PARTIE I - LES ANNÉES DE GUERRE - 1915

LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

"REPÈRES CHRONOLOGIQUES

DÉTAILLÉS"

DOC AA-20 FR-07-2015

PARTIE I : LES ANNÉES DE GUERRE

 

1915

1er  janvier 1915 : le cuirassé britannique HMS "Formidable" est torpillé dans la Manche par le sous-marin allemand U-24.

1er  janvier 1915 : premier sabotage sur le sol américain commis par le réseau d'espionnage de l'Empire allemand dirigé par Franz von Rintelen. Dans le New Jersey, un incendie eut lieu à la fonderie d'acier Roebling à Trenton.

1er  janvier 1915 : retour à l'offensive pour les armées du tsar. Elles connaissent du succès dans les Carpates et en Bucovine contre les Austro-Hongrois, ainsi que dans le Caucase  contre les Ottomans (suite à la victoire de Sarykamish).

2 janvier 1915 : demande russe d'intervention britannique contre l'Empire ottoman. Réponse britannique positive comme quoi «des mesures vont être prises» pour soulager l'armée russe.

2 janvier 1915 : des navires britanniques bombardent les forts ottomans qui gardent l'entrée des Dardanelles.

3 janvier 1915 : début des échanges entre Churchill et l'amiral Carden à propos des capacités d'action de la «Royal Navy» pour mener à bien une offensive contre les défenses turques des Dardanelles.

5  janvier 1915 : le général Foch devient commandant du Groupe d'Armées du Nord.

6  janvier 1915 : première unité canadienne sur le front (le Canada était alors un Dominion britannique) [1]. Le «Princess Patricia's Canadian Light Infantry» arrive sur le Front de l’Ouest. Ses membres prennent place dans les tranchées à un endroit connu des soldats anglophones sous le nom de «Dickibush».

6 janvier 1915 : sur le Front de l’Est, l'armée russe franchit la frontière hongroise.

8 – 13 janvier 1915 : Bataille de Crouy, connue comme "l'affaire de Soissons". Echec de l’offensive française contre les positions allemandes dominant Crouy afin de les dégager du plateau et de prendre également position sur la route menant à Laon (l'actuelle N2). En six jours, les Allemands ont mis hors de combat 161 officiers et 12.250 hommes. Les troupes françaises furent rejetées au sud de l'Aisne, devant Soissons.

10  janvier 1915 : von Moltke remet à l’empereur Guillaume II un rapport sur la situation économique de l'Allemagne. Lancement des mesures de rationnement drastique.

13 janvier 1915 : reprenant le plan de l'Amiral Carden, Churchill obtient l'accord du comité de guerre impérial pour son projet de forçage naval des détroits des Dardanelles. Lord Fisher, Premier Lord de la Mer, s'est opposé à cette opération.

14  janvier 1915 : des forces militaires britanniques d'Afrique du Sud s'emparent de la ville de Swakopmund, dans le Sud-ouest Africain allemand (Namibie).

17 janvier 1915 : le premier-ministre grec, Elefthérios Venizélos, propose à l'Entente l'entrée en guerre de son pays si des troupes de l'Entente débarquent à Salonique. Le gouvernement britannique donnera son accord de principe le 9 février 1915.

18 janvier 1915 : le Japon remet au gouvernement chinois ses «vingt et une demandes», soit un projet de traité inégal qui créerait un protectorat japonais sur la Chine.

18 janvier 1915 : création de la première unité de «lance-flammes» par le capitaine allemand Reddeman à partir d'un groupe de sapeurs-pompiers volontaires.

19 janvier 1915 : premier bombardement aérien de civils par un Zeppelin allemand au Royaume-Uni. Le même jour, 3 avions de la marine allemande attaquent pour la 1ère fois la côte Est de l'Angleterre.

19 janvier 1915 : Churchill annonce l'étude du projet d'opération navale contre les Dardanelles au ministre français de la Marine.

19 janvier 1915 : les autorités britanniques du Caire apprennent la  progression dans le Sinaï d'une armιe ottomane de plus de 20.000 hommes grâce aux renseignements aιriens.

21 janvier 1915 : le général Dubail écrit a Joffre pour l'aviser de la situation difficile de Verdun. Celle-ci ne serait dorénavant liée au reste du pays que par deux voies ferrées, «dont l'une est occupée à Saint-Mihiel, et l'autre menacée à Aubréville». Le Grand Quartier General (GQG) propose la poursuite des offensives autour de Saint-Mihiel.

21 janvier 1915 : offensive russe dans les Carpates.

23 janvier 1915 : promesses de l'Entente à la Grèce. Parlant au nom de l'Entente, Sir Edward Grey (Foreign Secretary) demande au gouvernement grec son intervention en faveur de la Serbie. Cette proposition contient la promesse d'agrandissements territoriaux grecs en Asie-mineure. La Grèce le fera, mais les promesses britanniques ne seront pas tenues (cf. infra).

23 janvier 1915 : un raid aιrien allemand fait sept victimes à Dunkerque.

24 janvier 1915 : Bataille navale de Dogger Bank. Elle opposa les navires de la «Royal Navy» britannique à la marine impériale allemande. Le 23 janvier 1915, une escadre de trois croiseurs de bataille allemands (le «Derfflinger», le «Moltke» et le «Seydlitz») et d'un croiseur cuirassé, le «Blücher» [2] dirigée par l'amiral Franz von Hipper, accompagnée d'un destroyer,  d'un croiseur léger et d'un dirigeable, part attaquer les ports et la flotte de pêche britanniques. Néanmoins, les Britanniques ont déjà dépêché des navires de guerre sous les ordres de l'amiral Sir David Beatty depuis Scapa Flow dans les Orcades, d'où il est plus facile d'intercepter toute incursion allemande en mer du Nord. Grâce à l'interception de communications radio, les Britanniques sont informés du raid de von Hipper. Le 24 janvier, Beatty et von Hipper se rencontrent au large de Dogger bank au milieu de la mer du Nord. Von Hipper, surpris par les Britanniques, ordonne le repli, mais il est vite rattrapé par les navires de guerre de Beatty, plus rapides et plus puissamment armés, qui ouvrent le feu vers 9 heures. À 9 h 30, le «Seydlitz» reçoit un obus qui détruit sa tourelle arrière, le bâtiment n'est sauvé que par le noyage du compartiment. Le «Blücher» est lui aussi fortement malmené par les obus britanniques. Von Hipper décide alors d'abandonner le «Blücher» à son sort, et de fuir avec ses trois navires restants. Cependant, avec quatre navires encore en course, Beatty pense tenir encore une victoire décisive, seul le HMS "Indomitable" est chargé d'achever le «Blücher» les trois autres devant poursuivre von Hipper. Mais une erreur de transmission britannique va assurer le salut des navires survivants allemands.

26 janvier 1915 : la France adhère au projet d'opération militaire dans les Dardanelles défendu par Churchill.

28 janvier 1915 : le Conseil de guerre britannique décide la réalisation d'une expédition navale pour forcer les Détroits des Dardanelles et accueille «cordialement» la proposition de participation française à l'opération.

28 janvier 1915 : Lord Kitchener propose une coordination accrue des opιrations de l'Entente sur les différents fronts par la création d'un «organe central où seraient représentés les hauts commandements anglais, français et russe».

29 janvier 1915 : le sous-lieutenant Erwin Rommel reçoit la croix de fer de 1ère classe pour une action d'éclat lors d'une attaque allemande sur le bois de la Gruderie en Argonne.

30 janvier 1915 : Le sous-marin allemand U.21 coule le cargo "Linda Blanche" dans la baie de Liverpool (naufrage est représenté par une peinture de Willy Stöwer, 1864-1931).

31 janvier 1915 : les Allemands expérimentent des gaz de combat, contre les Russes, lors de la bataille de la Ravka, en Pologne, mais avec peu d'efficacité à cause du froid.

31 janvier 1915 : le gouvernement français annonce qu'une escadre navale composée des navires «Suffren», «Bouvet», «Gaulois» et «Charlemagne» participera à l'opération contre les Dardanelles décidée par le Royaume-Uni le 28 janvier.

1 février 1915 : les premiers avions armés d’une mitrailleuse, les Vickers F.B.5 équipent une escadrille de chasse britannique du «Royal Flying Corps».

1 février 1915 : les ministres des finances des Alliés, réunis à Paris, décident de mesures de financement de l'effort de guerre et des crédits à la Russie.

3 février 1915 : une expédition militaire germano-turque (25ème Division turque, sous le commandement du général allemand von Kressenstein !) atteint le canal de Suez, mais elle ne réussit pas à le franchir devant la résistance des troupes britanniques. Les Britanniques bénéficient de l'appui de l'artillerie de bord des navires de guerre français ancrés dans le canal. Les forces ottomanes se replient vers le centre du Sinaï (07.02.1915). Le canal de Suez est fermé pour les bateaux des pays neutres à la Guerre (10.02.1915).

4 février 1915 : le gouvernement allemand proclame «zone de guerre», les eaux territoriales britanniques. A titre de représailles, l'Entente élargit le blocus à toutes les marchandises. Début de la guerre sous-marine.

7 – 22 février 1915 : 2ème bataille des lacs de Mazurie. Nouvelle offensive allemande au sud-est des lacs Mazuriques (Prusse-Orientale), dirigée par von Hindenburg, qui tente de prendre les Russes en tenaille en envoyant ses VIIIème et Xème armées contre la Xème Armée russe. La VIIIème armée allemande attaque en premier lors d'une tempête de neige et frappe durement le flanc gauche de la Xème Armée russe. Le 8 février, la Xème armée allemande du général Hermann von Eichhorn attaque la droite de la Xème Armée russe. Les Russes résistent à l'offensive, mais ils doivent battre en retraite dans la forêt d'Augustowo, où seule une action héroïque du 20ème corps russe permet d'éviter un désastre total. Le 20ème corps est contraint de se rendre le 21 février, mais son action a permis aux trois autres corps de la Xème Armée russe d'éviter l'encerclement. A l’issue de la bataille, l'armée allemande fait 90.000 prisonniers et met la main sur plusieurs centaines de canons russes. Les Russes devront reculer de 110 km et ils se replient sur le Niémen le 22 février 1915.

8 février 1915 : le croiseur turc «Midilli» (ex-SMS «Breslau»), bombarde Yalta.

9 février 1915 : accord franco-britannique sur le plan de l'opération contre les Dardanelles.

9 février 1915 : les Britanniques saisissent un cargo germano-américain, le «Wilhelmina», chargé d'avions à destination de l’Allemagne.

10 février 1915 : les Britanniques renforcent le blocus des ports allemands, principalement vis-à-vis de pavillons neutres. La ration quotidienne de pain en Allemagne est réduite à 225g par personne.

14 février 1915 : les Allemands progressent sur le Front de l’Ouest. Les forces allemandes  signent des victoires dans les Vosges, où ils occupent Metzeral et Remspash.

15 février - 18 mars 1915 : début d’une nouvelle tentative alliée de percée en Champagne qui sera mise en échec.

16 février 1915 : succès des Puissances centrales sur le front oriental. Les Allemands prennent Plotsk en Pologne et les Autrichiens entrent dans Kolomea en Galicie.

16 février 1915 : Deuxième offensive alliée en Champagne pour empêcher tout transfert de troupes allemandes en Russie. L'offensive de la IVème  Armée française (général Langle de Cary) en Champagne débute sur un front de 8 km, entre la ferme de Beauséjour et le bois Sabot.

17 février – 5 avril  1915 : Bataille des Éparges (commune française située dans le département de la Meuse en région Lorraine), ou Bataille de Combres pour les Allemands. C’est une série de violents combats pour la maîtrise de la crête des Éparges opposant la XIIème division d'infanterie de la 1ère Armée française à la XXXème division d'infanterie allemande. Ces combats se sont déroulés dans des conditions extrêmement difficiles sous la pluie, la neige, dans la boue. L'infanterie des deux camps a dû rester pendant de longues semaines sous les coups de l'artillerie. L'armée française tente au cours de plusieurs assauts de conquérir la crête. Suite à des pertes très lourdes des deux côtés, les Français arrivent à prendre pied sur la crête sans pouvoir en déloger totalement les Allemands. Cette bataille est l'une des premières à présenter de nombreuses caractéristiques qui se révèleront classiques de la première guerre mondiale : une durée de plusieurs semaines, des séries d'attaques et contre-attaques avec de nombreuses pertes pour des gains territoriaux faibles voire nuls. Elle annonce les prochaines batailles de Verdun et de la Somme.

17 février 1915 : un hydravion britannique du HMS "Ark Royal"  réalisa un vol de reconnaissance au-dessus du détroit des Dardanelles.

17 février 1915 : Premier décès américain de la Grande Guerre. Décès du soldat Edward Mandell Stone, mortellement blessé à Craonnelle. Il était enrôlé au 2ème Régiment de marche de la Légion étrangère. Il fut inhumé à Romilly-sur-Seine.

18 février 1915 : début de la première phase de la guerre sous-marine lancée par l'Allemagne. Des opérations sont lancées par des sous-marins allemands le long des côtes françaises et britanniques.

18 février 1915 : Behaeddin Shakir, plénipotentiaire du Comité central du parti Union et Progrès («Jeunes Turcs»), envoie des lettres aux délégués régionaux du parti pour les informer de l'existence d'un plan visant à exterminer les Arméniens.

19 février 1915 : Expédition des Dardanelles, début de l’opération navale. Les deux forts à l'entrée des Dardanelles (Seddulbahr et Kumkalé) sont écrasés par les tirs de cinq navires Anglais et trois Français («Bouvet», «Gaulois» et «Suffren») et les mines sont draguées, mais la flotte alliée est bloquée par les tirs des forts du goulot de Çanakkalé.

19 février 1915 : bombardement allemand de Reims.

21 février 1915 : le général Joffre décide de doter tous les fantassins français d'un nouveau casque en métal. Un concours est lancé entre les différents fabricants pour le choix du futur casque métallique. Adoption du modèle de casque des «Poilus» par le Grand Quartier général français le 15 avril 1915 et destiné à équiper les armées à compter de septembre 1915. Ce casque deviendra le premier symbole des Poilus de la Grande Guerre [3].

21 – 25 février 1915 : massacres d’Arméniens et d’Assyriens. Profitant de la retraite des forces russes des régions Caspiennes, des troupes ottomanes prennent d'assaut les villages habités par d’importantes populations arméniennes et syriaques dans la région d’Urmia. Le 21 février 1915, l'armée turque à Urmia a pris en otage 61 Assyriens impliqués dans la mission française, dont ils exigeaient une rançon importante. La mission n'avait malheureusement pas les moyens de libérer plus de 20 personnes. Le 22 février, les 41 personnes restantes ont été exécutés et leurs têtes arrachés de leurs corps. Parmi eux se trouvait l'évêque Mar Denkha. Le 25 février, presque la totalité des habitants des villages de Gulpashan et de Salamas (environ 4.000 personnes) ont été fusillés.

22 février 1915 : après leur défaite aux Lacs de Mazurie, les Russes montent rapidement la XIIèmeArmée sous les ordres du général Pavel von Plehve, qui lance le 22 février une contre-attaque contre le flanc droit allemand avec un certain succès.

25 février 1915 : Expédition des Dardanelles, poursuite de l’opération navale. Les tirs reprennent sur les forts de l'entrée du détroit qui sont réduits au silence. Les bâtiments anglais «Agamemnon», «Irrésistible» et «Queen Elisabeth» et le bâtiment Français «Bouvet» y participent. Mais ce premier succès eut pour résultat d'avertir les Turcs de l'intention des Alliés, d'autant que les opérations suivantes se firent attendre en raison des mésententes entre les états-majors Français et Britanniques. Le général allemand Otto Liman von Sanders (dénommé Liman-Pacha), commandant des forces turques, profitera de ce sursis pour organiser et renforcer les défenses en hommes et matériel des  Détroits.

25 février 1915 : le même jour, débutent une série d'attaques des Ottomans contre les Britanniques sur le canal de Suez. Ces accrochages obligent les Britanniques à immobiliser des forces en Egypte.

26 février 1915 : aux Dardanelles, des soldats de l'Entente mettent le pied à terre pour terminer la destruction des forts de Kum Kalé sur la côte asiatique et de Sedd el Bahr à l'extrémité de la péninsule de Gallipoli endommagés par les bombardements du jour précédent, tandis que le bombardement naval se tournait vers les batteries entre Kum Kalé et Kephez.

26 février 1915 : les Allemands utilisent pour la 1ère fois le lance-flammes, en Argonne (secteur de Malancourt).

26 février 1915 : échec de l’offensive allemande aux lacs Mazuriques. Les Russes font 10.000 prisonniers au nord de Varsovie.

1 mars 1915 : les Alliés étendent le blocus à la totalité des marchandises allemandes.

1 mars 1915 : le premier-ministre grec Elefthérios Venizélos propose aux Alliés que la Grèce participe à la campagne sur la péninsule de Gallipoli, dont la moitié de la population est grecque [4]. Il offre 3 divisions et la marine de guerre grecque victorieuse sur la marine ottomane durant les guerres balkaniques 1912-1913. Les Alliés n’accepteront pas l’offre de Venizélos, car ils avaient promis la souveraineté sur les détroits des Dardanelles et du Bosphore, ainsi que l’annexion de Constantinople, aux Russes ! L’absence des forces grecques expérimentées dans le combat contre les Ottomans durant les guerres balkaniques (1912-13) fera cruellement défaut aux Alliés et contribuera à l’échec de l’expédition des Dardanelles.

4 mars 1915 : à Pétrograd, remise aux ambassadeurs français et britannique d'une note proposant l'annexion de Constantinople et des Détroits à la Russie après la guerre.

7 mars 1915 : l'amiral britannique Beresford demande que la pendaison, peine traditionnelle pour acte de piraterie, soit appliquée aux commandants des sous-marins allemands capturés par les Alliés.

9 mars 1915 : le médecin-chef de l'Assistance publique de Paris offre un plaidoyer en faveur de l'autorisation de l'avortement pour les femmes des territoires occupés violées par des Allemands.

9 mars 1915 : le gouvernement italien présente aux gouvernements de l’entente un mémorandum contenant les prétentions de l’Italie en échange de son intervention dans le conflit (Trentin, Tyrol du Sud, Trieste, l’Istrie et une partie de la Dalmatie). Les revendications italiennes seront acceptées par les gouvernements français et britannique le 20 mars 1915. Mise au courant des détails de cette entente, la Serbie entamera des manœuvres diplomatiques auprès de la Russie pour s'y opposer.

10 mars 1915 : la Russie impériale se considérant successeur de Byzance, se fixe comme objectif de guerre l'annexion de Constantinople et le contrôle des Dardanelles.

11 mars 1915 : accord secret des gouvernements britannique et français sur le principe d’une annexion de Constantinople par la Russie. Cet accord est fait sur le dos de l’état grec dont la «Grande Idée» visait justement à unir tous les Grecs qui vivaient sous le joug ottoman dans un seul État-nation avec pour capitale Constantinople (cf. infra).

11 mars 1915 : durcissement du blocus allié contre l'Allemagne. Le gouvernement britannique donne l'ordre à sa marine de renforcer le blocus commercial de l'Allemagne pour aller jusqu'au blocus des ports allemands.

14 mars 1915 : succès français limité en Champagne. Après deux mois de combats, les troupes françaises reprennent le bois Sabot.

14 mars 1914 : le futur maréchal de France Alphonse Juin [5] perd l'usage de son bras droit, alors qu'il est grièvement blessé près de Mesnil-les-Hurlus.

17 mars 1914 : Expédition des Dardanelles. L'amiral britannique Sackville Carden malade, fut remplacé par l'amiral Sir John de Robeck. 

18 mars 1915 : échec de la tentative de percée française en Champagne. Ponctuées de fortes contre-attaques allemandes, les opérations militaires de la IVème armée en Champagne prennent fin après avoir fait 100.000 victimes pour un gain d'environ 3 kilomètres.

18 mars 1915 : Expédition des Dardanelles, attaque navale généralisée. Il s’agit d’une tentative alliée de forcer le passage le plus étroit des Dardanelles large de seulement 1.500 mètres. Au total, ce furent 18 cuirassés, flanqués de leurs croiseurs et destroyers qui participèrent à cette première bataille. Les navires anglais, au centre du dispositif, cherchaient à localiser et détruire les batteries côtières turques. Ils étaient flanqués des quatre cuirassés français, à gauche : du «Gaulois» et du «Charlemagne» et, à droite : du «Bouvet» et du «Suffren». Malgré l’étroitesse du passage placé sous la menace des canons ottomans riverains, les dragueurs de mines reçurent l'ordre de participer aussi à l'assaut. Les reconnaissances alliées n'avaient cependant pas identifié tous les champs de mines ottomans. Deux cuirassés britanniques (les HMS «Irresistible» et «Ocean») et un français (le «Bouvet») [6] sont coulés par des mines dérivantes, quatre autres navires mis hors de combat. Ces lourdes pertes contraignirent l’amiral britannique de Robeck à ordonner une retraite ; c'est un échec. Au vu des piètres résultats de l'attaque navale, les états-majors alliés considèrent que seul un débarquement massif peut emporter la décision. Cependant sa longue préparation laisse aux Turcs et à leurs alliés Allemands un temps précieux pour s’organiser et renforcer leurs défenses.

20 mars 1915 : Anglais, Français et Russes se mettent d’accord sur le futur démantèlement de l’Empire ottoman, en cas de victoire. Cet accord est le prélude du traité de Sèvres (19.08.1920), qui aurait changé le cours de l’Histoire et éliminé la présence des Turcs en Europe s’il avait été appliqué.

20 mars 1915 : raid de Zeppelins allemands sur Paris pendant la nuit, qui cependant  ne font que peu de dégâts.

22 mars 1915 : importante victoire russe sur le Front de l’Est. L'armée russe s'empare des fortifications austro-hongroises de Przemysl, faisant 120.000 prisonniers et capturant 900 canons. Cette victoire sera l'objet d'une forte propagande du côté de l'Entente.

6 avril 1915 : début des exactions contre la population arménienne de l'Empire ottoman. Les autorités ottomanes accusent les Arméniens de pactiser avec les Russes depuis la défaite subie contre ces derniers le 4 janvier 1915 à Sarykamish. A Van, le gouverneur ottoman ordonne des massacres d'Arméniens sous le prétexte d'intelligence avec l'ennemi et de désertion. Le 20 avril, la résistance arménienne s'organisa dans la ville. Le 24 avril, Talaat-Pacha [7], ministre de l'Intérieur du gouvernement Jeunes-Turcs, prétendant que les Arméniens de cette région s'étaient soulevés contre l’Empire ottoman avec le soutien des Russes, signe le décret du 24 avril 1915 (connu sous le nom de «dimanche rouge» par les Arméniens). Ce décret est le point de départ du génocide arménien. Le 27 mai, la loi Tehcir ordonna la déportation de tous les Arméniens de la région vers la Syrie. En fait, la déportation n'est que le masque qui couvre une vaste opération d'anéantissement brutal et total de tous les Arméniens de l'Empire ottoman, exécuté froidement par les Turcs avec la complicité de leurs alliés, les Allemands.

8 avril 1915 : le gouvernement français crée une nouvelle décoration, la croix de guerre, pour récompenser les actes de courage et de sacrifice.

17 avril 1915 : des troupes canadiennes prennent la relève de la XXIème division d'infanterie française dans le secteur d'Ypres.

18 avril 1915 : touché par une balle de la DCA allemande, le célèbre pilote français Roland Garros est obligé de se poser derrière les lignes allemandes près de Courtrai. Il est fait prisonnier avant d'avoir pu mettre le feu à son avion. Les Allemands peuvent alors copier le système de tir pour avion chasseur monoplace de combat armé d’une mitrailleuse tirant dans l’axe de l’avion à travers le champ de rotation de l'hélice[, que celui-ci vient de mettre au point.

18 avril 1915 : déclarant la coopération entre Athènes et l'Entente «inévitable», le prince Georges de Grèce demande la cession de Chypre à la Grèce.

20 avril 1915 : les troupes ottomanes lancent un assaut contre les quartiers arméniens de la ville de Van. Le 28 avril, le général Nikolaï Ioudenitch ordonne aux armées impériales russes de secourir les Arméniens de Van.

22 avril – 25 mai 1915 : Deuxième Bataille d'Ypres. Une grande offensive allemande est lancée par la IVème Armée allemande contre le saillant d'Ypres, en Belgique - défendu par les Français et les Britanniques - dans l'objectif de raccourcir le front. Les Allemands prennent Lizerne, mais manquent de troupes pour l'occupation effective du territoire. Le 22 avril, à Langemark près d'Ypres, les gaz asphyxiants sont utilisés pour la première fois par les Allemands [8] contre les troupes coloniales françaises qui ne portaient pas de protection. En effet, le commandement allemand tente d’exploiter l’effet de surprise d’une nuée toxique provoquée par l’épandage dans l’atmosphère de 150 tonnes de chlore contenues dans 5.830 cylindres sur un front de 6 km de large depuis Steenstraat sur le canal de l’Yser jusqu’à l’est de Poelcappelle. 15 mn plus tard l’infanterie allemande sort des tranchées et commence sa progression au-delà du nuage de gaz. L’effet du chlore est immédiat. Les morts au teint verdâtre côtoient les agonisants secoués de spasmes violents, la bouche remplie d’un liquide jaunâtre. L’attaque fait de 2.000 à 5.000 morts et 10.000 blessés. Le 23 avril, l'armée allemande progresse dans le secteur de Saint-Julien grâce à des attaques au gaz contre des troupes britanniques, canadiennes et belges. Ces formations perdent la moitié de leurs soldats. Après plusieurs attaques et contre-attaques, les Alliés se replient. Les pertes alliées s'élèvent 69.000 et celles des Allemands à 38.000 hommes.  

24 avril 1915 : arrestation et déportation de plus de 600 intellectuels arméniens de Constantinople par les «Jeunes-Turcs». Ils sont envoyés à Chankri et à Ayash, deux camps de concentration proches d'Ankara. La plupart d'entre eux périssent sur les routes de l'exil au sud-est de l'Empire. La vague d'arrestations et de déportations d'intellectuels et de chefs de communauté arméniens gonfle progressivement avant de déferler sur l'ensemble du pays. Date considérée symboliquement comme marquant le début du génocide des Arméniens.

25 avril 1915 : Expédition des Dardanelles, opération amphibie -débarquement d'un corps expéditionnaire. Environ 60.000 Britanniques et 15.000 Français sont engagés dans cette opération dont l'objectif est d'arriver à Constantinople par voie terrestre [9]. Encadrées par sept escadres sous le commandement de l’amiral de Robeck, dix divisions britanniques et deux françaises placées sous le commandement du général britannique Ian Hamilton participent à un plan de débarquement organisé sur trois sites : le premier avec les troupes britanniques sur cinq petites plages, baptisées S, V, W, X et Y, au cap d'Hellé à la pointe de la péninsule de Gallipoli ; le deuxième avec les ANZAC près de Gaba Tepé, à une vingtaine de kilomètres plus au nord du cap d'Hellé ; le troisième est une attaque de diversion des troupes françaises à Koum-Kalé, sur la rive asiatique des Dardanelles. Mais l’ensemble se fait dans l’improvisation la plus totale. Les troupes ne sont pas prêtes ; le commandement de l’état-major franco-britannique est piètre. Les Alliés sont partis en négligeant toute une série d’aspects techniques et manquent des cartes précises du terrain. Par ailleurs, la puissance de l’adversaire, accrue par l’encadrement allemand, est totalement minorée. Il n’y a aucun effet de surprise. L’opération se transforme en un effroyable désastre militaire. En dépit de leur supériorité en hommes et en équipement, les Alliés n’atteignent pas leurs objectifs. Au cap d'Hellé, si trois plages sont conquises facilement, l’assaut sur les secteurs W et V sont meurtriers. Mis à terre, le contingent allié demeure sur les plages et ne cherche pas à exploiter l’assaut amphibie pour conquérir une tête de pont, se conformant ainsi à ses ordres d’attendre des renforts. Au Gaba Tepé, le courant marin déporte les troupes à près de deux kilomètres au nord du lieu prévu et les unités se retrouvent alors regroupées sur une petite plage cernée d'éperons rocheux.  Fort heureusement, l’attaque s'effectue sans résistance car les Turcs avaient jugé un tel lieu de débarquement plus qu'improbable.  Livrés à eux-mêmes, sans liaison avec l’échelon supérieur, des soldats doivent escalader la crête de Chunul-Baïr.  Ils sont alors repoussés par les forces turques aux ordres de Mustafa Kemal qui contrôle les sommets. Sur la côte asiatique, le détachement Français  aux ordres du Colonel Rueff, avec le 6ème régiment de marche colonial d'infanterie (R.I.M.C.) comporte un bataillon blanc, deux bataillons de Sénégalais et une batterie de 75. Il parvient à prendre pieds grâce à l'agilité et à la bravoure des Sénégalais qui délogent les Turcs du fort à la baïonnette. Mais le détachement est rappelé par le Général Ian Hamilton, en raison des pertes sévères que subissent les Britanniques, pour participer au combat sur la péninsule de Gallipoli. Cela fut une grave erreur car, outre l’effet démoralisateur pour les Français, l’abandon de cette position permet aux Turcs de la réoccuper sans combat. Ceux-ci ne craignent donc désormais plus un nouvel assaut à cet endroit. Leurs canons situés sur la rive asiatique peuvent alors pilonner tranquillement la rive européenne sans risque d’être attaqué de revers : des canons par ailleurs totalement à l’abri de l’artillerie des forces marines alliées qui, elle, n’a pas leur portée ! Les Turcs canardent donc les navires britanniques en toute impunité. Les Alliés ne réussissent vraiment à installer leur tête de pont - profonde de 1.000 mètres environ sur un front de 5 kilomètres - qu’à partir du 1er mai, mais celle-ci reste fragile, car elle manque de profondeur et reste sous le feu des ottomans qui dominent les collines. A l'instar du front occidental, les positions se figent alors et les tranchées font leur apparition. Si le général Hamilton est maintenu à son poste, les Français décident de limoger le général d’Amade et d’envoyer à sa place le général Gouraud. Jusqu'à la fin mai, plusieurs attaques alliées sont lancées, toujours suivies de violentes contre-attaques turques qui font, chez les Alliés près de 20.000 victimes sur un total engagé de 70.000 hommes. 

26 avril 1915 : Traité secret de Londres entre l’Entente et l’Italie qui s’engage à entrer en guerre contre les Empires centraux dans un délai d’un mois. Les Alliés acceptent les revendications italiennes du 9 mars. Ce Pacte définit les conditions de l’entrée en guerre de l’Italie. Il garantit à cette puissance qu’ «en cas de partage total ou partiel de la Turquie d’Asie…», «…une part équitable dans la région méditerranéenne avoisinant la province d’Adalia (Antalya) où l’Italie a déjà acquis des droits et des intérêts qui ont fait l’objet d’une convention franco-britannique».

26 avril 1915 : les Allemands commencent leur progression vers la Lituanie et la Courlande.

27 avril 1915 : un sous-marin allemand coule le croiseur cuirassé français «Léon Gambetta» à l'entrée du Canal d'Otrante : 684 morts.

28 avril - 4 mai 1915 : Première bataille de Krithia [10]. Après le débarquement à Sedd-Ul-Bahir (plage V), les forces alliées lancent le 28 avril une offensive pour prendre les positions turques autour de Krithia (en turc Kirte, village situé à 6 km du cap d'Hellé). Le 1er régiment de marche d'Afrique (R.M.A.) comprenant 4 bataillons de zouaves et 1 bataillon de Légion attaque dans le secteur de Krithia, l’objectif étant la conquête du mont d’Achi-Baba qui domine le sud de la péninsule de Gallipoli.Malgré la remarquable organisation du terrain que les généraux allemands avaient prescrite aux Turcs, le régiment d'Afrique va progresser jusqu'au ravin de Kérévés-Déré. Mais là, il se heurte à de violentes contre-attaques des troupes ottomanes, exaltées dans un excellent dispositif de barbelés et soutenues par de bons feux d'appui, tandis que zouaves et légionnaires ne bénéficient que de lointaines artilleries navales alliées. L'affaire reprend les 1er et 2 mai : de furieuses attaques turques entament le dispositif français, mais le régiment de marche d'Afrique contre-attaque avec bravoure, passe à l'assaut et, baïonnette au canon, refoule les Turcs, en fin de journée, au son du clairon. Très belle attitude au feu des Français d'Algérie, mais les pertes sont terribles : le chef de corps, les chefs de bataillons, et tous les capitaines sauf un, sont mis hors de combat.

30 avril 1915 : attaque aérienne allemande sur les côtes britanniques.

Mai 1915 : des réunions secrètes du Comité Union et Progrès (CUP) dans la mouvance des  «Jeunes-Turcs» portent sur l'élimination des Arméniens.

1er mai 1915 : contre-offensive des Ottomans dans le sud de la baie ANZAC (Gallipoli). Malgré quelques succès initiaux contre les Français, les attaquants subirent de lourdes pertes et furent repoussés sur les autres secteurs.

1er mai 1915 : une offensive allemande et austro-hongroise (conduite par von Mackensen) contre la Roumanie débute dans les Carpates.

2 mai 1915 : offensive austro-allemande en Galicie pour éviter l’invasion de la Hongrie par les Russes. Percée des troupes allemandes et austro-hongroises près de Gorlice, et repli consécutif des Russes, qui quittent la Galicie.

3 mai 1915 : l’Italie dénonce le traité de la Triple-Alliance, qui la liait aux Empires centraux.

5 mai 1915 : Théophile Delcassé, alors ministre français des affaires étrangères, promet au gouvernement serbe un «très large accès à l'Adriatique en Dalmatie». Ces promesses envers la Serbie semblent contredire celles faites plus tôt à l'Italie pour obtenir son entrée en guerre du côté de l'Entente.

6 – 8 mai 1915 : Deuxième bataille de Krithia. Le 6 mai, les Alliés tentent une nouvelle fois de prendre le village de Krithia tenu par les Turcs. Le commandant britannique, le général Sir Ian Hamilton, décide une attaque frontale par les Français et un débordement des Britanniques. Leur avancée est vite freinée, ils ne progressent que de 500 m au prix de 6.500 morts. Ian Hamilton demande des renforts. Le 8 mai, les Français (4ème RMC et 8ème RMC) enlèvent l'éperon de Kérévés Déré et les Britanniques la première crête de Krithia, mais le village ne sera pas pris. C’est un échec sanglant pour les Alliés, qui perdent 1/3 de leurs effectifs engagés, certaines formations y perdent tous leurs officiers.

6 mai 1915 : ultimatum japonais à la Chine. Le Japon donne 48 heures au gouvernement chinois pour accepter les «vingt et une conditions» annoncées le 18 janvier 1915. Amputées de leurs plus exorbitantes exigences, les «vingt et une conditions» sont acceptées par le gouvernement chinois qui n'a trouvé aucun soutien chez les puissances européennes. Elles ouvrent la voie à la création d'un protectorat nippon sur la Chine inauguré officiellement le 24 mai 1915.

6 mai 1915 : le général russe Nikolaï Ioudenitch lance une offensive visant à secourir Van (Grande Arménie), avec l'aide des milices arméniennes. Celle-ci comprend deux ailes, une par le lac Van au Nord, et une autre plus au Sud. L'offensive du Nord se déroule comme prévu, mais les Ottomans résistent au Sud, bien qu'ils soient totalement dépassés en nombre.

6 mai 1915 : dans les Carpates, les Russes commencent une retraite de 160 km, tout en évitant l'encerclement.

7 mai 1915 : le paquebot «Lusitania» est torpillé par le sous-marin  allemand U-20 au large de l’Irlande. Sur les quelque 2.000 personnes à bord, 1.200 périssent, dont plus de 120 Américains. Le 10 mai, le gouvernement allemand fait parvenir une note à celui des États-Unis exprimant ses regrets pour le torpillage du Lusitania tout en en rejetant la responsabilité sur le Royaume-Uni. À la suite du naufrage, Woodrow Wilson protesta officiellement le 13.05.1915, menaça l'Allemagne et exigea réparation. Les Etats-Unis attendront néanmoins le mois de janvier 1917 pour entrer en guerre aux côtés de la Triple-Entente (cf. infra).

8 mai 1915 : le Nicaragua déclare la guerre à l'Allemagne.

9 mai – 25 juin 1915 : Seconde Bataille d’Artois (en allemand Lorettoschlacht). Elle a lieu au même moment que la deuxième bataille d'Ypres (cf. supra). Début de l’offensive française en Artois sous les ordres du général d'Urbal visant à rompre le front allemand. L'armée anglaise donne l'assaut à deux reprises contre la crête d'Aubiers, alors que le 33ème Corps d'armée française donne l'assaut sur la crête de Vimy. Les deux formations prennent pied sur les points culminants, mais ne peuvent tenir devant la contre-offensive allemande à cause de la supériorité de l’adversaire. Des divisions tchèques, marocaines et grecques participent à cet assaut. C'est la dernière offensive du printemps 1915, suivie par une interruption des combats jusqu'en septembre 1915. À cette date débutent la seconde bataille de Champagne et la troisième bataille de l'Artois.

12 mai 1915 : le général sud-africain Botha s'empare de Windhoek, capitale du Sud-ouest africain allemand (aujourd'hui, la Namibie).

9 mai 1915 : Franck Lawrence, frère de T. E. Lawrence (Lawrence d’Arabie), meurt à l’âge de 22 ans au combat sur le front français.

12 mai 1915 : mémorandum roumain adressé au gouvernement russe présentant les revendications territoriales roumaines en vue d'une entrée en guerre de la Roumanie aux côtés de l'Entente.

14 mai 1915 : le général Henri Gouraud prend le commandement des troupes Françaises à Gallipoli. Il remplace Albert d'Amade, malade rentré en France.

15 mai 1915 : les Russes sont battus dans les Carpates par la XIème armée du maréchal August von Mackensen.

16 mai 1915 : Français et Britanniques se mettent d’accord sur le futur partage de leurs zones d’influence au Proche-Orient. Les premiers s’attribuent le Liban et la Syrie, les seconds la Palestine et l’Irak.

18 – 23 mai 1915 : combats navals dans les détroits de Dardanelles. Le 18.05.1915, le cuirassé HMS «Goliath» est torpillé par le destroyer turc «Muâvenet-i Millîye». Le sous-marin HMS E11 traverse les Dardanelles et coula ou endommagea 11 navires turcs dont trois dans le port de Constantinople le 23 mai 1915.

18 mai 1915 : après de longs débats, le gouvernement britannique autorise l'utilisation d'armes chimiques par ses troupes. Deux unités spécialisées sont créées à cette fin.

18 mai 1915 : Bataille des Dardanelles. Le commandant de la 1ère division australienne, le major-général William Bridges, est mortellement blessé par un tireur d’élite (sniper) turc.

18 mai 1915 : les troupes russes venues de Perse entrent dans la ville de Van (Grande Arménie) le 18 mai 1915, mettant en fuite les troupes turques. Ils sont suivis les 23 et 24 mai des forces russes venues de Russie sous le commandement du général Nikolaï Ioudenitch. Ils découvrent les cadavres de quelque 55.000 civils arméniens massacrés par les Turcs.

19 mai 1915 : à Gallipoli, 42.000 Ottomans lancent une offensive pour «rejeter à la mer» les 17.000 Australiens et Néo-Zélandais dans la baie ANZAC. Elle se solde par un échec sanglant. Les Ottomans perdirent 13.000 hommes, dont 3.000 tués, contre 160 morts et 468 blessés du côté allié. Dans les jours suivants, les corps exposés sur le «no-man's-land», le long de la seconde crête et ailleurs, ont été pourri sous un soleil brulant. L'odeur est devenue insupportable. Une trêve a été conclue le 24 mai pour enterrer les morts.

22 mai 1915 : mobilisation générale en Italie.

23 mai 1915 : le gouvernement austro-hongrois propose à la Bulgarie la cession de la macédoine serbe (actuellement FYROM-Vardarska) en retour du maintien de la neutralité bulgare.

23 mai 1915 : succès allemands sur le Front de l’Est. L’armée allemande réussit la prise de Radymno, Siemlava et met le siège devant Przemysl.

23 mai 1915 : après de longues tractations diplomatiques, le Royaume d’Italie déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie, mais il s'abstient d'en faire autant vis-à-vis de l’l'Allemagne [11].

25 mai 1915 : les Italiens améliorent leurs positions sur le Tyrol, les Alpes dolomitiques et le secteur de l'Isonzo [12]. L'Italie proclame un blocus des côtes autrichiennes, mais elle est attaquée par la marine de guerre austro-hongroise qui bombarde le port italien d'Ancône.

27 mai 1915 : génocide arménien. La "loi provisoire de déportation [des Arméniens]" est promulguée dans l’Empire ottoman. De mai à juillet 1915, tous les Arméniens d'Anatolie orientale (originaires essentiellement des six villayets ayant la plus forte population arménienne) sont déportés dans des conditions atroces, à pied ou plus rarement en train. Les convois de déportés convergent vers Alep, en Syrie (alors sous domination turque), où une Direction générale de l'installation des tribus et des déportés les répartit selon deux axes : au sud, vers la Syrie, le Liban et la Palestine ; à l'est, le long de l'Euphrate, où des camps de concentration, véritables mouroirs, sont improvisés. La majorité des déportés périssent déjà sur des interminables marches de la mort faites de brutalités, de tortures, d’assassinats, de pillages, de viols, de maladies, de soif et de faim. Les déportés survivants sont peu à peu poussés vers Deir ez-Zor. Là, en juillet 1916, ils sont envoyés dans les déserts de Mésopotamie, où ils sont tués par petits groupes ou meurent de soif. Des prisonniers de droit commun sont libérés afin d'assister les forces armées ottomanes dans l'exécution des massacres. Ils seront regroupés sous une entité militaire secrète nommée «Organisation spéciale». Créée en juillet 1914 par le comité central du Comité Union et Progrès (CUP) avec la coopération du ministère de l'Intérieur et de celui de la Justice[, l'«Organisation spéciale» est chargée dans l'extermination des convois de déportés arméniens. Ils étaient entraînés dans le centre de Çorum avant d'être envoyés massacrer les Arméniens. L'existence de l'«Organisation spéciale» a été révélée en 1919 lors du procès du Parti Union et Progrès. En moyenne, seulement dix pour cent des déportés parviennent aux déserts de Mésopotamie, là où les chances de survie sont également proches du néant. Talaat-Pacha donne l'ordre de massacrer la plupart des colonnes de déportés à Kémagh-Boghaz, sur l'Euphrate, et compte sur la fatigue, l'épuisement, la faim et la soif pour l'extermination de celles qui arrivèrent jusqu'en Syrie, le Liban et la Palestine. Le gouvernement ottoman s'emploie à éliminer systématiquement toute preuve du génocide. Les photographies des convois de déportés sont interdites, les missionnaires sont empêchés d'apporter nourriture, eau, vêtements, etc. aux rescapés, la censure officielle interdit aux médias de faire mention des massacres. Un système de double ordre est mis en place : les ordres effectifs sont envoyés chiffrés aux autorités provinciales, tandis que des faux ordres niant toute intention génocidaire sont formulés en public. Tout fonctionnaire s'opposant à l’exécution du génocide est muté, démis de ses fonctions ou fusillé. De nombreux témoins, diplomates, missionnaires occidentaux sont présents sur les lieux des massacres. Ceux-ci rédigent de très nombreuses notes à destination des gouvernements occidentaux, décrivant avec moult détails le processus génocidaire en cours. Ces notes sont conservées dans les archives des pays destinataires, en particulier la France, l'Angleterre, l'Italie, l'Allemagne, les États-Unis et dans les archives secrètes du Vatican. Les Alliés concentrés sur l’effort d’endiguer l’avance fulgurante allemande sur le Front de l’Ouest assisteront impuissants, l’Allemagne (alliée de l’Empire ottoman), informée des plans génocidaires de l'Empire ottoman dès 1912, décida de ne rien faire, comme le confirma Henry Morgenthau (ambassadeur des États-Unis à Constantinople, de décembre 1913 à janvier 1916) à propos de Hans Freiherr von Wangenheim (ambassadeur de l’Allemagne à Constantinople de 1912 au 25 octobre 1915), qui déclara qu'il «ne fera rien pour [aider] les Arméniens»[. De même, la participation à la préparation et la mise en œuvre des massacres de certains fonctionnaires et militaires allemands en poste dans l'Empire ottoman a été confirmée. À partir des archives allemandes et autrichiennes, Vahakn Dadrian évoque l'exemple du général Fritz Bronsart von Schellendorf, vice chef d'état-major ottoman, qui signa des ordres de déportation dans lesquels il demande que de «sévères mesures» soient prises à l'encontre des bataillons de travail arméniens. Il convient de signaler que de nombreux officiers allemands présents en Turquie en 1915 intègrent après la guerre le parti nazi et certains d'entre eux participent activement à l’extermination des juifs. C'est le cas de Rudolf Höss qui a commandé le camp d'Auschwitz ou encore de Konstantin von Neurath qui servait dans la IVème armée ottomane et devient en 1932 Obergruppenführer dans la Waffen-SS (!).

29 mai 1915 : près de 20.000 soldats serbes entrent en Albanie et y occupent le centre du pays.

30 mai 1915 : les Allemands reprennent l'ensemble du terrain cédé aux Français lors de la précédente offensive en Argonne.

31 mai 1915 : première attaque de Zeppelins sur Londres. Ces attaques se répéteront une vingtaine de fois pendant l'année 1915.

3 juin 1915 : la forteresse de Przemysl [13] est reconquise par les armées allemandes assistées des Austro-Hongrois.

4 juin 1915 : Troisième bataille de Krithia. Les Alliés lancent une nouvelle offensive en direction de Krithia avec deux divisions britanniques et deux divisions françaises. Environ 30.000 hommes attaquent, mais ils ne progressent que de quelques centaines de mètres au prix de 7.000 pertes, qui approchaient les 25% des effectifs : 4.500 Britanniques sur 20.000 et 2.500 Français sur 10.000 engagés. Du côté ottoman, les pertes s'élevèrent à plus de 9.000 hommes. L'offensive ne permit pas d'obtenir de percée décisive et la guerre de positions reprend avec des objectifs limités à quelques centaines de mètres. Les pertes qui s'accumulent, ainsi que l'enlisement de leurs forces conduisent les Britanniques à envoyer encore des renforts. Cependant, on doute de plus en plus de l'efficacité d'une telle opération. 

8 - 12 juin 1915 : gains de l’armée française en Champagne, où l’attaque à Toutvent permet de gagner 900 mètres de terrain sur une ligne de front de 2 km.

9 juin 1915 : succès de l'Entente en Artois. Les troupes alliées s'emparent du village de Neuville. Celui-ci avait été bombardé par l'artillerie lourde française depuis le 2 juin.

10 juin 1915 : offensive italienne sur l’Isonzo contre les lignes autrichiennes. C’est le début de la guerre dans les Alpes. Douze offensives italiennes de juin 1915 à octobre 1917 se seront succédées le long du cours de l’Isonzo, visant la Carinthie et la Slovénie. Le nom est celui du fleuve Isonzo (appelé Soča en slovène) car le front se situait près de sa vallée. Cette zone aujourd'hui se trouve en grande partie en Slovénie. Ces batailles ont fait partie du Front Italien ou Guerre de montagne (en allemand «Gebirgskrieg») en 1915-1918 [14]. Elles ont coûté d’énormes pertes en hommes et en matériel.

11 juin 1915 : les armées allemandes franchissent le Dniestr.

11 juin 1915 : les troupes serbes envahissent l’Albanie et occupent Tirana.

12 – 15 juin 1915 : Bataille de Lubaczov sur le  Front de l'Est. Les combats débutent le 12 juin 1915 et se poursuivront le lendemain, alors que la XIème armée allemande rompt les lignes russes sur 50 km dans une profondeur de 5 km. Le 15 juin, les Allemands s'emparent finalement de Lubaczov et forcent le repli des Russes sur Grodek.

12 juin 1915 : les Allemands emploient du gaz contre les Russes en Galicie, en utilisant un mélange mortel de phosgène et de chlore.

12 juin 1915 : les élections législatives en Grèce donnent une majorité aux venizélistes, partisans de l'Entente.

15 juin 1915 : des bombardiers alliés effectuent un raid sur Karlsruhe.

16 - 18 juin 1915 : poursuite de la deuxième offensive de l'Entente sur l'Artois. Attaques simultanées des armées de l'Entente dans les secteurs d'Angres, de Souchez, du plateau de Lorette et d'Arras. La Xème armée française obtient une légère progression dans le secteur Angres-Écurie, mais échoue à la crête de Vimy. De lourdes pertes sont encourues : au total, 2.260 officiers et 100.300 soldats y laissent la vie. Joffre ordonne la suspension de l'offensive. Le commandant en chef est sévèrement critiqué.  

17 juin 1915 : en Lorraine, début de violents combats autour de Ranberménil, qui est pris et perdu à plusieurs reprises.

18 juin 1915 : le Royaume Uni décide la création d’une direction du matériel chimique de guerre (DMCG) placée sous la tutelle du ministère de la Guerre avec le colonel Ozil à sa tête.

19 juin 1915 : sur le Front de l’Est, Allemands et Austro-Hongrois chassent les Russes de Grodek et se rapprochent de Lemberg (Lvov).

20 juin 1915 : relance de l'offensive allemande en Argonne. Après cinq heures d'une intense préparation d'artillerie comprenant l'utilisation de 25.000 obus chimiques, l'infanterie allemande reprend l'offensive en Argonne, mais ne réussit à progresser que de 400 mètres. Ces opérations se poursuivront pendant quelques semaines.

20 juin 1915 : l'armée russe évacue la Galicie sur ordre général de retraite.

21 juin 1915 : les Français font la reconquête de Metzeral et des hautes vallées des deux Fetch dans les Vosges.

21 juin 1915 : Pétain est nommé général d'Armée (suite aux offensives d'Artois et de Champagne).

21 juin 1915 : 3ème combat du Kérévés Déré. Le «Haricot», ouvrage de défense turc surplombant le ravin (en turc Déré) de Kérévés au sud de Krithia (village au sud de la péninsule de Gallipoli), est enlevé définitivement par les zouaves et les légionnaires du 1er régiment de marche d'Afrique français, après avoir été pris et perdu au prix de lourdes pertes des deux côtés.

21 juin 1915 : les Russes commencent à évacuer Lemberg (Lvov), alors que les Allemands s'emparent de Zolkiew et Rava-Ruska.

22 juin 1915 : les troupes austro-hongroises reprennent Lemberg (Lvov) aux Russes.

23 juin – 7 juillet 1915 : Première Bataille d’Isonzo. Le but italien était de conquérir la tête de pont de Gorizia, de traverser l'Isonzo, de s'emparer des montagnes Kuk et Priznica et de mener également une attaque contre la tête de pont de Tolmin. Mais l'armée italienne est mal équipée en artillerie, munitions et matériel, surtout elle manque de véhicules pour le transport des troupes. Les chevaux sont encore le principal moyen de transport et les Italiens rencontrent de sérieuses difficultés pour transporter l'approvisionnement en raison du terrain alpin. En outre, le nouveau commandant en chef italien, Luigi Cadorna, n'a pas l'expérience du terrain et il n'est pas très populaire parmi les troupes. Malgré sa supériorité numérique (trois contre 1), l'armée italienne ne put atteindre aucun de ses buts, parce que les Austro-hongrois disposent d'un armement de meilleure qualité, défendent des positions plus élevées et les attaques nécessitent l'escalade de parois rocheuses. Les pertes des belligérants se chiffrent à 15.000 hommes (dont 2.000 morts) pour l’Italie et à 10.000 hommes pour l’Autriche-Hongrie.

24 juin 1915 : dans une lettre adressée à Millerand, le général Joffre demande la centralisation du commandement de l'Entente.

26 juin 1915 : en Russie, le tsar Nicolas II exige la démission du ministre de la Guerre Soukhomlinov, accusé de trahison, et le remplace par le général Polianov.

26 juin 1915 : adoption par la Chambre des députés en France de la «loi Dalbiez» ayant pour objet d'assurer la juste répartition et une meilleure utilisation des hommes mobilisés ou mobilisables. 350.000 militaires sont retirés du front pour être affectés dans les usines de fabrication d'obus et de fusils. D'autres au nombre de 150.000 sont affectés dans les mines et l'industrie métallurgique. Ces affectés spéciaux portant le brassard et ayant une carte d'identité de la Défense nationale ne peuvent exercer le droit de grève.

29 juin 1915 : l'ambassadeur de Belgique à Paris revendique l'annexion future du Luxembourg à son pays. L'ambassadeur justifie cette annexion par les «lois du sang et de l'histoire».

30 juin 1915 : 4ème combat du Kérévés Déré. L'important ouvrage turc du «Quadrilatère des Z» sur la péninsule de Gallipoli est enlevé par la 2ème division française. Ce succès est assombri du fait de la grave blessure par obus du général Gouraud, qui passe son commandement au général Bailloud. Sur le navire hôpital qui le ramène en France, la gangrène se déclare ; il faut l'amputer du bras droit. Le président Poincaré le décore de la médaille militaire sur son lit d'hôpital.

30 juin 1915 : nouvelle attaque de l'infanterie allemande en Argonne après une imposante préparation d'artillerie. Les Allemands gagnent près d'un kilomètre, mais sans réussir de percée.

30 juin 1915 : sur le Front de l’Est, Allemands et Austro-hongrois prennent Haliez et s'installent sur la ligne du Dniestr.

Juillet - août 1915 : après une série de revers, les Russes doivent abandonner la Pologne et la Lituanie face aux Allemands qui atteignent la Berezina.

2 juillet 1915 : une loi française institue la mention honorifique «mort pour la France».

2 juillet 1915 : Bataille de l'île de Gotland. C’est une victoire navale pour la Russie. Surprise à poser des mines au large des côtes de la Suède près de l'île de Gotland, une flottille allemande sous les ordres du commodore Karpf, est attaquée par la marine impériale russe commandée par le contre-amiral Bakhirev et soutenue par un sous-marin britannique. Le croiseur cuirassé «Prinz Adalbert» fut torpillé et coulé, alors que le croiseur «Albatros» fut gravement endommagé et s'échoua sur les rives de l'île de Gotland.

6 juillet 1915 : les Britanniques mobilisent 14 navires de guerre pour venir à bout du SMS «Königsberg» [15], réfugié dans le delta du Rufiji, en Afrique orientale.

7 juillet 1915 : Première Conférence interalliée à Chantilly où sont examinées les offensives sur le front de l’Ouest, le front italien et en Serbie.

9 juillet 1915 : Capitulation allemande au Sud-ouest africain.

12 - 13 juillet 1915 : 5ème combat du Kérévés Déré. Enlèvement par le 1er régiment de marche d'Afrique, renforcé du 4ème  et 7ème  RMC, du 175ème  RI, des positions I, J, K.

13 juillet 1915 : offensive allemande sur le Niémen et la Narew dans le but d’encercler les Russes stationnés dans la boucle de la Vistule. Victoire des Allemands à Varsovie. Cette victoire allemande forcera l'armée russe à évacuer l'espace polonais et lithuanien.

13 juillet 1915 : le général allemand Karl Bruno von Mudra relance les attaques en Argonne en utilisant des mines, des lance-flammes et une préparation d'artillerie de 50.000 obus, en bonne partie toxiques. Les combats se poursuivent pendant six jours et l'armée française perd entre 200 et 400 mètres sur un front de 2.500 km.

17 juillet – 3 août 1915 : Deuxième Bataille de l'Isonzo. La bataille débute par un tir de barrage des Italiens qui ne dure que 2 jours, et leurs IIème et IIIème armées piétinent  face au système de tranchées ennemies, restées intactes et protégées par des barbelés. Les Italiens ne réussissent pas de percer le front vers Trieste. En fait l'armée italienne réussit seulement à s'emparer sur le haut plateau de Doberdò d'une bande de terrain longue de 4 km et large de 100 à 500 m. Les pertes des belligérants se chiffrent à 42.000 hommes pour l’Italie et à 46.000 hommes pour l’Autriche-Hongrie.

21 juillet 1915 : le sous-marin britannique HMS E-14 traversa pour la troisième fois les Dardanelles malgré le filet anti-sous-marin posé par les Ottomans.

23 juillet 1915 : nouveaux succès allemands sur le Front de l’Est. L'armée allemande prend Rojan et Pulstuk, passe la Narew et progresse en Courlande.

27 juillet 1915 : le submersible français «Mariotte» ne parvint pas à éviter filet anti-sous-marin posé par les Ottomans et il fut contraint de faire surface. Pris pour cible par les batteries côtières turques, il fut abandonné et sabordé par son équipage.

28 juillet 1915 : le pape Benoît XV entré en fonction en 1914 lance un appel pour la paix.

29 juillet 1915 : l'armée russe commence une manœuvre de retraite générale vers l'est après la prise de Lublin par les armées austro-hongroises.

31 juillet 1915 : les Allemands s'emparent de Mitau et poursuivent l'investissement d'Ivangorod.

1er août 1915 : en Russie, le président du Conseil promet la restauration de l'autonomie polonaise «sous le sceptre de l'Empereur» lors de la séance d'ouverture de la Douma.

3 août 1915 : accord à Pless, entre von Falkenhayn pour l'Alliance et Gantchev pour la Bulgarie, sur les modalités militaires de l'entrée en guerre de la Bulgarie contre les Serbes. L’accord prévoit l'octroi à la Bulgarie de compensations territoriales, au détriment de la Serbie et de la Grèce comme prix de son entrée en guerre contre l'Alliance.

5 août 1915 : le Grand Quartier General (GQG) trouve nécessaire de désarmer en partie les forts de la Meuse pour y transférer les canons sur la Somme.

5 août 1915 : les Allemands s'emparent de Varsovie et les Autrichiens d'Ivangorod. Ces derniers s'emparent de Lublin le lendemain.

5 août 1915 : incarcération par les Allemands de l'infirmière britannique Edith Cavell [16] à la prison militaire de Bruxelles pour haute trahison. Elle sera fusillée le 12.10.1915.  L'émotion que suscite le sort d'Edith Cavell sera amplement utilisé par la propagande de l'Entente, tant au Royaume-Uni que dans les pays neutres.

6 - 10 août 1915 : Bataille de Suvla (Gallipoli). Nouveau débarquement des Alliés dans la baie de Suvla, à 5 km au nord de la baie ANZAC, visant relancer la guerre de mouvement Le plan d’Ian Hamilton vise de percer les défenses turques locales grâce a l’effet de surprise et a une supériorité numérique. Une fois la percée effectuée, le général Hamilton veut prendre le contrôle des hauteurs situées au milieu de la péninsule, puis descendre vers la côte des Détroits en coupant la péninsule en deux pour encercler les Turcs se trouvant au sud. Bon en théorie, le plan est cependant menacé par l'arrivée imprévue, dans le secteur, de renforts turcs. Le débarquement à Suvla est maintenu, mais il est confié au général britannique Sir Frederick Stopford, très âgé et totalement dépourvu d'expérience opérationnelle. Afin de faciliter le débarquement de troupes fraîches à Suvla, des attaques frontales des Britanniques et des ANZAC sur le cap d’Hellé et Sari-Bari, ainsi que des Français sur le front de Krithia, sont en même temps lancées, mais ne parviennent pas à déboucher. Le débarquement allié à Suvla, réalisé dans la nuit du 6 au 7 août 1915, réussit, mais les 25.000 Britanniques restent immobiles sur place et perdent l’effet de surprise en laissant aux Turcs le temps de réagir. Lorsque l'attaque alliée se déclenche enfin, le 10 août, les Turcs, qui ont entre-temps renforcé leurs positions, la repousse. Stopford (qui dormait sur le HMS «Jonquil» pendant le débarquement !) est alors remplacé par le général Sir Henry de Beauvoir De Lisle, qui lance un assaut frontal contre des hauteurs bien défendues et ce, sans résultats et laissant de nombreux hommes sur le terrain. La nouvelle tentative alliée se solde à un échec cuisant [17].

7 août 1915 : 6ème combat du Kérévés Déré. Il se rattache à la bataille de Suvla, parce que l’attaque des forces françaises était destinée à retenir devant le front de Krinthia le plus de troupes ennemies possible pour faciliter le débarquement et l’offensive des troupes anglaises dans la région de Suvla.

8 août 1915 : le sous-marin britannique HMS E-11 torpilla le cuirassé ottoman de fabrication allemande, «Barbaros Hayreddin»(ex-SMS «Kurfürst Friedrich Wilhelm», de la classe Brandenburg), dans la mer de Marmara  (autrement appelée la «Propontide» (en grec Προποντίς). Il coula également un torpilleur, sept navires de transports et 23 navires à voiles turcs durant son passage dans la zone.

10 août 1915 : nouvelles défaites pour la Russie sur le Front de l’Est. Les Russes doivent évacuer Ossovietz, Vilna et Kovno. Au même moment, la flotte allemande de la Baltique s'attaque au golfe de Riga.

15 - 21 août 1915 : échec des assauts des Alliés pour prendre les hauteurs situées entre la baie de Suvla et la baie ANZAC  pour unifier la ligne de front de Gallipoli.

16 août 1915 : la colonie allemande occupée du Sud-ouest africain (Namibie) est placée sous administration Sud-africaine.

16 août 1915 : en Arménie, l'occupation de Van par l'armée russe accélère le processus d'extermination des Arméniens par les Jeunes-Turcs.

19 août 1915 : nouveau recul pour la Russie sur le Front de l’Est. Les Allemands font plus de 100.000 prisonniers lors de la capitulation de la garnison de Novo-Georgiesvek. Ils progressent aussi dans la région de Brest-Litovsk, mais connaissent un échec lors d’une tentative de débarquement contre Riga.

19 août 1915 : au large de l'Irlande, un sous-marin allemand coule l'«Arabic», navire qui transportait des passagers américains.

21  août 1915 : le Royaume-Uni  renforce le blocus des Empires centraux et ajoute le coton à la liste des produits de contrebande. La France l'imite le lendemain. Cette mesure suscite une vive hostilité dans le Sud des États-Unis qui y perd une bonne proportion de ses recettes d'exportation.

21 août 1915 : le Royaume d’Italie déclare la guerre à l'Empire ottoman, s'abstenant cependant d'en faire de même avec l'Allemagne, alliée de la Turquie. Elle ne le fera que le 27.08.1915.

23 août 1915 : repoussés sur Brest-Litovsk, les Russes abandonnent la ligne du Bug. Brest-Litovsk sera prise le 25 août par les armées allemandes après que les Russes aient incendié la ville. À ce moment, toute la Pologne est occupée par les Empires centraux, ce qui représente un recul russe de 500 km par rapport à la situation d'avant août 1914.

25 août 1915 : nouvelle offensive franco-britannique en Champagne et en Artois.

26 août 1915 : à Douala, fin de la deuxième conférence interalliée pour faciliter la coopération entre les troupes britanniques et françaises engagées contre le Cameroun allemand.

27 août 1915 : le Royaume d’Italie déclare la guerre à l'Empire allemand.

31 août 1915 : partage de la Pologne entre l’Allemagne et l’Autriche. La Pologne cesse d’exister en tant qu’état, qu’il sera rétabli seulement après la défaite allemande, suite au traité de Saint-Germain-en-Laye (10 septembre 1919).

31 août 1915 : violente attaque allemande appuyée par des obus à gaz dans le secteur du massif du Linge. Les Français doivent céder quelques lignes de tranchées au cours de combats qui durent plus d'une semaine.

31 août 1915 : Benito Mussolini s'engage comme soldat volontaire.

Septembre 1915 : promulgation dans l’Empire ottoman de la «Loi provisoire d'expropriation et de confiscation» des Arméniens.

4 septembre 1915 : prise de la forteresse russe de Grodno par les Allemands.

5 septembre 1915 : suite aux revers répétés de l’armée russe sur le Front de l’Est, le Tsar Nicolas II prend le commandement suprême des forces Russes écartant son oncle le grand-duc Nicolas Nicolaïevitch Romanov. Ce faisant, il se rendait désormais responsable des prochaines défaites de la Russie sur le Front de l’Est. En même temps, il laissait le pouvoir aux mains de l'impératrice Alexandra Feodorovna et de son protégé Raspoutine [18], car son quartier général installé sur le front était trop loin de la capitale. Dès lors, l'influence de Raspoutine devient primordiale et s'exerce désormais dans tous les domaines : il intervient dans les carrières des généraux, dans celle des métropolites et même dans la nomination des ministres. Cela se révèlera désastreux pour l’empereur, dont l’efficacité de gestion des affaires politiques, économiques et militaires de l’état et la popularité seront gravement atteintes. C’est un fait historique indéniable que Raspoutine a jeté le discrédit sur la famille impériale, et qu'il a constitué l'un des principaux éléments qui causèrent la chute des Romanov.

6 septembre 1915 : Décret instituant les cours martiales concernant les délits commis par les soldats.

6 septembre 1915 : Traité secret entre la Bulgarie et les Empires centraux, selon lequel celle-ci s'engage à entrer en guerre à leurs côtés d'ici 35 jours.En contrepartie, la Bulgarie obtiendrait la Macédoine, l’occupation du Sud de la Vieille Serbie et un débouché sur l’Adriatique, ce qui permettait la restauration de la Grande Bulgarie du traité de San Stefano [19].

10 septembre 1915 : début de mobilisation en Bulgarie. Rusé, le gouvernement Bulgare annonce qu'il s'agit d'une «mesure de précaution» (?) ne remettant pas en cause la neutralité bulgare. Ayant fait confiance aux assurances bulgares, le Royaume-Uni refuse donc une attaque préventive contre la Bulgarie qui a été proposée par la Serbie.

12 septembre 1915 : la marine française évacue 300 réfugiés arméniens de Musa Dagh [20] pourchassés par les Ottomans. Durant le génocide arménien, la région du Musa Dagh est l'un des lieux de résistance des populations arméniennes. En juillet 1915, alors que leurs biens et leurs maisons sont confisqués, méfiants du destin qui leur est réservé, les habitants des villages de la région choisissent de résister à l'armée ottomane. Malgré un sous-effectif et un moral entamé, les Arméniens défendent la montagne qui sera siégée durant cinquante-trois jours. Le 12 septembre 1915, à cours de vivres et de munitions, ils sont évacués par la marine française mouillant au large des côtes syriennes ; plus de quatre mille personnes seront acheminés par le navire de guerre français «Le Guichen»  à Port-Saïd, en Égypte.

14 septembre 1915 : Traité d’alliance entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie, la Turquie et la Bulgarie. L’ancienne «Triplice» devient donc la nouvelle «Quadruplice» [21].

15 septembre 1915 : télégramme de Talaat-Pacha à la préfecture d'Alep confirmant l'ordre d'extermination des arméniens.

16 septembre 1915 : la Russie est en difficulté dans la région de Vilna. Les armées allemandes prennent Minsk et atteignent aussi la Berezina. Von Mackensen, dont l'armée vient de s'emparer de Minsk, est nommé premier commandant des troupes de l'Alliance qui vont être engagées contre la Serbie.

17 – 19 septembre 1915 : repli russe aux pays baltes. Le 18 septembre les armées allemandes se saisissent de la ville de Vilna, y faisant plus de 20.000 prisonniers. Le 19 septembre, les Allemands s'emparent de Smorgon, qui sera reprise par les Russes le 20 septembre.

21 septembre 1915 : En Allemagne, ordonnance définissant une nouvelle tenue de campagne, mieux adaptée aux conditions de la guerre, pour tous les soldats.

21 septembre 1915 : mobilisation générale en Bulgarie. Devant l’imminente entrée en guerre de la Bulgarie, le 28 septembre 1915, puis le 2 octobre 1915, Elefthérios Venizélos, premier ministre grec, autorise un débarquement allié à Thessalonique.

24 septembre 1915 : début de la Deuxième offensive en Champagne et de la Troisième offensive en Artois. Pour ces engagements, l’Entente rassemble 90 divisions, 5.000 canons et 8 millions d'obus. Joffre a nommé le général Castelnau responsable de la manœuvre. Les soldats portent le nouvel uniforme bleu horizon et un casque. Les offensives commencent bien pour les armées alliées, mais ne suffisent pas à repousser les Allemands plus loin que leur deuxième ligne au moment où ceux-ci reçoivent des renforts, dont le 10ème Corps d'armée arrivé depuis le front russe. Le 27 septembre, la situation n'a progressé que de quelques mètres  au prix de pertes terribles. Le 28 septembre, l'élan est brisé par les gaz asphyxiants. Le 29 septembre marque l’arrêt des offensives en Artois et en Champagne. L'armée française atteint son avancée maximum sur la tranchée de Tantes en Champagne. La brèche ne porte que sur quelques centaines de mètres et le feu allemand depuis les flancs met fin à la percée. En soirée, le général de Castelnau ordonne la suspension de l'offensive.

25 septembre 1915 : Lord Kitchener ordonne le redéploiement de deux divisions britanniques du front des Dardanelles sur le front de Salonique en Grèce, pour venir à l’aide des Serbes. Cela marque le début de la fin de l’expédition de Gallipoli.

27 septembre 1915 : Bataille de Loos (Artois). Les Britanniques remportent la bataille de Loos grâce à un usage intensif des gaz de combat se soldant par des pertes considérables chez les Allemands.

29 septembre 1915 : le cabinet Briand succède au cabinet Viviani démissionnaire. Le  général Gallieni devient ministre de la guerre.

29 septembre 1915 : le président américain Woodrow Wilson fait voter par le Congrès des crédits à la France et à l'Angleterre.

Octobre 1915 : le général britannique Ian Hamilton s'oppose à la possibilité d'une évacuation des forces alliées à Gallipoli, pour des raisons de prestige. Il sera limogé et remplacé par le général Charles Monro, qui par la suite organisera l'évacuation des troupes alliées des Dardanelles vers le Front de Salonique.

Octobre 1915 : après la perte de Wilno en septembre par les Russes, le Front de l’Est se stabilise sur une ligne Riga-Pinsk-Ternopol.

Octobre 1915 : la Serbie est confrontée aux offensives conjointes des armées allemande, austro-hongroise et bulgare. Pour éviter l’anéantissement, l’armée serbe opère une difficile retraite sur l’Adriatique, à travers le Monténégro et l’Albanie, dans des conditions climatiques adverses. Elle est évacuée par la marine alliée d’abord à Corfou, où elle sera recomposée, puis transportée de Corfou jusqu’à Salonique où elle sera incorporée dans l’Armée d’Orient (cf. infra).

3 octobre 1915 : un corps expéditionnaire franco-britannique, composé de deux divisions britanniques et d'une division française en provenance des Dardanelles, débarque à Salonique, avec l’autorisation du premier-ministre Venizélos, pour soutenir la Serbie, menacée par la Bulgarie qui vient de rejoindre le camp des Empires centraux.

5 octobre 1915 : la Bulgarie entre en guerre à côté des Empires centraux.

6 octobre 1915 : reprise de l'offensive en Champagne ou les bombardements massifs de l'armée française ne donnent pas de résultat.

6 octobre 1915 : l'Autriche-Hongrie envahit la Serbie. L'offensive austro-allemande contre la Serbie commence avec le bombardement de Belgrade [22] qui reçoit près de 30.000 obus. Le Danube est franchi par l'armée austro-hongroise le 8 octobre.

8 octobre 1915 : à Londres, le journal «Times» publie un dossier sur l'extermination des Arméniens par les Jeunes-Turcs.

9 octobre 1915 : le poste radiotélégraphique de la tour Eiffel réalise la première transmission directe avec les États-Unis. Le signal est reçu à Arlington, soit à une distance de 5.500 km de Paris.

9 octobre 1915 : prise de Belgrade par des forces allemandes et autrichiennes.

9 octobre 1915 : déclaration de neutralité de la Grèce et de la Roumanie.

14 octobre 1915 : une flottille de Zeppelins bombarde Londres causant 56 décès et blessant 110 personnes.

14 octobre 1915 : le Royaume de Bulgarie déclare la guerre au Royaume de  Serbie.

14 – 17 octobre 1915 : attaque de l'armée bulgare à la frontière orientale de la Serbie. L'armée bulgare atteint la région de Vrania et coupe la voie ferrée Nis-Uskub. Cette voie ferrée est le seul lien de la Serbie avec l'extérieur pour assurer ses approvisionnements.

16 octobre 1915 : la France déclare la guerre au Royaume de Bulgarie.

17 octobre 1915 : afin de convaincre les Grecs d'entrer en guerre, Londres propose la cession de Chypre, qu’il administre depuis 1878, à la Grèce.

18 octobre – 4 novembre 1915 : Troisième bataille de l'Isonzo. Les objectifs étaient les mêmes que dans les deux batailles précédentes. L’offensive italienne est précédée par le pilonnage des positions austro-hongroises pendant trois jours par quelque 1.200 pièces d’artillerie, qui déversent plus d'un million d'obus. Les pluies intenses et la boue ralentissent l'offensive italienne. Encore une fois ce fut l'échec de la tentative de rupture en direction du Monte San Michele, au-dessous du haut plateau de Doberdò, avec seulement la conquête de quelques tranchées. Échec également, avec de lourdes pertes, des attaques menées simultanément contre Flitsch (en italien Plezzo) et Tolmein et contre la tête de pont de Görz (Gorizia). Les pertes pour l’Italie se chiffrent à 60.000 hommes (dont environ 11.000 morts) et pour l’Autriche-Hongrie à 42.000 hommes (dont environ 9.000 morts).

19 octobre 1915 : le Royaume d’Italie et l’Empire russe déclarent la guerre au Royaume de Bulgarie.

19 octobre 1915 : le Japon adhère au pacte de Londres. Il s'engage ainsi à ne pas signer de paix séparée avec les Empires centraux.

20 – 5 novembre 1915 : succès bulgares en Serbie. Le 20 octobre 1915, L'armée bulgare occupe Véles et Kumanovo en Macédoine serbe. Parlementaires, fonctionnaires et diplomates étrangers évacuent Nis, capitale provisoire du pays. Le 22 octobre, l'armée bulgare atteint Uskub (Skopje), prend Kralievo-Selo et passe le Timok. Le lendemain, les Bulgares prennent occupent Uskub (Skopje) et Prahovo, le 24 octobre Négotin, le 28 octobre Pirot, obligeant le gouvernement serbe de quitter sa capitale provisoire, Nis. Le 5 novembre 1915, Nis est prise par les Bulgares qui font alors jonction avec les armées austro-allemandes.

21 octobre 1915 : la marine de l'Entente bombarde les villes portuaires bulgares de Dédéagatch (aujourd’hui Alexandroúpolis), Varna et Bourgas.

22 - 27 octobre 1915 : combats en Macédoine serbe entre des troupes françaises de l'Armée d'Orient commandées par le général Sarrail et des troupes bulgares. Le 22 octobre, les Français reculent à Rabrovo et le 27 octobre, ils sont vaincus à Krivolak.

25 octobre 1915 : à Loos (Artois), première attaque au chlore des Britanniques contre les lignes allemandes.

25 octobre 1915 : Création du «British West Indies Regiment», formé de volontaires originaires des Antilles britanniques.

28 octobre 1915 : le président du Conseil roumain Ion Bratianu refuse le libre passage sur le territoire roumain de l’armée russe qui viendrait renforcer les Serbes.

29 octobre 1915 : le président du Conseil français René Viviani démissionne. Aristide Briand lui succède et forme un gouvernement où tous les partis sont représentés.

1er novembre 1915 : l’épuisement des soldats et les conditions climatiques difficiles forcent l'armée française à décider la fin des combats en Artois et en Champagne.

3 novembre 1915 : manœuvres allemandes en Champagne. Les Allemands reprennent pied sur les hauteurs de la Main-de-Massiges et au mont Têtu.

5 novembre 1915 : Clemenceau est élu président de la commission des affaires étrangères du Sénat.

7 novembre 1915 : le paquebot italien «Ancona» est coulé par un sous-marin autrichien. Des citoyens américains y trouvent la mort. Les États-Unis demanderont des dédommagements le 06.12.1915.

10 novembre – 2 décembre 1915 : Quatrième bataille de l'Isonzo. L'offensive italienne débute par un barrage d'artillerie intense de quatre heures. L’effort italien est concentré  sur l'un de leurs objectifs stratégiques, Gorizia. Les Italiens n'y gagnent que peu de terrain pour un coût humain très élevé (49.500 pertes humaines pour les Italiens et 32.100 pour les Austro-hongrois).

11 novembre 1915 : tous les légionnaires présents sur le sol métropolitain sont regroupés dans le Régiment de Marche de la Légion Etrangère (RMLE).

11 novembre 1915 : appel urgent au volontariat au Royaume-Uni.

16 novembre 1915 : adoption en France d'une loi pour le lancement d'un emprunt de 13 milliards de francs à un taux d'intérêt de 5% pour le financement de la guerre.

17 novembre 1915 : révolte en Afrique Occidentale française contre le recrutement de 50.000 hommes dans la région du fleuve Volta. La révolte durera plus de huit mois et sera sévèrement réprimée.

19 novembre 1915 : suite aux victoires bulgares dans le sud de la Serbie et afin d’éviter l'encerclement et l’anéantissement (ce qui est le plan de von Mackensen), le voïvode Putnik, général en chef des armées serbes, donne l'ordre de retraite générale pour l'armée Serbe qui doit se diriger vers l’ouest, pour atteindre l’Adriatique. Le 23 novembre, l'armée serbe abandonne Mitrovitza et Pristina, puis elle évacue le Kossovo.

23 – 27 novembre 1915 : vaincue sur tous les fronts, l’armée serbe bat en retraite à travers les montagnes enneigées du Monténégro et d'Albanie, pour ouvrir un chemin vers les ports de la mer Adriatique. La retraite se révèle alors extrêmement difficile : les soldats serbes harassés et affamés doivent passer des cols à 2.500 mètres sous des températures extrêmes. Le roi Pierre Ier suit le convoi à bord d'un char à bœufs. En décembre, les troupes serbes atteignent les rivages de l'Adriatique occupés par leurs alliés italiens. Ceux-ci évacuent une partie de l'armée serbe en bateaux, de Durazzo à Corfou. L'autre partie est prise en charge, sous le feu des batteries allemandes, par la flotte française (paquebots des Messageries Maritimes transformés en transports de troupes), qui la transporte à Bizerte (Tunisie) et ensuite en Corse. Les officiers blessés seront soignés dans les hôpitaux français. L'Albanie se voit ensuite occupée par les Autrichiens qui craignent un futur débordement par l'Adriatique. Ce choix provoquera des tensions entre les deux états-majors de la Triplice, car les Allemands avaient souhaité diriger l'offensive vers Salonique.

26 novembre 1915 : les Allemands bombardent les lignes françaises au nord-ouest de Verdun avec des obus chimiques.

27 novembre 1915 : jonction des reliquats des armées serbe et monténégrine sur la côte adriatique.

28 novembre 1915 : Cérémonie en l'honneur d’Edith Cavell,  infirmière britannique fusillée par les Allemands, au Trocadéro en présence du président Poincaré.

30 novembre 1915 : l'Italie adhère au pacte de Londres et s'engage à ne pas signer de traité de paix séparé.

2 décembre 1915 : le général Joffre devient commandant en chef des armées françaises. Cette nomination subordonne les armées françaises d'Orient au Grand Quartier Général.

2 décembre 1915 : les deux divisions françaises qui sont en Serbie sous le commandement du général Maurice Sarrail reçoivent l'ordre de se replier vers Salonique. Le 4 décembre, à Calais, les états-majors de France et de Grande-Bretagne examinent la question de Salonique, hésitant entre l'évacuation et le maintien des troupes.

4 décembre 1915 : 1ère Conférence interalliée à Calais convoquée par les Britanniques. Lord Kitchener, William Robertson (Chef du Quartier Général Britannique), Aristide Briand et le général Joffre y participent. Les Britanniques veulent persuader les Français d’abandonner le projet d’expédition de Salonique. Briand et Joffre y consentent. Mais suite à l’opposition populaire et politique que cette décision a rencontré en France, Briand et Joffre reviennent sur leur décision et profitent de la Conférence interalliée élargie a Chantilly (cf. ci-après) pour faire adopter le projet d’expédition de Salonique malgré les hésitations britanniques.

5 décembre 1915 : 2ème Conférence interalliée à Chantilly. Elle dure trois jours et a pour objectif de concerter les pays de l'Entente pour les offensives de 1916. Les Alliés décident d'engager des offensives générales sur tous les fronts pour empêcher le transfert des troupes allemandes d’un front à l’autre et pour emporter la victoire finale.

6 décembre 1915 : publication du pacte de Londres stipulant que les pays de l’Entente s’engagent à ne pas signer de traité de paix séparé.

8 - 20 décembre 1915 : le gouvernement britannique prend la décision d’évacuer ses troupes des Dardanelles. Dans une 1ère  phase, les baies d’ANZAC et de Suvla sont évacuées. L’évacuation se déroule avec succès grâce au plan méticuleux du général William Birdwood. Le nombre de soldats de l’Entente est graduellement réduit et des ruses comme le fusil automatique conçu par le soldat William Scurry fonctionnant grâce à l'accumulation d'eau dans une casserole attachée à la détente, permirent de dissimuler ce retrait. Quelques 83.000 hommes, 168 pièces d'artillerie, 1.700 véhicules et 4.500 animaux de somme sont finalement évacués sans encombre et avec très peu de victimes. Cependant les Alliés durent laisser sur place de grandes quantités de ravitaillement qui furent capturées par les Ottomans.

9 décembre 1915 : Français et Britanniques informent officiellement le gouvernement grec de leur décision de fortifier Salonique.

16 décembre 1915 : Douglas Haig est nommé commandant en chef du corps expéditionnaire britannique en France en remplacement de John French.

19 décembre 1915 : Les dernières troupes françaises ayant combattu dans les Balkans terminent leur repli vers Salonique.

21 décembre 1915 : 16 bataillons de l'armée française sont déployés à l'assaut de l'Hartmannswillerkopf [23]. Les troupes françaises en atteignent le sommet avant d'être repoussées le lendemain par une contre-attaque allemande.

28 décembre 1915 : le gouvernement britannique décide le principe du service militaire obligatoire. Adoption définitive du «Military Service Act» le 24.01.1916. Il entre en vigueur le 09.02.1916.

28 décembre 1915 : en France, vote de la loi appelant par anticipation la classe 17.

29 décembre 1915 : en France, adoption d'une loi stipulant que les soldats morts au combat ont droit à «une sépulture perpétuelle aux frais de l'Etat».

30 décembre 1915 : le général Erich von Falkenhayn, dans son rapport sur la situation militaire, propose à son gouvernement de passer à la guerre sous-marine à outrance.

fin de l'année 1915 : poursuite des massacres des Assyriaques dans l’Empire ottoman [24]. Djevded-Pacha, commandant en chef d'un bataillon de 8.000 soldats qu'il appelait lui-même «le bataillon des bouchers» (en turc «Kasap Taburu»)[ordonne le massacre de près de 20.000 Assyriens résidant dans une trentaine de villages dans la province de Van. Le témoin Hyacinthe Simon cite le nombre de 4.000 Chrétiens ayant perdu la vie au village de Siirt, qui était le siège de l’archevêque chaldéen [25] Addaï Scher (ou Scheir) assassiné par les Turcs le 21.06.1915. Son cadavre fut décapité et sa tête envoyée au gouverneur. Le siège des archevêques, près de Siirt, fut pillé et détruit, y compris sa précieuse bibliothèque de manuscrits dont Addaï Scher avait publié un catalogue. Seuls dix-neuf manuscrits, offerts antérieurement à la Bibliothèque nationale de France, ont été sauvés.

fin de l'année 1915 : Joffre est critiqué pour sa tactique d’une «offensive à outrance». Les pertes françaises depuis le début de la guerre sont de 600.000 hommes.  Joffre se défend : «on ne peut laisser la France immobile et être envahie ; durant l'offensive de Champagne, les Allemands étaient prêts à lâcher ; sans offensive, von Falkenhayn en aurait déjà fini avec les Russes…». Joffre tire les leçons des échecs de 1915 et présente une nouvelle tactique d'attaque : «Il faut profiter de la guerre immobile pour reprendre son souffle». Désormais on va chercher «l'usure de l'ennemi» ; «une attaque frontale le déstabilisera, l'artillerie lourde attaquera ses points faibles» ; «l'effort n'interviendra que si l'usure semble suffisante». Foch a la responsabilité de préparer une vaste offensive dans la Somme au moyen de trois armées durant l'été 1916. De son côté, von Falkenhayn se rend compte que la situation est aussi critique pour l'Allemagne : il décrète qu’il faut «saigner les Français» à tout prix. Dans un premier temps, il choisit Belfort, puis redoutant la réaction helvétique, il se concentre sur Verdun (qui occupe déjà une place centrale dans le «plan Schlieffen»). C'est une place forte stratégique française, mais qui manque de communications : les lignes de chemin de fer ayant été coupées, les renforts français n'arriveront que par une petite voie au compte-gouttes. En parallèle, la IIème Armée allemande s'engagera en Champagne et la IIIème sur la Somme. Une offensive allemande d’envergure est donc lancée le 21 février 1916[. Joffre et Foch, très occupés à la préparation de l'offensive sur la Somme, seront totalement pris au dépourvu… 

 

Dr. Angel ANGELIDIS

Ex-Conseiller au Parlement Européen

Bruxelles, juillet 2015



Notes de bas de page

[1] Un Dominion était un État indépendant membre de l'Empire britannique, mais pas totalement souverain (la diplomatie était sous la souveraineté de la couronne britannique).

[2] Le SMS «Blücher» est un croiseur cuirassé de la «Kaiserliche Marine» (marine impériale allemande). Il porte le nom du maréchal prussien Gebhard Leberecht von Blücher. Mis en chantier en février 1907 (Kaiserliche Werft Kiel), il a été lancé le 11 avril 1908 et mis en service le 24 mars 1910. Equipé de 12 canons de 210 mm, sa  puissance de feu était bien inferieure de celle des croiseurs de bataille contemporains de la classe Invincible de la «Royal Navy» dotés de 8 pièces de 305 mm, rendant obsolètes les croiseurs précédents. Une proposition de transformer le projet allemand en adaptant des canons de 280 mm ne fut pas retenue. Il a d'abord servi comme navire-école pour les artilleurs de 1911 à 1914, puis il a rejoint l'escadre de l'Atlantique Nord. Il participe à la Bataille de Heligoland le 28 août 1914, puis aux raids sur Yarmouth le 3 novembre 1914, et Scarborough, Hartlepool et Whitby  le 16 décembre 1914. Il fut coulé à la bataille de Dogger Bank en 1915.

[3] Dénommé «casque Adrian», cet équipement n’était pas destiné à arrêter les balles, mais à protéger la tête des éclats d’obus. En effet, l’Etat-major français déplorait trop de pertes depuis 1914 à cause de blessures à la tête ; 77 % des blessures des «Poilus» étaient à la tête avant son adoption, le chiffre tombant à 22 % en 1916. Les autres belligérants, à la même époque, décidèrent d’adopter des protections de ce type : le casque Brodie côté britannique (breveté en 1915, mais diffusé en grandes quantités au printemps 1916, et le Stahlhelm côté allemand (adopté début 1916 en remplacement des traditionnels casques à pointe).

[4] Il y avait 35.000 Grecs à Gallipoli en 1915. Il n’y aura aucun en 1919.

(cf. : http://neoskosmos.com/news/en/The-Ethnic-cleansing-of-Greeks-from-Gallipoli-in-1915?page=show)

[5] Alphonse Juin, (né le 16.12.1888 à Bône (département de Constantine, Algérie française) et mort le 27.01.1967 à Paris), fut l'un des grands chefs de l'armée de libération en 1943-1944 et il s'illustra surtout à la tête du Corps expéditionnaire français en Italie qui, le 13 mai 1944, remporta la victoire du Garigliano, ouvrant les portes de Rome aux Alliés qui piétinaient devant le monte Cassino. Il est le seul général français de la Seconde Guerre mondiale à avoir été élevé à la dignité de maréchal de France de son vivant, en 1952.

[6] Le «Bouvet» fut touché par la mine au centre à tribord, sous la ligne de flottaison au niveau de la tourelle de 274 mm. Une énorme explosion causa une profonde voie d'eau qui envahit une vaste zone des machines du navire. Le navire se coucha très rapidement, en particulier du fait d'une conception erronée du compartimentage de la coque, typique des cuirassés conçus en France à cette époque. L'eau pénétra rapidement dans les cheminées. En moins d'une minute seulement, le cuirassé coulait, emportant avec lui la plus grande partie de ses quelque 700 hommes d'équipage. Certains d’entre eux furent sauvés par une vedette du «Prince George» croisant à proximité immédiate. Au total 75 hommes survécurent, dont 5 officiers. Avec les blessés morts à l'hôpital, cette tragédie coûta la vie à 648 marins français, dont le brave capitaine Rageot de la Touche qui, sur la passerelle, aurait pu se sauver, mais qui choisit délibérément de se laisser couler avec son bâtiment.

[7] Mehmet Talaat-Pacha, né en 1874 à Kardjali, aujourd'hui en Bulgarie, mort le 15 mars 1921 à Berlin, est un homme d'État ottoman, grand vizir et membre principal de la Sublime Porte de 1913 à 1918. Il était un des leaders du mouvement «Jeunes Turcs» et fut le premier Grand Maître de la Franc-maçonnerie turque en 1909. Après l'assassinat du Premier ministre Mahmut Şevket-Pacha en juillet 1913, Talaat-Pacha redevint Ministre de l'Intérieur. Talaat-Pacha, avec Enver-Pacha et Djemal-Pacha, formaient un groupe appelé les «Trois Pachas». Ces trois hommes devinrent les dirigeants prépondérants du gouvernement ottoman depuis ce moment jusqu'à la fin de la guerre en octobre 1918. Talaat-Pacha est le principal organisateur du génocide arménien. On lui attribue l'ordre de «tuer tous les hommes, femmes et enfants arméniens sans exception». Contrairement aux massacres arméniens de 1894-1896 où le Sultan laissait ses délégués régler les détails, le génocide de 1915 fut parfaitement organisé. Aidé d'Enver-Pacha, qui avait habité quelques années à Berlin, et de conseillers coutumiers des administrations germaniques, Talaat-Pacha fit des massacres une véritable organisation étatique. Il fut impliqué dans la spoliation des propriétés, comptes bancaires et assurances souscrites par les Arméniens déportés.  Aujourd'hui, les Arméniens l'appellent l’Hitler turc.En 1917, Talaat-Pacha devint grand vizir, mais démissionne le 14 octobre 1918, alors que les Britanniques prennent les villes de Jérusalem et de Bagdad. Une semaine plus tard, l’Empire ottoman capitule devant les Alliés et signe l’armistice de Moudros. La guerre perdue, les «Trois Pachas» Talaat-Pacha, Enver-Pacha et Djemal-Pacha s'enfuient à Berlin. Tous trois sont condamnés à mort par contumace pour leur implication dans le génocide arménien le 5 juillet 1919 par une cour martiale de Constantinople, lors du procès des membres du Comité central du parti Union et Progrès, du grand vizir Said Halim-Pacha et de quelques autres ministres. Le 15 mars 1921, Talaat-Pacha est tué dans la rue par Soghomon Tehlirian, un rescapé arménien du génocide, membre de l'«opération Némésis», qui sera par la suite acquitté. Il est alors enterré au cimetière turc de Berlin. La condamnation de Talaat-Pacha n'a jamais été officiellement remise en cause, mais la République turque, état successeur de l'Empire ottoman, le réhabilite officieusement en faisant transférer en 1943 ses restes à Istanbul (l’ex-Constantinople) où ils sont inhumés à Şişli, et en lui dédiant un mausolée, ainsi qu'un important quartier. De même, un des principaux boulevards d'Ankara, un grand boulevard d’İzmir (l’ex-Smyrne) et une avenue à Edirne (l'ex-Adrinople) portent son nom.

[8] En violation des conventions de La Haye de 1899 et 1907, qui interdisaient l’utilisation des gaz de combat.

[9] Les Puissances n’ont pas accepté l’offre du premier-ministre grec Venizélos pour une participation de forces grecques à l’expédition des Dardanelles. L’accord secret russo-franco-britannique du 11 mars 1915, sur le principe d’une annexion de Constantinople par la Russie,  fut certainement derrière ce refus.

[10] Batailles de Krithia - Kérévés Déré. C’est une série de combats qui eurent lieu du 28 avril au 7 août 1915 pour la prise de Krithia (en turc Kirte, village situé à 6 km du cap d'Hellé), par les forces franco-britanniques, et qui se soldèrent par un échec sanglant. Depuis le cap d'Hellé jusqu'au mont d’Atchi Baba (point coté 215), le terrain montagneux et raviné est difficile pour des forces offensives. Quatre grands ravins, (en turc «Dérés», descendent du mont d'Atchi Baba vers le cap. À l'ouest on trouve le Gully Ravine, séparé de la mer Égée par son éperon. Plus à l'est, l'éperon de Fir Tree en bordure de la Vallée de Krithia (appelé aussi Krithia Nullah ou Kirte Déré) puis l'éperon de Kérévés Déré surplombant le ravin du même nom qui rejoint la baie de Morto. Seuls les éperons de Gully Ravine et de Fir Tree offraient une certaine couverture et la majorité des avances britanniques a été faite sur ces éperons et à l'abri de ces ravins. Les forces françaises opéraient sur et dans le Kérévés Déré d'où le nom des combats.

On distingue 7 batailles de Krithia qui eurent lieu lors les dates suivantes :

- Première bataille de Krithia, pour les Britanniques 1st battle of Krithia,  (28 avril - 4 mai 1915) ;

- 1er combat du Kérévés Déré, pour les Britanniques 2nd battle of Krithia,  (6-7-8 mai 1915) ;

- 2ème combat de Kérévés Déré, pour les Britanniques 3rd battle of Krithia, (4 juin 1915) ;

- 3ème combat du Kérévés Déré (21 juin 1915) :

- 4ème combat du Kérévés Déré (30 juin 1915) :

- 5ème combat du Kérévés Déré (12-13 juillet 1915) :

- 6ème combat du Kérévés Déré (7 août 1915).

[11] L’entrée en guerre de l’Italie aux côtés de la Triple-Entente fut bénéfique pour deux raisons : ainsi, non seulement elle permettait d’ouvrir un nouveau front de guerre, mais une des voies de ravitaillement des  Empires centraux était désormais coupée.

[12] Sous le nom de batailles de l'Isonzo, on désigne douze affrontements sanglants entre l'Italie et l'Autriche-Hongrie qui ont eu lieu du 23 juin 1915 au 12 septembre 1917 au cours de la Première Guerre mondiale. Le nom est celui du fleuve Isonzo (appelé Soča en slovène, Sontig en allemand), qui est un fleuve séparant l’Italie de Trieste, important port autrichien sur l’Adriatique, dont les deux tiers des habitants étaient italiens. Le fleuve qui serpente le long de la frontière, surplombé par des montagnes abruptes, constituait un obstacle physique important que les Italiens devraient franchir pour accéder au port de Trieste.

[13] La forteresse de Przemyśl est un immense ensemble de sites défensifs, une des plus grandes fortifications fixes en Europe, cédant la place seulement à Anvers et Verdun. Sa construction débuta en 1871 et elle ne fut jamais terminée. En 1914, Przemyśl avait trois lignes défensives, dont l'anneau extérieur avait 45 km de pourtour et était composé de 17 forts principaux. Le système intérieur de défense était composé de 21 forts défensifs. Le jour de l'éclatement de la guerre, une garnison comptant 130.000 soldats y stationnait. Au cours du premier et du deuxième siège, la forteresse de Przemyśl se défendait contre les troupes russes pendant presque 180 jours. Elle se rendit, quand la nourriture manqua et une défense ultérieure devint impossible. La troisième fois, la forteresse fut assiégée par des troupes autrichiennes et allemandes, et défendue par l'armée russe.

[14] Le Front italien (en allemand «Gebirgskrieg», la «Guerre de la montagne») est le nom donné aux opérations militaires et aux batailles menées par l'armée royale italienne et ses alliés contre les armées de l'Autriche-Hongrie et de l'Allemagne dans l'Italie nord-est durant la 1ère Guerre mondiale (1915-1918). L'Italie avait une forte rivalité avec l'Autriche-Hongrie qui datait du congrès de Vienne de 1815, après les guerres napoléoniennes, lorsque nombre de villes italiennes furent cédées à l'Autriche. L'Italie espérait que s'alliant aux forces de la Triple-Entente contre les Empires centraux, elle pourrait obtenir les provinces du Trentin, Trieste et d'autres territoires tels que le Tyrol du Sud, l'Istrie et la Dalmatie. Alors que l'Italie pensait exploiter un effet de surprise pour mener une offensive rapide visant à occuper les principales villes de l'Autriche, le conflit se transforma rapidement en une sanglante guerre de tranchées, semblable à celle en cours sur le front occidental. La seule différence est que, alors que sur le front occidental des tranchées sont creusées dans la boue, sur le front italien, elles sont sculptées dans la roche et les glaciers des Alpes au-delà de 3.000 mètres d'altitude.

[15] Le SMS «Königsberg» est un croiseur léger de la marine impériale allemande lancé le 12 décembre 1905. Il appartenait à la «classe Königsberg» (1905) qui comprenait quatre navires. Il est baptisé d'après la ville de Königsberg en Prusse-Orientale. Il entre en service le 6 avril 1907 et, après des voyages d'essai, sert à escorter le yacht impérial SMY «Hohenzollern» de Guillaume II dans ses différents voyages. En 1914, il a pour mission de patrouiller dans les eaux d’Afrique orientale. Sous la menace d’une flotte britannique importante, il commence par désorganiser la voie commerciale de l’océan Indien en arraisonnant le cargo «City of Winchester». Puis la guerre navale prend le relai. Le 20 septembre, le «Königsberg» envoie par le fond le HMS «Pegasus», un croiseur léger britannique. Aux abois par manque de charbon et dans la quasi impossibilité de réparer ses chaudières, le navire allemand n’est pas dans les meilleures conditions pour tenter de rallier l’Allemagne. Le commandant Max Looff préfère alors se placer en position défensive en mouillant dans le delta du Rufiji, un fleuve de Tanzanie (à l’époque Tanganyika). Début novembre, l’étau se resserre autour du «Königsberg». Trois croiseurs britanniques arrivent sur place et empêchent le navire allemand de s’enfuir en pleine mer. C’est un véritable siège qui s’annonce. Il faut plus de six mois et l’action conjuguée d’une dizaine de bâtiments pour forcer le commandant Looff à saborder le «Königsberg» (11.07.1915). Ce qui n’empêchera pas l’équipage de continuer le combat en rejoignant les forces terrestres allemandes en Afrique orientale, commandées par le lieutenant-colonel von Lettow-Vorbeck, en emportant avec eux quelques canons du croiseur, pièces d’artillerie qui joueront ensuite un rôle non négligeable dans les combats terrestres.

[16] Edith Cavell, née le 04.12.1865 à Swardeston en Angleterre et morte le 12.10.1915 à Schaerbeek (Bruxelles) en Belgique, est une infirmière britannique fusillée par les Allemands pour avoir permis l'évasion de centaines de soldats alliés de la Belgique alors sous occupation allemande pendant la Première Guerre mondiale. Malgré la pression internationale et la publicité donnée par la presse mondiale à l'époque sur son procès en cour martiale, elle est exécutée pour haute trahison. Sa mémoire est aujourd'hui honorée par l'Église anglicane.

[17] Le commandement britannique a commis une erreur stratégique de taille. Au lieu de Suvla, dont la valeur militaire est très douteuse du fait de la plus grande distance et du massif montagneux escarpé qui la sépare de la rive des détroits, le débarquement allié aurait dû se faire plutôt sur le goulot de Bulair, large d’à peine 5,5 km ,ce qui aurait permis aux forces alliées de couper la péninsule du reste de la Turquie, d’empêcher l’envoi de renforts aux forces ottomanes qui se trouvaient dans le sud de la péninsule, de prendre à revers ces dernières et de les forcer à capituler.

[18] Grigori Efimovitch Raspoutine, par la suite Raspoutine-Novyi (en russe : Григорий Ефимович Распутин-Новый1), probablement né le 21 janvier 1869 dans le village de Pokrovskoïe, futt un pèlerin, soi-disant mystique et guérisseur russe. Il a été le confident d'Alexandra Feodorovna, épouse de l'empereur Nicolas II, ce qui lui a permis d'exercer une forte influence au sein de la cour impériale russe, jusqu'à son assassinat, à Petrograd, dans la nuit du 29 décembre (16 décembre) 1916 au 30 décembre (17 décembre) 1916, à la suite d'un complot fomenté par des membres de l'aristocratie. Originaire des confins de la Sibérie, il se présentait comme mystique errant, et se prétendait starets. On le surnommait parfois le «moine fou». Aucune source ecclésiastique n’atteste néanmoins son appartenance à un quelconque ordre religieux, mais Raspoutine se plaisait à l'affirmer. En revanche, il fut à plusieurs reprises suspecté d'appartenir à la secte des khlysts qui mêlent, par la danse, la flagellation (d'où leur nom de «flagellants») et l'extase, l'érotisme et la religion. L'hypothèse la plus généralement retenue est qu'il fut surtout un aventurier, se présentant comme pèlerin itinérant, doté d'un grand pouvoir de séduction. En novembre 1907, Raspoutine, qui s'est acquis une réputation comme guérisseur, est pour la première fois invité par le couple impérial au chevet de leur fils Alexis, leur unique garçon et l'héritier du trône, atteint d'hémophilie. Raspoutine parvient à enrayer la crise et à le soulager au bout de quelques jours. Selon certains, cela s'expliquerait par le simple fait que la médecine de l'époque ignore les propriétés de l'aspirine qui est donnée au jeune malade pour le soulager des douleurs. Ce médicament est un antiagrégant plaquettaire (anticoagulant), facteur donc aggravant de l'hémophilie. Le simple fait de rejeter les remèdes donnés au malade – dont l'aspirine – ne peut qu'améliorer son état. Raspoutine expliquera plus tard que ses pouvoirs de guérison se basent sur ses dons d'hypnose et l'utilisation de médicaments traditionnels de Sibérie. Les parents sont séduits par les dons de guérisseur de cet humble «moujik» qui semble aussi avoir celui de prophétie. Alexandra se convainc que Raspoutine est un messager de Dieu et qu'il a la capacité d'aider son fils par ses dons de guérisseur et sa prière. Raspoutine prend très vite un ascendant considérable sur le couple impérial. Invité à de nombreuses réceptions mondaines, il fait la connaissance de nombreuses femmes riches. Il inquiète et fascine : son regard perçant est difficile à soutenir pour ses admiratrices, beaucoup cèdent à son charme hypnotique et le prennent pour amant et guérisseur. Raspoutine devient un personnage très influent, en particulier après septembre 1915. Il se fait alors de plus en plus d'ennemis, en particulier chez les politiques, les militaires et dans le clergé orthodoxe qui, au début, l'a pourtant bien accueilli, mais qui est maintenant révolté par sa réputation scandaleuse, ses débauches, dans lesquelles des noms de femmes de la haute noblesse sont mêlés. Les pires calomnies se répandent en même temps que la guerre tourne au désastre. En 1916, à la Douma, la tsarine, qui est d'origine allemande, et Raspoutine sont ouvertement accusés de faire le jeu de l'ennemi. Une conjuration aboutit à son assassinat dans la nuit du 16 au 17 décembre 1916, alors qu’il est l’invité du prince Félix Ioussoupov, époux de la grande-duchesse Irina, nièce du tsar. Parmi les principaux conjurés se trouvent le grand-duc Dimitri Pavlovitch, cousin de Nicolas II, le député d’extrême-droite Vladimir Pourichkevitch, l’officier Soukhotine et le docteur Stanislas Lazovert. Le cadavre est retrouvé gelé le matin du 19 décembre 1916 et remonté à la surface de la Neva au niveau du pont Petrovsky. L’album de photos de police exposé au Musée d’histoire politique de la Russie de Saint-Pétersbourg révèle le visage de Raspoutine défoncé par des coups et son corps transpercé de trois balles tirées à bout portant. L’autopsie, faite le jour même de la découverte du corps à l’Académie militaire par le professeur Kossorotov, révèle que Raspoutine a donné beaucoup de peine à ses assassins, car il n’est mort ni du poison, ni des balles, ni des commotions et des coups assénés, mais que la présence d’eau dans les poumons prouverait qu’il respirait encore au moment où on le jeta dans la Neva. Raspoutine fut inhumé le 3 janvier 1917 – 22 décembre du calendrier russe – dans une chapelle en construction, près du palais de Tsarskoïe Selo. Au soir du 22 mars 1917, sur ordre du nouveau Gouvernement révolutionnaire, on exhume et brûle le corps de Raspoutine, et on disperse ses cendres dans les forêts environnantes. Mais, selon la légende qui le veut un personnage diabolisé, seul le cercueil aurait brûlé, le corps de Raspoutine restant intact sous les flammes.

[19] Le traité de San Stefano (signé le 3 mars 1878) est une convention imposée par l'Empire russe à l'Empire ottoman grâce à ses victoires dans la guerre russo-turque de 1877-1878 1. Il a été conclu dans la localité de San Stefano, banlieue huppée d'Istanbul (à l'époque Constantinople), rebaptisée Yeşilköy en 1924. Un monument russe y fut érigé pour servir d'ossuaire aux soldats russes tombés pendant la guerre. Symbolisant la défaite des Ottomans face aux Russes, le monument fut rasé en 1914, après le début des hostilités entre la Russie et l'Empire ottoman dans le cadre de la Première Guerre mondiale. Ce traité crée la «Grande Bulgarie» indépendante s'étendant de la mer Égée au Danube et à la mer Noire. Quatre mois plus tard, le 13 juillet 1878, à la suite du Congrès de Berlin, le traité de Berlin abolissait celui de San-Stefano, instituant une petite principauté de Bulgarie entre le Danube et le Grand Balkan, vassale du Sultan, et la province ottomane autonome de Roumélie orientale (capitale Philipópolis). Cette dernière, gouvernée par des princes phanariotes grecs Vogoridès et Vitalis, fut annexée par la Bulgarie, suite à un coup d’état (6 septembre 1885).

[20] Le Musa Dagh (mont Moïse, en turc : Musa Dağı, en arménien : ՄուսաԼեռ, Musa Ler) est une montagne de l'Amanus, située dans la province de Hatay en Turquie. Il a été un lieu de résistance arménienne au moment du génocide.

[21] Il s’agit d’une alliance étonnante, à la lumière de l’inimité traditionnelle, des contentieux territoriaux et les batailles sanglantes qui ont opposé  les armées bulgares aux armées turques durant les guerres balkaniques 1912-13 (siège de Adrianople, offensives bulgares à Gallipoli et à Çatalca…).

[22] Belgrade, ville martyrisée : bombardée par les Austro-hongrois le 06.10.1915, par les Allemands nazi le 07.04.1941 et par l’OTAN du 24 mars au 10 juin 1999. Les forces aériennes françaises ont participé à ce dernier bombardement, rompant avec la traditionnelle alliance entre la France et la Serbie telle que manifestée durant les deux Guerres mondiales. L’aviation française a effectué environ 2.000 sorties durant ce conflit qui ont permis le tir effectif de 988 bombes et missiles contre des cibles serbes. A cette volte-face de la France, le rôle de Bernard Kouchner -  alors secrétaire d'État à la Santé, puis Haut représentant de l'ONU au Kosovo (1999-2001), puis Ministre des Affaires étrangères (2007-2010) – fut primordial.  Naturellement, les Serbeséprouveraient une grosse amertume, ce «mal à la France», dont on imagine qu'il ne s'effacera pas avant plusieurs générations.

[23] La bataille du Hartmannswillerkopf est une bataille de la Première Guerre mondiale. Elle a lieu du 19 janvier 1915 au 8 janvier 1916 sur le Hartmannswillerkopf, une montagne des Vosges (956 mètres d’altitude), située dans le département du Haut-Rhin, en Alsace, région française mais allemande au début de la guerre. Cette bataille se déroule sur un front secondaire de la Grande Guerre, mais la violence des combats et la rigueur du climat des hautes-Vosges l’ont rendue aussi terrifiante que celles plus célèbres de la Marne, de la Meuse ou de la Somme. Ainsi ce conflit a donné à la montagne du Hartmannswillerkopf le surnom de «Vieil-Armand» et les abréviations usuelles de «HWK» ou «HK», mais on l’a également appelé «la mangeuse d’hommes»

[24] Le génocide assyrien ou araméen / chaldéen / syriaque (également connu sous le nom Sayfo ou Seyfo) se réfère au meurtre en masse de la population «assyrienne» de l'Empire ottoman lors de la Première Guerre mondiale. La population assyrienne du nord de la Mésopotamie (Tour Abdin, Hakkari, Van, Siirt, régions du sud-est de l'actuelle Turquie et la région du nord-ouest de l'Iran, Urmia) a été déplacée de force et massacrée par les forces ottomanes (turques) et les forces kurdes entre 1914 et 1920. Les estimations sur le nombre total de morts varient. Certains rapports citent le nombre de 270.000 morts, bien que les estimations récentes aient révisé ce chiffre au nombre plus réaliste de 500.000 à 750.000 morts représentant environ 70 % de la population assyrienne de l'époque. Le génocide assyrien a eu lieu durant la même période et dans le même contexte que le génocide arménien et celui des Grecs pontiques. Toutefois, les études sur le génocide assyrien sont relativement récentes notamment en raison du fait que la question du génocide arménien a occupé longuement la scène principale des génocides à l'encontre des populations chrétiennes de l'Empire ottoman.  

[25] «Chaldéen», d'après l'ancienne Chaldée (région située entre les cours inférieurs du Tigre et de l'Euphrate), terme utilisé pour les adeptes de l'Église catholique chaldéenne (catholiques de rite oriental et de langue liturgique araméenne).

 


 

Source: http://www.bbc.co.uk/guides/zyj4kqt
"The Landing at Anzac" by Charles Edward Dixon. The ANZAC troops landed north of the Gaba Tepe (Anzac Cove) at dawn on the 25th of April 1915. Charles Dixon (1872–1934) was an English artist who specialised in marine scenes, working in both oils and watercolours. Best known for his depictions of activity on the Thames River in London, he is also known for his paintings of major events in maritime history, albeit he was not an official war artist.
Le cuirassé français "Bouvet" coulé par une mine le 18 mars 1915, emportant avec lui la plus grande partie de ses quelque 700 hommes d'équipage.
Liman von Sanders commandant en chef de l'armée turque.
Otto Liman von Sanders (Liman-Pacha) avec Mustafa Kemal
Artillerie lourde turque d'origine allemand à Gallipoli
Canon d'origine allemand du fort Mecidiye, Dardanelles.
Le général Sir Ian Hamilton commandant à Gallipoli.
Artillerie britannique en action à Gallipoli.
Charge by a section of the Royal Naval Division.
Prisonniers turcs à Gallipoli.
La flotte alliée pilonne les fortifications turques.
ANZAC soldiers landing at Anzac Cove, 25.04.1915.
HMS "Implacable" covers disembarking troops on 25.04.15

Commentaires

21.04 | 19:00

trop top..... on va dans la region cet été… merci à vous...

13.01 | 15:03

God save the queen

08.01 | 17:39

Grand merci pour la leçon d'histoire.
Nguyen Van Kiet

29.09 | 15:00

remarquable de précisions et donne l'idée générale de la ruse de guerre pour mieux répartir ses forces.