jus de chaussette".
[9] Leader historique de la Révolution cubaine
qui a marqué à jamais l’histoire de Cuba et de l’Amérique latine, faisant de son pays un symbole de dignité et de résistance. Issu d’une fratrie de sept enfants, Fidel Alejandro Castro Ruz
est né le 13 août 1926 à Birán dans l’actuelle province d’Holguín, de l’union entre Angel Castro Argiz, un riche propriétaire terrien espagnol originaire de Galice, et Lina Ruz González, cubaine
de naissance. À l’âge de sept ans, il part pour la ville de Santiago de Cuba et réside chez une institutrice chargée de son éducation. Celle-ci l’abandonne à son sort. Un an plus tard, il intègre
le collège religieux des Frères de la Salle en janvier 1935 en tant qu’interne. Il quittera l’institution à l’âge de onze ans pour le collège Dolores, en janvier 1938, après s’être rebellé
contre l’autoritarisme d’un enseignant. Il poursuit ensuite sa scolarité chez les jésuites au collège de Belén de La Havane de 1942 à 1945. En 1945, Fidel Castro entre à l’université de La
Havane, où il entreprend une carrière de droit. Élu délégué de la faculté de droit, il participe activement aux manifestations contre la corruption du gouvernement du président Ramón Grau San Martín.
Il n’hésite pas non plus à dénoncer publiquement les bandes armées du BAGA liées aux autorités politiques. En 1947, à l’âge de 22 ans, Fidel Castro participe avec Juan Bosch, futur président
de la République dominicaine, à une tentative de débarquement de Cayo Confite pour renverser le dictateur Rafael Trujillo, alors soutenu par les États-Unis. Un an plus tard, en 1948, il participe au Bogotazo, soulèvement
populaire déclenché par l’assassinat de Jorge Eliécer Gaitán, leader politique progressiste, candidat aux élections présidentielles en Colombie. En octobre 1948, Fidel Castro épouse Mirta Diaz Balart,
la sœur de Rafael Diaz Balart qui sera membre du gouvernement du dictateur Fulgencio Batista. Le premier fils de Fidel Castro, Fidel Félix “Fidelito” Castro Díaz Balart, naît en septembre 1949. Mais les relations entre
Fidel Castro et Mirta ne sont pas au beau fixe et le couple divorcera quelques années plus tard en 1955. Diplômé de droit en 1950, Fidel Castro exerce en tant qu’avocat jusqu’en 1952 et défend les petites gens, avant
de se lancer en politique. Fidel Castro n’a jamais milité au sein du Parti socialiste populaire (PSP), parti communiste de la Cuba prérévolutionnaire. Il était membre du Parti du peuple cubain, également appelé
Parti orthodoxe, fondé en 1947 par Eduardo Chibás. Le programme du Parti orthodoxe de Chibás est progressiste et se base sur plusieurs piliers : la souveraineté nationale, l’indépendance économique par la diversification
de la production agricole, la suppression des latifundios, le développement de l’industrie, la nationalisation des services publics, la lutte contre la corruption et la justice sociale avec la défense des travailleurs. Fidel Castro revendique
son appartenance à la pensée de José Martí, de Chibás et anti-impérialiste. Orateur de grand talent, il se présente aux élections parlementaires en tant que candidat du Parti du peuple cubain en 1952.
Le 10 mars 1952, à trois mois des élections présidentielles, le général Fulgencio Batista brise l’ordre constitutionnel en renversant le gouvernement de Carlos Prío Socarrás. Il obtient le soutien immédiat
des États-Unis, qui reconnaissent officiellement la nouvelle dictature militaire. L’avocat Fidel Castro dépose plainte contre Batista pour rupture de l’ordre constitutionnel. La Cour Suprême, inféodée au nouveau
régime, juge la demande irrecevable. Le 26 juillet 1953, Fidel Castro prend la tête d’une expédition de 131 hommes et lance une attaque contre la caserne Moncada de Santiago de Cuba, seconde forteresse militaire du pays, et contre
la Caserne Carlos Manuel de Céspedes de la ville de Bayamo. Le but était de prendre le contrôle de Santiago – berceau historique des révolutions – et de lancer un appel à la rébellion dans tout le pays afin
de renverser le dictateur Batista. L’opération est un échec sanglant et de nombreux combattants – 55 au total – faits prisonniers sont assassinés après avoir été torturés par l’armée.
Quelques-uns réussissent à s’échapper grâce au soutien de la population. Fidel Castro, capturé quelques jours plus tard, doit sa vie au sergent Pedro Sarría, qui refuse de suivre les ordres de ses supérieurs
et de l’exécuter sur place. Durant sa plaidoirie historique intitulée «L’Histoire m’acquittera», Fidel Castro, qui assure sa propre défense, dénonce les crimes de Batista et la misère dans laquelle
vit le peuple cubain et présente son programme pour une Cuba libre basé sur la souveraineté nationale, l’indépendance économique et la justice sociale. Condamné à 15 ans de prison, Fidel Castro est libéré
deux ans plus tard (1955), suite à une amnistie générale accordée par le régime de Batista. Il fonde le Mouvement du 26-Juillet (M 26-7) et fait part de son projet de poursuivre la lutte contre la dictature militaire avant
de s’exiler au Mexique. Fidel Castro reçoit un entrainement militaire de la part du colonel de l’armée républicaine espagnole Alberto Bayo (1892–1967) exilé au Mexique et y organise l’expédition du
Granma, en compagnie d’un médecin argentin nommé Ernesto «Ché» Guevara. En octobre 1955, afin de récolter des fonds nécessaires à l’expédition, Fidel Castro réalise
une tournée aux États-Unis et se réunit avec les exilés cubains y compris l’ex-président Carlos Prío Socarrás. Le 2 décembre 1956, Fidel Castro embarque dans le port de Tuxpán au Mexique
à bord du bateau Granma d’une capacité de 25 personnes. Les révolutionnaires sont 82 au total et mettent le cap sur Cuba avec l’objectif de déclencher une guerre de guérilla dans les montagnes de la Sierra Maestra.
La traversée se transforme en cauchemar en raison des conditions climatiques adverses et de la surcharge du bateau. Après une traversée de sept jours, le 2 décembre 1956, la troupe débarque dans un marécage. Elle est
dispersée par les tirs de l’aviation et pourchassée par 2.000 soldats de Batista qui attendaient les révolutionnaires. Quelques jours plus tard, à Cinco Palmas, Fidel Castro retrouve son frère Raúl
Castro et 10 autres expéditionnaires. La guerre de guérilla débute et durera 25 mois. En février 1957, l’interview de Fidel Castro réalisée par Herbert Matthews du New York Times permet à
l’opinion publique mondiale de découvrir l’existence d’une guérilla à Cuba. Batista avouera plus tard dans ses mémoires que grâce à ce scoop médiatique «Castro commençait à
devenir un personnage de légende». En dépit des déclarations officielles de neutralité dans le conflit cubain, les États-Unis ont apporté leur soutien politique, économique et militaire à Batista.
Malgré l’appui des USA et une écrasante supériorité en hommes et équipement, Batista ne put vaincre une guérilla composée de quelques centaines de guérilleros lors de l’offensive finale durant
l’été 1958 («operación Verano») qui mobilisa plus de 10.000 soldats gouvernementaux. Le 23 décembre 1958, à une semaine du triomphe de la Révolution, alors que l’armée de Fulgencio Batista
est en déroute malgré sa supériorité en hommes et en armes, a lieu la 392ème rencontre du Conseil de sécurité nationale, en présence du Président Eisenhower. Allen Dulles, directeur de la CIA,
exprime clairement la position des États-Unis: «Nous devons empêcher la victoire de Castro». Le 28.12.1958, Ernesto «Ché» Guevara livre la bataille décisive de Santa Clara où il réussit à
dérailler et à capturer un train blindé plein d’armement et à vaincre les forces gouvernementales en dépit de leur supériorité numérique écrasante (cf. infra). Le 1er janvier 1959 - soit
cinq ans, cinq mois et cinq jours après l’attaque de la caserne Moncada du 26 juillet 1953 - fut déclaré le triomphe de la Révolution cubaine. Lors de la formation du gouvernement révolutionnaire en janvier 1959, Fidel
Castro est nommé ministre des Forces armées. Il n’occupe ni la Présidence, dévolue au juge Manuel Urrutia, ni le poste de Premier Ministre, occupé par l’avocat José Miró Cardona. Les accueillent
Les dignitaires de l’ancien régime, emportant dans leur fuite 424 millions de dollars du Trésor public, trouvent refuge aux États-Unis qui reconnaissent le nouveau gouvernement de Manuel Urrutia le 7 janvier 1959. En février
1959, le Premier Ministre Cardona, opposé aux réformes économiques et sociales, qu’il juge trop radicales (projet de réforme agraire), présente sa démission. Manuel Urrutia fait alors appel à Fidel Castro
pour occuper le poste. En juillet 1959, face à l’opposition du Président Urrutia qui refuse de nouvelles réformes, Fidel Castro démissionne de son poste de Premier Ministre. D’immenses manifestations populaires éclatent
alors à Cuba, exigeant le départ d’Urrutia et le retour de Fidel Castro. Le nouveau Président de la République Osvaldo Dorticós le nomme de nouveau Premier Ministre. Dès le départ, Fidel Castro fait montre
de sa volonté d’entretenir de bonnes relations avec Washington. Néanmoins, lors de sa première visite aux États-Unis en avril 1959, le Président Eisenhower refuse de le recevoir et préfère aller jouer
au golf. John F. Kennedy exprimera ses regrets à ce sujet: «Fidel Castro fait partie de l’héritage de Bolivar. Nous aurions dû faire un accueil plus chaleureux au jeune et fougueux rebelle lors de son triomphe».
Fidel Castro ne se rapproche de Moscou qu’en février 1960 et n’acquiert des armes soviétiques qu’après s’être heurté au refus des États-Unis à cet égard. En mars 1960, l’administration
Eisenhower prend la décision formelle de renverser Fidel Castro. Au total, le leader de la Révolution cubaine réchappera à non moins de 637 tentatives d’assassinat. En mars 1960, le sabotage par la CIA du navire français
«La Coubre» chargé d’armes dans le port de La Havane fait plus d’une centaine de morts. Dans son discours en hommage aux victimes, Fidel Castro lance le slogan «La Patrie ou la mort» (patria o muerte) inspiré
de celui de la Révolution française en 1793 «Liberté, égalité, fraternité ou la mort». Le 16 avril 1961, suite aux bombardements des principaux aéroports du pays par la CIA, prélude de l’invasion
de la Baie des Cochons, Fidel Castro déclare le caractère «socialiste» de la Révolution cubaine. [10] Rubén Fulgencio Batista y Zaldívar (16 janvier 1901 – 6 août 1973) est un militaire et homme d'Etat cubain, d'abord éminence
grise de la junte militaire qui dirigea Cuba de 1933 à 1940, puis président de la république de 1940 à 1944. En 1944, il tente de renouveler son mandat, mais est battu par son vieil adversaire, Ramón Grau San Martín
du Parti révolutionnaire cubain. En 1948, il est néanmoins élu sénateur au Sénat de Cuba. En 1952, il se présente de nouveau aux élections, mais les sondages lui sont nettement défavorables, le plaçant
derrière Roberto Agramonte et Aurelio Hevia. Fortement hostile notamment à la nomination annoncée du colonel Ramón Barquín à la tête des forces armées de Cuba, Batista fomente un coup d'État qui
a lieu le 10 mars 1952, soutenu par une frange nationaliste de l'armée. Pendant deux ans, il est le président par intérim. Si le nouveau gouvernement est rapidement reconnu par plusieurs pays, dont les États-Unis, il est cependant
contesté à l'intérieur. Ainsi, le 26 juillet 1953, des rebelles menés par un avocat, Fidel Castro, tentent sans succès de prendre d'assaut la caserne de Moncada, à Santiago de Cuba. Trois partisans
de Castro meurent au combat, 68 autres sont exécutés sommairement. Castro est lui-même arrêté, mais bénéficie d'une intervention de l'archevêque de Santiago qui lui évite l'exécution. Deux
ans plus tard, il est amnistié par Batista et exilé au Mexique, où il prépare la révolution cubaine avec Ernesto «Ché» Guevara. En 1954, Batista se fait élire président de
la république sans opposition après le retrait de l'ex-président Ramon Grau San Martin qui appelle au boycott, pour protester contre la corruption du régime. Castro revient à Cuba dès novembre 1956 sur le Granma, un
petit yacht en mauvais état qui résiste mal au mauvais temps qui sévit durant le voyage, et reprend ses activités révolutionnaires pour déposer Batista, soutenu par une partie croissante de la population, notamment
dans la province d’Oriente. En mai 1958, Batista lance 12.000 hommes contre la guérilla castriste lors de l’«offensive d’été» qui échoue trois mois plus tard. Castro mène alors une contre-offensive
qui débouche sur une guerre civile le long de la Sierra Maestra dans l’est jusqu’au centre du pays. Le 29.12.1958, Ernesto «Ché» Guevara remporte une brillante victoire militaire lors de la bataille de Santa Clara où
les forces rebelles déraillent et s’emparent d’un train blindé composé de 2 locomotives et de 18 wagons, avec à bord 408 officiers et soldats gouvernementaux et un puissant armement. La bataille de Santa Clara est une
victoire décisive qui entraîne directement la chute de Batista. Apprenant que ses généraux négocient une paix séparée avec les dirigeants guérilleros, le dictateur prend la décision de fuir le 1er
janvier 1959 en République dominicaine, accompagné de sa famille, de quelques fonctionnaires, avec parmi eux le président Andrés Rivero Agüero et son frère le maire de La Havane. Son départ est suivi par l'entrée
triomphante à La Havane de quelques milliers de guérilleros de Fidel Castro. Un nouveau président, Manuel Urrutia, est nommé; Fidel Castro devient commandant en chef de l'armée, puis Premier ministre le 16 février
1959. Batista passa le reste de sa vie en exil, d'abord au Portugal, puis en Espagne à Guadalmina près de Marbella, où il mourut le 6 août 1973 d'une crise cardiaque. [11] Le 29 novembre 1963, soit sept jours après l’assassinat de John F. Kennedy (JFK), le
nouveau président américain Lyndon Johnson (LBJ), vice-président de JFK, crée la Commission Warren, et la charge d'enquêter sur le crime. La commission nommée par le Président travaille et remet son rapport au
Président, ce qui paraît bizarre que ce ne soit pas la justice saisie de l'affaire. Présidée par Earl Warren (1891-1974), alors président de la Cour suprême des États-Unis, cette commission est composée
des 7 membres parmi lesquels Allen Welsh Dulles (1893-1969), ancien directeur de la CIA licencié par JFK après le désastre de la Baie des Cochons. Dulles est renvoyé par Kennedy notamment pour sa participation à
la préparation de l'audacieux document «Opération Northwoods» dont le but était d'utiliser la CIA dans des attaques réelles ou simulées et d'en accuser Cuba, dans le but d'obtenir un support populaire pour une
guerre avec ce pays. Malgré sa connaissance de plusieurs projets d'assassinats par la CIA, la mafia et les anticastristes envers Fidel Castro (Opération Mangouste), dans aucun document qu'il ne remit aux autorités d'enquête,
Dulles ne mentionne aucun de ces faits durant la commission d'enquête qui se déroula de 1963 à 1964. Parmi les nombreuses théories sur l'assassinat de JFK, une prétend que Dulles s'est allié à LBJ et la mafia
de Chicago (Giancana); le crime est parfait, puisque Lyndon Johnson est nommé président suite à la mort de JFK, et c'est lui qui nomme Dulles chef de l'enquête sur l'assassinat de JFK..., ainsi la vérité ne sera jamais
faite sur le crime. En 1969, Dulles meurt d'une grippe, et d'une complication par pneumonie, à l'âge de 75 ans. Personnage hautement controversé et complexe, réputé de connaître et de garder très bien les secrets,
Dulles fut nommé par Eisenhower directeur de la CIA pendant la guerre froide. Fidèle à la doctrine Truman, il a renversé des gouvernements démocratiquement élus dont il pensait qu'ils s'allieraient peu ou prou au bloc
soviétique (URSS). Ainsi, à travers des opérations secrètes (black operations), il a fait emprisonner le premier ministre élu d'Iran Mohammad Mossadegh en 1953, puis le président du Guatemala Jacobo Arbenz
en 1954, également élu démocratiquement. Dans le cas de Mossadegh, il s'agit de donner le pétrole iranien à British Petroleum; dans le cas d'Arbenz, il s'agit d'empêcher une taxe d'entrer en vigueur sur les bananes
exportées par United Fruit C°. La CIA paraît ainsi davantage servir les intérêts financiers des grands groupes plutôt que la démocratie et la liberté principes prônées par les USA. En tant que
directeur de la CIA, il est aussi impliqué dans un projet d'assassinat de Patrice Lumumba à Congo (1961).
LA «GUERRE FROIDE» PARTIE II 2.2 Un nouvel équilibre Il passe par une volonté des deux grandes puissances de limiter les armements nucléaires. Le 1er juin 1972, l'accord SALT1 est signé [1].
Objectif: limiter la course aux armements, élimination des missiles stratégiques. La Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe se réunit à Helsinki de 1973 à 1975. Elle rassemble les États-Unis, l'URSS, le Canada et les États européens
de l'Est et de l'Ouest, à l'exception de l'Albanie. Les accords issus de cette conférence affirment l'inviolabilité des frontières nées de la Seconde Guerre mondiale. Ils encouragent la coopération entre les pays et
affirment l'obligation de respecter les Droits de l'Homme et les libertés fondamentales. Ils constituent le point d'orgue de la Détente. L'ère de l'affrontement direct est révolue. Les conflits restent des conflits locaux dans les marges d'influence (Vietnam et Moyen Orient). Un équilibre
sur l'armement est entendu. Il y a avantage quantitatif du côté du pacte de Varsovie, mais il y a avantage qualitatif du côté de l'OTAN. Cet équilibre dure jusqu'aux années 80 jusque qu'à ce que l'URSS rattrape
son retard en construisant des vecteurs à têtes multiples. L'équilibre est alors remis en question, et le déséquilibre est favorable aux soviétiques. 2.2.1 La détente La Détente désigne la phase de la guerre froide qui s'étend
entre la crise des missiles de Cuba (1962) et la «guerre fraîche», qui commence avec la 1ère guerre d'Afghanistan (1979) et l'arrivée de Ronald Reagan au pouvoir (début 1981). Pour d’autres, la Conférence
d’Helsinki en 1975 marque la fin de la détente qui sera reprise en 1985 avec l’arrivée de Mikhaïl Gorbatchev au pouvoir. Elle fait suite au principe de la coexistence pacifique, et est marquée par une limitation de la
course aux armements nucléaires (accords SALT 1 en 1972) et le refus de l'affrontement direct au profit de luttes de pouvoir et de guerres sur des terrains «périphériques» (cf. notamment la guerre de Vietnam, 1964-1975). La
Détente ne sous-entend pas seulement une reconnaissance mutuelle entre les pays de l'OTAN et le bloc de l'Est, mais implique des négociations continues, des accords diplomatiques et des échanges commerciaux voire culturels entre les deux
camps. Les relations entre les deux Allemagne s’améliorent. En 1971, les États-Unis reconnaissent la Chine communiste. En 1975, la conférence d’Helsinki confirme cette détente en confirmant les frontières issues
de la guerre, ainsi que le respect des droits de l’Homme par les pays européens, dont l’URSS. Toutefois, des voix discordantes se font entendre au sein des blocs: À l’Ouest, la France du général De Gaulle sort de l’OTAN en 1966
[2]. À l’Est, l’armée Rouge réprime en Tchécoslovaquie, en 1968, le «Printemps de
Prague». 2.2.2 La modification des sphères d'influence
- L’agrandissement de la sphère d'influence soviétique
Après la guerre du Vietnam, la présidence de Carter
(20 janvier 1977 – 20 janvier 1981) correspond à un certain effacement des Etats Unis. L'URSS en profite en développant sa flotte de guerre et en tentant de s'implanter en Afrique par l'intermédiaire des Cubains. En effet les Cubains animent les guérillas en Afrique et sont à
l'origine de nombreuses opérations militaires aux pays récemment décolonisés. C'est ainsi que l'Angola, l'Ethiopie et le Mozambique basculent dans le camp communiste. Mais le principal problème surgit au Nicaragua où
s'installe un régime marxiste alors que l’Amérique centrale est normalement considérée une zone américaine. L'URSS intervient également en Afghanistan pour aider le régime de Kaboul en 1979. Dans les années
80, la sphère d'influence soviétique s'est considérablement accrue, mais en même temps les Soviétiques ont de plus en plus de difficultés à imposer leur volonté aux pays satellites (Europe de l'Est). La
Hongrie libéralise peu à peu son économie, le syndicat indépendant "Solidarność" [3] se développe en Pologne, la Roumanie ne boycotte pas les Jeux Olympiques de Los
Angeles. - Le rétablissement
des Etats Unis – La «Guerre fraîche»
Il est le fait du changement présidentiel en 1981 avec l’arrivée de Ronald Reagan au pouvoir (20 janvier 1981–20 janvier 1989) [4].
C'est d’abord un redressement psychologique car les Etats Unis ont envie de "remonter la pente", mais aussi un redressement tout court car ils ont alors une très grande volonté de rattraper leur retard face à l'URSS par l'armement.
Décrivant publiquement l'Union soviétique comme un «empire du Mal», Reagan soutient les mouvements anti-communistes dans le monde entier et renonce à la politique de détente en augmentant massivement les dépenses
militaires et en relançant une course aux armements avec l'URSS. Il relança le programme du Rockwell B-1 Lancer qui avait été annulé par l'administration Carter et lança la production du missile MX156. En réponse
au déploiement par les soviétiques des missiles SS-20, Reagan supervisa le déploiement des missiles Pershing II et Cruise de l'OTAN en Allemagne de l'Ouest. Sous une politique qui fut appelée «doctrine Reagan»,
Reagan et son administration mirent en place une aide dissimulée voire officielle à des groupes de guérilla anti-communistes pour "refouler" les gouvernements soutenus par Moscou en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Reagan
déploya la «Special Activities Division» de la CIA en Afghanistan et au Pakistan. Ils jouèrent un rôle important dans l'entrainement, l'équipement et la direction des moudjahidines [5] contre l'armée soviétique durant la 1e Guerre d’Afghanistan (1979-1989) [6]. Le programme d'opérations secrètes du président Reagan
a été crédité pour avoir contribué à mettre fin à l'occupation soviétique de l'Afghanistan, même si les États-Unis n’ont pas réussi à récupérer les
armements notamment les lance-missiles «Stinger» [7], qu’ils avaient fournis aux moudjahidines et qui se révéleront une menace lors de la 2e Guerre
d'Afghanistan dans les années 2000 [8]. En mars 1983, Ronald Reagan balaie les stigmates de la guerre du Viêt-Nam. Il introduisit l'initiative de défense stratégique (IDS) prévoyant la mise en place de systèmes au sol et
dans l'espace pour protéger les États-Unis d'une attaque de missiles balistiques intercontinentaux et il engage les États-Unis dans une course aux armements que l'on surnomme la «Guerre des étoiles» en référence
à un film célèbre. Cette période marqua aussi un fort rapprochement entre l'administration Reagan et le pape Jean-Paul II, qui favorisa en Pologne une résistance intransigeante contre le communisme. Ils partageront des informations
confidentielles sur la Pologne et les autres pays satellites de l’URSS. À partir de 1982, après la proclamation de l'état de siège en Pologne par le général Jaruzelski, Ronald Reagan conclut une sorte de sainte-alliance
avec le pape Jean-Paul II pour aider le syndicat Solidarność réduit à la clandestinité. Lors de leur rencontre du 07.06.1982 au Vatican, les deux ont convenu de lancer un programme clandestin pour arracher l'Europe loin les soviétiques.
La Pologne, pays d'origine du pape, serait la clé. Les prêtres catholiques, le principal regroupement syndical des États-Unis AFL-CIO (American Federation of Labour-Congress of Industrial Organisations), la National Endowment for
Democracy, la Banque du Vatican (IOR) et la CIA seraient tous déployés. Jean-Paul II est dès lors considéré comme le pape héros de la chute du communisme. Après sa mort (Vatican, 2 avril 2005), il sera béatifié
le 1er mai 2011 et canonisé le 27 avril 2014, à la place Saint-Pierre au Vatican et ce, en dépit de l’opposition de différents dignitaires ecclésiastiques et théologiens à ces processus. En 1985, Reagan visita un cimetière militaire allemand à Bitburg pour
déposer une gerbe avec le chancelier ouest-allemand Helmut Kohl. Le cimetière accueillait cependant les tombes de 49 membres de la Waffen-SS. Reagan délivra un communiqué présentant les soldats nazis comme des "victimes",
une désignation qui déclencha la controverse sur le fait que Reagan ait mis les hommes de la SS sur le même plan que les victimes de la Shoah. En 1982, Kadhafi était considéré par la CIA comme appartenant avec le dirigeant cubain Fidel Castro et le dirigeant soviétique Léonid
Brejnev à la "trinité impie" et fut qualifié de "notre ennemi public international numéro un" par Reagan. Mais il lui était impossible d'exécuter un plan d'attaque contre Cuba - que la presse américaine révéla
en octobre 1981 - sans prendre le risque de déclencher une guerre nucléaire ou conventionnelle avec l'URSS de Brejnev, selon l'accord Kennedy-Khrouchtchev issu de la crise des missiles de 1962 et que La Pravda du 9 novembre 1981 rappela (pas
d'armes soviétiques offensives à Cuba, pas d'intervention américaine dans l'île). Aussi renonça-t-il définitivement à ses projets de frappe à Cuba. Cela n’a pas empêché les tentatives
de déstabilisation notamment par la création d'une radio "José Marti" en 1981, puis d'une télévision éponyme en 1988, basées à Miami. Elles ne parvinrent pas à dresser la population cubaine contre
le régime. N’étant pas liés à l’URSS par aucun accord sur la Libye, dans la soirée du 15 avril 1986 les États-Unis lancèrent des frappes aériennes sur des cibles terrestres en Libye. Réitérant le scénario cubain des années 1960,
Ronald Reagan imposa le 1er mai 1985 un embargo commercial total envers le Nicaragua dès 1985. Cet embargo avait comme objectif d’asphyxier économiquement le régime sandiniste, mais il n’est pas parvenu à le faire chuter.
Outre les réticences du congrès à soutenir militairement les contras, l'aide de l'URSS joua beaucoup dans cet échec. En 1986, l'administration Reagan fut touchée par un scandale concernant la vente officieuse d'armes à
l'Iran pour financer les Contras [9] du Nicaragua; or ce financement avait été spécifiquement interdit par le Congrès. L'affaire Iran-Contra devint le plus grand scandale
politique aux États-Unis dans les années 1980 («Irangate»). En 1986, la Cour internationale de justice établit que les États-Unis avaient violé les lois internationales au Nicaragua, car ils s'étaient
engagés à ne pas intervenir dans les affaires d'autres États, et ils furent reconnus coupables de crimes de guerre contre le Nicaragua. La Cour internationale de justice a aussi reconnu que le Président des États-Unis a autorisé,
à la fin de 1983 ou au début de 1984, le minage des ports nicaraguayens, ainsi que des eaux territoriales et intérieures, sans qu'aucune déclaration officielle ne l'annonce. Les États-Unis furent condamnés à
verser plus de 17 milliards de dollars au Nicaragua au titre de dédommagement pour dégâts occasionnés par le financement de la Contra. Les États-Unis n'ont pas reconnu ce jugement.
Si dans le cas de Nicaragua, les Etats-Unis ont jugé préférable de laisser aux Contras la
tâche de faire tomber le gouvernement sandiniste, ils sont par contre directement intervenus dans le cas de l'île de Grenade dans les petites Antilles où un coup d'état en mars 1979 avait amené au pouvoir un gouvernement
marxiste-léniniste. Le 25.10.1983, faisant croire à la communauté internationale que l’île est devenue une base soviétique abritant plus de 200 avions de combat, Reagan ordonna l'invasion (opération «Urgent
Fury»). Les États-Unis, avec environ 6.000 membres des différentes unités composant la force de déploiement rapide (Marines, Rangers, Navy SEALS, Delta Force...) fournissent le gros des forces d'invasion; ils sont soutenus
par 350 soldats des différents États caribéens. Les forces adverses comptent 1.500 soldats Grenadiens, ainsi qu'environ 700 Cubains. Les sources officielles américaines affirment que les défenseurs de l'île notamment
les Cubains opposèrent une résistance acharnée à l'envahisseur au point que l'armée américaine dut envoyer sur place deux bataillons supplémentaires. L’armée des Etats-Unis a volontairement exagéré
l’ampleur de la résistance cubaine afin de justifier l’augmentation massive de leurs effectifs et de limiter au maximum les pertes. Le prétexte de la «dureté» des combats permettait aussi de maintenir les journalistes
éloignés de l’île. Les affrontements entre les Cubains et les Américains représentent le premier combat direct entre les forces armées des deux pays. Au 6e jour, les dernières poches de résistance
sont écrasées. On dénombre 19 morts et 116 blessés au sein des troupes américaines, tandis que les Cubains déplorent 24 morts et 57 blessés. Les pertes grenadiennes sont estimées à 45 morts et
358 blessés, ainsi qu'à 24 civils morts. Le coût de l'opération est estimé à 76 millions de dollars américains de l'époque. À la mi-décembre, les forces américaines se retirèrent
après la nomination d'un nouveau gouvernement proaméricain et après avoir laissé sur place un contingent de 250 hommes pour le maintien de l’ordre. La majorité des pays occidentaux a critiqué cette intervention
effectuée sans l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU. Même le Royaume-Uni, dont la reine Élisabeth II est le chef d'État en titre de la Grenade, fut tenu au secret des préparatifs de l'intervention; le Premier
ministre Margaret Thatcher n'est prévenu qu'après le déclenchement de l'invasion. L'opération est ensuite condamnée par un vote de l'Assemblée générale des Nations unies. [1]
Les négociations sur la limitation des armes stratégiques, mieux connues par l'acronyme SALT, abréviation de l'anglais «Strategic Arms Limitation Talks», sont les noms donnés aux processus de négociations
entamés en 1969 entre les États-Unis et l'URSS, qui aboutissent à la conclusion des traités de SALT I en 1972 et SALT II en 1979. Ces accords complètent celui du 20 juin 1963 (le «téléphone rouge»)
et vise à empêcher le déclenchement d'une guerre nucléaire «par malentendu ou accident» [2]
Bien qu’elle en soit un des membres fondateurs, la France quitte, sous la présidence de Charles de Gaulle, la structure militaire intégrée de l’OTAN en 1966 au nom de son indépendance nationale. S’ensuivent
trois décennies de collaboration plus ou moins étroite pendant laquelle la France occupe une place à part au sein de l’Alliance atlantique. Un rapprochement s’opère en décembre 1995, sous la présidence
de Jacques Chirac, la France décidant alors de rejoindre le conseil des ministres et le comité militaire de l’Alliance atlantique. Mais c’est après le vote le 17 mars 2009 de l’Assemblée nationale que la France
réintègre totalement l’OTAN à travers son retour dans le commandement militaire intégré. Cette réintégration suscite alors nombre de critiques de l’opposition de gauche, mais également au
sein de la droite au pouvoir. Depuis cette date, la France contribue aux réflexions visant à réformer l’alliance militaire. Elle participe également à ses actions militaires au Kosovo, en Afghanistan et en Libye, suscitant
aussi des controverses au sein de la classe politique. [3] Surpris par l'élection du cardinal polonais
Karol Józef Wojtyła comme pape Jean-Paul II le 16 octobre 1978, les dirigeants soviétiques croient à un complot américain orchestré par Zbigniew Brzeziński, le conseiller
du président Carter. Ce sentiment est renforcé par le soutien apporté par le pape au syndicat polonais Solidarność à partir de l'été 1980 qui porte la subversion au cœur du dispositif géopolitique de l'Union
soviétique en Europe. Walesa affiche des posters de Jean-Paul II sur les grilles des chantiers navals de Gdansk (ex-Danzig) qui le placent en position d'arbitre de la crise et aboutissent à la signature de l'Accord de Gdansk du 31 août
1980. [4] Ronald Reagan (né le 6 février 1911 à Tampico, Illinois
et mort le 5 juin 2004 à Los Angeles, Californie) est l'homme le plus âgé à avoir été élu à la présidence (il avait 69 ans). Acteur de Hollywood (1937-1964), il commença sa carrière
politique en tant que démocrate, mais rallie le Parti républicain en 1962. Il devient Gouverneur de Californie de 1967 à 1975 (deux mandats), puis il entre en compétition avec le président en fonction Gerald Ford pour
obtenir la nomination du parti républicain en vue de l'élection présidentielle. Ford obtint la nomination avec 1.187 délégués contre 1.070 pour Reagan. Ford perdit néanmoins l'élection de 1976 face au
démocrate Jimmy Carter. Lors de l’élection présidentielle de 1980, Reagan entre en compétition avec le président sortant Jimmy Carter. Il choisit George H.W. Bush, pour devenir son colistier. Reagan remporta l'élection
de 1980 en rassemblant 44 états et 489 votes de grands électeurs, contre 49 seulement pour Carter. En novembre, Reagan remporta 49 des 50 états américains. L'adversaire démocrate de Reagan lors de l'élection présidentielle
de 1984 était l'ancien vice-président Walter Mondale. Reagan arriva en tête que dans tous les états sauf à celui du Minnesota et à Washington D.C. Reagan gagna 525 votes au Collège électoral, plus que
tout autre candidat dans l'histoire électorale américaine. [5] Combattants de la foi musulmane
qui s'engagent dans le Djihâd (terme arabe signifiant «exercer une force», «s'efforcer» ou «tâcher». Le philosophe, théologien islamique et juriste musulman andalou du XIIe siècle, Averroès
ou Ibn Rochd de Cordoue (1126-1198), classe le Djihâd dans quatre catégories: par le cœur, par la langue, par la main et par l'épée. Selon le philosophe et théologien traditionniste musulman Ibn Al-Qayyim (1292- 1350),
le Djihâd se subdivise à quatre catégories: le Djihâd contre son égo; le Djihâd contre Satan; le Djihâd contre les infidèles; et le Djihâd contre les hypocrites. Il souligne que contre les infidèles
prime la lutte avec les mains. Le Djihād de la main implique la lutte avec l'épée. Les conditions nécessaires pour que le Djihâd par l’épée (par les armes) devienne une obligation pour chaque musulman (fard ʿayn)
sont : - Quand les non-musulmans envahissent une terre musulmane. - Quand les non-musulmans capturent et emprisonnent un groupe de musulmans. - Quand les lignes de bataille commencent à se rapprocher.
- Quand l'imam appelle une personne ou un peuple pour se lancer au combat. Le Djihâd peut être mené contre les infidèles (kûffar) ou contre des factions de musulmans considérées comme opposantes et révoltées. [6] La première guerre d'Afghanistan de l'histoire contemporaine a opposé, du 27 décembre 1979 au 15 février 1989, l'armée
de l'URSS, aux moudjahidines («guerriers saints»). L'invasion soviétique s’inscrit dans le contexte de la guerre froide. Face aux États-Unis qui soutiennent le Pakistan, l’URSS soutient l’Afghanistan qui avait, depuis
1919, des revendications territoriales sur les régions à majorité pachtoune du Pakistan dont l'acquisition aurait permis à l’Afghanistan de se désenclaver en possédant un accès à la mer d'Arabie.
Le 27 avril 1978 en Afghanistan a commencé la révolution, avec pour résultat l'arrivée au pouvoir du Parti démocratique populaire d'Afghanistan (PDPA), d'obédience marxiste, qui a proclamé le pays «République
démocratique d'Afghanistan» (DRA). Une série de réformes collectivistes et sociales (imposition d'un athéisme d'État, alphabétisation, droit des femmes, réformes agraires…) qui contrarient les coutumes
conservatrices afghanes, ainsi qu'une politique répressive envers les élites et classes moyennes du pays sont mis en place. Le 14 septembre, le président afghan Nour Mohammad Taraki, très favorable à Moscou, est assassiné
par son concurrent premier ministre Hafizullah Amin, qui lui succède et prend ses distances avec Moscou. De plus, l’Iran de Khomeiny, hostile au «grand Satan» américain, déteste tout autant l’Union soviétique
et suscite l’inquiétude de Moscou de voir s’étendre la contestation religieuse en Asie centrale soviétique. En mars 1979, un mois seulement après la révolution iranienne, la ville d’Hérat s'était
soulevée contre le régime communiste de Kaboul; les services soviétiques y avaient vu la main de Téhéran. Toutes ces raisons poussent Moscou à intervenir. Le 25 décembre 1979, l’Armée Rouge entre
en Afghanistan. Deux jours plus tard, le président Hafizullah Amin, est exécuté et remplacé par son rival au sein du Parti communiste afghan, Babrak Karmal. Le 22 février 1980, Loi martiale et couvre-feu sont instaurés.
Le 14 mars, un accord entre Afghans et Soviétiques officialise la présence militaire soviétique. Durant les trois premières années, les Soviétiques étendent leur contrôle sur le pays et augmentent leurs
effectifs sur place, passant de 85.000 hommes en mars 1980 à 118.000 hommes y compris les détachements KGB. Les Soviétiques voulaient tenir les villes et axes de communications laissant l'éradication des rebelles à l'armée
afghane. Mais ils font face à la désertion des deux tiers des effectifs de cette dernière (120.000 hommes). Une vive résistance nationale se met en place face à l’occupant soviétique qui ne s’attendait
pas à une telle réaction. De plus cette agression soulève une grande émotion dans l’ensemble de la résistance afghane moudjahidine, soutenue et financée entre autres par la CIA et autres services secrets occidentaux.
Des réseaux se mettent en place pour acheminer armes et volontaires venant du Maghreb, de la péninsule arabique, d'Égypte, du Levant voire d'Europe, le Pakistan devenant une base arrière. Bien que les forces russes aient de l'équipement
moderne, les rebelles étaient aussi bien armés, ils avaient du support local et opéraient avec efficacité sur le terrain montagneux. En 1984-1985, les Soviétiques l'emportent sur les moudjahidines relégués dans
leurs montagnes. En 1985, les moudjahidines commencent à recevoir des missiles sol-air FIM-92 Stinger, ce qui fait perdre aux Russes le contrôle du ciel, bouleversant l'équilibre des forces. Lorsque Mikhaïl Gorbatchev prend le pouvoir
en 1985, il voit la guerre comme étant trop coûteuse, pas populaire et impossible de gagner. En 1986 Mohammed Nadjibullah remplace Babrak Karmal à la tête de l'État afghan et veut négocier avec les rebelles en suivant
un processus de réconciliation nationale sur le principe d'une perestroïka afghane. En mai 1988, l'Afghanistan, le Pakistan, les États-Unis et l'URSS signèrent des accords mettant fin à l'intervention étrangère
en Afghanistan. La retraite russe fut complète en février 1989. Au total, durant leurs 110 mois de présence militaire, plus de 900.000 Soviétiques servirent en Afghanistan, dont environ 14.500 ont été tués.
Du point de vue équipement, 800 hélicoptères et avions, 1.500 blindés et plusieurs milliers de véhicules ont été détruits. Le coût financier pour l’URSS est estimé à plus de
20 milliards de dollars. Les pertes afghanes (tous bords confondus) sont estimées à 1.242.000 morts dont 80 % de civils. On estime que 30 % de la population (15 millions) avait quitté le pays ou s’était déplacée
à l’intérieur des frontières Du fait de l'implication des États-Unis et de l'URSS, cette guerre est considérée comme une des dernières crises de la guerre froide. Durant les dix ans de la 1e
guerre d'Afghanistan, les États-Unis, via entre autres l'opération «Cyclone» de la CIA, ont dépensé 3,3 milliards de dollars américains et l'Arabie saoudite presque autant, pour alimenter la résistance
antisoviétique et anticommuniste incarnée par les moudjahidines de Hekmatyar et de Oussama ben Laden. Milton Bearden, le chef de l'antenne locale de la CIA au Pakistan de 1986 à 1989, évalue le flux des volontaires arabes à
environ 25.000, dont la moitié de combattants. Après le départ de l’armée soviétique, la République démocratique d'Afghanistan a continué à recevoir une aide soviétique, qui a été
supprimée en août 1991, après l’arrivée au pouvoir de Boris Eltsine, laissant les communistes afghans se défendre seuls contre les moudjahidines. Le gouvernement procommuniste tombe et Nadjibullah tente de fuir Kaboul
le 17 avril 1992 sans succès. Il trouvera par la suite refuge dans un bâtiment des Nations unies jusqu'en 1996 avant d'être capturé et exécuté plus tard par les Talibans. Le 30 avril 1992, alors que les combats débutent
entre les factions rivales de moudjahidines pour le contrôle de la capitale, la République démocratique d'Afghanistan est officiellement dissoute et l'État islamique d'Afghanistan est proclamé par l'Alliance du Nord (dirigée
par Massoud). En 1996, les Talibans prendront le pouvoir sur l'Alliance du Nord et proclameront l'Émirat islamique d'Afghanistan, qui provoquera une intervention de l'OTAN cinq ans plus tard dans le cadre de la guerre contre le terrorisme lancée
par le gouvernement américain de George W. Bush en réponse aux attentats du 11 septembre 2001. [7]
Le FIM-92 Stinger est un lance-missile sol-air à courte portée américain (fabriqué par «Raytheon Electronic Systems» dans son usine de Tucson, Arizona), utilisé pour atteindre les hélicoptères ou
les avions de combat à basse altitude. Il est du type «tire et oublie», terme signifiant qu'une fois tiré correctement, le missile atteint sa cible de manière autonome. Il s'en distingue par de plus grandes possibilités
opérationnelles, une meilleure portée et une maniabilité plus grande. Il est doté d'un système d'identification de cible et est moins sensible aux contre-mesures ennemies. Le tireur repère sa cible visuellement, l'aligne
avec le viseur du lanceur, et l'interroge à l'aide du système IFF (pour «Identification Friend or Foe» - système d'identification ami-ennemi) qu'il porte à la ceinture. Si l'appareil est hostile, l'IFF le signale
et le tireur peut lancer le missile. Ce dernier atteint son objectif dans plus de 95 % des cas, sans aucune autre intervention humaine Cette arme est bien connue du grand public en raison de sa diffusion aux «moudjahidines» pour combattre les troupes
soviétiques qui faisaient un grand usage des hélicoptères et de l'appui feu aérien au cours de la 1re guerre d'Afghanistan. Si l'opération fut un réel succès qui permit d'inverser le rapport de force de ce conflit,
des «Stingers» se retrouvèrent bientôt disponibles chez les trafiquants d'armes et les terroristes ayant l'intention de les employer contre des appareils civils. [8] La seconde guerre d'Afghanistan de l'histoire contemporaine oppose, à partir d’octobre 2001, les États-Unis, avec la contribution militaire
de l'Alliance du Nord (un groupe armé musulman afghan qui fut dirigée par le commandant Massoud jusqu'à son assassinat le 09.09.2001) et d'autres pays occidentaux (Royaume-Uni, Canada, France, etc.), au régime taliban qui avait
succédé le régime communiste après le départ des Soviétiques en 1989. Cette guerre s'inscrit dans la «guerre contre le terrorisme» déclarée par l'administration Bush à la suite des
attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington. Le but de l'invasion selon les États-Unis et leurs alliés était de capturer Oussama Ben Laden, détruire l'organisation Al-Qaïda qui possédait des bases
dans le pays avec la bénédiction des talibans, et renverser ces derniers. La campagne initiale chassa les talibans du pouvoir, permettant l'instauration d'un gouvernement provisoire dirigé par Hamid Karzai à la suite des accords
de Bonn de décembre 2001. Les talibans engagèrent alors une guérilla contre la Force Internationale d'Assistance et de Sécurité (FIAS) qui regroupe les forces armées étrangères sous commandement de l'OTAN.
Le gouvernement afghan de Karzaï, qui a été élu président en octobre 2004 et réélu en 2009, jouit d’une légitimité affaiblie suite à des fraudes électorales et fait l’objet
de nombreuses critiques pour incompétence et corruption. La production afghane d'opium continue à représenter plus de 90% de la production mondiale. À la fin 2009, un rapport de l'UNODC annonce que le trafic des opiacés générait
3,4 milliards de dollars de revenus en Afghanistan. Les talibans tirent de ce trafic environ 125 millions de dollars, une faible en comparaison avec les 600-700 millions de dollars tirés par les paysans afghans, alors que le gros de ces revenus (plus
de 2,5 milliards de dollars) est capté par les officiels du gouvernement, la police et les autorités locales et régionales contribuant ainsi à alimenter la très forte corruption du pays. En janvier 2009, le «Think tank
International Council on Security and Development» a estimé dans un rapport que les talibans étaient actifs dans environ 72 % du territoire afghan. Les deux camps se livrent à de nombreuses violations du droit international. D'un
côté, les talibans qui assassinent les fonctionnaires gouvernementaux, commettent des prises d'otages et attaquent le système éducatif visant à empêcher les filles d’être scolarisées. De l'autre côté,
la Coalition, et les États-Unis en particulier, font l'objet de nombreux rapports de la part des organisations de défense des droits de l'Homme. L'utilisation excessive de la force, les arrestations arbitraires les centres de détention
clandestins, les mauvais traitements voire la torture ou la mort en détention ont ainsi été largement relevés en Afghanistan. De plus, la Coalition est l'auteur de nombreuses frappes aériennes meurtrières pour les
civils afghans. Entre 2001 et avril 2009, l’US Air Force a largué 12.742 tonnes de bombes sur l’Afghanistan. Il y a un manque de statistiques fiables sur les pertes des belligérants. De 2001 à 2014 les pertes de la Coalition
seraient de 3.452 tués, dont 2.331 américains et de 32.900 blessés, dont 19.798 américains. Les pertes du gouvernement central en octobre 2009 seraient au moins 5.500 tués depuis le début des hostilités. En
mai 2008, selon les estimations du gouvernement afghan et de la Coalition, environ 20.000 combattants talibans avaient été tués. En 2011, le nombre de civils tués depuis 2006 estimé par l'ONU serait de 9.759, dont 6.269 tués
par les forces anti-gouvernementales, et 2.723 par la coalition ou les soldats de l’armée régulière, à quoi il conviendrait de rajouter entre 6.300 et 23.600 civils morts directement, ou indirectement, du fait de la guerre
entre 2001 et 2003. Le site «National priorities» estime à plus de 720 milliards de dollars le coût de la guerre à ce jour. Le coût supporté par la France est estimé à 500 millions d'Euros par an sans
compter les pertes humaines et les matériels détruits. Pour toutes ces raisons, certains alliés de l'OTAN doivent affronter une opinion publique très défavorable à la guerre. Lors du Sommet de l'OTAN qui s'est tenu
à Lisbonne du 19 novembre au 20 novembre 2010, les États membres ont déclaré qu'ils entameraient le transfert de la sécurité aux forces afghanes à partir de 2011, l’objectif étant de parvenir à
un retrait de la plupart des soldats de la force internationale d’ici la fin 2014. En 2012, il y avait 130.000 soldats étrangers en Afghanistan, dont 60.000 américains. Suite au désengagement progressif annoncé, au 15 janvier
2014, il reste 58.129 soldats de la FIAS dont 38.000 américains; ces chiffres n'incluent pas les nombreux employés des sociétés militaires privées. Ce conflit est le plus long engagement de l'armée américaine
depuis la guerre du Viêt Nam (1959-1975). Légitimée par la chasse à Oussama Ben Laden, la campagne d'Afghanistan aura permis aux USA d'installer trois bases aériennes en Afghanistan, quatre autres dans le reste de l'Asie centrale,
notamment en Ouzbékistan et un important dispositif terrestre dans le Caucase. Ainsi, l'équipée américaine en Afghanistan a reconfiguré la carte géopolitique dans l'Asie centrale. Des pays importants dans l'équilibre
régional sont désormais à la portée des forces américaines. L'Iran se voit ainsi chauffé sur le flanc est. La Chine est en vue via les provinces de l'Ouest. Les anciennes républiques soviétiques en Asie
centrale servent désormais de pied à terre aux forces américaines. [9] «Les
Contras» (terme espagnol signifiant «contre-révolutionnaires»), étaient des groupes de lutte armée opposés au gouvernement sandiniste du Nicaragua, qui a succédé à la chute, après
une guerre civile, du dictateur Somoza, au pouvoir depuis cinq ans. Initialement soutenus par la dictature argentine et notamment de la CIA, les Contras opéraient des raids de guérilla, notamment dans le nord du Nicaragua à partir de bases
arrières situées au Honduras. Leurs effectifs oscillaient entre 13.800 et 22.400 combattants en 1990, selon les sources. En mai 1987, ces groupements prennent le nom de RN (Résistance nicaraguayenne). L'accord de cessez-le-feu du 23 mars
1988 prépara le désarmement et la réintégration progressive des Contras dans le jeu politique démocratique, conduisant à l'organisation d'élections en 1990. Le bilan direct de cette guerre civile est estimé
à 30.000 morts.
LA «GUERRE FROIDE» PARTIE III 2.3 L'écroulement du régime soviétique - Fin de la Guerre froide 2.3.1 Le prélude Au début des années 1980, l'URSS avait mis en place une armée et un arsenal militaire qui
surpassait celui des États-Unis. Auparavant, les Américains comptaient sur la supériorité technologique de leurs armements pour inquiéter les Soviétiques, mais le fossé se rétrécissait. Après
le renforcement de l’arsenal des Etats-Unis par Reagan, l'Union soviétique ne développa pas ses capacités militaires et le successeur de Brezhnev, Iouri Andropov, tentera vainement de limiter la course aux armements.
En effet, les énormes dépenses militaires associées à l'inefficacité d’une économie et d’une agriculture planifiées étaient un fardeau très lourd pour l'économie soviétique.
Le désordre économique devient évident : l’URSS possède un programme spatial impressionnant et un énorme arsenal de bombes atomiques, mais 300 millions de citoyens doivent malheureusement attendre des heures pour
acheter du fromage ou une simple paire de souliers. Conscient de l'affaiblissement du système socialiste, Andropov diligente une enquête secrète pour évaluer le produit intérieur brut de l'Union soviétique en valeur,
selon les critères occidentaux, et non en volume (nombre d'unités produites, sans recherche de valeur ajoutée). Cette enquête montre un déclin certain de l'économie soviétique, déjà dépassée
par celle du Japon et dans quelques années par l'Allemagne de l'Ouest. Elle prouve en outre le retard soviétique dans des domaines d'avenir et met l'accent sur le danger géopolitique que représente la montée en puissance
de deux anciens ennemis de l'Union soviétique. Depuis une quinzaine d’années, l’URSS n’est plus dirigée
que par des vieillards. En effet, alors que déjà Andropov, après avoir succédé à un Brejnev mort à 76 ans en novembre 1982, ne resta au pouvoir que 14 mois et 28 jours, mourant soudainement à 70 ans en
février 1984, son successeur Konstantin Tchernenko, quant à lui, disparaîtra un an plus tard, à 73 ans en mars 1985, après un règne à la tête du pays de seulement 12 mois et 26 jours, surtout
caractérisé par son absence du pouvoir de plus en plus fréquente pour cause de maladie. Il en découlera un découragement évident du peuple face à cette valse, au sommet de l'État, des vieux caciques du
régime, qui n'est que le prélude à la déliquescence future du tout puissant empire soviétique, auquel le "jeune" Mikhaïl Gorbatchev (51 ans) ouvrira la voie. Arrivé au poste de Secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique le 11 mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev tente d’insuffler
une nouvelle jeunesse à l’économie et à la politique de l’URSS. Ses réformes donnent des résultats plutôt mitigés. La perestroïka (réforme)
n’a pas atteint les objectifs escomptés, aggravant les pénuries de biens de consommation et les inégalités sociales, ce qui entraîna un mécontentement populaire. Au même moment, l'administration Reagan persuada
l'Arabie saoudite d'accroître sa production de pétrole ce qui entraîna un effondrement des prix du pétrole en 1985 qui tombèrent à un-tiers du niveau précédent; cela affecta l’équilibre budgétaire
de l’URSS, le pétrole étant l'une de ses principales exportations. Ces facteurs entraînèrent une stagnation de l'économie soviétique durant le mandat de Gorbatchev. En même temps, la glasnost (transparence), une tentative de démocratisation du régime communiste, mal maîtrisée, déclenche des conflits inter-ethniques et la montée des nationalismes qui favorisent les mouvements de
libéralisation dans les démocraties populaires. Certaines réclament rapidement l’indépendance et la rupture totale avec l’URSS. 2.3.2 Le désarmement Reagan remarqua le changement d'orientation de la direction soviétique avec l'arrivée de Mikhaïl Gorbatchev et chercha à l’encourager.
Reagan croyait que s'il pouvait convaincre les Soviétiques d'autoriser plus de démocratie et une plus grande liberté de parole, cela mènerait à la réforme et à la fin du communisme [1]. Les initiatives de Reagan trouvèrent un écho positif chez Gorbatchev, ce qui marqua le début d’une nouvelle période de détente
entre les deux grandes puissances (1985-1989). Gorbatchev et Reagan organisèrent quatre conférences sur le désarmement entre 1985 et 1988: la première à Genève, la deuxième à Reykjavik, la troisième
à Washington D.C. et la quatrième à Moscou. Les deux hommes signèrent le traité INF (Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire; en anglais Intermediate-Range Nuclear Forces
Treaty - INF) à la Maison-Blanche le 8 décembre 1987. Cet accord éliminait l'ensemble de la classe des missiles balistiques à portée intermédiaire qui avaient été la cause de la crise des euromissiles
au début des années 1980. À la date butoir du 1er juin 1991, un total de 2.692 missiles avaient été détruits: 846 par les États-Unis et 1.846 par l'URSS. Selon le traité, chacune des parties pouvait inspecter
les installations militaires de l'autre. Reagan et Gorbatchev posèrent les bases du traité START I [2] qui fut signé au début des années 1990. 2.3.3 La crise économique et alimentaire A la fin des années 1980, l’URSS est en
plein crise économique. Baisse du prix du pétrole, choix politiques hasardeux, budgets militaires exorbitants et réactions à retardement aux problèmes successifs, mènent l’URSS à la faillite. Les problèmes
d’approvisionnement se font plus pressants dans tous les domaines: carburant et denrées alimentaires de première nécessité font défaut dans plusieurs régions du pays. Le mécontentement des populations
gagne du terrain. L’inefficacité du système socialiste de gestion de l’économie, aggravée
par la chute du prix du pétrole et les erreurs stratégiques des dirigeants de l’URSS, devient lisible de l’étranger. Considérée jusqu’ici comme un "emprunteur fiable", l’URSS commence à susciter
la méfiance des créanciers à partir de 1988. Les besoins soviétiques en crédits, pour couvrir les déficits, ne sont plus assurés. L’URSS, dont les devises sont au plus bas, a déjà un genou
à terre. En 1989, les grandes sociétés occidentales qui commercent avec l’URSS constatent des retards de paiements et des difficultés croissantes pour honorer les contrats. En 1990, le déficit de l’URSS s’élève
à plus de 17 milliards de dollars. Le G7 demande au FMI, à la Banque mondiale, à l’OCDE et à la
Banque Européenne de Développement et de Reconstruction d’analyser la situation économique de l’URSS et de faire des recommandations pour la mise en place d’une aide financière efficace. Les demandes de prêts
des dirigeants soviétiques auprès des leaders occidentaux se font pressantes. Les réponses sont assez frileuses même si la situation de l’URSS inquiète. Fin 1990, le Parlement Européen adopte une résolution octroyant une aide alimentaire et médicale à l’URSS, ce qui montre que les dirigeants occidentaux sont conscients de la gravité
de la situation. Début 1991, la Banque centrale russe perd le contrôle de la circulation monétaire: les pouvoirs financiers et monétaires des différentes républiques ignorent ses instructions. La crise céréalière de l’URSS (dont les stocks s’amenuisent de manière inquiétante) et le manque d’approvisionnement
croissant dans tous les domaines s’ajoutent aux problèmes économiques du pays. Les files d’attentes s’allongent devant les commerces aux rayons clairsemés. Le mécontentement populaire grandit. 2.3.4 Les nationalismes Avec un Etat central affaibli et de plus en plus contesté, les problèmes
interethniques de l’URSS ressurgissent. De plus en plus fréquents, les conflits sanglants entre républiques socialistes soulignent la perte de contrôle politique du pays. En 1986, Alma-Ata (aujourd’hui Almaty au Kazakhstan)
connait par exemple un mouvement étudiant d’ampleur contre la nomination d’un Russe comme secrétaire du Parti Communiste Kazakh. La répression du pouvoir central soviétique est sévère: 8.500 arrestations,
1.700 blessés. Mais, le pouvoir cède et un Kazakh est finalement nommé comme secrétaire du PCK. L’armée
rouge ne peut agir trop violemment: les dirigeants soviétiques ont besoin de l’Occident pour combler les déficits et ils savent que l’obtention de crédits n’est possible que s’ils n’utilisent pas la force
et les chars face aux sécessionnistes. En 1987, Gorbatchev annonce qu'il permet aux pays du bloc de l’Est de réaffirmer
leur souveraineté. Cela permet aux forces d'opposition de commencer à s'exprimer comme en Pologne et en Hongrie, phénomène qui se concrétise en avril 1989 dans ces deux pays. L'accord entre Jaruzelski et Walesa (communiste
et libéral) permet la transition vers le libéralisme. En Hongrie Kadar est évincé et le multipartisme est reconnu. La contagion a gagné toute l'Europe de l'Est. Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin est démantelé.
Un jour plus tard, le 10 novembre 1989, le leader bulgare Todor Jivkov tombe. Le 16 novembre, les marches de protestation débutent à Bratislava, dans la Tchécoslovaquie voisine. La mobilisation citoyenne massive et pacifiste permettra
une transition politique en douceur bientôt appelée Révolution de Velours. L’intellectuel-opposant Vaclav Havel est élu président de Tchécoslovaquie le 29 décembre 1989. Les événements les
plus sanglants interviennent en Roumanie. C’est dans la seconde moitié de décembre que les habitants de Timisoara (et plus tard de Bucarest) commencent à protester contre le régime de Nicolae Ceausescu. L’armée
reste fidèle au pouvoir dans un premier temps, infligeant de lourdes pertes aux émeutiers. Mais le régime commence à s'effondrer après avoir ordonné aux militaires et à la Securitate (les services spéciaux)
d'ouvrir le feu sur les manifestants anti-communistes dans la ville de Timişoara le 17 décembre 1989. Quatre jours plus tard, une manifestation pro-pouvoir, diffusée en direct à la télévision, se transforme en une démonstration
massive de protestation contre le régime. Le 25 décembre, après un procès expéditif, Ceausescu est exécuté dans la base militaire de Targoviste. Les démocraties populaires ont été vite anéanties.
Le mouvement de libéralisation gagne vite l'opinion publique des républiques soviétiques dont l'Ukraine et les nations baltiques qui commencent à pousser aussi pour leur indépendance. Au printemps 1990, Lituanie, Estonie
et Lettonie proclament leur souveraineté, première étape vers le statut d’Etats indépendants, suivis par la Moldavie, l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie. Gorbatchev tente de persuader la Lituanie de rester
au sein de l’URSS, sans résultat. Le Parlement lithuanien proclame unilatéralement l'indépendance de la Lituanie le 11 mars 1990. Un blocus sur le pétrole et les produits dérivés est même entamé,
en avril 1990, par les dirigeants soviétiques à l’encontre de la Lituanie, mais qui ne fléchit pas les indépendantistes.
Cependant, la force principale du démantèlement de l’URSS n’était pas les mouvements nationalistes des républiques périphériques, mais le président de la République russe elle-même –
Boris Eltsine. Le référendum de mars 1991 avait indiqué que l’écrasante majorité de la population de la Russie était favorable au maintien de l’Union sous forme renouvelée d’une
confédération. Mais pour Eltsine, qui a pourtant signé l’entente d’union en avril 1991, le maintien d’un gouvernement fédéral central limitait son pouvoir en Russie. Pourquoi partager le pouvoir avec un
gouvernement central et avec d’autres républiques quand la Russie était de loin la partie de l’URSS la plus riche en ressources naturelles et en industrie ? Le 29 mai, Boris Eltsine est élu président du Parlement
de la Fédération de Russie et réclame «la souveraineté» de cette dernière. Le 12 juin 1990, le 1er Congrès du peuple de la RSFSR (République Socialiste Fédérative Soviétique
de Russie), autrement dit la Russie actuelle, adopte une Déclaration sur la souveraineté étatique de la république de Russie. C'est une deuxième atteinte (et de loin la plus grave) à l'intégrité de l'URSS
après l'indépendance unilatérale de la Lituanie déclarée quatre mois plus tôt. En janvier 1991, des mouvements de troupes débutent, mais les actions de force rencontrent la résistance interne des autres
parlements (de Russie, Biélorussie, Ukraine, Kazakhstan…) et celle de l’opinion publique des pays occidentaux.
Contraint par la situation économique et financière de l’URSS, empêtré dans une grève des mineurs, Gorbatchev lâche prise. Il concède même à la réunification de l’Allemagne (31.08.1990),
ce qu’il sera considéré par les survivants de la grande guerre patriotique comme une trahison vu les énormes sacrifices russes pour la gagner [3]. Un vaste mouvement d’opposition
se structure: le Parti communiste en veut à Gorbatchev, l’armée reproche la faiblesse de l’URSS. Le 1er mai 1990, à l'occasion de la célébration de la fête du travail, Gorbatchev est hué sur la place
Rouge à Moscou et choisit de quitter la tribune officielle. En juin 1991, le Pacte de Varsovie est dissout. Le moment d’Eltsine
est arrivé le 19 août 1991, à la veille même de la signature du nouveau traité de l’Union. Les membres du cabinet de Gorbatchev (le vice-président de l’URSS, le ministre de la Défense, le responsable
du KGB et quelques autres hauts dirigeants), sans Gorbatchev lui-même qui était en vacances, tentent de reprendre les commandes du pouvoir central par la force et déclarent l’état d’urgence, suspendant toute activité
politique. Les chars et véhicules blindés envahissent la capitale. Mais les putschistes, mus principalement par la crainte du démantèlement de l’URSS, n’ont pu, ou n’ont pas voulu, recourir à la répression
violente, ce qui a permis à Eltsine, qui s’était barricadé entre les murs du Soviet suprême (Parlement) russe, d’émerger le 21 août avec l’aura d’un héros de la résistance démocratique
contre le revanchisme bureaucratique. Le putsch avorte et le soir du 21 août les putschistes qui ne se sont pas suicidés sont envoyés en prison. Le président russe voudrait tirer profit de l'aventure en plaçant ses hommes aux leviers de commande de l'État fédéral. Gorbatchev le sait et s'empresse de remplacer les putschistes. Le 23
août, le président soviétique affronte le Parlement russe. Devant les caméras de télévision, il tente de disculper ses ministres, mais Eltsine force le président de l'URSS à lire un document prouvant que
tous ses ministres, sauf un, soutenaient le coup d'État. Tout le Cabinet soviétique est alors remplacé par les hommes d'Eltsine. À partir de là, Eltsine s’est mis systématiquement à s’approprier
les pouvoirs de Gorbatchev, transformant le gouvernement central en coquille vide. Le 25 août 1991, Boris Eltsine suspend les activités du PCUS et confisque ses biens. La suspension sera transformée en dissolution le 6 novembre. Les Ukrainiens
votent en faveur de l'indépendance au cours d'un référendum tenu le 1er décembre. Boris Eltsine, ainsi
que ses homologues d'Ukraine, Leonid Kravtchouk, et de Biélorussie, Stanislaw Chouchkievitch, se rencontrent à Minsk le 8 décembre 1991 et concluent les accords de Belaveja, selon lesquels l'Union soviétique serait dissoute. Ils
décident de fonder une Communauté d'Etats indépendants [CEI] ouverte à tous les Etats de l'ancienne URSS. Gorbatchev tenta vainement de s'opposer à l'inéluctable. Le 17 décembre, Gorbatchev et Eltsine décident
d'un commun accord que les structures de l'URSS cesseront d'exister avant la fin de l'année. Le 20 décembre, le gouvernement russe s'empare de la Banque centrale soviétique. Les présidents de 11 des 15 ex-républiques soviétiques
(les trois républiques baltes d'Estonie, de Lettonie et de Lituanie, ainsi que la Géorgie ayant boycotté la réunion), se rencontrent le 21 décembre à Alma-Ata, au Kazakhstan, et entérinent la décision
prise à Minsk. Tous s'entendirent pour que le siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU que détenait l'Union soviétique revienne à la Russie. Les accords sur les armes nucléaires, incluent
le rapatriement de l’essentiel de l’arsenal atomique vers la Russie. La dissolution de l’URSS devint effective
cinq jours plus tard, le 26 décembre 1991, le lendemain de la démission de Gorbatchev de la Présidence de l'Union soviétique (25 décembre). Enfin l'ultime étape de ce processus extraordinairement rapide, voit au Kremlin
le drapeau rouge de l'Union soviétique céder sa place au drapeau tricolore de la Russie. C'est la fin de l'URSS et la création de la CEI (Communauté des Etats Indépendants); il n'y a désormais plus de citoyenneté
soviétique. Dans la période de liquidation des structures du régime soviétique qui suivra, l'armement est mis sur le marché à bas prix, et des filières clandestines de ventes d'armes nucléaires se créent.
Beaucoup de savants vont quitter l'URSS pour aller «aider», avec leurs connaissances, certains pays du Moyen Orient.
Seul, parmi ses cibles initiales américaines le régime communiste de Fidel Castro à Cuba dans les Caraïbes lui a résisté et est encore là. 2.3.5 Le chaos
politique et socio-économique Lorsque la dissolution de l’URSS est prononcée, les
frontières entre les nouveaux états - héritage de la configuration des anciennes républiques soviétiques avant et après la Seconde Guerre mondiale - sont confuses ou conflictuelles. Des populations russes auparavant
maîtres de leurs régions se convertissent subitement en minorités ethniques dans des Etats indépendants qui suivent des orientations économiques et politiques parfois radicalement différents par rapport à celles
de l’ère soviétique (pays Baltes, Géorgie, Ukraine…). Certains de ces nouveaux états n’ont pas existé dans le passé et peinent d’afficher une identité nationale propre (Biélorussie,
Ukraine, Moldavie…). D’autres, prolongation d’états-nations historiques (Russie, Géorgie, Arménie) essaient de consolider ou de récupérer des territoires qu’ils considèrent leur appartenant.
L'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont affrontés autour du territoire séparatiste du Nagorny Karabakh. La Géorgie a combattu des séparatistes en Abkhazie et en Ossétie du Sud. La Russie a mené deux campagnes
sanglantes dans sa petite république rebelle de Tchétchénie. Dans d’autres nouveaux états, des conflits religieux éclatent: le Tadjikistan a été le théâtre d'une guerre civile contre les islamistes
et une rébellion désormais islamiste s'est répandue dans le Caucase russe. La libéralisation brutale
de l’économie qui s’ensuit a des conséquences graves sur l’outil productif, l’emploi et par conséquent sur le plan social. Les infrastructures furent dégradées. Ainsi, la chute du système soviétique
a pris la forme d’une révolution par en haut, dirigée par une coalition de bureaucrates et d’un groupe socialement hétérogène d’affairistes et d’intellectuels pro-capitalistes, reléguant au
rôle de bélier les mouvements populaires, ouvrier et citoyens (démocratiques), qui pourtant prenaient de l’ampleur avant la chute. Par la suite, la «thérapie de choc», agressivement promue par les États occidentaux
et le FMI, a sévèrement miné la capacité d’auto-organisation et de lutte des classes populaires. Certains de ces nouveaux états deviennent nettement moins riches que lorsqu’ils faisaient partie de l’URSS:
c’est le cas de l’Ukraine. La Moldavie et le Tadjikistan, aux extrémités opposés de l'ex-empire soviétique, sont minés par la pauvreté avec des PIB par personne de 1.800 et 800 dollars respectivement, selon
les données de la Banque mondiale. Dans la Fédération de la Russie la tombée du communisme apporte peu
de délivrance. Les réformes économiques introduites par Eltsine conduisent au chômage et au haut taux de pauvreté. Des oligarques et des mafias exploitent à leur profit les ressources du pays. Bien que les Russes soient
plus libres qu'ils n'ont jamais été de leur histoire, un sondage récent indique que près des deux tiers des Russes ont la nostalgie pour l'aide sociale soviétique, l'ordre, la sécurité et la fierté d'être
une superpuissance mondiale, tous perdus lors de la chute de l'empire soviétique. A partir du 31 décembre 1999, Vladimir
Vladimirovitch Poutine assure les fonctions de président de la Fédération de Russie par intérim à la suite de la démission de Boris Eltsine. Il devient président de plein exercice le 7 mai 2000, après
avoir remporté l'élection présidentielle dès le premier tour. Confortablement réélu en 2004, puis en 2012, il mène une grande politique de réformes, un redressement de l'économie nationale et une
nouvelle politique étrangère fondée sur une géostratégie russe digne de la grandeur et des visions mondiales de ce pays. Depuis son ascension au pouvoir, Vladimir Poutine, déterminé à restaurer ce qu'il
appelle «la verticale du pouvoir», gouverne avec une fermeté notoire et une efficacité surprenante qui a mis fin aux politiques désastreuses de laissez-faire introduites par Gorbatchev et poursuivies sous Boris Eltsine. Ses
réactions fulgurantes, bien réfléchies, mettront en échec les tentatives américaines en 2008 (Géorgie) et en 2014 (Ukraine) pour encercler et faire acculer davantage la Russie conformément aux objectifs du «Grand
échiquier» de Zbigniew Brzezinski (cf. infra). 2.3.6 Pourquoi l'URSS s'est-elle écroulée au début des années 1990 ? Chaque révolution est une surprise. Il reste que la dernière révolution russe est à classer parmi les surprises les plus grosses. À l’ouest ou à l’est, dans les
années qui ont directement précédé 1991, aucun expert, universitaire, officiel, ou politique ou dissident ou presque n’avait entrevu l’écroulement imminent de l’Union soviétique et, accompagnant la
chute de la dictature du parti unique, celle de l’économie étatisée et du contrôle par le Kremlin de ses empires en Europe de l’Est et en Asie. Lorsque Mikhail Gorbatchev accède au poste de «Secrétaire général du comité central du Parti communiste de l'Union soviétique» en mars 1985, aucun de ses contemporains
n’anticipe la crise révolutionnaire. En dépit de désaccords sur l’étendue et la profondeur des problèmes du système soviétique, personne ne les envisageait comme une menace vitale, en tout cas pas
à brève échéance. Richard Pipes, un des plus grands historiens américains de la Russie et conseiller
du président Ronald Reagan, qualifia la révolution «d’inattendue». L’un des architectes de la stratégie des Etats-Unis au cours de la guerre froide, George Kennan, a aussi écrit qu’à considérer
l’intégralité de «l’histoire des relations internationales dans l’ère moderne», il lui était «difficile de citer un événement plus étrange, plus surprenant, et de prime
abord plus inexplicable que la soudaine et totale désintégration et la disparition de la grande puissance connue sous le nom d’Union Soviétique». Enfin, le magazine conservateur «National Interest» publiait
en 1993 dans un numéro spécial une série d’essais sur la chute de l’Union Soviétique sous le titre: «La curieuse mort du communisme soviétique». Comment expliquer un manque de vue à long terme si étrangement généralisé? En réalité, ni des raisonnements économiques, non plus
des arguments politiques ne laissaient préjuger un écroulement aussi rapide, suivi d’une désintégration totale de la deuxième superrpuissance mondiale. De fait, l'Union soviétique de 1985 possédait encore l’essentiel des ressources naturelles et humaines qu’elle détenait dix ans auparavant. De toute évidence, le niveau de vie
y était bien plus bas que dans la majorité de l’Europe de l’Est, sans parler de l’Europe de l’Ouest. Les pénuries, le rationnement alimentaire, les longues queues dans les magasins et la pauvreté extrême
y étaient endémiques. Mais l’Union Soviétique avait connu de bien plus grandes calamités et les avait affrontées sans sacrifier un iota de la mainmise de l’état sur la société et l’économie
et encore moins l’abandonner. Les indicateurs clé de performance économique d’avant 1985 ne suggéraient
pas plus l’imminence du désastre. De 1981 à 1985, la croissance du PIB du pays, bien qu’en baisse par rapport aux années soixante et 70, s’établissait en moyenne à 1,9 % par an. Cette configuration, nonchalante
mais loin d’être catastrophique, s’est prolongée jusqu’en 1989. Les déficits budgétaires, qui depuis la révolution française sont considérés comme principaux présages d’une
crise révolutionnaire à venir, étaient équivalents à 2 % du PIB en 1985. Bien qu’en augmentation rapide, le déficit s’est maintenu jusqu’à 1989 inclus en deçà de 9 % - un chiffre
que bien des économistes trouveraient très raisonnable. La chute vertigineuse des cours du pétrole, de 66 dollars
le baril en 1980 à 20 dollars en 1986 (en valeur 2000) a sans doute porté un coup sérieux aux finances de l’Union Soviétique. Mais, revalorisé pour tenir compte de l’inflation, le pétrole était plus
cher sur les marchés mondiaux en 1985 qu’en 1972, et seulement un tiers moins cher que sur toutes les années 70. Parallèlement, les revenus en Union soviétique ont augmenté de 2 % en 1985 et les salaires, corrigés
de l’inflation, ont continué d’augmenter sur les cinq années suivantes, jusqu’en 1990, à un rythme moyen supérieur de 7 %. La stagnation, il est vrai, était évidente, et préoccupante. Mais comme l’a montré le professeur Peter Rutland de l’Université de Wesleyan: «après tout, les maladies
chroniques ne sont pas nécessairement fatales au patient». Le grand spécialiste des causes économiques de la révolution, Anders Åslund lui-même, note que de 1985 à 1987, la situation n’était
«absolument pas alarmante». Du point de vue du régime, la situation politique est encore moins problématique.
Après 20 ans de persécutions implacables contre toute opposition politique, les principaux dissidents étaient tous ou presque en prison, en exil (comme Andrei Sakharov depuis 1980), contraints à l’émigration, ou morts
en prison ou dans un camp. Aucun autre signe de crise prérévolutionnaire non plus, et notamment de la cause traditionnelle
de l’écroulement des états - la pression extérieure. Au contraire, la décennie précédente est à juste titre considérée comme ayant permis «la réalisation de tous les principaux
objectifs militaires et diplomatiques des Soviétiques», comme l’écrit l’historien et diplomate américain Stephen Sestanovich. Bien sûr, l’Afghanistan s’installe de plus en plus dans ce qui ressemble
à une guerre longue, mais pour une armée soviétique forte de cinq millions d’hommes, les pertes subies sont négligeables. La guerre en Afghanistan n'a pas coûté non plus si cher. Effectivement, en dépit
du rôle capital que l’immense coût financier du maintien de l’empire allait jouer dans les débats postérieurs à 1987, le coût de la guerre en Afghanistan par lui-même est loin d’être astronomique:
estimé entre quatre et cinq milliards de dollars en 1985, il ne représente qu’une part insignifiante du PIB soviétique.
Pas plus que l’Amérique n’en fut le catalyseur. La «doctrine Reagan» de résistance et, si possible, de renversement des avancées de l’Union soviétique dans le Tiers-monde a effectivement mis une pression
considérable sur le périmètre de l’empire, dans des endroits tels que l’Afghanistan, l’Angola, l’Éthiopie, le Nicaragua ou l'île de la Grenade. Néanmoins, les difficultés des Soviétiques,
là encore, furent loin d’être fatales. L’Initiative de Défense Stratégique proposée
par Reagan, qui annonçait une course aux armements potentiellement très coûteuse, fut sans doute un facteur crucial - mais loin cependant d’être annonciatrice d’une défaite militaire, le Kremlin sachant pertinemment
que le déploiement effectif dans l’espace de systèmes de défenses n’interviendrait pas avant des décennies.
De la même façon, quand bien même le soulèvement pacifique contre le régime communiste des travailleurs polonais en 1980 a pu constituer pour les leaders soviétiques un développement des plus préoccupants,
car soulignant la fragilité de l’empire, en 1985 «Solidarność » paraissait à bout de forces et n'a subsisté uniquement que comme mouvement clandestin, soutenu par l'Église catholique romaine et la CIA. De
toute façon, l’Union soviétique semblait s’être résolue à entreprendre tous les douze ans une «pacification» dans le sang en Europe de l’Est la Hongrie en 1956, la Tchécoslovaquie
en 1968, la Pologne en 1980 - sans trop se préoccuper de l’opinion mondiale. Nous avions donc, en d’autres mots,
une Union soviétique au faîte de sa puissance et de son influence dans le monde, que ce soit à ces propres yeux qu’à ceux du reste du monde. «On a tendance à oublier», devait écrire par la suite l'historien
Adam Ulam, «qu’en 1985, aucun gouvernement d’un grand pays ne paraissait aussi fermement installé au pouvoir, ses politiques aussi clairement tracées, qu’en URSS». Il y avait bien sûr de nombreuses raisons structurelles - économiques, politiques, sociales - qui expliquent pourquoi l’Union soviétique s’est écroulée.
Mais elles n’expliquent pas tout à fait comment cela s’est produit lorsque cela s’est produit. À savoir, comment entre 1985 et 1989, en l’absence d’aggravation marquée des conditions économiques, politiques,
démographiques et autres conditions structurelles, l’état et son système économique sont-ils soudainement apparus si scandaleux, illégitimes et intolérables aux yeux de suffisamment d’hommes et de femmes
pour être condamnés à disparaître ? Pour Egon Bahr, politicien allemand du SPD de cette époque,
l'URSS s'est effondrée parce qu'elle était "incapable de se réformer". C’est de la foutaise, car l'URSS n'a cessé de se réformer et, dans un sens moins extrême, il est vrai depuis la mort de Staline
en 1953. Helmut Schmidt, autre politicien du SPD et chancelier allemand de 1974 à 1982, est nettement plus clairvoyant dans son diagnostic que son collègue Bahr. Pour lui la chute de l'URSS est la conséquence des "expérimentations
précipitées de Gorbatchev". 2.3.7 Trahison ?... Lorsque le dernier Président de l'Union soviétique Mikhail Gorbachev a annoncé ses campagnes de «perestroïka» et de «glasnost», il aidait en fait les Américains dans la
destruction de son pays. Est-ce que Gorbatchev a été dupe, complice involontaire, un agent de la CIA dissimulé ou victime de manipulations de la part d’organisations obscures (Illuminati) [4] ? L’histoire le prouvera. Quoi qu'il en soit, il a joué un rôle clé dans le démantèlement de l'Union soviétique. L’effondrement extraordinairement rapide et difficilement explicable de l’Empire soviétique – sans même sans un coup de feu alors que l’Armée
rouge était la plus puissante au monde !!! – milite en faveur de l’hypothèse de la trahison, mais pas au sens où on l'entend habituellement. Au sommet de l'appareil communiste, il est peu probable que les traîtres
aient été achetés d’au moins ouvertement par l'Occident. Pour certains, comme Gorbatchev (dernier secrétaire général du PC) ou Chevardnadze (dernier ministre des Affaires étrangères), la récompense
est venue après la trahison. Pour le premier, sous forme de "conférences" à 100.000 dollars l'unité et de livres "vendus" à des millions d'exemplaires. Pour l'autre, sous forme d'un fauteuil présidentiel en Géorgie
et d'une propriété de onze millions d'Euros à Baden-Baden [5].
Après la Perestroïka, la pizza ! En 1997, Gorbatchev a tourné un film publicitaire pour «Pizza Hut» (une chaîne de restauration rapide en franchise dont le siège social est situé dans la région
de Dallas au Texas). Le spot le montre en train de servir à sa petite-fille un morceau de tarte au fromage, tandis que les autres clients russes discutent son héritage (la ruine économique ou la liberté?). A la fin, tous l’applaudissent
pour avoir amené la pizza. Gorbatchev a dit qu'il a fait de la publicité pour gagner de l'argent pour sa fondation éponyme. Il a également noté que la pizza était le rapprochement des peuples. Quoi qu’il en soit,
il fut durement critiqué d’avoir fait cette publicité, jugée indigne de la part d’un ex-président de la deuxième superpuissance du monde… Une décennie plus tard, il a échangé la malbouffe pour des bagages de luxe, apparaissant dans une publicité imprimée pour Louis Vuitton, assis sur la banquette arrière d'une
berline, un sac Vuitton à côté de lui et le mur de Berlin en arrière-plan… En 2008 Gorbatchev reçoit la Médaille américaine de la liberté décernée pour son rôle dans l′achèvement
de la guerre froide. Il tente de tenir à bout de bras des partis politiques sans succès et multiplie les come-back (in the ex-USSR) avortés. Et, last but not least, il a tourné des films et a enregistré en 2009 un disque
de vieilles ballades romantiques russes. Coïncidence ? Durant le putsch de Moscou d'août 1991 qui provoqua la chute de l'Union soviétique, le président de la Fédération de Russie Boris Eltsine commanda aussi des
pizzas préparées par «Pizza Hut» pour tous les hommes barricadés dans la Maison Blanche russe.
Comme le montre le philosophe, sociologue, écrivain et... dissident russe Alexandre Zinoviev (1922-2006) [6] dans son essai «Le facteur de trahison» [7] : [...] "Toute l'évolution de la trahison dont nous avons parlé s'est concentrée dans la
trahison gorbatchevo-eltsinienne. L'élément nouveau qui s'y est greffé a été le fait que la trahison s'est accomplie comme l'aboutissement d'une opération de destruction interne du pays entreprise par l'Occident et
destinée à terminer la 'guerre froide'. Gorbatchev, en tant que chef du parti et de l'Etat, a donné le signal de la trahison et, comme une avalanche, elle a submergé le pays..... Le devoir [du gouvernement] consistait dans le maintien et le renforcement de la structure sociale existante, la protection de l'unité territoriale du pays, la défense
et le renforcement de la souveraineté du pays sous tous les aspects de son organisation sociale (le pouvoir, le droit, l'économie, l'idéologie, la culture), la sécurité personnelle des citoyens, la sauvegarde du système
d'éducation et d'instruction publique, des droits sociaux et civiques, bref, de tout ce qui avait été acquis pendant les années soviétiques et qui était devenu le mode de vie habituel de la population. Le pouvoir savait
cela. La population était persuadée que le pouvoir allait remplir ses obligations et elle faisait confiance au pouvoir...
La trahison est restée inaperçue et impunie, parce que ses initiateurs et ses chefs (les organisateurs) ont impliqué dans ce processus des millions de citoyens soviétiques 'en noyant' leur propre trahison dans la trahison de masse
et en se lavant ainsi de leur propre responsabilité. La population, ou bien est devenue la complice et l'instrument
de la trahison, ou bien est restée passive (indifférente) à son égard. D'une manière générale, la majorité n'a pas compris ce qui était arrivé. Et quand elle a commencé à comprendre
quelque chose, la trahison était déjà accomplie. Une circonstance qui a joué un rôle dans tout cela est le fait que le peuple soviétique pendant soixante-dix ans a supporté le poids très lourd d'une mission
historique. Il était las de cette mission. Il perçut le renversement contre-révolutionnaire comme une libération de ce poids historique et il a soutenu le renversement ou, en tout cas, il n'y a pas fait obstacle, sans réfléchir
et sans envisager les conséquences qui résulteraient de cette libération. Il ne venait alors à l'esprit de personne que le peuple soviétique, en rejetant le poids de sa mission historique, capitulait devant l'ennemi sans
combattre, qu'il commettait une trahison envers lui-même. Il va de soi que dans le comportement de la population,
le régime social de notre pays a joué un rôle. Le système du pouvoir était organisé de telle sorte que les masses de la population étaient totalement privées d'initiative sociale et politique. Cette initiative
était entièrement le monopole du pouvoir. Et dans le cadre du pouvoir lui-même, elle était concentrée au sommet et ne se répercutait que dans une faible mesure aux différents niveaux de la hiérarchie.
On avait inculqué à la population une confiance absolue dans le pouvoir. Et à l'intérieur du pouvoir cette confiance s'était focalisée au sommet. Il ne venait pas à l'esprit des gens que le sommet du pouvoir
pouvait s'engager sur la voie de la trahison. De sorte que lorsque le processus de la trahison a commencé, la population l'a interprété comme une simple initiative du pouvoir et que l'aspect de trahison est passé inaperçu.
L'idéologie a aussi apporté son tribut à la préparation de la trahison. Comme on sait, l'un
des principes de l'idéologie soviétique est l'internationalisme. D'une part, ce principe s'est confondu avec le cosmopolitisme pour une certaine partie de la population, essentiellement pour la partie cultivée, aisée et non russe.
Les tentatives de Staline de lutter contre le cosmopolitisme s'étaient soldées par un échec. D'autre part, l'internationalisme favorisait le fait que la plupart des citoyens d'origine russe se trouvaient en Union Soviétique dans
la situation la plus misérable. La politique nationale du pouvoir s'est avérée antirusse, elle s'est faite dans une large mesure au détriment des Russes. Cela a conduit à l'effacement ou, tout au moins, à l'amenuisement
de la conscience nationale des Russes, à la dénationalisation de la Russie. Et cela a entraîné à son tour l'indifférence du peuple russe envers la trahison des dissidents, des émigrants, des dirigeants politiques,
des personnalités de la vie culturelle (non russes pour la plupart) et des autres catégories de citoyens qui avaient une orientation cosmopolite. Est-ce que la trahison a joué un rôle décisif dans la faillite du système ? Si on entend par le mot 'décisif' que si la trahison n'avait pas eu lieu, le régime social de l'Union Soviétique
et l'Union Soviétique elle-même auraient pu être sauvés et que le pays aurait évité la catastrophe, on peut probablement répondre par l'affirmative à la question posée. La probabilité d'une
pareille issue de la guerre froide s'est renforcée par le fait que, dans la dernière étape de cette guerre, la stratégie occidentale a misé presque à cent pour cent sur cette trahison. La contre-révolution soviétique
(russe) a pris justement la forme historique concrète de la trahison, une trahison imposée par les ennemis du dehors, organisée par l'élite idéologique dirigeante du pays, soutenue par la partie socialement active de la population
et par la masse passive du reste de la population qui a capitulé sans combattre".[...] Selon les aveux de Gorbatchev [8]: [...] "Le but de toute ma vie fut la destruction du communisme, insupportable dictature sur les hommes. Je fus entièrement
soutenu par ma femme, qui en comprit la nécessité encore avant moi. C'est exactement dans ce but que j'ai utilisé ma position dans le Parti et dans le pays. C'est exactement dans ce but que ma femme m'a toujours poussé à
occuper une position de plus en plus élevée dans le pays"... La Russie ne peut pas être une grande puissance
sans l'Ukraine, le Kazakhstan, les républiques du Caucase. Mais elles ont déjà pris leur propre chemin, et leur réunion mécanique n'aurait aucun sens, puisqu'elle déboucherait sur un chaos constitutionnel. Les Etats
indépendants ne peuvent s'unir que sur la base d'une idée commune, de l'économie de marché, de la démocratie, des droits égaux pour tous les peuples… Lorsqu’Eltsine détruisit l'URSS, j'ai quitté le Kremlin, et certains journalistes ont fait la supposition que j'aurais alors pleuré. Mais je n'ai pas
pleuré puisque j'en ai fini avec le communisme en Europe. Mais il faut finir avec lui aussi en Asie, puisqu'il est le principal obstacle sur la route de l'humanité vers la réalisation de la paix et de la concorde universelle.
La destruction de l'URSS n'apporte aucun profit aux USA. Etant donnée l'absence de partenaire égal pour les Etats-Unis, naturellement
nait la tentation de s'attribuer le rôle de l'unique leader mondial, qui ne prends pas en compte l'intérêt des autres. Cette erreur est source de maints dangers pour les Etats-Unis eux-mêmes, comme pour le monde entier. Le chemin pour
les peuples vers la liberté véritable est long et difficile, mais il sera forcément victorieux. Mais pour cela le monde entier doit se libérer du communisme". [...]
[1] Lors d'un discours devant le mur de Berlin
le 12 juin 1987, Reagan déclara: «Secrétaire général Gorbatchev, si vous cherchez la paix, si vous cherchez la prospérité pour l'Union soviétique et pour l'Europe de l'Est, si vous cherchez la libéralisation,
venez devant cette porte! M. Gorbatchev, ouvrez cette porte! M. Gorbatchev, abattez ce mur!». [2]
Traité de réduction des armes stratégiques (en anglais: Strategic Arms Reduction Treaty, abrégé en START), désigne deux traités américano-soviétiques visant à réduire la totalité
des arsenaux nucléaires des deux superpuissances (aussi bien les missiles terrestres que sous-marins et aériens). START fait suite aux Strategic Arms Limitation Talks (SALT), signés par les deux mêmes pays en 1972 et 1979, qui fixaient
aux armes stratégiques offensives des plafonds supérieurs aux niveaux que celles-ci avaient atteints : ils autorisaient donc leur développement, mais limité. START vise quant à lui à la réduction de ces armes.
Le premier traité, START I, fut signé en juillet 1991 et entra en vigueur en décembre 1994. Il a expire le 5 décembre 2009 sans que les deux superpuissances aient conclu leurs négociations. Il a donc été reconduit
temporairement. À la chute de l'Union soviétique, START II a été signé en 1993 entre la Fédération de Russie et les États-Unis. Il prévoit une réduction des arsenaux stratégiques
des deux tiers, au terme de laquelle chaque partie ne devra pas disposer de plus de 3.500 têtes nucléaires stratégiques. START II n'a jamais été appliqué, la Russie voulant d'abord que les Américains maintiennent
en vigueur le traité ABM (Anti-Balistic Missile Treaty). Le traité SORT (Strategic Offensive Reduction Treaty) entre la Fédération de Russie et les États-Unis signé le 24.05.2002 abaisse les plafonds de START II. Dans
les faits, SORT est une évolution du traité START III de 1997, qui n'a pas eu le temps d'être ratifié. Le New START est finalement signé le 8 avril 2010 à Prague, toujours entre la Fédération de Russie
et les États-Unis. [3] Cela explique le taux de popularité très bas de Gorbatchev dans
la Fédération de la Russie (à peine 2% d’opinions favorables), alors que plus de ¾ des américains considèrent Reagan comme un grand président des Etats-Unis. [4] Le terme «Illuminati», signifiant littéralement «les Illuminés» (du latin illuminare:
illuminer, connaître, savoir) désigne plusieurs groupes, historiques ou contemporains, réels, fictifs ou d'existence controversée. Les Illuminati, selon les théories du complot, sont une organisation conspiratrice supposée
agir dans l'ombre du pouvoir, contrôlant prétendument les affaires du monde au travers des gouvernements et des grandes multinationales et visant à l'établissement d’un Nouvel ordre mondial. Les membres des Illuminati ne sont
pas connus de manière certaine, même si certains noms circulent avec insistance. Il s'agit de grandes familles capitalistes ou issues de la noblesse, comme par exemple les Rothschild, les Harriman, les Russel, les Dupont, les Windsor, ou les Rockefeller
(notamment l'incontournable David Rockefeller, également co-fondateur du Groupe de Bilderberg et du Council on Foreign Relations ou CFR). Les Illuminati se considèrent comme détenteurs d'une connaissance et d'une sagesse supérieure,
héritées de la nuit des temps, et qui leur donne une légitimité pour gouverner l'humanité. Les Illuminati sont la forme moderne d'une société secrète très ancienne, la "Fraternité du Serpent"
(ou "Confrérie du Serpent"), dont l'origine remonte aux racines de la civilisation occidentale, à Sumer et Babylone, il y a plus de 5000 ans. Les Illuminati existent sous leur forme actuelle depuis 1776, date de fondation de l'Ordre des Illuminati
en Bavière par Adam Weishaupt, un ancien Jésuite. Leur projet était de changer radicalement le monde, en anéantissant le pouvoir des régimes monarchiques qui entravaient selon eux le progrès des idées (en réalité
ils empêchaient la prise de pouvoir par des Illuminati). La Révolution Française, la Révolution américaine et la fondation des Etats-Unis, ainsi que la chute de l’Empire russe auraient été des résultats
de leur stratégie. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la puissance des Illuminati serait exhibée bien en évidence sur le billet vert. Le roi dollar incarnerait ainsi l'avènement de leur empire. C’est après
l’élection en 1933 du président américain Franklin D. Roosevelt - un franc-maçon - que le billet de 1 dollar adopte son aspect actuel. Dans la partie gauche du billet figure une bien étrange pyramide égyptienne,
coupée en deux. A la base de cette pyramide est inscrit le nombre MDCCLXXVI, soit 1776. C'est l'année de la fondation des Etats-Unis. Mais aussi celle de l'ordre des Illuminati de Bavière…Au sommet, "l'œil irradiant dans toutes
les directions" représente "l'œil qui espionne tout". Sous la pyramide, l'expression latine «Novus Ordo Seclorum» explique la nature de l'entreprise: la signification serait "un Nouvel ordre social" ou une "nouvelle donne",
soit un "New Deal". «Annuit Coeptis» signifierait: "Notre entreprise [la conspiration] a été couronnée de succès". Et de nombreux autres codes seraient cachés dans le billet vert… (source:
"Pawns in the Game" (Des Espions sur l'échiquier), William Guy Carr, 1958). Et de nombreux autres codes seraient cachés dans le billet vert. [5] Cf. «LA CHUTE DE L'URSS - Porte ouverte à tous nos ennuis actuels », http://wotraceafg.voila.net/chute.htm#trahison [6] Alexandre Zinoviev (en russe: Александр Александрович Зиновьев), né à Pakhtino le 29 octobre 1922 et mort à Moscou le 10 mai 20061, est
un philosophe, logicien, écrivain et caricaturiste russe. En 1939, il finit l'école avec mention et entre à l'Institut de philosophie, littérature et histoire de Moscou (MIFLI). Ses activités clandestines de critique de la
construction du socialisme conduisent à son expulsion du MIFLI, puis à son arrestation. Il s'évade et, après une année d'errance à travers le pays sous divers noms d'emprunts, il finit par s'enrôler volontairement
dans l'Armée rouge en 1940 pour échapper aux recherches. Il prend part à la Seconde Guerre mondiale en tant que fantassin, tankiste puis aviateur. Il effectue 31 sorties de combat et est décoré de l'ordre de l'Étoile
rouge. Démobilisé, Alexandre Zinoviev entre à la faculté de philosophie de l'Université d'État de Moscou en 1946. En 1951, il obtient son diplôme avec mention et commence une thèse. Il est l'un des fondateurs
du cercle de logique de Moscou. En 1955, il devient collaborateur scientifique de l'Institut de philosophie de l'Académie des sciences d'URSS. En 1960, il soutint sa thèse d'habilitation et reçut le titre de professeur et de directeur
de la chaire de logique de l’Université d'État de Moscou. Il écrivit de nombreux livres et articles scientifiques de renommée internationale. Zinoviev est démis de ses charges de professeur et de directeur de la chaire
de logique pour avoir refusé de renvoyer deux enseignants. Il commence alors à produire des écrits autres que scientifiques qu'il fait passer à l'Ouest. Ses livres sont jugés «antisoviétiques» pour non-respect
des normes idéologiques, et Zinoviev se voit retirer titres scientifiques et décorations militaires avant d'être renvoyé de son institut. Les organes de sécurité, lui proposent l'alternative entre la prison et l'exil.
Il choisit l'exil. Il trouva refuge à Munich, où il accomplit diverses tâches scientifiques ou littéraires, sans obtenir de poste fixe. En 1999, il retourne en Russie, révolté par la participation de l'Europe occidentale
aux opérations de l'OTAN contre la Serbie. En Russie, à travers son article «Quand a vécu Aristote ?», il adopte la théorie de la Nouvelle Chronologie d'Anatoli Fomenko dans le sens où il proclame que l'histoire,
ces récits, ces écrits ont toujours été de tout temps détournés, effacés, falsifiés au profit d'un vainqueur. [7] Cf. «LE FACTEUR DE TRAHISON» - Alexandre Zinoviev, édité par le Comité Valmy, 24 avril 2014; http://www.comite-valmy.org/spip.php?article407 [8] Avancés par Mikhaïl Gorbatchev en 1999, à l'occasion d'un discours publié par le journal USVIT ("Aube"),
n° 24, 1999, Slovakie. Cf. http://voix-du-proletariat.blogspot.be/2010/08/les-aveux-du-traitre-gorbatchev.html
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