Tsipras – Tarzan. (FR) Epigramme: "Ensemble nous irons loin, très loin...", mais la liane se rompe sous les yeux stupéfiés des simiens. (EN) Epigram: "Together we will go far, far away...", but the creeper breaks before the amazed eyes of the simians. (DE) Epigramm: "Gemeinsam, dass wir weit, weit weg gehen...", aber die Rebe bricht vor den erstaunten Augen der Affen. (ES) Epigrama: "Juntos que iremos lejos, muy lejos...", pero la liana se rompe ante los ojos asombrados de los simios. (PO) "Juntos vamos longe, muito longe...", mas a videira quebra diante dos olhos espantados dos símios.
EN GRÈCE LA
TRAGÉDIE DE LA CRISE DE DETTE APPROCHE DE SA FIN
LES
FAUSSES ESPOIRS DU PEUPLE GREC QU’UNE VICTOIRE DE «SYRIZA» AUX ÉLECTIONS DU 25.01.2015 APPORTERAIT UNE SOLUTION À LA SITUATION DRAMATIQUE DU PAYS…
1. Préambule
Le 29 décembre dernier, les députés du parlement grec ont constaté leur incapacité à s’entendre sur le choix du nouveau président de la république.
La fonction n’est que symbolique, mais la conséquence en cas d’échec est automatique : la dissolution de l’Assemblée a été annoncé le lendemain. Les grecs retourneront aux urnes le 25 janvier 2015.
SYRIZA, le parti de l’extrême gauche radicale est donnée gagnant aux sondages. Son leader Alexis Tsipras séduit l’électorat avec ses slogans populistes de renvoyer la "Troïka" chez eux, de ne plus payer la dette
et de revenir sur les politiques d’austérité appliquées par les partis traditionnels de Nouvelle Démocratie et de PASOK depuis 2010. Alors qu’une telle issue du scrutin devient possible, l’hebdomadaire «Der
Spiegel» rapportait le 03.01.2015 que le gouvernement allemand serait prêt à «laisser la Grèce sortir de l’Euro» en cas de victoire de SYRIZA.
Les marchés ont rapidement réagi à la rumeur venue de Berlin : taux d'intérêt des pays solides en chute libre (Allemagne, France), débandade le 05.02.2015 des places
boursières (Paris -3,31%, Milan -4,92%...), et Euro déprimé.
Le scénario qui les inquiète
est le suivant, tel que décrit sur son blog par Alexandre Delaigue, professeur d'économie à l'école française de Saint-Cyr.
"Les négociations entre le nouveau gouvernement grec et la "Troïka" se tendent et n'aboutissent pas. A une échéance de paiement de dette, Athènes refuse de payer. Cela inquiète tout le monde, les Grecs vont précipitamment
retirer leurs économies des banques, craignant une sortie de l'Euro; les investisseurs retirent leurs capitaux".
Exsangues, les banques grecques réclament alors une aide urgente de la BCE: "Si la BCE émet des conditions (au gouvernement) et que SYRIZA refuse, d'un coup la devise créée par la banque centrale grecque cesse d'être des
Euros comme les autres", soit un "Grexit" de fait.
La Grèce "doit alors mettre en place un mécanisme
de contrôle des flux de capitaux pour éviter leur fuite, émettre de nouveaux billets dont la valeur diminuerait rapidement par rapport à l'Euro, ce qui rendrait inéluctable un défaut total sur sa dette libellée
en Euro".
A. Delaigue n'exclut pas que face à la montée de partis d'extrême gauche en Espagne
ou en Italie, et d'extrême-droite en France et en Allemagne, les Etats soient tentés de "faire de la Grèce un exemple: soit un pays reste dans le rang, soit il est expulsé, de préférence de la manièrela plus douloureuse".
Juridiquement, la Commission européenne insiste sur le fait que l'appartenance d'un pays à l'union monétaire est "irrévocable". Mais "même s'il n'y a pas de clause" prévoyant
qu'un pays quitte la zone euro, une sortie de la zone Euro pourrait passer par une sortie de l'Union Européenne, possibilité qui, elle, est envisagée par les traités.
Peu nombreux sont les économistes à croire à cette réaction en chaîne dans l'immédiat.
Jörg Krämer et Christoph Weil, de Commerzbank, voient venir un "mauvais compromis" entre les créanciers et la Grèce "après une exténuante
partie de poker". Au final, ils estiment à une sur quatre la probabilité d'un "Grexit".
Pour Christopher
Dembik, de Saxo Banque, la Grèce "ne sortira pas aujourd'hui ni demain de la zone Euro, mais la question pourrait se poser à plus long terme", par manque de compétitivité et à cause d'une dette gonflée par
les "errements de l'austérité aveugle".
Pour lui, c'en serait fait alors de la zone Euro, ou
presque. "Les précédents historiques montrent qu'il est quasiment impossible de maintenir en l'état une union monétaire lorsque le processus de décomposition a commencé", dit-il en faisant notamment référence
à l'éclatement de l'empire austro-hongrois.
2. Les origines et les conséquences de la crise
La Grèce est entrée dans l’Union Européenne en 1981 et adopte l’Euro en 2001. Depuis, le pays a eu une
assez bonne croissance (entre 1 et 6%, et une moyenne de 4,2 %) grâce notamment à l'apport de capitaux étrangers. Son entrée dans l’Euro, lui a permis d’emprunter moins cher sur le marché et d’oublier un
peu ses dettes publiques, qui furent le moyen de financement par excellence des concessions sociales des gouvernements socialistes de PASOK durant les années 1980 et 1990.
Dès 2004, des analystes s'inquiétaient du coût et des emprunts causés par l'organisation des jeux olympiques à Athènes. Le total des dépenses publiques engendrées
par les jeux olympiques s'élevaient officiellement à 11 milliards de dollars. D'autres estimations portent ce chiffre à plus de 20 milliards d'Euros. Ces dépenses ont été essentiellement financées par le recours
à l'emprunt. La corruption de politiciens par des entreprises grecques et étrangères aurait joué un rôle dans l'explosion des coûts. Alors que le déficit budgétaire était de 3,7% du PIB, il double
pour atteindre 7,5% l'année des jeux olympiques. Les dettes de l'État passent de 182 à 201 milliards d'Euros. Ce sont bien les jeux olympiques de 2004 qui ont surendetté la Grèce et préparé la crise de la dette
publique grecque.
Cette crise a été aggravée par le manque de transparence dont a fait preuve
le pays lors de la présentation de sa dette pour entrer dans la zone Euro en 2001. Inéligible à la création de l'Euro en 1999, la Grèce finit par remplir les critères de Maastricht en 2001, faisant donc partie des
pays de lancement de la monnaie unique en 2002. En pratique, la Grèce ne remplissait pas tous les critères, loin de là. Par exemple, la dette oscillait entre 95 et 110 % du PIB, bien au-delà des 60 % exigés par le Traité
de Maastricht. Mais le gouvernement socialiste de Costas Simitis parvint à afficher des déficits à moins de 3 % du PIB, limite fixée par les critères de convergence des économies de la future zone Euro, grâce
à la complicité de la banque d'affaires américaine «Goldman Sachs» notamment par la levée de fonds hors bilan et par le biais d'instruments financiers (swaps) d’une complexité extrême. «Ariane»,
le premier montage daterait de 2000, mais aurait été réitéré en 2001 sous le nom d' «Éole», puis les années suivantes. Cela a eu pour effet mécanique de faire disparaître environ 2%
de la dette grecque de ses comptes nationaux.
Cela suffit à convaincre l'Allemagne d'accepter la Grèce
dans le club. Pour rembourser les 2,8 milliards d’Euros empruntés à la banque, la Grèce a conclu un autre contrat de swap. En quatre ans, la dette ainsi contractée par la Grèce auprès de «Goldman Sachs»
allait bondir de 2,8 milliards à 5,1 milliards €. «Goldman Sachs» n’ayant rien d’un philanthrope, la banque aurait rémunéré ses «services» à hauteur de quelque 300 millions de dollars.
Vu les gains importants réalisés sans grande peine, elle a continué son emprise sur la Grèce en renouant les contacts avec le nouveau premier-ministre Géorgios Papandréou (2009) et avec Loukas Papademos, ancien directeur
de la banque centrale grecque nommé premier ministre suite au départ de Papandréou (2011). N’oublions pas non plus que Mario Draghi, Président de la Banque centrale européenne depuis le 01.11.2011, fut ni plus ni moins
vice-président de Goldman Sachs pour l’Europe durant la période 2002-2005…
Avec la crise
des prêts de «subprime» en 2008, la Grèce fut le pays de la zone Euro le plus fortement touché. Presque 0 % de croissance pour la fin de l’année 2008 et une entrée en récession avec – 1,1%
en janvier 2009, ce qui marque le début de la chute libre du pays, la perte de confiance des marchés, des chiffres économiques catastrophiques, allant jusqu’à -9 % de croissance (c’est qui ne s’appelle plus de
la croissance, mais de l’appauvrissement).
Dès lors l’Europe aussi plonge dans une crise de confiance
sous la menace dudit «effet domino», avec la Grèce au point de mire, qui reçoit les foudres de la presse : on accuse le pays de tricherie sur les comptes, d’économie mal gérée… et ses habitants de
fainéants, de non payeurs d’impôts… Sans bien sûr, parler des banques (pas même d’une certaine «Goldman Sachs») qui l’ont aidé à tricher sur le déficit budgétaire,
qui ont ensuite misé à la baisse sur les prévisions de croissance du pays (ce qui s’est effectivement produit), puis ils ont profité des misères de ses ressortissants en leurs prêtant de l’argent avec des
taux d’intérêts exorbitants qu’ils ne pourront jamais rembourser et devront de nouveau emprunter, une horreur sans fin…
3. Le «sauvetage»
3.1 La première crise grecque de 2010
Elle se déclenche à la suite des élections législatives d’octobre 2009. Le nouveau gouvernement
de Géorgios Papandréou annonce que les comptes publics ne sont pas justes et que le déficit grec est supérieur de 10 %. Quant à la dette publique, elle représente plus de 115 % du PIB.
En janvier 2010, le gouvernement grec adopte un premier plan d’austérité afin de réduire le déficit budgétaire
à 2,8 % du PIB en 2012. Plusieurs mesures de rigueur budgétaire seront décidées dans les mois qui suivent. La tension sociale augmente dans le pays. Pour venir en aide à la Grèce, l’Euro-groupe propose
une première solution de refinancement de la dette publique grecque. Le 11 avril 2010, les pays de la zone Euro présentent un programme triennal de prêts bilatéraux à la Grèce. Le montant initial est de 80 milliards
d’Euros. La Grèce refuse mais dix jours plus tard, l’agence de notation Moody’s dégrade la note de la dette grecque de A2 à A3. Les autres agences confirment cette note.
3.2 L’accord du 7 mai 2010
Le 23 avril 2010 la Grèce fait une demande officielle d’aide auprès de l’Union Européenne pour honorer
une échéance obligataire de 8,5 milliards d’Euros. Le 7 mai 2010, le Conseil européen valide un plan d’aide de 110 milliards d’Euros. Sous forme de prêts bilatéraux, 80 milliards d’Euros sont prêtés
par les pays de la zone Euro, le reste par le FMI. En contrepartie, la Grèce s’engage à suivre un plan de réduction de ses dépenses publiques de 40 milliards d’Euros.
3.3 L’accord du 27 octobre 2011 et du 21 février 2012
En avril 2012, la Grèce a bénéficié d'une restructuration de sa dette publique qui fut effacée
à hauteur de 120 milliards d’Euros. Les créanciers privés ont pris l'essentiel de la facture, encaissant une perte de 72%, ce qui a provoqué un psychodrame dans les bureaux de certains banquiers. Ce «hair cut»
fut accompagné de prêts internationaux publics, octroyés par l'Union Européenne (MES) et le FMI. Après les 110 milliards prêtés à la Grèce en 2010, les deux prêteurs ont décidé
de rajouter 130 milliards supplémentaires afin de couvrir les besoins de financement du pays jusqu’en 2014. Donc au total 240 milliards, qui - même s'ils ne sont pas de même nature que des emprunts - sont venus alourdir la dette. Il s’agissait bien d’un prêt et non d’un don : la Grèce doit payer des intérêts, autour de 3 %, sur ces sommes, et les rembourser à terme. Aussi, aujourd'hui, sur
les 321,7 milliards de dette, les obligations ne représentent que 79,9 milliards d'Euros, alors que les 241,8 milliards restants sont des crédits auprès des institutions européennes, dont 60 milliards d'Euros pour la Banque centrale
européenne.
3.4 L’accord du 27 novembre 2012
Dans un contexte économique préoccupant, avec un taux de chômage de 27 %, la Grèce subit de fortes tensions sociales. De plus, avec les élections législatives, elle a pris du retard dans la mise en place des réformes.
Les pays européens sont divisés et certains, notamment l’Allemagne, les Pays bas et la Finlande, envisagent même la sortie de la Grèce de la zone Euro (Grexit). L’Euro-groupe arrive finalement à un accord afin
d’éviter le défaut de paiement de la Grèce et limite à 124 % du PIB son endettement public. Cet accord passe par un déblocage de nouvelles tranches de crédit (34,4 milliards d’Euros en décembre,
puis 10 milliards début 2013) sous conditions d’un calendrier de réformes à respecter. Sont en plus décidés : a) un moratoire de 10 ans sur les taux d’intérêt des prêts consentis
par les fonds de secours et des délais de remboursement ; et b) une baisse des taux sur les prêts bilatéraux du premier plan d’aide ou une possibilité de rachat de la dette par la Grèce.
4. Les mesures d’austérité
Pour bénéficier de la "solidarité" des Etats membres de la zone Euro (France et Allemagne essentiellement) et du FMI, le gouvernement grec doit réduire ses dépenses et donc sous-financer les services publics, augmenter les
recettes de l’Etat, alourdir la pression fiscale (impôts et TVA), combattre la fraude et l’évasion de capitaux, etc. Déjà touché par la crise internationale, le pays s'enfonce donc dans une pauvreté digne
du Sénégal : moins de budgets pour l'éducation, la santé, les infrastructures, la fonction publique.
Depuis 2011, la Grèce est devenue la championne de la rigueur, 28 milliards € d’économie sur la dette publique à faire pour 2015, pour un pays qui pèse 2,4 % du PIB européen et de 10,7 millions d’habitants.
Pour comparer, la France, c’est 53 milliards € d’économie (65 milliards d’économie en 5 ans) pour 66 millions d’habitants et 19,7 % du PIB européen. Soit 3 fois plus d’économie par habitant à
réaliser pour la dette publique grecque, avec 25 % de PIB/habitant en moins et 2 à 3 fois plus de chômage, dont 60 % de chômage chez les moins de 25 ans. De plus, le salaire moyen a baissé de 25 %, les pensions ont été
réduites à des niveaux de misère, les impôts ont augmenté, la santé s’est dégradée, le nombre de drogués et de suicides a augmenté, etc., voilà le cauchemar grec.
La pression des créanciers devient de plus en plus pesante. Dans un long entretien au quotidien britannique «The Guardian»
mis en ligne le 25 mai 2012, Mme Lagarde directrice générale du FMI a estimé qu’elle a été ont été trop gentille avec les grecs, et a exprimé sa préférence de secourir des pays plus
pauvres comme le Niger qui ont encore plus besoin d’aide plutôt que «les gens d’Athènes» qui ne payaient pas assez d’impôts. Une belle leçon envoyée par celle qui ne paie, elle-même,
pas d’impôts…
Le pays touche le fond lorsqu’il est officiellement classé comme «pays
émergent», drôle de terme pour un pays en récession qui est plutôt en train d’immerger. Autre élément notable : la cure d’austérité infligée au pays par l’UE et le FMI aura
véritablement anéanti toute son économie, fondée sur la consommation intérieure.
5. Le gaspillage des
subventions européennes
Il est vrai que la Grèce n’a pas fait le meilleur usage possible
des fonds européens qu’elle a reçu depuis son adhésion à l’UE. Au cours de ses 35 années en tant que membre de l’UE, la Grèce a reçu l’équivalent de 78 milliards d’Euros
en financement de l’Union, notamment de la part du FEOGA, des Fonds Structurels et du Fonds de Cohésion. Cet argent aurait dû aider à revigorer l’économie grecque, la rendre compétitive et créer des emplois.
Au lieu de cela, trop d’argent a été gaspillé voire fraudé concernant notamment des subventions agricoles reçues pour le soutien des marchés ou l’amélioration des structures agricoles des produits
importants pour l’économie du pays (coton, fruits et légumes frais et transformés, huile d’olive…), qui ont été déviées pour servir à d’autres fins lucratives (transactions spéculatives
à la bourse, achats d’immobiliers, etc. ; (cf. la célèbre phrase du politicien socialiste Théodore Pángalos «mazi ta fágame» = nous les avons tous bouffé ensemble (les fonds européens)).
Au-delà, la Banque européenne d’investissement a également contribué à financer des projets clés,
tels que la construction de l’aéroport international et le métro d’Athènes. Ces projets ne sont que deux des exemples de la contribution positive de l’argent de l’UE dans l’amélioration des infrastructures
grecques depuis les années 1980. Cependant, force est de constater que la prise de position anti-européenne que le PASOK avait affiché lorsqu’il a gagné les élections de 1981, a retardé la mise en œuvre
des fonds structurels en Grèce pour plusieurs années. De même, les dérives de la bureaucratie sont coupables d’une exécution non satisfaisante de plusieurs programmes et projets européens (par exemole les PIM),
ce qui a eu pour conséquence la perte de fonds mis à la disposition de la Grèce pour son développement économique et social pendant plusieurs programmations budgétaires pluriannuelles de l’UE (perspectives financières).
6. Les responsables
de la crise
«La Grèce était un paradis, ils
en ont fait un enfer !». Déjà qui se cache derrière ce«ils» ?
Tout d’abord le pouvoir politique local. Ces hommes politiques corrompus les "VOULEFTES", c’est-à-dire les membres du parlement et du gouvernement de coalition qui adoptent jour après jour toutes ces mesures qui étouffent
l’économie et qui saignent le peuple grec. Jadis, les 300 Spartiates de Léonidas ont marqué l’histoire avec leur courage et sacrifice aux Thermopyles. Maintenant les 300 députés sur la place Syntagma d’Athènes
sont la honte de l’image et de la réputation du pays dans le monde entier.
L’alliance cleptocratique
des mafias de partis politiques a remplacé la dynastie royale par des dynasties des familles des politiciens (Karamanlis, Papandréou,…) qui s’alternent au gouvernement du pays depuis le départ du roi Constantin, a encadré
le pays d'une constitution ridicule qui accorde l'impunité aux membres du gouvernement (!), l’immunité aux députés (!) et le maiestas laesa au Président de la République (qu’eux-mêmes désignent),
a propagé le cancer de la corruption, a détruit l'économie grecque, a volé le Trésor grec et les fonds de pension, a enchaîné la Grèce à la "Troïka", a reçu une myriade de pots
de vin et de commissions occultes, a reconnu l’impunité cleptocratique, a échangé des sinécures pour des votes, a imposé la justice kangourou, a persécuté les dissidents, a avili l'âme grecque, a
remplacé la belle langue grecque classique par une nouvelle version loufoque laide, a manipulé l'histoire grecque dans les manuels scolaires pour plaire aux Turcs, a cédé le nom de Macédoine à un pseudo-État
slavo-albanais, a vendu les intérêts nationaux du pays aux étrangers, a ouvert les frontières du pays a l'immigration massive, a forcé les grecs à émigrer, a transformé le berceau de la démocratie
à un berceau de cleptocratie et a détérioré le caractère national des Grecs.
Les
partis politiques en Grèce reçoivent des financements publics les plus élevés en Europe en proportion des recettes fiscales, dix fois plus qu'en Allemagne. Les partis politiques grecs reçoivent de fonds publics quinze Euros
par vote, le taux le plus haut d'Europe.
Le gouvernement de la "République de Grèce" torture ses citoyens
avec une énorme imposition, un taux de 23 % de TVA, une justice kangourou, une incroyable corruption politique, une bureaucratie infinie avec des paperasses infinies, des files d'attente infinies, des licences infinies, des pots-de-vin infinis, une
criminalité surdimensionnée, une brutalité policière, une barbarie de programmes télévisés et d’autres médias d’information et un sadisme infini.
Les graeco-cleptocrats politiques sont fréquemment hués, reçoivent des «moutza» (cf. image) et se voient lancés du yogourt
par la foule indignée les qualifiant de traîtres! Toutefois, l'impunité des 300 députés et l'immunité des ministres dont ils se sont prémunis sont leur abri contre la colère populaire.
Ces hommes politiques aujourd’hui détestés par tous les Grecs n’osent même plus sortir dans la rue, se mettre
en terrasse prendre un café ou aller dans une taverne. Pendant des décennies ces derniers ont bénéficié des largesses de nombreuses multinationales américaines, anglaises et allemandes, françaises… Ils
sont trempés dans d’innombrables scandales même au détriment des propres intérêts de la patrie comme celui du contrat de sous-marins défectueux à plusieurs milliards d’Euros de la firme allemande Siemens.
L’actuel système politique grec est responsable de l’état désastreux du pays. Il a fait preuve de corruption
et d’incompétence et il doit être remplacé. La nécessité d’une profonde «catharsis» impliquant le retour du roi, la nomination d’un nouveau gouvernement
compétent d’unité nationale, l’arrestation et le châtiment des responsables devient impérieuse. Pour autant que les Grecs continuent à supporter l’actuel système politique et à voter pour les
mêmes escrocs encore et encore, ils mériteront ce qu'ils obtiennent !
De même, de très nombreuses
multinationales ont été impliquées dans des affaires scandaleuses parfois condamnées par la justice pour ententes illicites, pratiques illégales, positions dominantes voire même corruption.
Enfin les institutions internationales qui se regroupent derrière le mot de «Troïka» (Commission Européenne, Banque Centrale Européenne
et Fonds Monétaire International) ne sont en fait que le bras armé du capitalisme financier international qui détient le vrai pouvoir en Grèce tout comme dans le reste de l’Europe.
Et ne nous trompons pas, car aucune de ces institutions malgré leurs milliards d’Euros versés n’a aidé véritablement
la Grèce. Pas un seul Euro n’est arrivé dans la poche des Grecs. Il s’agit en réalité d’un immense marché de dupes, car les Euros versés sont retournés directement dans la poche des créanciers,
dont les banques. Ce système est en réalité une machine à appauvrir les peuples aux services de la puissance de l’argent.
7. Les résultats
de la «cure»
7.1 Un mur de dette qui reste très élevé
Lors de la 2ème opération de sauvetage (2012) la dette de la Grèce atteignait 304 milliards d'Euros. L’opération avait permis de baisser le niveau de la dette grecque de 170,3 % à 157 % du PIB, remontée
à 174,4 %, en 2013. Au 30 septembre 2014, la dette publique s'élevait à 321,7 milliards d'Euros soit à 177,2% du PIB. Le «mur de la dette» reste toujours très élevé! Une situation intenable pour
le pays, dont le taux de chômage atteint 27% de la population active.
Rappelons que le plan d'aide accordé
à la Grèce par l'Union Européenne et le Fonds monétaire international (FMI) prévoit que le ratio dette/PIB soit ramené à 175% en 2016, 124% en 2020 et nettement en dessous de 110% en 2022.
7.2
Dette alourdie par le sauvetage
Le pays ayant vécu six années consécutives de récession, il était logique qu'en proportion la dette augmente. En valeur absolue, c'est plus difficile à comprendre.
Rappelons que le «sauvetage de la Grèce» s'est effectué par deux restructurations de la dette privée assez lourdes (la seconde a réduit de plus
des deux tiers la valeur de la dette privée), mais aussi par le financement des besoins de l'Etat grec par les Etats de la zone Euro et le Fonds européen de stabilité financière (FESF) devenu Mécanisme européen de
Stabilité (MES). La Grèce n'a donc jamais cessé de s'endetter davantage durant son «redressement». La réduction de la dette privée a été largement compensée par une augmentation de l'endettement
vis-à-vis des créanciers publics ou parapublics : Etats de la zone Euro, banque publique allemande KfW, MES, BCE… Aujourd'hui les prêts détenus par ces institutions représentent 241,8 des 321,7 milliards d'Euros de
la dette publique grecque.
7.3 Jusqu’à 18 milliards d’Euros à rembourser sur une année
Six ans après le début de la crise, le ratio dettes sur PIB de la Grèce est passé de 120 % du PIB
(niveau qui avait exclu le pays de l'accès aux marchés) à près de 180% du PIB. C'est un des niveaux les plus élevés du monde. Et c'est évidemment un poids lourd pour le budget grec qui entrave toute marge de
manœuvre des pouvoirs publics. Le montant des remboursements à effectuer chaque année par la Grèce est ainsi supérieur à 4 milliards d'Euros jusqu'en 2047. Entre 2023 et 2043, il faudra rembourser plus de 7 milliards
d'Euros par an avec des points effrayants de 18,2 milliards d'Euros à rembourser en 2039, 14,1 milliards d'Euros en 2037 et 13,6 milliards d'Euros en 2038.
A ces sommes s'ajoute le «service» de la dette, càd le paiement des intérêts. Par ailleurs, la Grèce s'est aussi financée par le recours à la dette «flottante»
à court terme (celle qui dispose d'une maturité de moins d'un an), qui pèse beaucoup sur le budget. En 2013, elle représentait 12% de la dette totale, soit 39,9 milliards d'Euros qu'il faut refinancer au cours des 12 prochains mois.
7.4
Chère, très chère dette
Avec de telles sommes à rembourser, le pays va devoir mobiliser l'intégralité de ses excédents primaires (en les augmentant) au remboursement de la dette. Une solution qui risque de freiner considérablement la reprise économique.
Surtout, en cas d'une baisse du régime de la croissance, elle contraindra le gouvernement à accélérer davantage l'austérité, ce qui pourrait provoquer une nouvelle récession. Certes, le pays, qui a de nouveau
accès au marché pourrait utiliser cet accès pour se refinancer, mais avec un tel niveau d'endettement et malgré l'effet de l'assurance OMT (le programme de rachat d'obligations souveraines de la BCE), les taux demandés par
les investisseurs seront toujours plus élevés que ceux du MES ou à ses partenaires.
La Grèce
paiera en effet pour son premier plan d'aide de 53 milliards d'Euros un taux de 0,83 % pour un prêt de 17 ans de maturité. Malgré le succès de son placement à 5 ans du 10.04.2014, elle a dû accorder un taux de 4,95 %
! L'effet sur les finances publiques n'est naturellement pas le même et, passé l'effet d'annonce, Athènes préférerait se passer de devoir demander l'aide des investisseurs. Sans compter que l'accès au marché
peut, en cas de retour de l'aversion au risque, se fermer aussi vite qu'elle s'est rouverte.
A l’évidence,
le pays ne peut se permettre un tel poids de service de la dette dans ses dépenses. Il comptait s'appuyer sur un engagement de l'Euro-groupe qui, en novembre 2012, avait promis de réexaminer cette question à partir du moment où
la Grèce aurait dégagé un excédent primaire de 1,5 % du PIB. Cette promesse ne sera pas réalisée.
8. Les conséquences de l’austérité
Les Grecs ont fait des efforts. Au lieu de dépenser l’argent aussi librement qu’avant, ils ont freiné. Des milliers
de fonctionnaires ont été licenciés, des budgets ont été limités, des ceintures ont été resserrées.
Bien entendu, ça a provoqué un ralentissement puis à un effondrement économique. L’économie se retrouve aujourd’hui amputée de pas moins de 25% de ses richesses et de ses ressources par rapport au démarrage
de la crise. Malgré tous les beaux discours sur les réformes menées par l’UE, le classement de la Grèce sur l’indicateur de compétitivité du Forum Economique mondial s’est aggravé. Elle
est passé de la 67ème place à la 81ème place au cours des six dernières années, derrière
l’Ukraine, le Guatemala et l’Algérie. La situation économique de la Grèce peut se résumer en quelques graphiques. Le premier graphique fait apparaitre la montée démesurée de la dette grecque
à partir de 1981 (lorsque le parti socialiste PASOK d’Andréas Papandréou s’installe au pouvoir) et son accélération depuis 2007. Les deux graphiques suivants indiquent l’évolution des taux de
croissance et du PIB. L’effondrement du PIB est réellement spectaculaire notamment en 4ème 3mestre de 2011 et implique un appauvrissement d’une grande part de la population grecque.
Mais il y a pire. Si l’on regarde l’investissement, que ce soit calculé en pourcentage du PIB ou en Euros constants, on constate un effondrement spectaculaire à
partir de 2007 (cf. Graphique N° 4). En valeur, nous sommes en 2014 à 64% de la valeur des investissements de 1999. Cet effondrement, qui va bien au-delà d’une correction par rapport aux années 2000, marquée par les dépenses
liées aux Jeux Olympiques, a plusieurs implications. Tout d’abord une destruction du capital par non-renouvellement, qui va poser un problème redoutable à la Grèce dans les années à venir. Faute d’entretien
les infrastructures, qu’elles soient privées ou publiques, elles finiront par se dégrader ce qui va entraîner une montée des coûts d’entretien d’ici la fin de la décennie. Par ailleurs, la productivité
du travail, non soutenue par un investissement qui fait défaut, va continuer à baisser, rendant plus que problématique le retour à une compétitivité de l’économie grecque. Seule, une baisse des salaires
supplémentaire (?) ou une dévaluation (?) permettrait de maintenir les gains de productivité qui ont été payés aux prix fort par la population grecque. Aucune de ces options n’est possible, la première
vu l’état catastrophique de l’emploi et des conditions de travail en Grèce, la deuxième pour autant que le pays reste dans la zone Euro.
Le taux de chômage est en hausse continue (7,7% en 2008, 27,13% en 2913), particulièrement fort chez les jeunes et les femmes. La Grèce détient le record européen
du taux de pauvreté (23,1 %).
En vue de renflouer les caisses de l’Etat grec en situation de quasi-faillite,
les impôts ont en effet grimpé de manière vertigineuse entraînant parallèlement une hausse notable de ses «factures impayées». Lesquelles concernent plus d’un tiers des contribuables. Si plus de 5 milliards
€ d’impayés étaient comptabilisé entre 2010 et 2011, plus de 8 milliards € entre 2011 et 2012 et plus 10 milliards € entre 2012 et 2013, plus 12,5 milliards€ ont été enregistrés entre 2013 et 2014. Sur les quatre premiers mois de 2014, 4,3 milliards de nouveaux impayés ont
d’ores et déjà été comptabilisés.
Selon les données officielles, sur
11 millions d’habitants que compte la Grèce, environ 3.35 millions de contribuables présentent des arriérés de paiement d’impôts, lesquels correspondaient fin avril à un montant cumulé de plus
de 66 milliards d’Euros, soit plus d’un tiers des 182 milliards d’Euros du PIB 2013. Parmi les scénarios envisagés figurent l’augmentation
du nombre de mensualités prévues dans le cadre de la procédure de règlement à l’amiable des impayés. Actuellement prévue en douze versements, elle pourrait passer à 48 versements. Mais la question
demeure toutefois soumise à discussion avec la "Troïka". Or, la mise en œuvre d’une telle solution pourrait faire une nouvelle fois le «bonheur» des établissements financiers, de telles «largesses» étant
synonyme de hausse des taux d’intérêts et allongement de la dette.
En février 2013, le directeur
de la Banque Nationale de Grèce, indiquait d’ores et déjà au quotidien grec “Kathimerini” que fin 2012, près d’un quart des crédits bancaires consentis en Grèce n’étaient pas remboursés.
Et ce, malgré de nombreux rééchelonnements. Une manière à peine voilée d’indiquer que les créances douteuses des établissements financiers grecs devraient atteindre des sommes vertigineuses. Sur
le total des banques, le taux de crédits non honorés était d’environ 23% fin 2012, et ce taux augmente, même si c’est à un rythme moins rapide.
Le New York Times nous en dit plus : “Selon de nombreux indicateurs, la Grèce subit une transformation sans précédent dans l’histoire occidentale
moderne. Un quart de toutes les entreprises grecques a fait faillite depuis 2009, et la moitié de toutes les petites entreprises du pays déclare être incapable de payer leurs salaires. Le taux de suicide a grimpé de 40% au premier
semestre 2011. Une économie de troc est née, les habitants tentant de contourner un système financier en panne. Près de la moitié de la population des moins de 25 ans est au chômage. En septembre dernier, les organisateurs
d’un séminaire parrainé par le gouvernement et concernant l’émigration en Australie — un événement qui avait attiré 42 personnes l’année précédente — ont été
inondés par 12.000 inscriptions”…
“La situation au niveau macro-économique est encore plus ‘transformationnelle’.
Les Chinois ont en grande partie pris le contrôle du Pirée, le principal port grec, en vue d’en faire un couloir d’expédition de marchandises en Europe”.
“[...] Le dernier plan d’austérité était censé satisfaire les créditeurs de la Grèce et permettre de nouvelles infusions d’aide financière,
évitant ainsi le défaut involontaire — et un ralentissement économie mondial –, mais il rendra néanmoins la vie des Grecs ordinaires encore plus difficile. Le plan réduit le salaire minimum de plus de 20%, approuve
des milliers de licenciements et réduit certaines retraites, confirmant probablement le fait que les grèves et les manifestations continueront de faire partie du paysage grec”.
“Comme en Argentine il y a 10 ans, la classe moyenne grecque est frappée de plein fouet. elle perd des emplois, des revenus et des allocations. La richesse accumulée entre 1980 et 2007
était majoritairement une illusion. C’était de l’argent emprunté sur l’avenir… qui doit désormais être remboursé”.
9. Dette
et austérité – le serpent qui se mord la queue
Dans le système keynésien,
les liquidités massives permettent l'investissement, l'investissement la croissance, la croissance l'emploi, l'emploi la consommation, la consommation l'investissement, l'investissement les gains de productivité et le développement économique...
Le fameux cercle vertueux keynésien. La dette crée les emplois de demain.
La théorie de la politique
contra-cyclique keynésienne, c’est que le gouvernement peut compenser le manque de crédit de la part du secteur privé en empruntant bien plus que d’ordinaire.
Mais la dette ne peut enrichir l’économie que si elle est utilisée pour construire de nouvelles capacités productives. Elle est gâchée si on la
dépense pour stimuler les dépenses de consommation ou pour combler des déficits budgétaires, l’opportunité de croissance disparaît pour toujours et le secteur privé termine avec un fardeau plus lourd…
et un dos plus faible pour le porter. C’est le cas notamment lorsque le recours à l’emprunt pour financer les dépenses publiques visant la croissance est
assorti de mesures d’austérité dans le but d’assurer les équilibres budgétaires.
La valeur du Multiplicateur des Dépenses Publiques (MDP), autrement dit de la variable mesurant la relation entre ces dépenses et l’activité économique est cruciale pour juger de l’efficacité ou non d’une
politique d’austérité. Si la valeur de ce multiplicateur excède 1, alors une augmentation des dépenses publiques engendrera un accroissement plus que proportionnel de l’activité, mais en cas de contraction, cette
dernière sera aussi plus que proportionnelle. Jusqu’au mois de juillet 2012, le consensus des économistes travaillant au sein des organisations internationales était que ce multiplicateur était inférieur à 1,
proche de 0,5 valeur retenue dans les modèles de prévisions, et donc qu’une contraction des dépenses publiques aurait un effet moins que proportionnel sur l’activité.
Ce fut le fondement théorique des politiques d’austérité, certains auteurs soutenant que ce multiplicateur était en réalité très
faible. L’évolution des pays soumis à des plans d’austérité drastique a infirmé ce résultat qui n’était bien souvent qu’un postulat. Des récentes études ont prouvé
que quand une économie est au bord de la récession (avec un taux de croissance inférieur à 1%), le MDP est substantiellement au-dessus de 1 (entre 1,7 et 2,5). De telles valeurs impliquent l’échec des politiques d’austérité.
Ces dernières, mises en place pour rétablir l’équilibre des finances publiques (voire pour dégager un excédent budgétaire), entraînent des chutes plus que proportionnelles de l’activité qui
se traduisent par de moindres recettes fiscales en fin d’année. Concrètement, on se retrouve avec le même déficit budgétaire (voire un déficit aggravé) qu’avant le plan d’austérité
! C’est la situation qui aujourd’hui domine en Grèce. Les différents plans d’austérité n’ont eu que peu d’effet sur le déficit budgétaire car ils se sont traduits par une baisse plus que
proportionnelle des recettes publiques, elles-mêmes fonction du niveau d’activité économique.
Pour se sortir de la dette par la croissance, il faut augmenter les revenus plus rapidement que la dette. Disons que pour soutenir un taux sain de croissance du PIB de 3% par an, le taux de croissance de la dette additionnelle ne devrait dépasser
les 3%.
A l’évidence la Grèce ne pourra jamais sortir de la crise
économique par la croissance pour autant qu’elle continue à s’endetter pour financer une dette publique colossale déjà souscrite et que cet endettement est assorti des mesures d’austérité draconiennes
qui appauvrissent la population et détruisent son secteur privé.
La réalité est encore
plus dramatique, puisque c’est deux grecs qui sont au chômage pour un grec qui bénéficie d’un emploi: ce ratio étant le plus élevé au monde. L’effort à fournir par les grecs devrait donc être
surhumain – et inhumain – si leur ambition est d’égaler ce ratio en vigueur auprès des pays à croissance molle, comme la France. Le rythme de créations d’emploi devrait en effet atteindre une cadence formidable
pour atteindre un ratio de 1.5, alors que les salaires en Grèce sont toujours plus élevés que dans des pays comme la Pologne et la Hongrie. Autrement dit, la Grèce ne pourra toujours pas miser sur son secteur à l’exportation
pour redresser sa croissance, en dépit d’efforts de productivité intenses qui ont été consentis et malgré des salaires réels en chute libre.
10. L’illusion
de l'excédent primaire
A la surprise générale, et après six années
de récession, la Commission Européenne a annoncé en avril 2014 que la Grèce a dégagé en 2013 un excédent budgétaire primaire (c'est-à-dire hors charges des remboursements de sa dette) de
1,5 milliard d'Euros, ce qui représente de 0,8% du PIB. Les faits sont cependant un peu plus complexes. En réalité, ces chiffres ont subi un traitement statistique par EUROSTAT «sur mesure». Selon le gouvernement grec, le pays
devrait renouer avec la croissance dès la fin de l'année 2014, avec une hausse du PIB de 0,6% et même de 2,9% en 2015. Un scénario confirmé par la Commission européenne, certains politiciens sont allés même
jusqu’à dire que c’est la fin de l’horreur des mesures d’austérité pour la Grèce.
Cependant de l’avis des experts ni cet excédent primaire, ni les taux de croissance timide annoncés par le gouvernement grec ne suffiront pas à rendre la dette viable. Entre 2015 et 2047, la Grèce devra rembourser 4
à 18 milliards d’Euros par an à ses créanciers, hors intérêts. Ces sommes engloutiront la totalité des excédents primaires aujourd’hui dégagés par le pays et l’empêcheront
d’investir dans l’avenir. Selon le think-tank bruxellois «Bruegel», une croissance d’au moins 3,8% par an serait nécessaire. Sans compter qu'une dette publique à un tel niveau reste loin d'être satisfaisante
pour attirer des investisseurs.
Pourtant, le gouvernement grec a tenté de
surfer sur cette apparente dynamique positive pour demander à ses créanciers d'examiner une restructuration de la dette grecque ou inciter la BCE à racheter leurs obligations. Des options inenvisageables pour l'Allemagne. Pour l'heure,
la zone Euro n'a octroyé au pays qu'une prolongation de... deux mois de son programme d'aide. Pour équilibrer son budget, le pays aura besoin de 75 à 100 milliards d’Euros en 2015. Il n’est
pas sûr que le pays récolte une telle somme sur les marchés qui semblent peu friands de la dette grecque. Il suffit, pour s'en convaincre, de voir que le taux auquel il emprunte sur les marchés reste toujours aussi élevé,
à près de 8%. Et ce, après être descendu sous les 6% en août dernier. Aujourd'hui, seule l'Allemagne semble en mesure de mettre une telle somme sur la table tant les autres pays européens apparaissent affaiblis. Or il
est hors de question pour Berlin de reverser le moindre Euro à la Grèce sauf sous forme de prêts. Mais cela ne résoudrait toujours pas l'incapacité de la Grèce à rembourser ses créanciers.
11.
Les signes de la tempête
En octobre dernier, le taux d’intérêt pour un prêt de 10 ans à la Grèce monte à 9 %, ce qui ferme le pays aux marchés et le
plonge de nouveau dans le doute. Fin du coup de pouce du tourisme d’été ou déclarations du parti d’extrême gauche SYRIZA comme cause de la montée des taux ? Certainement les deux, il ne faut pas néanmoins
sous-estimer l’impact des sanctions décidées par l’Union Européenne contre la Russie et de la riposte russe pour la Grèce dont une partie importante de ses exportations notamment agroalimentaires se dirigent vers ce
pays.
En tout cas, ce sera le recommencement des protestations avec 25.000 personnes manifestant à Athènes
contre l’austérité le 1er novembre, puis une grève générale le 27 novembre 2014, mettant le pays au ralenti.
En novembre 2014, SYRIZA a entrepris une campagne promotionnelle à Londres afin de faire connaître son programme électoral et en convaincre les investisseurs. Cette initiative a très mal tourné. «Tous ceux qui sortaient
de cette réunion voulaient vendre tout ce qui est grec», a dit une note de Joerg Sponer, analyste à Capital Group.
La liste de doléance serait la suivante : un taux de décote pour les créanciers ; électricité, nourriture, abri et soins médicaux gratuits pour tous ceux dans le besoin ; des réductions d’impôt,
sauf pour les riches ; une augmentation du salaire minimum et des retraites à 750 € par mois ; un moratoire sur les remboursements de la dette privée aux banques au-delà de 20% du revenu disponible ; 5 milliards d’€ de
plus en subventions européennes ; et, l’exigence de l’annulation de 62% de la dette sur la base que c’est ce que l’Allemagne a obtenu en 1952. «Ce programme est pire que le communisme (au moins, eux, ils avaient un
plan). Ce serait le chaos total», a déclaré J. Sponer.
Le parlement grec a échoué
une première fois le 17 décembre, puis une deuxième fois le 23 décembre 2014, à élire un président, 168 voix de députés s’étant portées sur le nom du candidat du gouvernement
de coalition Nouvelle Démocracie - PASOK, alors qu’il en fallait 180 pour l’élire. Le lendemain, une autre information vient apporter de la pression aux élections anticipées, le député Pavlos Chaikalis
du petit parti de droite des Grecs indépendants déclare qu’un ancien des banques grecques et allemandes a tenté de le corrompre pour orienter son vote vers le candidat gouvernemental, il aurait filmé l’une de ses rencontres.
12. La tempête
Cette fois, c’est le coup de trop, troisième échec néanmoins prévisible pour l’élection tentée
lundi le 29 décembre 2014. Le pays est obligé d’organiser de nouvelles élections législatives au cours du mois de janvier 2015. L’enjeu n’est effectivement pas anodin. Peur
contre colère : c’est ainsi que le quotidien grec «Kathimerini» présente l’enjeu des futures élections du 25 janvier 2015.
-
La peur de ceux qui se disent que la Grèce ne peut pas se passer de l’Europe. Que le pays doit accomplir la cure d’austérité imposée, pour revenir dans les rails.
-
La colère de cette partie de la population, plutôt jeune, qui veut en finir avec les mesures d’austérité et punir le gouvernement de coalition pour
la baisse des salaires, la hausse des taxes et sa politique politicienne de petits arrangements. Ce camp de la colère se retrouve en grande partie sous l’étendard de SYRIZA.
Selon des sondages récents, si une élection générale devait avoir lieu en début d’année prochaine, SYRIZA (une coalition d’une bonne
demi-douzaine de partis composés de communistes, trotskystes, écologistes, socialistes, etc.), obtiendrait 36,5 % des votes, soit 7 % de plus que Nouvelle démocratie (29,5%) - le meilleur résultat jamais obtenu par un parti
d’extrême gauche grec - et raflerait ainsi la prime de 50 sièges allouée au parti en tête. Le PASOK (le parti socialiste fondé par Andréas Papandréou, lequel a majoritairement dirigé la
Grèce depuis les années 80 jusqu’à la crise de 2011) n’obtiendrait plus que 6 %, les communistes 6 % et les Grecs indépendants 3,5 %, assez pour entrer au Parlement. Une nouveauté : l’ancien Premier
ministre socialiste Géorgios Papandréou (qui a abandonné son poste en 2011), est retourné au pays et a décidé de créer un nouveau parti, se démarquant du PASOK, au pouvoir avec la droite. Certains
déçus du PASOK venus chez SYRIZA pourraient du coup faire défection et rejoindre Papandréou.
L’incertitude politique et les risques intrinsèques ne sont pas sans préjudice pour l’économie grecque déjà très éprouvée. Le Graphique N° 9 révèle la corrélation
entre le chômage et l'incertitude politique. Il montre une corrélation positive, ce qui signifie que lorsque le risque politique est fort, le chômage augmente. Alors qu'il n'est pas la seule raison, il contribue certainement à la
dégradation de l’emploi. Les données provenant des deux derniers mois, au cours desquels le risque politique est monté en flèche, montrent que l’augmentation de l'emploi observée dans les deux premiers trimestres
de 2014 a maintenant été infirmée.
Le Graphique N° 10 ajoute le coût de l'argent
qui est essentiel à la relance de l'économie. Il montre à nouveau une corrélation positive entre l’évolution des taux d'intérêt et l'incertitude politique. Des faibles taux d'intérêt sont essentiels
pour qu’une dévaluation interne puisse réussir puisque les exportations sont résolument aidées par les faibles coûts financiers, - le long, bien sûr, avec des faibles coûts d'énergie et d’une
baisse des impôts et des cotisations de sécurité sociale. Il convient de souligner que, surtout, les coûts sont actuellement extrêmement élevés pour les exportateurs grecs par rapport à leurs concurrents.
Maintenant, ajoutez à tous ces obstacles les assertions faites par les conseillers de SYRIZA à Londres en novembre 2014 qu'ils projettent d'arrêter les réformes, à mettre fin au programme d’ajustement et à commencer
une transformation socialiste de la Grèce et l'Europe avec l'aide de «Podemos» et «Die Linke». Ce n'est aucun quoi rire.
A la lumière de la tempête politique et des résultats pronostiqués de la nouvelle confrontation électorale, la Bourse grecque a perdu plus de 20% depuis le début
du mois de décembre avec un crack de -11 % le 30.12.2014, ce qui est plutôt rare en période de fêtes.
La monnaie unique européenne, qui vient d’achever sa pire année depuis 2005 face au billet vert, mais valait encore 1,2097 dollar le 31 décembre 2014, est tombée lundi le 05.01.2015 à 1,1864 dollar, son niveau
le plus faible depuis mars 2006. Les cambistes la vendent à tour de bras ces dernières semaines en partie du fait de la mollesse de la croissance dans la zone Euro, particulièrement faible comparée à celle des Etats-Unis
où le dollar se renforce. Ce recul a été accentué lundi le 05.01.2015 à la suite d’une information de presse selon laquelle la chancelière allemande Angela Merkel serait prête à laisser sortir la
Grèce de la zone Euro en cas d’arrivée au pouvoir de SYRIZA. «La zone Euro apparaît menacée par la possibilité d’une victoire de la gauche radicale en Grèce car elle est considérée,
avec ses velléités de renégociations de la dette grecque, comme un loup qui s’introduirait dans la bergerie de la zone Euro», a commenté le 05.01.2015 Connor Campbell, analyste chez Spreadex.
Depuis lors la chute de l’Euro ne s’arrête plus, elle s’échangeait à 1.1183 USD le 23.01.2015 !
13. Plan d'aide MES-FMI suspendu
Cette échéance électorale grecque, fixée au 25 janvier 2015, va aussi mettre en suspens les difficiles négociations sur le versement de la prochaine
tranche de prêt, prévue par le plan d'aide accordé en 2012 à la Grèce par la "Troïka" (FMI, Banque centrale européenne, Commission européenne) en échange d'une cure d'austérité drastique.
Le ministre des Finances grec est monté au front pour avertir de la vulnérabilité financière du pays. Il affirma, le 18.01.2015, que la
Grèce serait en difficulté si elle ne touchait pas d'ici fin février les € 7,2 milliards de prêts de l'UE et du FMI liés à la conclusion de l'audit en cours de l'économie. Le FMI a tout bonnement suspendu le versement de la prochaine tranche d'aide en attendant la formation d'un nouveau gouvernement. «Les discussions sur ce versement, effectué conjointement avec les autorités
européennes, reprendront une fois qu'un nouveau gouvernement sera en place à Athènes», a indiqué le porte-parole du FMI, Gerry Rice, tout en assurant que la Grèce ne faisait pas face à des besoins de financement
«immédiats».
14. Qui sont Tsipras et SYRIZA
Alexis Tsipras est le neveu de l’épouse du Général de brigade Stylianós Pattakós, un des principaux auteurs
du coup d’Etat du 21.04.1967. Son père Paul Tsipras était le frère de l’épouse de Pattakós. En 1967, Paul Tsipras a fondé à Arta l’entreprise «Σκαπανεύς
ΑΤΕ» active dans le secteur de l’ingénierie civile, qui a bénéficié de contrats importants concédés par le régime des colonels suite à l’intervention personnelle de
Patakkós. Ses grands bénéfices lui ont permis de faire de dons généreux à l’archevêque Hiéronyme Kotsonis d’Athènes qui avait trahi le Roi Constantin en 1967. Accusé d’abus
financiers, Paul TSIPRAS fut obligé de s’expatrier aux pays arabes, il étend ses activités en Afrique et gagne davantage d’argent et d’influence. Après la chute de la Junte, Paul Tsipras retourne en Grèce
avec le truc bien connu de «résistant»! Sa compagnie va de mieux en mieux car elle bénéficie désormais de contrats concédés par des gouvernements «antifascistes» et même par des maires
communistes, dans le cadre de procédures dites «démocratiques». Par l’intermédiaire de l’archevêque Hiéronyme (originaire de l’île de Tinos), Paul Tsipras établit des liens avec la
famille Alavános (de la même origine) qui gérait le renommé et très rentable temple de pèlerinage de la Vierge Marie de l’île de Tinos. Cela explique les liens personnels entre Alexis Tsipras et Alékos
Alavános, leader du parti «Synaspismós» (cf. infra).
Héraclès Tsipras,
frère aîné de Paul Tsipras (donc l’oncle d’Alexis Tsipras) fut membre du parti de gauche procommuniste «Union de Gauche Démocratique» (EDA) durant les années 1950. Lors du putsch du 21.04.1967, il fut
recherché par la police militaire car il figurait sur la liste des personnes subversives. Héraclès ayant réussi à fuir, la police militaire arrêta son frère Paul à sa place, qui fut peu après relâché
sur ordre de Pattakós. Héraclès se précipita de trouver un arrangement avec le régime des colonels, ce qu’il a réussi à tel point qu’en 1968 il fut nommé Président du fameux club de
football «Panathinaïkós» d’Athènes. Celles-ci furent les uniques actions des frères Tsipras contre la dictature des colonels…
Alexis Tsípras est né le 28 juillet 1974 à Athènes. Dès la fin des années 1980, il s'engage dans les Jeunesses communistes grecques (KNE). Il est connu du
grand public après avoir été invité à une émission télévisée par une journaliste cherchant à se faire une réputation de progressiste en promouvant le mouvement lycéen contestateur.
Il poursuit ensuite des études d'ingénierie civile à l'Université polytechnique nationale d'Athènes. En tant qu'étudiant, il rejoint le mouvement de rénovation de la gauche et devient membre du bureau exécutif
du syndicat des étudiants de l’École d'ingénieurs civils (NTUA) et représentant des étudiants au Sénat de l'Université. De 1995 à 1997, il est membre élu du comité central de l'Union
nationale des étudiants de Grèce (EFEE).
Son engagement à ces activités politiques ayant
été fait au détriment de son assiduité aux cours universitaires proprement dits, il a fallu une intervention personnelle de Níkos Konstantópoulos ancien président du parti de gauche «Synaspismós»
auprès du professeur Theodossis Tassios pour qu’il obtienne finalement son diplôme d'ingénieur en 2000. Tsipras fait sa première apparition sur la scène politique traditionnelle lors des élections locales de 2006
lorsqu'il se présente à Athènes sur la liste «Anichti Poli» (en grec moderne : Ανοιχτή Πόλη, «Ville Ouverte») du parti SYRIZA et il obtient 10,51 % des voix. Il ne se
présente pas aux élections législatives de 2007, préférant poursuivre son mandat de conseiller municipal d'Athènes.
Il est élu président du parti «Synaspismós» lors du 5e congrès du parti le 10 février 2008, après que le président sortant, Alékos Alavános, ait décidé de ne pas se représenter
pour des raisons personnelles. Il est alors âgé de 33 ans et devient le plus jeune politicien jamais élu à la tête d'un parti politique en Grèce. Lors des élections législatives d'octobre 2009, il est élu
député de la première circonscription d'Athènes et ensuite il est élu à l'unanimité président du groupe parlementaire de SYRIZA. Lors des élections européennes de 2014, il est le candidat
à la présidence de la Commission européenne du Parti de la gauche européenne.
SYRIZA (en
grec moderne : ΣΥΡΙΖΑ, Συνασπισμός Ριζοσπαστικής Αριστεράς,
Coalition de la Gauche radicale) est une coalition de mouvements politiques communistes, devenu le premier parti politique de gauche en Grèce lors des élections législatives de 2012. SYRIZA est membre du Parti de la gauche européenne.
La naissance officielle de SYRIZA est liée aux élections législatives de 2004. Les partis fondateurs de cette alliance sont le Synaspismos, la Gauche du Renouveau Écologique et Communiste (AKOA), la Gauche ouvrière internationaliste
(DEA), le Mouvement de la gauche unifiée dans l'action (KEDA) (une scission du KKE), les Citoyens Actifs (une organisation proche de Manólis Glézos). SYRIZA recueillit voix 3,3 % des voix et eut 6 députés, tous membres du
Synaspismós, ce qui entraîna des tensions dans la coalition.
Lors des élections législatives
de 2007, SYRIZA - à laquelle se joignit la KOE, un mouvement communiste, ainsi que l'Intervention écologique - créa la surprise en recueillant plus de 5 % des voix, et obtint 14 sièges principalement dans les grandes villes. Lors
des élections européennes de 2009, SYRIZA obtient moins de 5 % des voix. Alékos Alavános blâme le nouveau leader du Synaspismós, Aléxis Tsípras, pourtant son ancien protégé et successeur
à la tête du Synaspismós. Il lui reproche d'avoir nommé en tête de liste un eurosceptique convaincu. La coalition est dès lors en crise. Une partie en sort en 2010 pour fonder un nouveau parti, la Gauche démocrate
(Grèce).
Lors des élections législatives
anticipées du 4 octobre 2009, SYRIZA obtient 4,60 % des voix et 13 députés. Lors des élections législatives anticipées du 6 mai 2012, SYRIZA fait une percée plus ample que prévue par les sondages avec
16,78 % des voix et 52 députés et - suite à l’effondrement du Pasok (13,2 %, 41 députés) -, devient la première force à gauche et la deuxième du pays, derrière
la Nouvelle Démocratie (18,85 %, 108 députés) et devant le PASOK. Le 22 mai 2012, le parti SYRIZA Front Unioniste Social (en grec moderne : ΣΥΡΙΖΑ Ενωτικό Κοινωνικό
Μέτωπο) a été déclaré auprès du procureur de la Cour Suprême Hellénique. L'emblème reste le même et le président de ce nouveau parti est toujours Alexis Tsípras.
Il est géré et représenté par un comité directeur de 19 membres. Cette modification de statut fut nécessaire pour pouvoir bénéficier de la prime des 50 sièges réservés au parti qui
arrive en tête, les coalitions de partis étant exclues de ce dispositif.
Lors des élections législatives du 17 juin 2012, SYRIZA connaît à nouveau une très
forte progression obtenant 26,89 % des suffrages exprimés. Il gagne 19 sièges supplémentaires pour atteindre un total de 71 députés. Le 27 février 2013, Alékos Alavános annonce son intention de créer
un nouveau parti à gauche, qui participera aux prochaines élections séparément de SYRIZA et dont l'axe programmatique central sera la sortie de la Grèce de la zone Euro (ce qui est également une revendication du KKE).
Il proposera la mise en place d’un «Plan B» : interruption de tout paiement destiné à satisfaire les créanciers du pays, sortie de l'Euro et réintroduction d’une monnaie nationale. Le parti Plan B, scission
de SYRIZA, est créé en mai 2013.
Considéré comme charismatique par les fidèles et
sympathisants de la gauche radicale, mais aussi par des nombreux grecs contestateurs des mesures d’austérité, le leader de SYRIZA Alexis Tsipras est monté en scène et devenu un acteur accompli sur le circuit européen
au même titre que d’autres politiciens chefs de mouvements eurosceptiques (Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Beppe Grillo…). Il cultive un profil de gendre idéal, au verbe neutre et aux costumes bien coupés.
Bien qu’il reste un récalcitrant de la cravate, on ne peut plus le caricaturer comme un anodin idéaliste maoïste faisant campagne sur une motocyclette. Depuis 2012, dans cette perspective, Tsipras a multiplié les voyages
pour tenter de rassurer les partenaires européens et l’ami américain. Le courant minoritaire de son parti est moins porté aux ménagements à l’égard de l’UE et considère l’Euro comme un
obstacle aux réformes dont la Grèce a besoin.
Cependant, il ne faut pas oublier que SYRIZA
prend ses racines en plein cœur d’Exarcheia, le quartier anarchiste d’Athènes, encerclé H-24 par la police, où nuits et jours se succèdent à l’image des jeunes anarchistes prenant le relais dès
que le soir arrive. Leurs manifestations violentes sont vouées à dénoncer la politique d’austérité imposée au gouvernement et par la "Troïka." Les slogans anti Europe, anti impérialisme américain,
se mêlent aux commémorations de la fin de la dictature des colonels (1967-1974). C’est le fief de Tsipras, qui émane de cette jeunesse anarchiste. Au fond de sa pensée, Tsipras entend rompre avec le mode traditionnel de gouvernance
du pays et prendre la revanche de la défaite des communistes lors de leur tentative ratée de prendre le pouvoir par les armes en 1945-1949. Dès lors, il est potentiellement
dangereux bien qu’il affiche des sourires apaisants, Le fait préoccupant reste qu’il a dit aux électeurs grecs, la semaine dernière encore, que son gouvernement
cesserait «dès son premier jour aux affaires» d’appliquer les exigences du plan de sauvetage. Cela pourrait être le détonateur du Grexit. (Le «Grexit» - Greece Exit - une expression devenue familière
pour désigner une sortie de la Grèce de la zone Euro).
15. Programme de SYRIZA et stratégie
de Tsipras
Le programme économique de SYRIZA a été rendu
public en septembre dernier à Thessalonique. Il se décompose en 3 phases d'action. La première est le renvoi de la "Troïka" et la fin de l'austérité. Le deuxième est la négociation immédiate
de la remise sur la dette pour 2015 et enfin le dernier, la renégociation globale de la charge de la dette (175% du PIB).
En janvier 2015, SYRIZA a présenté un programme de gouvernement basé sur quatre "piliers" et une cinquantaine de mesures, une combinaison floue et à géométrie variable, d’un coût global de 11-12 milliards
€. L'une des propositions phare de SYRIZA reste "l'effacement de la majeure partie de la valeur nominale de la dette" grecque, à l'origine de la crise en 2009, et qui n'est toujours "pas viable". Cet effacement de la dette détenue en majeure
partie par les banques centrales européennes passerait par une négociation "dans le cadre de l'Union européenne et des institutions européennes" et serait "sans dommage pour les peuples d'Europe". SYRIZA souhaite
également une période de "moratoire" sur le remboursement de la dette pour pouvoir d'abord consacrer des dépenses à la relance de l'économie du pays.
La liste de doléance serait la suivante : lutte contre le chômage par la relance des embauches dans la fonction publique ; un taux de décote pour les créanciers ; électricité,
nourriture, abri et soins médicaux gratuits pour tous ceux dans le besoin ; des réductions d’impôt, sauf pour les riches ; une augmentation du salaire minimum et des retraites à 750 € par mois ; un moratoire sur les remboursements
de la dette privée aux banques au-delà de 20% du revenu disponible ; 5 milliards € de plus en subventions européennes ; et, l’exigence de l’annulation de 62% de la dette sur la base que c’est ce que l’Allemagne
a obtenu en 1952.
Le programme de SYRIZA couterait 11-12 milliards d’Euros et il serait financé par les «obligations bisques»
[qui stipulent que les paiements s’arrêtent lorsque certains évènements se produisent] proposées par John Maynard Keynes dans les années 1940. Ces obligations seraient de nouvelles émissions assorties de paiements
liés au taux de croissance du PIB. La Grèce a déjà émis de telles obligations dans le cadre de sa restructuration de 2012. Tsipras veut que ce soit étendu à toute la dette, et dans de meilleures conditions.
Mais devant le doute si la Grèce peut croître et sortir de la dette avec des taux de 3,5 ou 4,5% ( !), les dirigeants de l’UME pourraient avoir peur d’accepter de telles conditions.
C’est le plan de Tsipras. Une partie de poker aux enjeux élevés. Des livres comme «Morire di Austerità» [mourir d’austérité], de l’ancien membre
du directoire de la BCE Lorenzo Bini-Smaghi, nous révèlent que la Chancelière Merkel a été à deux doigts d’éjecter la Grèce de l’Euro en 2012. Elle n’y a renoncé que lorsqu’il
est devenu manifeste le risque d’un "effet domino", autrement dit, que la sortie de la Grèce pourrait provoquer une attaque des marchés financiers sur d'autres pays malades comme le Portugal, l’Irlande, l’Italie
ou l'Espagne. Mais aujourd'hui, la «théorie du domino» n'est plus en vogue en Allemagne, ne serait-ce que parce que le Portugal et l'Espagne vont mieux et sont en voie de guérison pour parler comme un médecin. Aujourd'hui, c'est plutôt la «théorie de la chaine» qui a la cote ; autrement dit, si l'élément faible de la chaine devait partir, la chaine serait aujourd'hui plus forte
et l'élément faible de cette chaine, c'est bien entendu la Grèce ! Cela est conséquence du fait que la situation n’est plus la même comme en 2011-12. La zone Euro a désormais mis en place des pare-feu. En théorie,
ce sont des mécanismes de protection pour renforcer la confiance. Richard McGuire, de Rabobank, nous dit que la perspective d’assouplissements quantitatifs peut amener certains dirigeantss à penser qu’ils pourraient surmonter les
retombées systémiques si l’on «permettait à la Grèce de faire cavalier seul», autrement dit, qu’elle soit évincée. C’est la raison pour laquelle la chancelière allemande
Merkel, en avant garde de l'union monétaire de l’UE, ne veut pas laisser faire, elle va même jusqu’à dire que si la Grèce venait à renégocier sa dette, le pays pourrait être sorti de la zone Euro.
16. Restructuration de la dette
Selon les termes définis par le FMI et le Club de Paris dans une série de documents officiels, une restructuration de dette souveraine implique un échange de dettes contre de nouvelles dettes dans l’écrasante majorité
des cas, ou contre des liquidités dans une très faible quantité. Généralement, la restructuration de la dette passe par des négociations entre le pays débiteurs et différentes catégories de créanciers.
Une restructuration de la dette souveraine peut se concrétiser sous 2 formes principales :
1. Un rééchelonnement de dette : en baissant les taux d’intérêt pour diminuer le service de la dette et/ou en allongeant le calendrier des remboursements.
2. Cela peut se combiner à une réduction de la dette (diminution du stock de dette par abandon de créances dues). La plupart du temps cela passe
par le remplacement d’anciens titres ou d’anciens contrats par de nouveaux titres ou contrats. La réduction de dette peut passer par un rachat de dettes avec des liquidités.
Le rachat de la dette contre des liquidités n’a lieu que rarement. Sur les 600 cas de restructurations qui ont eu lieu entre 1950 et 2010, seules 26 d’entre elles
impliquent un rachat de dette contre des liquidités. Il s’agit donc d’une infime minorité qui, dans la plupart des cas, était liée à l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés
(PPTE) du tandem FMI-Banque mondiale au cours de laquelle, ce qui s’est passé en réalité, c’est qu’une partie des créanciers ont payé aux autres créanciers une partie des dettes accumulées
par un pays.
Les restructurations de dettes souveraines prennent donc place dans des situations de crise, souvent en
réponse à un défaut (= suspension du paiement total ou partiel) ou à un risque de défaut de paiement du pays débiteur. Lorsque le FMI ou la "Troïka" (comme cela a été le cas en Grèce en 2012)
interviennent en organisant une restructuration de la dette, ils visent à rétablir la solvabilité d’un pays débiteur en rendant tout simplement la dette soutenable du poids de vue du paiement. Très souvent, en échange
d’une restructuration, les créanciers imposent des conditions qui sont contraires à l’intérêt du pays endetté et surtout à son peuple.
Selon Éric Toussaint, président du Comité pour l’Annulation de la dette du Tiers-Monde (CADTM)/Belgique, les processus de restructuration de dettes sont toujours le résultat
de calculs économiques et géopolitiques de la part des créanciers et débouchent rarement sur une situation durablement favorable aux débiteurs – à moins que cela ne soit stratégiquement intéressant
aux yeux des créanciers. La «restructuration» des dettes souveraines – terme adopté par le FMI, le Club de Paris et les banques privées dans le dernier quart du 20e siècle, et plus récemment, prôné
par des mouvements de gauche en Espagne, en Grèce et au Portugal – ne constitue pas une solution satisfaisante. Il est dangereux de reprendre à son compte le terme de restructuration pour définir la solution car dans la pratique
les créanciers ont donné à celui-ci le contenu qui leur convient.
Le président du CADTM/Belgique
recommande à des gouvernements de gauche de donner la priorité à la réalisation d’un audit intégral de la dette (avec une participation citoyenne active), combinée si nécessaire à la suspension
des remboursements. Il s’agit de refuser de payer la part de la dette identifiée comme illégitime, illégale, odieuse et/ou insoutenable, ainsi que d’imposer une réduction du reliquat. La réduction du reliquat
[c’est-à-dire de la part restante, après annulation de la part illégitime et/ou illégale] peut s’apparenter à une restructuration, mais en aucun cas elle ne pourra isolément constituer une réponse
suffisante.
17. Au
menu de Bruxelles et de Washington
Le compte à rebours est déjà
enclenché. La Grèce doit rembourser 6,7 milliards d’€ à la Banque Centrale Européenne en juillet et en août prochains. La BCE détient actuellement € 27,2 milliards de dette grecque négociable, soit environ 42% du total. Deux de ces obligations arrivent à échéance le 20.07.2015, pour € 3,5 milliards,
et deux autres en août 2015, pour € 3,2 milliards, soit au total € 6,7 milliards. Pour des raisons juridiques liées à son statut, la BCE ne peut approuver ni une réduction, non plus une reconduction de la dette qui toucherait
les titres grecs (parce que cela signifierait le financement monétaire d’un gouvernement). Les marchés de capitaux se taisent.
L’expertise 2015 concernant la santé économique de la Grèce prévoit un «trou de financement», évalué à 12,6 milliards d’Euros. En vue de contourner un troisième plan d’aide,
le FMI préconise un nouveau panel de restrictions budgétaires à hauteur de 5,7 milliards €, entre 2015 et 2016. En Grèce, où le chômage frappe 27 % de la population active en saisissant notamment 60 % de la jeunesse,
l’annonce d’une nouvelle cure d’austérité pourrait bien s’interpréter comme un nouveau geste maladroit, au risque d’une nouvelle récession.
18. Les
risques pour l’Allemagne et la France
La dette grecque s’élève
à 321 milliards € (soit 175% du PIB) dont la majeure partie est détenue par des créanciers publics européens pour un montant de 194,7 milliards €
(soit 60,5% de la dette globale). Ce montant provient, d’une part, des prêts octroyés à travers le programme EFSF pour 141,9 milliards € (soit 44%
de la dette) et, d’autre part, de prêts bilatéraux à hauteur de 52,9 milliards € (soit 16,5% de la dette). Les autres principaux
détenteurs de la dette sont le FMI pour 32,1 milliards € et la BCE pour 25 milliards €.
Au total, les sommes engagées par ces créanciers englobent 80% de la dette grecque. Le financement du fonds européen de stabilité étant assuré par les pays de la zone Euro en proportion de la taille de leur PIB, les
pays les plus importants se retrouvent, de facto, les plus exposés à la dette grecque. L’Allemagne en premier lieu, mais aussi la France, l’Italie et l’Espagne ont, à ce titre, engagé des fonds conséquents.
Sur les 194,7 milliards € d’argent public prêté
à la Grèce, l’Allemagne en concentre 56,5 milliards €, soit 29% des aides avancées. La contribution allemande se compose de 41 milliards € provenant des fonds EFSF et de 15,2 milliards € de prêts bilatéraux. En prenant en compte les différents prêts accordés aux banques grecques (4,6 milliards €) et aux entreprises ou individus privés (3,6 milliards €), l’exposition globale de l’économie allemande à la dette grecque atteint
64,7 milliards €, soit 2,4% du PIB allemand.
La France est le deuxième Etat-membre d’Union le plus exposé à la Grèce. Dans le cadre du premier plan d'aide, elle a déboursé 11,38 milliards des 52,9 milliards d’Euros prêtés
par les Européens sous la forme de prêts bilatéraux. Soit plus de 21 % contre près de 29 % pour l'Allemagne (15,1 milliards €). De l'argent que les deux pays ont eux-mêmes emprunté sur les marchés, ce qui
a aggravé leur taux d'endettement.
À ces 11,38 milliards € de facture potentielle, il faut ajouter
la part française dans le deuxième plan d'aide à la Grèce destiné à faciliter la restructuration de la dette détenue par les investisseurs privés, à recapitaliser les banques grecques en difficulté
et à continuer à financer le pays. Cette contribution passe par des garanties apportées sur les emprunts du FESF. Cette institution de sauvetage provisoire de la zone Euro a déjà prêté 141,8 milliards €
à la Grèce sur plus de 30 ans avec une période de 10 ans sans versement d'intérêts. Le montant des engagements français se monte à 31 milliards d'Euros. L'Allemagne, elle, est exposée à hauteur
de 41,3 milliards €.
Au total, si la Grèce faisait défaut sur la totalité de sa dette européenne,
la facture pour la France pourrait ainsi atteindre 42 milliards €, soit l'équivalent du coût du pacte de responsabilité de François Hollande d'ici à 2017 ! À tout cela, il faudrait encore ajouter les pertes des
banques nationales de la zone Euro. Au 31 décembre 2013, celles-ci possédaient encore 22,7 milliards € de dette grecque. Selon des estimations, ce montant serait encore d'une vingtaine de milliards € en 2014. En raison de sa part dans
le capital de la BCE, la Banque de France est ainsi exposée à hauteur de quelque 2,6 milliards €.
La Grèce était enfin endettée vis-à-vis de l'Eurosystème à hauteur de 41,7 milliards d'Euros en novembre 2014 dans le cadre du système de paiement interbancaire Target 2. En cas de sortie de la zone Euro, la
Banque de Grèce resterait endettée de ce montant vis-à-vis de la BCE sans pouvoir le convertir en nouvelle drachme. Il y a alors fort à parier qu'elle ne pourra pas honorer cet engagement. La perte pour la BCE serait donc répartie
sur les banques nationales restant dans la zone Euro, dont 8,5 milliards € pour la Banque de France. À leur tour, les banques nationales devraient alors théoriquement être recapitalisées par leurs États respectifs. À
tout le moins, elles seraient contraintes de réduire les dividendes qu'elles leur versent habituellement grâce aux gains réalisés sur les opérations de politique monétaire.
En revanche, les banques françaises privées ont considérablement réduit leur exposition au secteur public grec, tout comme les
banques allemandes. Leur engagement est passé depuis 2010 de plus de 14 milliards de dollars, à seulement 120 millions. Ce désengagement est similaire sur le secteur privé grec. Les banques françaises ne sont plus exposées
qu'à hauteur de 1,646 milliard, une somme à laquelle il faut tout de même ajouter 471 millions de dollars d'expositions vis-à-vis des banques grecques.
19. Manque de liquidités aux banques grecques
Suite à la contraction incessante de l’économie du pays et la perte de revenu des menages, depuis 2010, les banques grecques ont perdu 69 milliards d’Euros de dépôts, soit près de 30% du total. Avec la peur des
élections, les épargnants grecs ont accentué le retrait de leurs dépôts bancaires. Le quotidien conservateur «Kathimerini» a indiqué, citant des sources bancaires, que le montant des dépôts
retirés devrait atteindre 7 milliards d'Euros sur deux mois à fin janvier, ce qui est considérable.
La question de la liquidité des banques helléniques demeure centrale dans les scénarios de l’après-élection en Grèce. La BCE avait, voici deux semaines, rappelé que l’accès à
son programme d’octroi de liquidités d'urgence («Emergency liquidity assistance» - ELA) du système bancaire grec dépendait d’un audit des mesures d’austérité mené par les inspecteurs de
la «Troïka». En absence de ce rapport, la BCE annulerait une ligne de crédit ELA de € 40 milliards vitale pour les fragiles banques grecques. Cependant, la menace d'un effondrement du système bancaire a amené le 21.01.2015
la BCE à accepter la demande de recours déposée par les quatre banques "systémiques" grecques (Alpha, Eurobank, la Banque du Pirée et la Banque nationale de Grèce). Le montant accordé n'a pas été précisé. Pour rappel, l’ELA consiste en un prêt d’urgence que les banques centrales nationales de l’Eurozone peuvent attribuer à des
banques connaissant des pénuries de liquidités ponctuelles de nature à perturber gravement le système, avec l’aval de la BCE. Ces pénuries de liquidités peuvent notamment survenir lorsqu’un grand nombre
d'épargnants se présentent simultanément pour récupérer leurs économies, ce que l’on appelle une panique bancaire, ou «bank-run». C’est ce qui s’est passé avec l’annonce des
élections du 25.01.2015 et la victoire prévue de SYRIZA...
20. Epilogue
Tout en soulignant que les Grecs étaient libres de décider de leur gouvernement et que le pays était le seul à même de choisir s’il
veut ou non rester dans l’Euro, le Président français François Hollande a rappelé que la Grèce devait aussi respecter ses engagements avec la zone Euro. Et quels engagements ! La Grèce a emprunté à
la zone Euro 194,7 milliards d’Euros, dont 52,9 milliards € directement auprès de différents pays, principalement l’Allemagne et la France, et 141,8 milliards € auprès du EFSF qui jouit de la signature de tous
les pays de l’eurozone. De son côté, le FMI a déboursé depuis le début de la crise grecque 31,8 milliards d’Euros.
Au total, la Grèce a donc déjà emprunté 226,5 milliards €, et pourrait encore obtenir dans le cadre de son plan d’aide 1,8 milliard € du FESF (MES) avant la fin février 2015, et 16,3 milliards € du FMI
d'ici la mi-2016, à condition de respecter le programme économique imposé par ses créanciers. Pour compléter le tableau, il faut ajouter que la BCE avait racheté pour un peu plus de 25 milliards d’Euros d’obligations
grecques au début de la crise en 2010-2011. S’il fallait tirer un trait sur ces 4 années de soutien, la perte serait colossale et la Grèce s’exclurait de l’Euro mais aussi des marchés financiers.
Le Président de la Commission Jean-Claude Juncker s'était ainsi lourdement introduit dans le débat grec
en faveur des «visages familiers», suivi en la matière de son commissaire à l'économie, le socialiste français Pierre Moscovici. Après son ministre des finances, la Chancelière Angela Merkel elle-même
s'en était mêlée : «Le gouvernement allemand, rapportait début janvier le site du Spiegel, juge quasiment inévitable une sortie (de la Grèce) de la zone Euro, si le chef de l'opposition Alexis Tsipras (président
de SYRIZA) dirige le gouvernement après les élections (législatives), abandonne la ligne de rigueur budgétaire et ne rembourse plus les dettes du pays». Sans effet dans les sondages grecs, malgré l'attachement majoritaire
de la population à la monnaie unique, la menace avait été critiquée jusqu'en Allemagne. Sans la démentir, la Chancelière amorçait cette semaine un certain rétro-pédalage «je souhaite
que la Grèce reste dans l'Euro», non sans rappeler aussitôt ses conditions : «solidarité en échanges d'efforts», c'est à dire la poursuite des politiques de rigueur budgétaire. Celles,
justement, que remettrait en cause SYRIZA, si devenu par infortune le futur parti gouvernant.
Malheureusement,
si Tsipras parvient au pouvoir et respecte les accords avec la zone Euro, il s’apercevra très vite que l’ex-Premier ministre, Antonis Samaras, a déjà négocié à peu près tout ce qui était possible
dans un cadre légal. Ainsi, les Européens prêtent à la Grèce à des conditions bien plus généreuses qu’à l’Irlande, Chypre, ou au Portugal. La durée moyenne des prêts est
de trente-deux ans, ils sont assortis d’un moratoire de remboursement de dix ans qui n’existe pas ailleurs. Et leurs taux d’intérêt sont très faibles. En outre, la BCE s’est engagée à reverser à
la Grèce tous les profits réalisés sur la revente des obligations grecques. Comme le FMI de son côté a averti qu’aucune renégociation de son aide n’était possible, les marges de manœuvre sont
maigres.
Le 19.01.2015, Christine Lagarde a mis en garde la Grèce sur les conséquences d'une restructuration
de sa dette, à quelques jours d'élections législatives. "En principe, les efforts collectifs sont les bienvenus mais, dans le même temps, une dette est une dette, c'est un contrat !", explique la directrice générale
du Fonds monétaire international (FMI) dans les colonnes du quotidien irlandais «The Irish Times» : "Un défaut, une restructuration, une modification de ses termes ont des conséquences sur la signature d'un pays et
sur la confiance accordée à cette signature", poursuit-elle...
Au mieux, la Grèce peut demander encore un allongement
de la durée des prêts et une nouvelle petite baisse de taux. Ce qui avait d’ailleurs déjà été promis (mais non appliqué) par les ministres des Finances de la zone Euro en novembre 2012, à condition
que la Grèce dégage un excédent primaire budgétaire. Quel que soit le gagnant des élections, il y aura donc une renégociation de la dette grecque. Toute la question porte sur son ampleur. L’ «effacement
significatif» promis par Tsipras promettrait un long et rude bras de fer politique avec les 18 autres pays de la zone Euro.
En fait, Tsipras devrait s’attendre à recevoir un appel de la BCE dans les semaines qui suivront son (encore hypothétique) entrée en fonction, lui rappelant
que la Grèce doit quelque 40 milliards € en soutien au système bancaire. Il s’agira d’une menace voilée de couper le robinet, comme elle a menacé de le faire en Irlande, et qu’elle a bien failli le faire à
Chypre. Qu’adviendrait-il si – comme à Chypre lorsqu'en 2013 le parlement refusa les mesures de rigueur associées au «plan d’aide» euro-allemand – la BCE décrète une manière de blocus,
suspendant son alimentation en billets ainsi que les transactions entre les banques grecques et celles de l’eurozone ? Où la Grèce trouvera-t-elle les 20 milliards € qu’elle doit payer à ses créanciers en 2015 ?
Un défaut grec serait-il vraiment indolore pour les autres États de la zone Euro ?Un bras de fer pourrait alors s'engager entre l'UE et le futur gouvernement grec, si SYRIZA était élu.
Quant à une victoire étriquée des partisans de la politique de la «Troïka» le 25 janvier 2015, elle ne réglerait rien. Elle ne ferait qu’enfoncer
un peu plus le pays dans la déflation, la crise humanitaire, le désespoir. Elle ne ferait que retarder les échéances sans rien régler, augmenter les risques de contestation violente ou d’aventure hors des sentiers de
ce que la Troïka a laissé subsister de démocratie.
Sur le site Internet du Point, le 3 janvier 2015,
l’économiste Bernard Chokrane estime que le résultat des élections sera de peu d’importance puisque, quel que soit le vainqueur, «la Grèce fera de toute façon défaut en 2015. (…) La Grèce
ne paiera pas, tout simplement parce qu'elle en est incapable. Le traitement d'austérité drastique, infligé au mépris de la science économique, qui a été imposé à la Grèce en est la cause.».
En effet, une dette à 174 % du PIB, elle est insoutenable et la ramener à 124 % d’ici à 2020 impossible.
Dr. Angel ANGELIDIS
Bruxelles, le 23.01.2015
Sources :
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http://www.wikistrike.com/article-goldman-sachs-a-camoufle-la-dette-de-la-grece-puis-parie-sur-sa-faillite-99715852.html
http://www.berichcorp.com/grece-le-swap-de-goldman-sachs-2001/
http://bts-banque.nursit.com/Dette-publique-deficit-public-et
http://bts-banque.nursit.com/Le-Pacte-de-Stabilite-et-de
http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20150105.AFP4660/l-euro-chute-sous-1-20-dollar-inquietudes-avant-les-elections-grecques.html
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http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/01/08/20002-20150108ARTFIG00011-grece-un-effacement-de-dette-couterait-478milliards-a-la-france.php
http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2015/01/05/31002-20150105ARTFIG00213-sortie-de-l-euro-pourquoi-angela-merkel-lache-la-grece.php
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/01/04/20002-20150104ARTFIG00066-berlin-pret-a-l-intransigeance-si-les-grecs-abandonnent-l-austerite.php
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/12/30/20002-20141230ARTFIG00190-comment-le-melenchon-grec-compte-redresser-l-economie-du-pays.php
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http://www.express.be/business/fr/economy/une-sortie-de-la-grece-de-la-zone-euro-ne-serait-plus-insupportable/210358.htm
http://www.wsj.com/articles/grexit-could-happen-by-accident-1421012401
http://fr.metrotime.be/2015/01/06/must-read/pourquoi-le-grexit-naura-pas-lieu/
http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20141220trib8353bb775/pourquoi-la-crise-grecque-est-loin-d-etre-achevee.html
http://www.economie.gouv.fr/facileco/accords-europeens-pour-sortir-zone-euro-2001-2012
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http://www.herodote.net/La_Grece_un_pays_en_detresse-article-1489.php
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