25.01.2015 - SYRIZA UN FAUX ESPOIR

Un discours populiste trompeur (FR) ; A misleading populist speech ; Eine irreführende populistische Rede (DE) ; Un discurso populista engañoso (ES); Um discurso populista enganoso (PO); Un discorso populistico fuorviante (IT); Μία παραπλανητική λαϊκιστική ὁμιλία (GR); Заблуждение популистские речи (RU).
...Loup caché sous une peau de mouton (FR) ; ...Wolf hidden under a skin of sheep (EN); ...Wolf versteckt unter der Haut der Schafe (DE); ...Lobo escondido debajo de una piel de oveja (ES); ...Lobo escondido sob uma pele de ovelha (PO); ...Lupo nascosto sotto una pelle di pecora (IT); ...Λύκος κρυπτόμενος ὑπό τό δέρμα προβάτου (GR); ...Волк, скрытый под кожей овцы (RU).

EN GRÈCE LA TRAGÉDIE DE LA CRISE DE DETTE APPROCHE DE SA FIN

OU LES FAUSSES ESPOIRS DU PEUPLE GREC QU’UNE VICTOIRE DE «SYRIZA» AUX ÉLECTIONS DU 25.01.2015 APPORTERAIT UNE SOLUTION À LA SITUATION DRAMATIQUE DU PAYS…

 

SOMMAIRE 

1.    Préambule

2.    Les origines et les conséquences de la crise

3.    Le «sauvetage»

3.1   La première crise grecque de 2010

3.2   L’accord du 7 mai octobre 2010

3.3   Les accords du 27 octobre 2011 et du 21 février 2012

3.4   L’accord du 27 novembre 2012

4.    Les mesures d’austérité

5.    Le gaspillage des subventions européennes

6.    Les responsables de la crise

7.    Les résultats de la «cure»

7.1   Un mur de dette très élevé

7.2   Dette alourdie par le sauvetage

7.3  Jusqu’à 18 milliards d’Euros à rembourser sur une année

7.4   Chère, très chère dette

7.5   L’illusion de l'excédent primaire

8.    Les conséquences de l’austérité

9.    Dette et austérité – le serpent qui se mord la queue

10.  L’illusion de l'excédent primaire

11.  Les signes de la tempête

12.  La tempête

13.  Plan d'aide MES-FMI suspendu

14.  Qui sont Tsipras et SYRIZA

15.  Programme de SYRIZA et stratégie de Tsipras

16.  Restructuration de la dette

17.  Au menu de Bruxelles et de Washington

18.  Manque de liquidités aux banques grecques

19.  Les risques pour l’Allemagne et la France

20.  Épilogue

 

Sources

ANNEXE

Images

Graphiques

 


 

Tsipras - Moïse.

Au lieu de prologue

 

« La politique est l’art de se servir des hommes en leur faisant croire qu’on les sert ».

Louis Dumur

                                                                                   Extrait des "Petits Aphorismes"

Louis Dumur, né à Genève en 1860 et mort le 28 mars 1933, est un romancier, poète et dramaturge suisse ayant vécu à Paris.

 

La surprenante victoire de SYRIZA aux élections législatives grecques du 25.01.2015 marque un bouleversement incroyable de l'ordre politique de l'Europe, qui s’était établi dans un centrisme orthodoxe il y a des décennies, alors que beaucoup au sein de SYRIZA se considèrent des marxistes-léninistes ou trotskystes. Elle renforce d'autres partis radicaux contestateurs, du «Front national» en France au tout nouveau mouvement d’extrême gauche «Podemos» en Espagne, et elle place la Grèce sur une trajectoire de collision avec l'Allemagne et les autres pays de la zone Euro qui lui ont porté secours.

SYRIZA a su tirer profit politique d’un ample mouvement contestataire de la population grecque contre les souffrances infligées par les mesures d’austérité qui ont accompagné les plans de sauvetage et qui ont été mises en œuvre par la coalition des partis traditionnels responsables de la création d’une dette titanesque. SYRIZA a su séduire l’électorat avec des promesses populistes, telles que de renvoyer la «Troïka» chez eux et de ne plus rembourser la dette, accompagnées de propositions de mesures de relance économique dont l’efficacité et la possibilité de financement restent à prouver. Très vite le gouvernement de SYRIZA se trouvera affronté à des échéances de remboursement de dette très proches et des nécessités d’obtenir des prêts permettant de financer les salaires des fonctionnaires, les fonds de pension, les liquidités bancaires, etc. Ou SYRIZA fera le contraire de ce qu'il a promis, ce qui témoignerait sans doute d’une certaine intelligence, ou il parviendra tout simplement à faire sombrer tous les Grecs dans la pauvreté. Même s’il aurait été préférable d'éviter ce scénario, cette expérience de confier le pouvoir à un parti d’extrême gauche dans un Etat membre qui a souffert de l’extrémisme politique de droite et de gauche se produit au bon endroit et au bon moment, et il est important que les gens se rendent compte qu’en dehors du régime de bonne gouvernance de l’UE garanti par les Traités, il n’y a que des extrémistes (communistes ou nazis), le populisme de la pire espèce, que lorsque ces forces s’imposent, non seulement elles ridiculisent le pays tout entier, mais elles le condamnent aussi désespérément à la catastrophe.  

Ο ΜΕΓΑΣ ΤΣΙΠΡΟΛΕΩΝ ! "TSIPROLEON LE GRAND" !

RÉSUMÉ

 

     La Grèce vivait au-dessus de ses moyens avant son adhésion à l’Euro en 2002. Depuis, les dépenses publiques ont encore grimpé grâce à la stabilité de la monnaie unique qui encourageait l’État grec à s’endetter davantage pour financer ses dépenses. Le pays n’a pas réussi à lutter contre la corruption politique, le détournement de fonds, l’évasion fiscale et l’inefficacité – voire le gaspillage – des dépenses publiques, particulièrement au sein d’un secteur public pléthorique. Le déficit budgétaire – la différence entre les dépenses de l’État et ses revenus (impôts, taxes, emprunts) – est bientôt devenu hors de contrôle. La crise financière de 2008 a révélé que la dette de l’État grec était bien plus importante que ce que les chiffres officiels laissaient apparaître. La Grèce a eu besoin d’un crédit d’urgence afin de rester à flot.

     En 2010, l’UE et le FMI ont accordé à ce pays un emprunt de 110 milliards d’Euros, payé par versements échelonnés. En 2012, un nouveau prêt de 130 milliards d’Euros a été accordé. En échange de ce plan de sauvetage, le gouvernement grec devait adopter des mesures afin d’assainir ses finances et réduire ses dépenses. Mais la cure de redressement a été tellement dure qu’elle a fini par tuer le malade. L’économie grecque a été mise à sac et la dette a augmenté. Elle atteint maintenant 180% du PIB. Le pays ne peut plus faire face aux échéanciers de remboursement de la dette sans emprunter davantage. Il n’échappe plus à personne que la Grèce est techniquement en défaut.

     Qui sont les responsables de la situation catastrophique du pays ? D’abord les politiciens corrompus, auteurs des politiques désastreuses qui ont apporté ces résultats, mais aussi les électeurs grecs qui les ont votés et qu’ils continuent à le faire. En 1922, les responsables de la catastrophe nationale de l’Asie Mineure furent jugés par la cour martiale et fusillés pour haute trahison. Par contre, à ce jour les responsables du surendettement national, couverts par l’immunité parlementaire, n’ont pas été inquiétés et certains osent même retourner au pays et créer des nouveaux partis politiques !

     Tous les partis politiques et leurs représentants au parlement grec sont responsables de l’état désastreux actuel du pays. Ils ont cependant l’audace de solliciter à nouveau le vote des électeurs le 25.01.2015. Si les citoyens grecs étaient conséquents avec la brillante histoire et civilisation de leur patrie, ils ne devraient voter pour aucun d’entre eux et opter pour une nouvelle forme de gouverner le pays assortie de nouveaux personnages, de nouvelles institutions et d’une nouvelle constitution.

     Il est surprenant de constater que le débat électoral actuel se focalise sur le combat entre le parti traditionnel de Nouvelle Démocratie (centre-droite) et le parti d’extrême gauche SYRIZA créé en 2004. Le premier, qui fut coresponsable (avec le socialiste PASOK) de la création de la dette et de l’instauration des mesures d’austérité, prône la continuation du plan de sauvetage imposé par le tandem UE-FMI. Le deuxième, qui a fomenté et cautionné les grèves, manifestations et émeutes qui ont dévasté le pays, promet de mettre fin à l’austérité et de renégocier la dette ; il a séduit les électeurs en les faisant croire qu’ils ne devront plus rembourser leurs dettes. Il est donné gagnant aux sondages. 

     En effet, il semblerait que - pour contrecarrer leur rejet des plans de sauvetage imposés par la «Troika» - les électeurs grecs seraient prêts à confier leur destin à un parti d’extrême gauche (une coalition d’une bonne demi-douzaine de partis composés de communistes, trotskystes,  socialistes frustrés, écologistes, altermondialistes, féministes et militants homosexuels, etc.), lequel prend ses racines dans des mouvements anarchistes qui ont surgi à la fin de la dictature des colonels (1967-1974).Si leurs convictions politiques sont claires, leurs programmes sont flous. Mais, une victoire électorale de SYRIZA – une première où un parti d’extrême gauche gouvernerait dans un Etat membre de l’UE - pourrait entraîner l’Europe sur trois chemins différents.

Premier scénario : une fois au gouvernement, SYRIZA pourrait soudainement changer sa posture politique et continuer à contrecœur à mettre en œuvre les mesures imposées par la «Troïka» dans le cadre des plans de sauvetage. Il est peu probable car ce revirement détruirait tout le capital politique de SYRIZA et conduirait le parti vers une large défaite lors des prochaines élections.

Deuxième scénario : le gouvernement de SYRIZA comme l’UE campent sur leurs positions respectives. Ce blocage provoque une nouvelle crise des dettes publiques des pays membres de la zone Euro. La confusion qui s’ensuit voit la BCE intervenir massivement, palliant le manque d’efficacité d’une série de sommets européens intensément médiatisés. Ni SYRIZA ni l’UE ne pourraient se permettre de perdre la face, et ce même si cela déclenche une panique sur les marchés. Au bout du compte, avec une BCE très active, il est peu probable que la Grèce quitte la zone Euro, la source du problème reste irrésolue et une nouvelle crise surviendrait assurément à l’avenir.

Troisième scenario : Une victoire électorale de SYRIZA peut peut-être faire prendre conscience à certains dirigeants européens que le problème grec ne peut pas être résolu sans une sortie de la Grèce de la zone Euro et un défaut (fut-ce partiel) sur sa dette souveraine. Cela ne permettrait pas de résoudre le problème de la dette privée grecque, mais ce serait déjà un bon début. Ainsi, le gouvernement SYRIZA et l’UE se mettraient d’accord sur une sortie de la Grèce de la zone Euro. Une fois que la Grèce aurait de nouveau sa propre monnaie, il serait possible de remplacer le processus de dévaluation interne en cours par une politique de dévaluation externe. Cela permettrait de déplacer ses finances publiques sur une trajectoire plus durable et de restaurer sa compétitivité internationale de manière moins douloureuse qu’actuellement, à condition qu’un effort d’investissement soit parallèlement entrepris en vue de rétablir les structures productives du pays et de recréer les emplois perdus au cours des années de crise.

     Parce que la majeure partie de la dette publique grecque est aujourd'hui dans le bilan de la BCE et donc, si demain la Grèce devrait quitter la zone Euro, c'est d'abord et surtout la Banque centrale européenne qui aurait des difficultés ! Au final, ce sera le contribuable européen qui passerait d'une manière ou d'une autre à la caisse...Si l’on se fie aux expériences passées pour envisager le futur, les dirigeants européens choisiraient sûrement le scenario le moins attrayant des trois (le deuxième décrit plus haut) et leur attentisme militant ne le rendrait pas meilleur.

 

Dr. Angel ANGELIDIS

Bruxelles, le 23.05.2015

Remarque : Le résumé et le texte complet sous forme pdf peuvent être déchargés à partir du site www.angelidis.eu

 

SUMMARY

 

 

     Greece lived beyond its means before its accession to the Euro in 2002. Since then, public expenditure still rose thanks to the stability of the single currency which encouraged the Greek State to a higher debt to finance its expenditure. The country has failed to combat political corruption, embezzlement, tax evasion and inefficiency - or even wasting - public expenditure, particularly within a bloated public sector. The budget deficit - the difference between government spending and revenues (taxes, fees, loans) - soon became out of control. The financial crisis of 2008 revealed that the Greek State debt was far more important than what official figures let appear. Greece needed emergency credit to stay afloat.

 

     In 2010, the EU and the IMF gave this country a loan of 110 billion Euros paid by instalments. In 2012, a new loan of € 130 billion was awarded. In exchange for this rescue plan, the Greek Government should adopt measures to clean up its finances and reduce its spending. But the cure for the relief was so hard that she ended up killing the patient. The Greek economy has been sacked and debt increased. It now reaches 180% of GDP. The country can no longer cope with debt repayment schedules without borrowing more. For most economic analysts, Greece is technically in default.

 

     Who are responsible for the catastrophic situation in the country? First the corrupt politicians, authors of disastrous policies that have brought these results, but also the Greek voters who have voted for them and they continue to do so. In 1922, the chief responsible instigators of the national disaster in minor Asia were tried by Court-martial and shot for high treason. However, to date those responsible for the national debt, covered by parliamentary immunity, have not been worried and some dare to even return to the country and create new political parties!

 

     All political parties and their representatives in the Greek Parliament are responsible for the current disastrous state of the country. However, they have the audacity to seek again the confidence of the voters on 25.01.2015. If Greek citizens were consistent with the brilliant history and culture of their homeland, they should vote for none of them and opt for a new form of govern the country with new dignitaries, new institutions and a new constitution.

 

     It is surprising to note that the current electoral debate focuses on the struggle between the traditional New Democracy party (center-right) and the extreme left-wing SYRIZA party  created in 2004. The first, which was co-editor (with the Socialist PASOK) of the creation of the debt and the introduction of the collateral austerity measures, advocates the continuation of the rescue plan imposed by the tandem EU - IMF. The second, which has fomented and backed the strikes, demonstrations and riots that devastated the country, promises to put an end to austerity and renegotiate the debt. It seduced Greek voters making them believe that they will no longer have to pay their debts. It is given winner at the polls.

 

In fact, it seems that - to thwart their rejection of the rescue plans imposed by the “Troika” - Greek voters would be willing to entrust their fate to an  extreme left political party (a coalition of a good half-dozen parties composed of Communists, Trotskyists,  frustrated Socialists, environmentalists, anti-globalization campaigners, feminists and gay activists, etc.), which is rooted in anarchist movements that have arisen at the end of the colonels dictatorship (1967-1974)). If their political beliefs are clear, their programs are questionable. But an electoral SYRIZA victory - a first (première) where one extreme left party would govern in a member State of the EU - could lead Europe on three different paths.

 

First scenario: once the Government, SYRIZA could suddenly change its political stance and reluctantly continue to implement the measures imposed by the “Troika” under the rescue plans. It is unlikely because this reversal would destroy all the political capital accumulated by SYRIZA and would lead the party to a defeat in the next election.

 

Second scenario: the Government of SYRIZA, as well as the EU would camp on their respective positions. This blockage causes a new public debt crisis in the Eurozone Member countries. The confusion that follows sees the ECB intervene massively, overcoming the lack of effectiveness of a series of intensely publicized European summits. Neither SYRIZA nor the EU could afford to lose face, even if this confrontation triggers a panic on the markets. Ultimately, with a very active ECB, it is unlikely that Greece leaves the Eurozone, the source of the problem remains unresolved, and a new crisis occurs certainly in the future.

 

Third scenario: A SYRIZA electoral victory may raise awareness to some European leaders that the Greek problem cannot be solved without an exit of Greece from the Eurozone (Grexit) and a default (even partial) on its sovereign debt. This would not solve the problem of the Greek private debt, but it would be a good start. Thus, the SYRIZA Government and the EU would agree on an exit of Greece of the Euro area. Once again, Greece would have its own currency and it would be possible to replace the process of ongoing internal devaluation by a policy of external devaluation. This would allow moving its public finances on a more sustainable track and restoring its international competitiveness at a least painful manner than currently, provided that an investment effort be undertaken parallel to reinstate the productive structures of the country and recreate the numerous jobs lost during the years of crisis.

 

Because most of the Greek public debt is now in the ECB balance sheet, if tomorrow Greece should leave the Eurozone, this is first and above all the European Central Bank which would have difficulties! In the end, it will be the European taxpayer that would in one way or another be called to the Fund...If one relies on past experiences to consider the future, European leaders would surely choose the less attractive scenario of the three (the second described above) and their militant wait would not make it better.

 

 

 

Dr. Angel ANGELIDIS

 

Brussels, the 23.05.2015

Note: The summary and the full text as a PDF file can be downloaded from the site www.angelidis.eu

 

SYRIZA es un partido de la extrema izquierda, una coalición de una buena media docena de partidos de comunistas, trotskistas, frustrados socialistas, ecologistas, combatientes de la antiglobalización, feministas y activistas homosexuales, etc.

RESUMEN

 

     Grecia vivía más allá de sus propios medios antes de su adhesión al Euro en 2002. Desde entonces, el gasto público todavía aumentó gracias a la estabilidad de la moneda única que animó al estado griego de contactar más deuda para financiar sus gastos. El país no ha podido combatir la corrupción política, malversación de fondos, evasión de impuestos e ineficiencia - o inclusodespilfarro  - del gasto público, particularmente dentro de un sector público inflado. El déficit del presupuesto - la diferencia entre el gasto y los ingresos (impuestos, tasas, préstamos) - pronto quedó fuera de control. La crisis financiera de 2008 reveló que la deuda del estado griego era mucho más importante que lo que las cifras oficiales dejaban aparecer. Grecia necesitaba crédito de emergencia para mantenerse a flote.

     En 2010, la UE y el FMI dieron a este país un préstamo de 110 billones de Euros pagados a plazos. En 2012, un nuevo préstamo de € 130 billones fue otorgado. A cambio de este plan de rescate, el gobierno griego debería adoptar medidas para limpiar sus finanzas y reducir su gasto. Pero la cura para el alivio era tan fuerte que terminó matando al paciente. La economía griega ha sido saqueada y la deuda se incrementó. Ahora alcanza 180% del PIB. El país ya no puede hacer frente a los plazos de devolución de la deuda sin pedir prestada más deuda. A nadie se le escapa que  Grecia está técnicamente en default.

     ¿Quiénes son responsables de la situación catastrófica en el país? No cabe duda que los primeros son los políticos corruptos, autores de políticas desastrosas que han traído estos resultados, sino también los griegos votantes que han votado por ellos y siguen haciéndolo. En 1922, los funcionarios del desastre nacional de Asia menor fueron juzgados por la corte marcial y fusilados por alta traición. Pero, hasta la fecha, los responsables de la deuda nacional, cubiertos por la inmunidad parlamentaria, no fueron molestados y algunos se atreven incluso volver al país y crear nuevos partidos políticos.

     Todos los partidos políticos y sus representantes en el Parlamento griego son responsables por el desastroso estado actual del país. Sin embargo, tienen la osadía de solicitar otra vez la confianza los votantes el 25.01.2015. Si los ciudadanos griegos eran constantes con la brillante historia y civilización de su patria, no deberían volver votar por ninguno de ellos y optar por una nueva forma de gobernar el país con nuevos personajes, nuevas instituciones y una nueva Constitución.

     Es sorprendente observar que el actual debate electoral se centra en la lucha entre el tradicional partido de la Nueva Democracia (centro-derecha) y el partido de extrema izquierda SYRIZA creado en 2004. El primero, que fue coeditor (con el socialista PASOK) de la creación de la deuda y la introducción de las medidas de austeridad, abogó por la continuación del plan de rescate impuesto por el tándem UE-FMI. El segundo, que ha fomentado y apoyado las huelgas, manifestaciones y disturbios que asolaron el país, se compromete a poner fin a la austeridad y renegociar la deuda. Sedujo a los griegos haciéndoles creer que ya no van a pagar sus deudas. Se da el ganador en las urnas.

     De hecho, parece que - para frustrar su rechazo a los planes de rescate impuesto por la “Troika” – los griegos estarían dispuestos a confiar su suerte a un partido de la extrema izquierda (una coalición de una buena media docena de partidos de comunistas, trotskistas, frustrados socialistas, ecologistas, combatientes de la antiglobalización, feministas y activistas homosexuales, etc.), que tiene sus raíces en los movimientos anarquistas que han surgido al final de la dictadura de los coroneles. Si sus creencias políticas son claras, sus programas son dudosos. Sin embargo, una victoria electoral de SYRIZA - una primera donde gobernaría un partido de extrema izquierda en un Estado miembro de la UE - podría llevar a Europa por tres caminos diferentes.

El primer escenario : una vez que hubiera asumido el gobierno, SYRIZA podría cambiar repentinamente su postura política y a regañadientes continuaría implementando las medidas impuestas por la “Troika” bajo los planes de rescate. Es poco probable porque esta inversión podría destruir todo el capital político acumulado por SYRIZA y llevaría el partido a una derrota en las próximas elecciones. 

El segundo escenario : el gobierno de SYRIZA y la UE acamparían en sus respectivas posiciones. Esta obstrucción causaría una nueva crisis de la deuda pública en los países miembros de la Eurozona. La confusión que seguiría vería al BCE a intervenir masivamente, superando la falta de eficacia de una serie de cumbres Europeas intensamente publicitadas. Ni SYRIZA tampoco la UE podrían permitirse perder la cara, aunque esta confrontación provocara el pánico en los mercados. En definitiva, con un BCE muy activo, es poco probable que Grecia dejara la Eurozona, pero la fuente del problema seguiría sin resolverse, y una nueva crisis se produciría sin duda en el futuro.

El tercer escenario : Una victoria electoral de SYRIZA podría sensibilizar a algunos líderes europeos que el problema griego no puede resolverse sin una salida de Grecia de la Eurozona y un predeterminado default (fuese parcial) de su deuda soberana. Esto no resolvería el problema de la deuda privada griega, pero sería un buen comienzo. Por lo tanto, el gobierno de SYRIZA y la UE estarían de acuerdo en una salida de Grecia de la Eurozona. Una vez más, Grecia tendría su propia moneda y sería posible sustituir el proceso de devaluación interna en curso por una política de devaluación externa. Esto podría mover sus finanzas públicas en una pista más sostenible y restaurar su competitividad internacional de manera menos dolorosa que actualmente, siempre que un esfuerzo de inversión se realizara paralelamente para recomponer las estructuras productivas del país y crear los empleos que se perdieron durante los años de crisis. 

¡Porque la mayoría de la deuda pública griega está ahora en el balance general del BCE, si mañana Grecia debería quitar la Eurozona, sería primero el BCE que tendría dificultades! Al final, sería el contribuyente europeo que de una forma u otra pasaría por la caja...Si uno se basa en las experiencias pasadas para pensar en el futuro, los líderes europeos seguramente elegirían el escenario menos atractivo de los tres (el segundo descrito anteriormente) y su militante espera no lo haría el mejor.

 

Dr. Ángel ANGELIDIS

Bruselas, el 23.05.2015

Nota: El resumen y el texto completo como archivo PDF pueden descargarse desde el sitio www.angelidis.eu

  

Tsipras – Tarzan. (FR) Epigramme: "Ensemble nous irons loin, très loin...", mais la liane se rompe sous les yeux stupéfiés des simiens. (EN) Epigram: "Together we will go far, far away...", but the creeper breaks before the amazed eyes of the simians. (DE) Epigramm: "Gemeinsam, dass wir weit, weit weg gehen...", aber die Rebe bricht vor den erstaunten Augen der Affen. (ES) Epigrama: "Juntos que iremos lejos, muy lejos...", pero la liana se rompe ante los ojos asombrados de los simios. (PO) "Juntos vamos longe, muito longe...", mas a videira quebra diante dos olhos espantados dos símios.

 EN GRÈCE LA TRAGÉDIE DE LA CRISE DE DETTE APPROCHE DE SA FIN

LES FAUSSES ESPOIRS DU PEUPLE GREC QU’UNE VICTOIRE DE «SYRIZA» AUX ÉLECTIONS DU 25.01.2015 APPORTERAIT UNE SOLUTION À LA SITUATION DRAMATIQUE DU PAYS…

 

1. Préambule

     Le 29 décembre dernier, les députés du parlement grec ont constaté leur incapacité à s’entendre sur le choix du nouveau président de la république. La fonction n’est que symbolique, mais la conséquence en cas d’échec est automatique : la dissolution de l’Assemblée a été annoncé le lendemain. Les grecs retourneront aux urnes le 25 janvier 2015. SYRIZA, le parti de l’extrême gauche radicale est donnée gagnant aux sondages. Son leader Alexis Tsipras séduit l’électorat avec ses slogans populistes de renvoyer la "Troïka" chez eux, de ne plus payer la dette et de revenir sur les politiques d’austérité appliquées par les partis traditionnels de Nouvelle Démocratie et de PASOK depuis 2010. Alors qu’une telle issue du scrutin devient possible, l’hebdomadaire «Der Spiegel» rapportait le 03.01.2015 que le gouvernement allemand serait prêt à «laisser la Grèce sortir de l’Euro» en cas de victoire de SYRIZA.

     Les marchés ont rapidement réagi à la rumeur venue de Berlin : taux d'intérêt des pays solides en chute libre (Allemagne, France), débandade le 05.02.2015 des places boursières (Paris -3,31%, Milan -4,92%...), et Euro déprimé.

     Le scénario qui les inquiète est le suivant, tel que décrit sur son blog par Alexandre Delaigue, professeur d'économie à l'école française de Saint-Cyr.

     "Les négociations entre le nouveau gouvernement grec et la "Troïka" se tendent et n'aboutissent pas. A une échéance de paiement de dette, Athènes refuse de payer. Cela inquiète tout le monde, les Grecs vont précipitamment retirer leurs économies des banques, craignant une sortie de l'Euro; les investisseurs retirent leurs capitaux".

     Exsangues, les banques grecques réclament alors une aide urgente de la BCE: "Si la BCE émet des conditions (au gouvernement) et que SYRIZA refuse, d'un coup la devise créée par la banque centrale grecque cesse d'être des Euros comme les autres", soit un "Grexit" de fait.

     La Grèce "doit alors mettre en place un mécanisme de contrôle des flux de capitaux pour éviter leur fuite, émettre de nouveaux billets dont la valeur diminuerait rapidement par rapport à l'Euro, ce qui rendrait inéluctable un défaut total sur sa dette libellée en Euro".

     A. Delaigue n'exclut pas que face à la montée de partis d'extrême gauche en Espagne ou en Italie, et d'extrême-droite en France et en Allemagne, les Etats soient tentés de "faire de la Grèce un exemple: soit un pays reste dans le rang, soit il est expulsé, de préférence de la manièrela plus douloureuse".

     Juridiquement, la Commission européenne insiste sur le fait que l'appartenance d'un pays à l'union monétaire est "irrévocable". Mais "même s'il n'y a pas de clause" prévoyant qu'un pays quitte la zone euro,  une sortie de la zone Euro pourrait passer par une sortie de l'Union Européenne, possibilité qui, elle, est envisagée par les traités.

     Peu nombreux sont les économistes à croire à cette réaction en chaîne dans l'immédiat.

     Jörg Krämer et Christoph Weil, de Commerzbank, voient venir un "mauvais compromis" entre les créanciers et la Grèce "après une exténuante partie de poker". Au final, ils estiment à une sur quatre la probabilité d'un "Grexit".

     Pour Christopher Dembik, de Saxo Banque, la Grèce "ne sortira pas aujourd'hui ni demain de la zone Euro, mais la question pourrait se poser à plus long terme", par manque de compétitivité et à cause d'une dette gonflée par les "errements de l'austérité aveugle".

     Pour lui, c'en serait fait alors de la zone Euro, ou presque. "Les précédents historiques montrent qu'il est quasiment impossible de maintenir en l'état une union monétaire lorsque le processus de décomposition a commencé", dit-il en faisant notamment référence à l'éclatement de l'empire austro-hongrois. 

 

2. Les origines et les conséquences de la crise

     La Grèce est entrée dans l’Union Européenne en 1981 et adopte l’Euro en 2001. Depuis, le pays a eu une assez bonne croissance (entre 1 et 6%, et une moyenne de 4,2 %) grâce notamment à l'apport de capitaux étrangers. Son entrée dans l’Euro, lui a permis d’emprunter moins cher sur le marché et d’oublier un peu ses dettes publiques, qui furent le moyen de financement par excellence des concessions sociales des gouvernements socialistes de PASOK durant les années 1980 et 1990.

     Dès 2004, des analystes s'inquiétaient du coût et des emprunts causés par l'organisation des jeux olympiques à Athènes. Le total des dépenses publiques engendrées par les jeux olympiques s'élevaient officiellement à 11 milliards de dollars. D'autres estimations portent ce chiffre à plus de 20 milliards d'Euros. Ces dépenses ont été essentiellement financées par le recours à l'emprunt. La corruption de politiciens par des entreprises grecques et étrangères aurait joué un rôle dans l'explosion des coûts. Alors que le déficit budgétaire était de 3,7% du PIB, il double pour atteindre 7,5% l'année des jeux olympiques. Les dettes de l'État passent de 182 à 201 milliards d'Euros. Ce sont bien les jeux olympiques de 2004 qui ont surendetté la Grèce et préparé la crise de la dette publique grecque.

     Cette crise a été aggravée par le manque de transparence dont a fait preuve le pays lors de la présentation de sa dette pour entrer dans la zone Euro en 2001. Inéligible à la création de l'Euro en 1999, la Grèce finit par remplir les critères de Maastricht en 2001, faisant donc partie des pays de lancement de la monnaie unique en 2002. En pratique, la Grèce ne remplissait pas tous les critères, loin de là. Par exemple, la dette oscillait entre 95 et 110 % du PIB, bien au-delà des 60 % exigés par le Traité de Maastricht. Mais le gouvernement socialiste de Costas Simitis parvint à afficher des déficits à moins de 3 % du PIB, limite fixée par les critères de convergence des économies de la future zone Euro, grâce à la complicité de la banque d'affaires américaine «Goldman Sachs» notamment par la levée de fonds hors bilan et par le biais d'instruments financiers (swaps) d’une complexité extrême. «Ariane», le premier montage daterait de 2000, mais aurait été réitéré en 2001 sous le nom d' «Éole», puis les années suivantes. Cela a eu pour effet mécanique de faire disparaître environ 2% de la dette grecque de ses comptes nationaux.

     Cela suffit à convaincre l'Allemagne d'accepter la Grèce dans le club. Pour rembourser les 2,8 milliards d’Euros empruntés à la banque, la Grèce a conclu un autre contrat de swap. En quatre ans, la dette ainsi contractée par la Grèce auprès de «Goldman Sachs» allait bondir de 2,8 milliards à 5,1 milliards €. «Goldman Sachs» n’ayant rien d’un philanthrope, la banque aurait rémunéré ses «services» à hauteur de quelque 300 millions de dollars. Vu les gains importants réalisés sans grande peine, elle a continué son emprise sur la Grèce en renouant les contacts avec le nouveau premier-ministre Géorgios Papandréou (2009) et avec Loukas Papademos, ancien directeur de la banque centrale grecque nommé premier ministre suite au départ de Papandréou (2011). N’oublions pas non plus que Mario Draghi, Président de la Banque centrale européenne depuis le 01.11.2011, fut ni plus ni moins vice-président de Goldman Sachs pour l’Europe durant la période 2002-2005…

     Avec la crise des prêts de «subprime» en 2008, la Grèce fut le pays de la zone Euro le plus fortement touché. Presque 0 % de croissance pour la fin de l’année 2008 et une entrée en récession avec – 1,1%  en janvier 2009, ce qui marque le début de la chute libre du pays, la perte de confiance des marchés, des chiffres économiques catastrophiques, allant jusqu’à -9 % de croissance (c’est qui ne s’appelle plus de la croissance, mais de l’appauvrissement).

     Dès lors l’Europe aussi plonge dans une crise de confiance sous la menace dudit «effet domino», avec la Grèce au point de mire, qui reçoit les foudres de la presse : on accuse le pays de tricherie sur les comptes, d’économie mal gérée… et ses habitants de fainéants,  de non payeurs d’impôts… Sans bien sûr, parler des banques (pas même d’une certaine «Goldman Sachs») qui l’ont aidé à tricher sur le déficit budgétaire, qui ont ensuite misé à la baisse sur les prévisions de croissance du pays (ce qui s’est effectivement produit), puis ils ont profité des misères de ses ressortissants en leurs prêtant de l’argent avec des taux d’intérêts exorbitants qu’ils ne pourront jamais rembourser et devront de nouveau emprunter, une horreur sans fin…

 

3.   Le «sauvetage»

3.1 La première crise grecque de 2010

      Elle se déclenche à la suite des élections législatives d’octobre 2009. Le nouveau gouvernement de Géorgios Papandréou annonce que les comptes publics ne sont pas justes et que le déficit grec est supérieur  de 10 %. Quant à  la dette publique, elle représente plus de 115 % du PIB.

     En janvier 2010, le gouvernement grec adopte un premier plan d’austérité afin de réduire le déficit budgétaire à 2,8 % du PIB en 2012. Plusieurs mesures de rigueur budgétaire seront décidées dans les mois qui suivent. La tension sociale augmente dans le pays. Pour venir en aide à la Grèce, l’Euro-groupe propose  une première solution de refinancement de la dette publique grecque. Le 11 avril 2010, les pays de la zone Euro présentent un programme triennal de prêts bilatéraux à la Grèce. Le montant initial est de 80 milliards d’Euros. La Grèce refuse mais dix jours plus tard, l’agence de notation Moody’s dégrade la note de la dette grecque de A2 à A3. Les autres agences confirment cette note.

 

3.2 L’accord du 7 mai 2010

     Le 23 avril 2010 la Grèce fait une demande officielle d’aide auprès de l’Union Européenne pour honorer une échéance obligataire de 8,5 milliards d’Euros. Le 7 mai 2010, le Conseil européen valide un plan d’aide de 110 milliards d’Euros. Sous forme de prêts bilatéraux, 80 milliards d’Euros sont prêtés par les pays de la zone Euro, le reste par le FMI. En contrepartie, la Grèce s’engage à suivre un plan de réduction de ses dépenses publiques de 40 milliards d’Euros.

 

3.3 L’accord du 27 octobre 2011 et du 21 février 2012

      En avril 2012, la Grèce a bénéficié d'une restructuration de sa dette publique qui fut effacée à hauteur de 120 milliards d’Euros. Les créanciers privés ont pris l'essentiel de la facture, encaissant une perte de 72%, ce qui a provoqué un psychodrame dans les bureaux de certains banquiers. Ce «hair cut» fut accompagné de prêts internationaux publics, octroyés par l'Union Européenne (MES) et le FMI. Après les 110 milliards prêtés à la Grèce en 2010, les deux prêteurs ont décidé de rajouter 130 milliards supplémentaires afin de couvrir les besoins de financement du pays jusqu’en 2014. Donc au total 240 milliards, qui - même s'ils ne sont pas de même nature que des emprunts - sont venus alourdir la dette. Il s’agissait bien d’un prêt et non d’un don : la Grèce doit payer des intérêts, autour de 3 %, sur ces sommes, et les rembourser à terme. Aussi, aujourd'hui, sur les 321,7 milliards de dette, les obligations ne représentent que 79,9 milliards d'Euros, alors que les 241,8 milliards restants sont des crédits auprès des institutions européennes, dont 60 milliards d'Euros pour la Banque centrale européenne.

 

3.4 L’accord du 27 novembre 2012

      Dans un contexte économique préoccupant, avec un taux de chômage de 27 %, la Grèce subit de fortes tensions sociales. De plus, avec les élections législatives, elle a pris du retard dans la mise en place des réformes. Les pays européens sont divisés et certains, notamment l’Allemagne, les Pays bas et la Finlande, envisagent même la sortie de la Grèce de la zone Euro (Grexit). L’Euro-groupe arrive finalement à un accord afin d’éviter le défaut de paiement de la Grèce et limite à 124 % du PIB son endettement public. Cet accord passe par un déblocage de nouvelles tranches de crédit (34,4 milliards d’Euros en décembre, puis 10 milliards début 2013)  sous conditions d’un calendrier de réformes à respecter. Sont en plus décidés : a) un moratoire de 10 ans sur les taux d’intérêt des prêts consentis par les fonds de secours et des délais de remboursement ; et b) une baisse des taux sur les prêts bilatéraux du premier plan d’aide ou une possibilité de rachat de la dette par la Grèce.

 

4.  Les mesures d’austérité

     Pour bénéficier de la "solidarité" des Etats membres de la zone Euro (France et Allemagne essentiellement) et du FMI, le gouvernement grec doit réduire ses dépenses et donc sous-financer les services publics, augmenter les recettes de l’Etat, alourdir la pression fiscale (impôts et TVA), combattre la fraude et l’évasion de capitaux, etc. Déjà touché par la crise internationale, le pays s'enfonce donc dans une pauvreté digne du Sénégal : moins de budgets pour l'éducation, la santé, les infrastructures, la fonction publique.

     Depuis 2011, la Grèce est devenue la championne de la rigueur, 28 milliards € d’économie sur la dette publique à faire pour 2015, pour un pays qui pèse 2,4 % du PIB européen et de 10,7 millions d’habitants. Pour comparer, la France, c’est 53 milliards € d’économie (65 milliards d’économie en 5 ans) pour 66 millions d’habitants et 19,7 % du PIB européen. Soit 3 fois plus d’économie par habitant à réaliser pour la dette publique grecque, avec 25 % de PIB/habitant en moins et 2 à 3 fois plus de chômage, dont 60 % de chômage chez les moins de 25 ans. De plus, le salaire moyen a baissé de 25 %, les pensions ont été réduites à des niveaux de misère, les impôts ont augmenté, la santé s’est dégradée, le nombre de drogués et de suicides a augmenté, etc.,  voilà le cauchemar grec.

     La pression des créanciers devient de plus en plus pesante. Dans un long entretien au quotidien britannique «The Guardian» mis en ligne le 25 mai 2012, Mme Lagarde directrice générale du FMI a estimé qu’elle a été ont été trop gentille avec les grecs, et a exprimé sa préférence de secourir des pays plus pauvres comme le Niger qui ont encore plus besoin d’aide plutôt que «les gens d’Athènes» qui ne payaient pas assez d’impôts. Une belle leçon envoyée par celle qui ne paie, elle-même, pas d’impôts…

     Le pays touche le fond lorsqu’il est officiellement classé comme «pays émergent», drôle de terme pour un pays en récession qui est plutôt en train d’immerger. Autre élément notable : la cure d’austérité infligée au pays par l’UE et le FMI aura véritablement anéanti toute son économie, fondée sur la consommation intérieure.

 

5. Le gaspillage des subventions européennes

     Il est vrai que la Grèce n’a pas fait le meilleur usage possible des fonds européens qu’elle a reçu depuis son adhésion à l’UE. Au cours de ses 35 années en tant que membre de l’UE, la Grèce a reçu l’équivalent de 78 milliards d’Euros en financement de l’Union, notamment de la part du FEOGA, des Fonds Structurels et du Fonds de Cohésion. Cet argent aurait dû aider à revigorer l’économie grecque, la rendre compétitive et créer des emplois. Au lieu de cela, trop d’argent a été gaspillé voire fraudé concernant notamment des subventions agricoles reçues pour le soutien des marchés ou l’amélioration des structures agricoles des produits importants pour l’économie du pays (coton, fruits et légumes frais et transformés, huile d’olive…), qui ont été déviées pour servir à d’autres fins lucratives (transactions spéculatives à la bourse, achats d’immobiliers, etc. ; (cf. la célèbre phrase du politicien socialiste Théodore Pángalos «mazi ta fágame» = nous les avons tous bouffé ensemble (les fonds européens)).

     Au-delà, la Banque européenne d’investissement a également contribué à financer des projets clés, tels que la construction de l’aéroport international et le métro d’Athènes. Ces projets ne sont que deux des exemples de la contribution positive de l’argent de l’UE dans l’amélioration des infrastructures grecques depuis les années 1980. Cependant, force est de constater que la prise de position anti-européenne que le PASOK avait affiché lorsqu’il a gagné les élections de 1981, a retardé la mise en œuvre des fonds structurels en Grèce pour plusieurs années. De même, les dérives de la bureaucratie sont coupables d’une exécution non satisfaisante de plusieurs programmes et projets européens (par exemole les PIM), ce qui a eu pour conséquence la perte de fonds mis à la disposition de la Grèce pour son développement économique et social pendant plusieurs programmations budgétaires pluriannuelles de l’UE (perspectives financières).  

 

6. Les responsables de la crise

     «La Grèce était un paradis, ils en ont fait un enfer !». Déjà qui se cache derrière ce«ils» ?

     Tout d’abord le pouvoir politique local. Ces hommes politiques corrompus les "VOULEFTES",  c’est-à-dire les membres du parlement et du gouvernement de coalition qui adoptent jour après jour toutes ces mesures qui étouffent l’économie et qui saignent le peuple grec. Jadis, les 300 Spartiates de Léonidas ont marqué l’histoire avec leur courage et sacrifice aux Thermopyles. Maintenant les 300 députés sur la place Syntagma d’Athènes sont la honte de l’image et de la réputation du pays dans le monde entier.

     L’alliance cleptocratique des mafias de partis politiques a remplacé la dynastie royale par des dynasties des familles des politiciens (Karamanlis, Papandréou,…) qui s’alternent au gouvernement du pays depuis le départ du roi Constantin, a encadré le pays d'une constitution ridicule qui accorde l'impunité aux membres du gouvernement (!), l’immunité aux députés (!) et le maiestas laesa au Président de la République (qu’eux-mêmes désignent), a propagé  le cancer de la corruption, a détruit l'économie grecque, a volé le Trésor grec et les fonds de pension, a enchaîné la Grèce à la "Troïka", a reçu une myriade de pots de vin et de commissions occultes, a reconnu l’impunité cleptocratique, a échangé des sinécures pour des votes, a imposé la justice kangourou, a persécuté les dissidents, a avili l'âme grecque, a remplacé la belle langue grecque classique par une nouvelle version loufoque laide, a manipulé l'histoire grecque dans les manuels scolaires pour plaire aux Turcs, a cédé le nom de Macédoine à un pseudo-État slavo-albanais, a vendu les intérêts nationaux du pays aux étrangers, a ouvert les frontières du pays a l'immigration massive, a forcé les grecs à émigrer, a transformé le berceau de la démocratie à un berceau de cleptocratie et a détérioré le caractère national des Grecs.

     Les partis politiques en Grèce reçoivent des financements publics les plus élevés en Europe en proportion des recettes fiscales, dix fois plus qu'en Allemagne. Les partis politiques grecs reçoivent de fonds publics quinze Euros par vote, le taux le plus haut d'Europe.

     Le gouvernement de la "République de Grèce" torture ses citoyens avec une énorme imposition, un taux de 23 % de TVA, une justice kangourou, une incroyable corruption politique, une bureaucratie infinie avec des paperasses infinies, des files d'attente infinies, des licences infinies, des pots-de-vin infinis, une criminalité surdimensionnée, une brutalité policière, une barbarie de programmes télévisés et d’autres médias d’information et un sadisme infini.

     Les graeco-cleptocrats politiques sont fréquemment hués, reçoivent des «moutza» (cf. image) et se voient lancés du yogourt par la foule indignée les qualifiant de traîtres! Toutefois, l'impunité des 300 députés et l'immunité des ministres dont ils se sont prémunis sont leur abri contre la colère populaire.

     Ces hommes politiques aujourd’hui détestés par tous les Grecs n’osent même plus sortir dans la rue, se mettre en terrasse prendre un café ou aller dans une taverne. Pendant des décennies ces derniers ont bénéficié des largesses de nombreuses multinationales américaines, anglaises et allemandes, françaises… Ils sont trempés dans d’innombrables scandales même au détriment des propres intérêts de la patrie comme celui du contrat de sous-marins défectueux à plusieurs milliards d’Euros de la firme allemande Siemens.

     L’actuel système politique grec est responsable de l’état désastreux du pays. Il a fait preuve de corruption et d’incompétence et il doit être remplacé. La nécessité d’une profonde «catharsis» impliquant le retour du roi, la nomination d’un nouveau gouvernement compétent d’unité nationale, l’arrestation et le châtiment des responsables devient impérieuse. Pour autant que les Grecs continuent à supporter l’actuel système politique et à voter pour les mêmes escrocs encore et encore, ils mériteront ce qu'ils obtiennent !

     De même, de très nombreuses multinationales ont été impliquées dans des affaires scandaleuses parfois condamnées par la justice pour ententes illicites, pratiques illégales, positions dominantes voire même corruption.

     Enfin les institutions internationales qui se regroupent derrière le mot de «Troïka» (Commission Européenne, Banque Centrale Européenne et Fonds Monétaire International) ne sont en fait que le bras armé du capitalisme financier international qui détient le vrai pouvoir en Grèce tout comme dans le reste de l’Europe.

      Et ne nous trompons pas, car aucune de ces institutions malgré leurs milliards d’Euros versés n’a aidé véritablement la Grèce. Pas un seul Euro n’est arrivé dans la poche des Grecs. Il s’agit en réalité d’un immense marché de dupes, car les Euros versés sont retournés directement dans la poche des créanciers, dont les banques. Ce système est en réalité une machine à appauvrir les peuples aux services de la puissance de l’argent.

 

7.   Les résultats de la «cure»

 7.1 Un mur de dette qui reste très élevé

       Lors de la 2ème opération de sauvetage (2012) la dette de la Grèce atteignait 304 milliards d'Euros. L’opération avait permis de baisser le niveau de la dette grecque de 170,3 % à 157 % du PIB, remontée à 174,4 %, en 2013. Au 30 septembre 2014, la dette publique s'élevait à 321,7 milliards d'Euros soit à 177,2% du PIB. Le «mur de la dette» reste toujours très élevé! Une situation intenable pour le pays, dont le taux de chômage atteint 27% de la population active.

     Rappelons que le plan d'aide accordé à la Grèce par l'Union Européenne et le Fonds monétaire international (FMI) prévoit que le ratio dette/PIB soit ramené à 175% en 2016, 124% en 2020 et nettement en dessous de 110% en 2022.

 

7.2 Dette alourdie par le sauvetage

      Le pays ayant vécu six années consécutives de récession, il était logique qu'en proportion la dette augmente. En valeur absolue, c'est plus difficile à comprendre.

     Rappelons que le «sauvetage de la Grèce» s'est effectué par deux restructurations de la dette privée assez lourdes (la seconde a réduit de plus des deux tiers la valeur de la dette privée), mais aussi par le financement des besoins de l'Etat grec par les Etats de la zone Euro et le Fonds européen de stabilité financière (FESF) devenu Mécanisme européen de Stabilité (MES). La Grèce n'a donc jamais cessé de s'endetter davantage durant son «redressement». La réduction de la dette privée a été largement compensée par une augmentation  de l'endettement vis-à-vis des créanciers publics ou parapublics : Etats de la zone Euro, banque publique allemande KfW, MES, BCE… Aujourd'hui les prêts détenus par ces institutions représentent 241,8 des 321,7 milliards d'Euros de la dette publique grecque.

 

7.3 Jusqu’à 18 milliards d’Euros à rembourser sur une année

       Six ans après le début de la crise, le ratio dettes sur PIB de la Grèce est passé de 120 % du PIB (niveau qui avait exclu le pays de l'accès aux marchés) à près de 180% du PIB. C'est un des niveaux les plus élevés du monde. Et c'est évidemment un poids lourd pour le budget grec qui entrave toute marge de manœuvre des pouvoirs publics. Le montant des remboursements à effectuer chaque année par la Grèce est ainsi supérieur à 4 milliards d'Euros jusqu'en 2047. Entre 2023 et 2043, il faudra rembourser plus de 7 milliards d'Euros par an avec des points effrayants de 18,2 milliards d'Euros à rembourser en 2039, 14,1 milliards d'Euros en 2037 et 13,6 milliards d'Euros en 2038. 

     A ces sommes s'ajoute le «service» de la dette, càd le paiement des intérêts. Par ailleurs, la Grèce s'est aussi financée par le recours à la dette «flottante» à court terme (celle qui dispose d'une maturité de moins d'un an), qui pèse beaucoup sur le budget. En 2013, elle représentait 12% de la dette totale, soit 39,9 milliards d'Euros qu'il faut refinancer au cours des 12 prochains mois.

 

7.4 Chère, très chère dette

       Avec de telles sommes à rembourser, le pays va devoir mobiliser l'intégralité de ses excédents primaires (en les augmentant) au remboursement de la dette. Une solution qui risque de freiner considérablement la reprise économique. Surtout, en cas d'une baisse du régime de la croissance, elle contraindra le gouvernement à accélérer davantage l'austérité, ce qui pourrait provoquer une nouvelle récession. Certes, le pays, qui a de nouveau accès au marché pourrait utiliser cet accès pour se refinancer, mais avec un tel niveau d'endettement et malgré l'effet de l'assurance OMT (le programme de rachat d'obligations souveraines de la BCE), les taux demandés par les investisseurs seront toujours plus élevés que ceux du MES ou à ses partenaires.

     La Grèce paiera en effet pour son premier plan d'aide de 53 milliards d'Euros un taux de 0,83 % pour un prêt de 17 ans de maturité. Malgré le succès de son placement à 5 ans du 10.04.2014, elle a dû accorder un taux de 4,95 % ! L'effet sur les finances publiques n'est naturellement pas le même et, passé l'effet d'annonce, Athènes préférerait se passer de devoir demander l'aide des investisseurs. Sans compter que l'accès au marché peut, en cas de retour de l'aversion au risque, se fermer aussi vite qu'elle s'est rouverte.

     A l’évidence, le pays ne peut se permettre un tel poids de service de la dette dans ses dépenses.  Il comptait s'appuyer sur un engagement de l'Euro-groupe qui, en novembre 2012, avait promis de réexaminer cette question à partir du moment où la Grèce aurait dégagé un excédent primaire de 1,5 % du PIB. Cette promesse ne sera pas réalisée. 

 

8. Les conséquences de l’austérité

     Les Grecs ont fait des efforts. Au lieu de dépenser l’argent aussi librement qu’avant, ils ont freiné. Des milliers de fonctionnaires ont été licenciés, des budgets ont été limités, des ceintures ont été resserrées.

     Bien entendu, ça a provoqué un ralentissement puis à un effondrement économique. L’économie se retrouve aujourd’hui amputée de pas moins de 25% de ses richesses et de ses ressources par rapport au démarrage de la crise. Malgré tous les beaux discours sur les réformes menées par l’UE, le classement de la Grèce sur l’indicateur de compétitivité du Forum Economique mondial s’est aggravé. Elle est passé de la 67ème place à la 81ème place au cours des six dernières années, derrière l’Ukraine, le Guatemala et l’Algérie. La situation économique de la Grèce peut se résumer en quelques graphiques. Le premier graphique fait apparaitre la montée démesurée de la dette grecque à partir de 1981 (lorsque le parti socialiste PASOK d’Andréas Papandréou s’installe au pouvoir)  et son accélération depuis 2007. Les deux graphiques suivants indiquent l’évolution des taux de croissance et du PIB. L’effondrement du PIB est réellement spectaculaire notamment en 4ème 3mestre de 2011 et implique un appauvrissement d’une grande part de la population grecque.

     Mais il y a pire. Si l’on regarde l’investissement, que ce soit calculé en pourcentage du PIB ou en Euros constants, on constate un effondrement spectaculaire à partir de 2007 (cf. Graphique N° 4). En valeur, nous sommes en 2014 à 64% de la valeur des investissements de 1999. Cet effondrement, qui va bien au-delà d’une correction par rapport aux années 2000, marquée par les dépenses liées aux Jeux Olympiques, a plusieurs implications. Tout d’abord une destruction du capital par non-renouvellement, qui va poser un problème redoutable à la Grèce dans les années à venir. Faute d’entretien les infrastructures, qu’elles soient privées ou publiques, elles finiront par se dégrader ce qui va entraîner une montée des coûts d’entretien d’ici la fin de la décennie. Par ailleurs, la productivité du travail, non soutenue par un investissement qui fait défaut, va continuer à baisser, rendant plus que problématique le retour à une compétitivité de l’économie grecque. Seule, une baisse des salaires supplémentaire (?) ou une dévaluation (?) permettrait de maintenir les gains de productivité qui ont été payés aux prix fort par la population grecque. Aucune de ces options n’est possible, la première vu l’état catastrophique de l’emploi et des conditions de travail en Grèce, la deuxième pour autant que le pays reste dans la  zone Euro.

     Le taux de chômage est en hausse continue  (7,7% en 2008, 27,13% en 2913), particulièrement fort chez les jeunes et les femmes. La Grèce détient le record européen du taux de pauvreté (23,1 %).

     En vue de renflouer les caisses de l’Etat grec en situation de quasi-faillite, les impôts ont en effet grimpé de manière vertigineuse entraînant parallèlement une hausse notable de ses «factures impayées». Lesquelles concernent plus d’un tiers des contribuables. Si plus de 5 milliards € d’impayés étaient comptabilisé entre 2010 et 2011, plus de 8 milliards € entre 2011 et 2012 et plus 10 milliards € entre 2012 et 2013, plus 12,5 milliards ont été enregistrés entre 2013 et 2014. Sur les quatre premiers mois de 2014, 4,3 milliards de nouveaux impayés ont d’ores et déjà été comptabilisés.

     Selon les données officielles, sur 11 millions d’habitants que compte la Grèce, environ 3.35 millions de contribuables présentent des arriérés de paiement d’impôts, lesquels correspondaient fin avril  à un montant cumulé de plus de 66 milliards d’Euros, soit plus d’un tiers des 182 milliards d’Euros du PIB 2013. Parmi les scénarios envisagés figurent l’augmentation du nombre de mensualités prévues dans le cadre de la procédure de règlement à l’amiable des impayés. Actuellement prévue en douze versements, elle pourrait passer à 48 versements. Mais la question demeure toutefois soumise à discussion avec la "Troïka". Or, la mise en œuvre d’une telle solution pourrait faire une nouvelle fois le «bonheur» des établissements financiers, de telles «largesses» étant synonyme de hausse des taux d’intérêts et allongement de la dette.

     En février 2013, le directeur de la Banque Nationale de Grèce, indiquait d’ores et déjà au quotidien grec “Kathimerini” que fin 2012, près d’un quart des crédits bancaires consentis en Grèce n’étaient pas remboursés. Et ce, malgré de nombreux rééchelonnements. Une manière à peine voilée d’indiquer que les créances douteuses des établissements financiers grecs devraient atteindre des sommes vertigineuses. Sur le total des banques, le taux de crédits non honorés était d’environ 23% fin 2012, et ce taux augmente, même si c’est à un rythme moins rapide.

     Le New York Times nous en dit plus : “Selon de nombreux indicateurs, la Grèce subit une transformation sans précédent dans l’histoire occidentale moderne. Un quart de toutes les entreprises grecques a fait faillite depuis 2009, et la moitié de toutes les petites entreprises du pays déclare être incapable de payer leurs salaires. Le taux de suicide a grimpé de 40% au premier semestre 2011. Une économie de troc est née, les habitants tentant de contourner un système financier en panne. Près de la moitié de la population des moins de 25 ans est au chômage. En septembre dernier, les organisateurs d’un séminaire parrainé par le gouvernement et concernant l’émigration en Australie — un événement qui avait attiré 42 personnes l’année précédente — ont été inondés par 12.000 inscriptions”…

  “La situation au niveau macro-économique est encore plus ‘transformationnelle’. Les Chinois ont en grande partie pris le contrôle du Pirée, le principal port grec, en vue d’en faire un couloir d’expédition de marchandises en Europe”.

[...] Le dernier plan d’austérité était censé satisfaire les créditeurs de la Grèce et permettre de nouvelles infusions d’aide financière, évitant ainsi le défaut involontaire — et un ralentissement économie mondial –, mais il rendra néanmoins la vie des Grecs ordinaires encore plus difficile. Le plan réduit le salaire minimum de plus de 20%, approuve des milliers de licenciements et réduit certaines retraites, confirmant probablement le fait que les grèves et les manifestations continueront de faire partie du paysage grec”.

“Comme en Argentine il y a 10 ans, la classe moyenne grecque est frappée de plein fouet. elle perd des emplois, des revenus et des allocations. La richesse accumulée entre 1980 et 2007 était majoritairement une illusion. C’était de l’argent emprunté sur l’avenir… qui doit désormais être remboursé”.

 

9. Dette et austérité – le serpent qui se mord la queue

    Dans le système keynésien, les liquidités massives permettent l'investissement, l'investissement la croissance, la croissance l'emploi, l'emploi la consommation, la consommation l'investissement, l'investissement les gains de productivité et le développement économique... Le fameux cercle vertueux keynésien. La dette crée les emplois de demain.

     La théorie de la politique contra-cyclique keynésienne, c’est que le gouvernement peut compenser le manque de crédit de la part du secteur privé en empruntant bien plus que d’ordinaire.

     Mais la dette ne peut enrichir l’économie que si elle est utilisée pour construire de nouvelles capacités productives. Elle est gâchée si on la dépense pour stimuler les dépenses de consommation ou pour combler des déficits budgétaires,  l’opportunité de croissance disparaît pour toujours et le secteur privé termine avec un fardeau plus lourd… et un dos plus faible pour le porter. C’est le cas notamment lorsque le recours à l’emprunt pour financer les dépenses publiques visant la croissance est assorti de mesures d’austérité dans le but d’assurer les équilibres budgétaires.

     La valeur du Multiplicateur des Dépenses Publiques (MDP), autrement dit de la variable mesurant la relation entre ces dépenses et l’activité économique est cruciale pour juger de l’efficacité ou non d’une politique d’austérité. Si la valeur de ce multiplicateur excède 1, alors une augmentation des dépenses publiques engendrera un accroissement plus que proportionnel de l’activité, mais en cas de contraction, cette dernière sera aussi plus que proportionnelle. Jusqu’au mois de juillet 2012, le consensus des économistes travaillant au sein des organisations internationales était que ce multiplicateur était inférieur à 1, proche de 0,5 valeur retenue dans les modèles de prévisions, et donc qu’une contraction des dépenses publiques aurait un effet moins que proportionnel sur l’activité.

     Ce fut le fondement théorique des politiques d’austérité, certains auteurs soutenant que ce multiplicateur était en réalité très faible. L’évolution des pays soumis à des plans d’austérité drastique a infirmé ce résultat qui n’était bien souvent qu’un postulat. Des récentes études ont prouvé que quand une économie est au bord de la récession (avec un taux de croissance inférieur à 1%), le MDP est substantiellement au-dessus de 1 (entre 1,7 et 2,5). De telles valeurs impliquent l’échec des politiques d’austérité. Ces dernières, mises en place pour rétablir l’équilibre des finances publiques (voire pour dégager un excédent budgétaire), entraînent des chutes plus que proportionnelles de l’activité qui se traduisent par de moindres recettes fiscales en fin d’année. Concrètement, on se retrouve avec le même déficit budgétaire (voire un déficit aggravé) qu’avant le plan d’austérité ! C’est la situation qui aujourd’hui domine en Grèce. Les différents plans d’austérité n’ont eu que peu d’effet sur le déficit budgétaire car ils se sont traduits par une baisse plus que proportionnelle des recettes publiques, elles-mêmes fonction du niveau d’activité économique.

     Pour se sortir de la dette par la croissance, il faut augmenter les revenus plus rapidement que la dette. Disons que pour  soutenir un taux sain de croissance du PIB de 3% par an, le taux de croissance de la dette additionnelle ne devrait dépasser les 3%.

     A l’évidence la Grèce ne pourra jamais sortir de la crise économique par la croissance pour autant qu’elle continue à s’endetter pour financer une dette publique colossale déjà souscrite et que cet endettement est assorti des mesures d’austérité draconiennes qui appauvrissent la population et détruisent son secteur privé.

     La réalité est encore plus dramatique, puisque c’est deux grecs qui sont au chômage pour un grec qui bénéficie d’un emploi: ce ratio étant le plus élevé au monde. L’effort à fournir par les grecs devrait donc être surhumain – et inhumain – si leur ambition est d’égaler ce ratio en vigueur auprès des pays à croissance molle, comme la France. Le rythme de créations d’emploi devrait en effet atteindre une cadence formidable pour atteindre un ratio de 1.5, alors que les salaires en Grèce sont toujours plus élevés que dans des pays comme la Pologne et la Hongrie. Autrement dit, la Grèce ne pourra toujours pas miser sur son secteur à l’exportation pour redresser sa croissance, en dépit d’efforts de productivité intenses qui ont été consentis et malgré des salaires réels en chute libre.

 

10. L’illusion de l'excédent primaire

       A la surprise générale, et après six années de récession, la Commission Européenne a annoncé en avril 2014 que la Grèce a dégagé en 2013 un excédent budgétaire primaire  (c'est-à-dire hors charges des remboursements de sa dette) de 1,5 milliard d'Euros, ce qui représente de 0,8% du PIB. Les faits sont cependant un peu plus complexes. En réalité, ces chiffres ont subi un traitement statistique par EUROSTAT «sur mesure». Selon le gouvernement grec, le pays devrait renouer avec la croissance dès la fin de l'année 2014, avec une hausse du PIB de 0,6% et même de 2,9% en 2015. Un scénario confirmé par la Commission européenne, certains politiciens sont allés même jusqu’à dire que c’est la fin de l’horreur des mesures d’austérité pour la Grèce.

          Cependant de l’avis des experts ni cet excédent primaire, ni les taux de croissance timide annoncés par le gouvernement grec ne suffiront pas à rendre la dette viable.  Entre 2015 et 2047, la Grèce devra rembourser 4 à 18 milliards d’Euros par an à ses créanciers, hors intérêts. Ces sommes engloutiront la totalité des excédents primaires aujourd’hui dégagés par le pays et l’empêcheront d’investir dans l’avenir. Selon le think-tank bruxellois «Bruegel», une croissance d’au moins 3,8% par an serait nécessaire. Sans compter qu'une dette publique à un tel niveau reste loin d'être satisfaisante pour attirer des investisseurs.

          Pourtant, le gouvernement grec a tenté de surfer sur cette apparente dynamique positive pour demander à ses créanciers d'examiner une restructuration de la dette grecque ou inciter la BCE à racheter leurs obligations. Des options inenvisageables pour l'Allemagne. Pour l'heure, la zone Euro n'a octroyé au pays qu'une prolongation de... deux mois de son programme d'aide. Pour équilibrer son budget, le pays aura besoin de 75 à 100 milliards d’Euros en 2015. Il n’est pas sûr que le pays récolte une telle somme sur les marchés qui semblent peu friands de la dette grecque. Il suffit, pour s'en convaincre, de voir que le taux auquel il emprunte sur les marchés reste toujours aussi élevé, à près de 8%. Et ce, après être descendu sous les 6% en août dernier. Aujourd'hui, seule l'Allemagne semble en mesure de mettre une telle somme sur la table tant les autres pays européens apparaissent affaiblis. Or il est hors de question pour Berlin de reverser le moindre Euro à la Grèce sauf sous forme de prêts. Mais cela ne résoudrait toujours pas l'incapacité de la Grèce à rembourser ses créanciers.

 

11. Les signes de la tempête

        En octobre dernier, le taux d’intérêt pour un prêt de 10 ans à la Grèce monte à 9 %, ce qui ferme le pays aux marchés et le plonge de nouveau dans le doute. Fin du coup de pouce du tourisme d’été ou déclarations du parti d’extrême gauche SYRIZA comme cause de la montée des taux ? Certainement les deux, il ne faut pas néanmoins sous-estimer l’impact des sanctions décidées par l’Union Européenne contre la Russie et de la riposte russe pour la Grèce dont une partie importante de ses exportations notamment agroalimentaires se dirigent vers ce pays.

     En tout cas, ce sera le recommencement des protestations avec 25.000 personnes manifestant à Athènes contre l’austérité le 1er novembre, puis une grève générale le 27 novembre 2014, mettant le pays au ralenti.

     En novembre 2014, SYRIZA a entrepris une campagne promotionnelle à Londres afin de faire connaître son programme électoral et en convaincre les investisseurs. Cette initiative a très mal tourné. «Tous ceux qui sortaient de cette réunion voulaient vendre tout ce qui est grec», a dit une note de Joerg Sponer, analyste à Capital Group.

     La liste de doléance serait la suivante : un taux de décote pour les créanciers ; électricité, nourriture, abri et soins médicaux gratuits pour tous ceux dans le besoin ; des réductions d’impôt, sauf pour les riches ; une augmentation du salaire minimum et des retraites à 750 € par mois ; un moratoire sur les remboursements de la dette privée aux banques au-delà de 20% du revenu disponible ; 5 milliards d’€ de plus en subventions européennes ; et, l’exigence de l’annulation de 62% de la dette sur la base que c’est ce que l’Allemagne a obtenu en 1952. «Ce programme est pire que le communisme (au moins, eux, ils avaient un plan). Ce serait le chaos total», a déclaré J. Sponer.

     Le parlement grec a échoué une première fois le 17 décembre, puis une deuxième fois le 23 décembre 2014, à élire un président, 168 voix de députés s’étant portées sur le nom du candidat du gouvernement de coalition Nouvelle Démocracie - PASOK, alors qu’il en fallait 180 pour l’élire. Le lendemain, une autre information vient apporter de la pression aux élections anticipées, le député Pavlos Chaikalis du petit parti de droite des Grecs indépendants déclare qu’un ancien des banques grecques et allemandes a tenté de le corrompre pour orienter son vote vers le candidat gouvernemental, il aurait filmé l’une de ses rencontres.

  

12. La tempête

        Cette fois, c’est le coup de trop, troisième échec néanmoins prévisible pour l’élection tentée lundi le 29 décembre 2014. Le pays est obligé d’organiser de nouvelles élections législatives au cours du mois de janvier 2015. L’enjeu n’est effectivement pas anodin. Peur contre colère : c’est ainsi que le quotidien grec «Kathimerini» présente l’enjeu des futures élections du 25 janvier 2015.

  • La peur de ceux qui se disent que la Grèce ne peut pas se passer de l’Europe. Que le pays doit accomplir la cure d’austérité imposée, pour revenir dans les rails.

  • La colère de cette partie de la population, plutôt jeune, qui veut en finir avec les mesures d’austérité et punir le gouvernement de coalition pour la baisse des salaires, la hausse des taxes et sa politique politicienne de petits arrangements. Ce camp de la colère se retrouve en grande partie sous l’étendard de SYRIZA.

     Selon des sondages récents, si une élection générale devait avoir lieu en début d’année prochaine, SYRIZA (une coalition d’une bonne demi-douzaine de partis composés de communistes, trotskystes, écologistes, socialistes, etc.), obtiendrait 36,5 % des votes, soit 7 % de plus que Nouvelle démocratie (29,5%) - le meilleur résultat jamais obtenu par un parti d’extrême gauche grec  - et raflerait ainsi la prime de 50 sièges allouée au parti en tête. Le PASOK (le parti socialiste fondé par Andréas Papandréou, lequel a majoritairement dirigé la Grèce depuis les années 80 jusqu’à la crise de 2011) n’obtiendrait plus que 6 %, les communistes 6 % et les Grecs indépendants 3,5 %, assez pour entrer au Parlement. Une nouveauté : l’ancien Premier ministre socialiste Géorgios Papandréou (qui a abandonné son poste en 2011), est retourné au pays et a décidé de créer un nouveau parti, se démarquant du PASOK, au pouvoir avec la droite. Certains déçus du PASOK venus chez SYRIZA pourraient du coup faire défection et rejoindre Papandréou.

     L’incertitude politique et les risques intrinsèques ne sont pas sans préjudice pour l’économie grecque déjà très éprouvée. Le Graphique N° 9 révèle la corrélation entre le chômage et l'incertitude politique. Il montre une corrélation positive, ce qui signifie que lorsque le risque politique est fort, le chômage augmente. Alors qu'il n'est pas la seule raison, il contribue certainement à la dégradation de l’emploi. Les données provenant des deux derniers mois, au cours desquels le risque politique est monté en flèche, montrent que l’augmentation de l'emploi observée dans les deux premiers trimestres de 2014 a maintenant été infirmée.

     Le Graphique N° 10 ajoute le coût de l'argent qui est essentiel à la relance de l'économie. Il montre à nouveau une corrélation positive entre l’évolution des taux d'intérêt et l'incertitude politique. Des faibles taux d'intérêt sont essentiels pour qu’une dévaluation interne puisse réussir puisque les exportations sont résolument aidées par les faibles coûts financiers, - le long, bien sûr, avec des faibles coûts d'énergie et d’une  baisse des impôts et des cotisations de sécurité sociale. Il convient de souligner que, surtout, les coûts sont actuellement extrêmement élevés pour les exportateurs grecs par rapport à leurs concurrents. Maintenant, ajoutez à tous ces obstacles les assertions faites par les conseillers de SYRIZA à Londres en novembre 2014 qu'ils projettent d'arrêter les réformes, à mettre fin au programme d’ajustement et à commencer une transformation socialiste de la Grèce et l'Europe avec l'aide de «Podemos» et «Die Linke». Ce n'est aucun quoi rire.

     A la lumière de la tempête politique et des résultats pronostiqués de la nouvelle confrontation électorale, la Bourse grecque a perdu plus de 20% depuis le début du mois de décembre avec un crack de -11 % le 30.12.2014, ce qui est plutôt rare en période de fêtes.

     La monnaie unique européenne, qui vient d’achever sa pire année depuis 2005 face au billet vert, mais valait encore 1,2097 dollar le 31 décembre 2014, est tombée lundi le 05.01.2015  à 1,1864 dollar, son niveau le plus faible depuis mars 2006. Les cambistes la vendent à tour de bras ces dernières semaines en partie du fait de la mollesse de la croissance dans la zone Euro, particulièrement faible comparée à celle des Etats-Unis où le dollar se renforce. Ce recul a été accentué lundi le 05.01.2015 à la suite d’une information de presse selon laquelle la chancelière allemande Angela Merkel serait prête à laisser sortir la Grèce de la zone Euro en cas d’arrivée au pouvoir de SYRIZA. «La zone Euro apparaît menacée par la possibilité d’une victoire de la gauche radicale en Grèce car elle est considérée, avec ses velléités de renégociations de la dette grecque, comme un loup qui s’introduirait dans la bergerie de la zone Euro», a commenté le 05.01.2015 Connor Campbell, analyste chez Spreadex.

     Depuis lors la chute de l’Euro ne s’arrête plus, elle s’échangeait à 1.1183 USD le 23.01.2015 !

 

13. Plan d'aide MES-FMI suspendu

        Cette échéance électorale grecque, fixée au 25 janvier 2015, va aussi mettre en suspens les difficiles négociations sur le versement de la prochaine tranche de prêt, prévue par le plan d'aide accordé en 2012 à la Grèce par la "Troïka" (FMI, Banque centrale européenne, Commission européenne) en échange d'une cure d'austérité drastique. Le ministre des Finances grec est monté au front pour avertir de la vulnérabilité financière du pays. Il affirma, le 18.01.2015, que la Grèce serait en difficulté si elle ne touchait pas d'ici fin février les € 7,2 milliards de prêts de l'UE et du FMI liés à la conclusion de l'audit en cours de l'économie. Le FMI a tout bonnement suspendu le versement de la prochaine tranche d'aide en attendant la formation d'un nouveau gouvernement. «Les discussions sur ce versement, effectué conjointement avec les autorités européennes, reprendront une fois qu'un nouveau gouvernement sera en place à Athènes», a indiqué le porte-parole du FMI, Gerry Rice, tout en assurant que la Grèce ne faisait pas face à des besoins de financement «immédiats».

 

14. Qui sont Tsipras et SYRIZA

        Alexis Tsipras est le neveu de l’épouse du Général de brigade Stylianós Pattakós, un des principaux auteurs du coup d’Etat du 21.04.1967. Son père Paul Tsipras était le frère de l’épouse de Pattakós. En 1967, Paul Tsipras a fondé à Arta l’entreprise «Σκαπανεύς ΑΤΕ» active dans le secteur de l’ingénierie civile, qui a bénéficié de contrats importants concédés par le régime des colonels suite à l’intervention personnelle de Patakkós. Ses grands bénéfices lui ont permis de faire de dons généreux à l’archevêque Hiéronyme Kotsonis d’Athènes qui avait trahi le Roi Constantin en 1967. Accusé d’abus financiers, Paul TSIPRAS fut obligé de s’expatrier aux pays arabes, il étend ses activités en Afrique et gagne davantage d’argent et d’influence. Après la chute de la Junte, Paul Tsipras retourne en Grèce avec le truc bien connu de «résistant»! Sa compagnie va de mieux en mieux car elle bénéficie désormais de contrats concédés par des gouvernements «antifascistes» et même par des maires communistes, dans le cadre de procédures dites «démocratiques». Par l’intermédiaire de l’archevêque Hiéronyme (originaire de l’île de Tinos), Paul Tsipras établit des liens avec la famille Alavános (de la même origine) qui gérait le renommé et très rentable temple de pèlerinage de la Vierge Marie de l’île de Tinos. Cela explique les liens personnels entre Alexis Tsipras et Alékos Alavános, leader du parti «Synaspismós» (cf. infra).  

     Héraclès Tsipras, frère aîné de Paul Tsipras (donc l’oncle d’Alexis Tsipras) fut membre du parti de gauche procommuniste «Union de Gauche Démocratique» (EDA) durant les années 1950. Lors du putsch du 21.04.1967, il fut recherché par la police militaire car il figurait sur la liste des personnes subversives. Héraclès ayant réussi à fuir, la police militaire arrêta son frère Paul à sa place, qui fut peu après relâché sur ordre de Pattakós. Héraclès se précipita de trouver un arrangement avec le régime des colonels, ce qu’il a réussi à tel point qu’en 1968 il fut nommé Président du fameux club de football «Panathinaïkós» d’Athènes. Celles-ci furent les uniques actions des frères Tsipras contre la dictature des colonels…

     Alexis Tsípras  est né le 28 juillet 1974 à Athènes. Dès la fin des années 1980, il s'engage dans les Jeunesses communistes grecques (KNE). Il est connu du grand public après avoir été invité à une émission télévisée par une journaliste cherchant à se faire une réputation de progressiste en promouvant le mouvement lycéen contestateur. Il poursuit ensuite des études d'ingénierie civile à l'Université polytechnique nationale d'Athènes. En tant qu'étudiant, il rejoint le mouvement de rénovation de la gauche et devient membre du bureau exécutif du syndicat des étudiants de l’École d'ingénieurs civils (NTUA) et représentant des étudiants au Sénat de l'Université. De 1995 à 1997, il est membre élu du comité central de l'Union nationale des étudiants de Grèce (EFEE).

     Son engagement à ces activités politiques ayant été fait au détriment de son assiduité aux cours universitaires proprement dits, il a fallu une intervention personnelle de Níkos Konstantópoulos ancien président du parti de gauche «Synaspismós» auprès du professeur Theodossis Tassios pour qu’il obtienne finalement son diplôme d'ingénieur en 2000. Tsipras fait sa première apparition sur la scène politique traditionnelle lors des élections locales de 2006 lorsqu'il se présente à Athènes sur la liste «Anichti Poli» (en grec moderne : Ανοιχτή Πόλη, «Ville Ouverte») du parti SYRIZA et il obtient 10,51 % des voix. Il ne se présente pas aux élections législatives de 2007, préférant poursuivre son mandat de conseiller municipal d'Athènes.

     Il est élu président du parti «Synaspismós» lors du 5e congrès du parti le 10 février 2008, après que le président sortant, Alékos Alavános, ait décidé de ne pas se représenter pour des raisons personnelles. Il est alors âgé de 33 ans et devient le plus jeune politicien jamais élu à la tête d'un parti politique en Grèce. Lors des élections législatives d'octobre 2009, il est élu député de la première circonscription d'Athènes et ensuite il est élu à l'unanimité président du groupe parlementaire de SYRIZA. Lors des élections européennes de 2014, il est le candidat à la présidence de la Commission européenne du Parti de la gauche européenne.

     SYRIZA (en grec moderne : ΣΥΡΙΖΑ, Συνασπισμός Ριζοσπαστικής Αριστεράς, Coalition de la Gauche radicale) est une coalition de mouvements politiques communistes, devenu le premier parti politique de gauche en Grèce lors des élections législatives de 2012. SYRIZA est membre du Parti de la gauche européenne. La naissance officielle de SYRIZA est liée aux élections législatives de 2004. Les partis fondateurs de cette alliance sont le Synaspismos, la Gauche du Renouveau Écologique et Communiste (AKOA), la Gauche ouvrière internationaliste (DEA), le Mouvement de la gauche unifiée dans l'action (KEDA) (une scission du KKE), les Citoyens Actifs (une organisation proche de Manólis Glézos). SYRIZA recueillit voix 3,3 % des voix et eut 6 députés, tous membres du Synaspismós, ce qui entraîna des tensions dans la coalition.

     Lors des élections législatives de 2007, SYRIZA - à laquelle se joignit la KOE, un mouvement communiste, ainsi que l'Intervention écologique - créa la surprise en recueillant plus de 5 % des voix, et obtint 14 sièges principalement dans les grandes villes. Lors des élections européennes de 2009, SYRIZA obtient  moins de 5 % des voix. Alékos Alavános blâme le nouveau leader du Synaspismós, Aléxis Tsípras, pourtant son ancien protégé et successeur à la tête du Synaspismós. Il lui reproche d'avoir nommé en tête de liste un eurosceptique convaincu. La coalition est dès lors en crise. Une partie en sort en 2010 pour fonder un nouveau parti, la Gauche démocrate (Grèce).

     Lors des élections législatives anticipées du 4 octobre 2009, SYRIZA obtient 4,60 % des voix et 13 députés. Lors des élections législatives anticipées du 6 mai 2012, SYRIZA fait une percée plus ample que prévue par les sondages avec 16,78 % des voix et 52 députés  et - suite  à  l’effondrement du Pasok (13,2 %, 41 députés) -, devient la première force à gauche et la deuxième du pays, derrière la Nouvelle Démocratie (18,85 %, 108 députés) et devant le PASOK. Le 22 mai 2012, le parti SYRIZA Front Unioniste Social (en grec moderne : ΣΥΡΙΖΑ Ενωτικό Κοινωνικό Μέτωπο) a été déclaré auprès du procureur de la Cour Suprême Hellénique. L'emblème reste le même et le président de ce nouveau parti est toujours Alexis Tsípras. Il est géré et représenté par un comité directeur de 19 membres. Cette modification de statut fut nécessaire pour pouvoir bénéficier de la prime des 50 sièges réservés au parti qui arrive en tête, les coalitions de partis étant exclues de ce dispositif.

      Lors des élections législatives du 17 juin 2012, SYRIZA connaît à nouveau une très forte progression obtenant 26,89 % des suffrages exprimés. Il gagne 19 sièges supplémentaires pour atteindre un total de 71 députés. Le 27 février 2013, Alékos Alavános annonce son intention de créer un nouveau parti à gauche, qui participera aux prochaines élections séparément de SYRIZA et dont l'axe programmatique central sera la sortie de la Grèce de la zone Euro (ce qui est également une revendication du KKE). Il proposera la mise en place d’un «Plan B» : interruption de tout paiement destiné à satisfaire les créanciers du pays, sortie de l'Euro et réintroduction d’une monnaie nationale. Le parti Plan B, scission de SYRIZA, est créé en mai 2013.

     Considéré comme charismatique par les fidèles et sympathisants de la gauche radicale, mais aussi par des nombreux grecs contestateurs des mesures d’austérité, le leader de SYRIZA Alexis Tsipras est monté en scène et devenu un acteur accompli sur le circuit européen au même titre que d’autres politiciens chefs de mouvements eurosceptiques (Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Beppe Grillo…). Il cultive un profil de gendre idéal, au verbe neutre et aux costumes bien coupés. Bien qu’il reste un récalcitrant de la cravate, on ne peut plus le caricaturer comme un anodin idéaliste maoïste faisant campagne sur une motocyclette. Depuis 2012, dans cette perspective, Tsipras a multiplié les voyages pour tenter de rassurer les partenaires européens et l’ami américain. Le courant minoritaire de son parti est moins porté aux ménagements à l’égard de l’UE et considère l’Euro comme un obstacle aux réformes dont la Grèce a besoin.  

     Cependant, il ne faut pas oublier que SYRIZA prend ses racines en plein cœur d’Exarcheia, le quartier anarchiste d’Athènes, encerclé H-24 par la police, où nuits et jours se succèdent à l’image des jeunes anarchistes prenant le relais dès que le soir arrive. Leurs manifestations violentes sont vouées à dénoncer la politique d’austérité imposée au gouvernement et par la "Troïka." Les slogans anti Europe, anti impérialisme américain, se mêlent aux commémorations de la fin de la dictature des colonels (1967-1974). C’est le fief de Tsipras, qui émane de cette jeunesse anarchiste. Au fond de sa pensée, Tsipras entend rompre avec le mode traditionnel de gouvernance du pays et prendre la revanche de la défaite des communistes lors de leur tentative ratée de prendre le pouvoir par les armes en 1945-1949. Dès lors, il est potentiellement dangereux bien qu’il affiche des sourires apaisants, Le fait préoccupant reste qu’il a dit aux électeurs grecs, la semaine dernière encore, que son gouvernement cesserait «dès son premier jour aux affaires» d’appliquer les exigences du plan de sauvetage. Cela pourrait être le détonateur du Grexit. (Le «Grexit» - Greece Exit - une expression devenue familière pour désigner une sortie de la Grèce de la zone Euro).

 

 15. Programme de SYRIZA et stratégie de Tsipras

         Le programme économique de SYRIZA a été rendu public en septembre dernier à Thessalonique. Il se décompose en 3 phases d'action. La première est le renvoi de la "Troïka" et la fin de l'austérité. Le deuxième  est la négociation immédiate de la remise sur la dette pour 2015 et enfin le dernier, la renégociation globale de la charge de la dette (175% du PIB).

     En janvier 2015, SYRIZA a présenté un programme de gouvernement basé sur quatre "piliers" et une cinquantaine de mesures, une combinaison floue et à géométrie variable, d’un coût global de 11-12 milliards €. L'une des propositions phare de SYRIZA reste "l'effacement de la majeure partie de la valeur nominale de la dette" grecque, à l'origine de la crise en 2009, et qui n'est toujours "pas viable". Cet effacement de la dette détenue en majeure partie par les banques centrales européennes passerait par une négociation "dans le cadre de l'Union européenne et des institutions européennes" et serait "sans dommage pour les peuples d'Europe". SYRIZA souhaite également une période de "moratoire" sur le remboursement de la dette pour pouvoir d'abord consacrer des dépenses à la relance de l'économie du pays.

     La liste de doléance serait la suivante : lutte contre le chômage par la relance des embauches dans la fonction publique ; un taux de décote pour les créanciers ; électricité, nourriture, abri et soins médicaux gratuits pour tous ceux dans le besoin ; des réductions d’impôt, sauf pour les riches ; une augmentation du salaire minimum et des retraites à 750 € par mois ; un moratoire sur les remboursements de la dette privée aux banques au-delà de 20% du revenu disponible ; 5 milliards € de plus en subventions européennes ; et, l’exigence de l’annulation de 62% de la dette sur la base que c’est ce que l’Allemagne a obtenu en 1952.

Le programme de SYRIZA couterait 11-12 milliards d’Euros et il serait financé par les «obligations bisques» [qui stipulent que les paiements s’arrêtent lorsque certains évènements se produisent] proposées par John Maynard Keynes dans les années 1940. Ces obligations seraient de nouvelles émissions assorties de paiements liés au taux de croissance du PIB. La Grèce a déjà émis de telles obligations dans le cadre de sa restructuration de 2012. Tsipras veut que ce soit étendu à toute la dette, et dans de meilleures conditions. Mais devant le doute si la Grèce peut croître et sortir de la dette avec des taux de 3,5 ou 4,5% ( !), les dirigeants de l’UME pourraient avoir peur d’accepter de telles conditions.

C’est le plan de Tsipras. Une partie de poker aux enjeux élevés. Des livres comme «Morire di Austerità» [mourir d’austérité], de l’ancien membre du directoire de la BCE Lorenzo Bini-Smaghi, nous révèlent que la Chancelière Merkel a été à deux doigts d’éjecter la Grèce de l’Euro en 2012. Elle n’y a renoncé que lorsqu’il est devenu manifeste le risque d’un "effet domino", autrement dit, que la sortie de la Grèce pourrait provoquer une attaque des marchés financiers sur d'autres pays malades comme le Portugal, l’Irlande,  l’Italie ou l'Espagne. Mais aujourd'hui, la «théorie du domino» n'est plus en vogue en Allemagne, ne serait-ce que parce que le Portugal et l'Espagne vont mieux et sont en voie de guérison pour parler comme un médecin. Aujourd'hui, c'est plutôt la «théorie de la chaine» qui a la cote ; autrement dit, si l'élément faible de la chaine devait partir, la chaine serait aujourd'hui plus forte et l'élément faible de cette chaine, c'est bien entendu la Grèce ! Cela est conséquence du fait que la situation n’est plus la même comme en 2011-12. La zone Euro a désormais mis en place des pare-feu. En théorie, ce sont des mécanismes de protection pour renforcer la confiance. Richard McGuire, de Rabobank, nous dit que la perspective d’assouplissements quantitatifs peut amener certains dirigeantss à penser qu’ils pourraient surmonter les retombées systémiques si l’on «permettait à la Grèce de faire cavalier seul», autrement dit, qu’elle soit évincée. C’est la raison pour laquelle la chancelière allemande Merkel, en avant garde de l'union monétaire de l’UE, ne veut pas laisser faire, elle va même jusqu’à dire que si la Grèce venait à renégocier sa dette, le pays pourrait être sorti de la zone Euro.

 

16. Restructuration de la dette

       Selon les termes définis par le FMI et le Club de Paris dans une série de documents officiels, une restructuration de dette souveraine implique un échange de dettes contre de nouvelles dettes dans l’écrasante majorité des cas, ou contre des liquidités dans une très faible quantité. Généralement, la restructuration de la dette passe par des négociations entre le pays débiteurs et différentes catégories de créanciers.

Une restructuration de la dette souveraine peut se concrétiser sous 2 formes principales : 

1. Un rééchelonnement de dette : en baissant les taux d’intérêt pour diminuer le service de la dette et/ou en allongeant le calendrier des remboursements.

2. Cela peut se combiner à une réduction de la dette (diminution du stock de dette par abandon de créances dues). La plupart du temps cela passe par le remplacement d’anciens titres ou d’anciens contrats par de nouveaux titres ou contrats. La réduction de dette peut passer par un rachat de dettes avec des liquidités.

     Le rachat de la dette contre des liquidités n’a lieu que rarement. Sur les 600 cas de restructurations qui ont eu lieu entre 1950 et 2010, seules 26 d’entre elles impliquent un rachat de dette contre des liquidités. Il s’agit donc d’une infime minorité qui, dans la plupart des cas, était liée à l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés  (PPTE) du tandem FMI-Banque mondiale au cours de laquelle, ce qui s’est passé en réalité, c’est qu’une partie des créanciers ont payé aux autres créanciers une partie des dettes accumulées par un pays.

     Les restructurations de dettes souveraines prennent donc place dans des situations de crise, souvent en réponse à un défaut (= suspension du paiement total ou partiel) ou à un risque de défaut de paiement du pays débiteur. Lorsque le FMI ou la "Troïka" (comme cela a été le cas en Grèce en 2012) interviennent en organisant une restructuration de la dette, ils visent à rétablir la solvabilité d’un pays débiteur en rendant tout simplement la dette soutenable du poids de vue du paiement. Très souvent, en échange d’une restructuration, les créanciers imposent des conditions qui sont contraires à l’intérêt du pays endetté et surtout à son peuple.

     Selon Éric Toussaint, président du Comité pour l’Annulation de la dette du Tiers-Monde (CADTM)/Belgique,  les processus de restructuration de dettes sont toujours le résultat de calculs économiques et géopolitiques de la part des créanciers et débouchent rarement sur une situation durablement favorable aux débiteurs – à moins que cela ne soit stratégiquement intéressant aux yeux des créanciers. La «restructuration» des dettes souveraines – terme adopté par le FMI, le Club de Paris et les banques privées dans le dernier quart du 20e siècle, et plus récemment, prôné par des mouvements de gauche en Espagne, en Grèce et au Portugal – ne constitue pas une solution satisfaisante. Il est dangereux de reprendre à son compte le terme de restructuration pour définir la solution car dans la pratique les créanciers ont donné à celui-ci le contenu qui leur convient.

     Le président du CADTM/Belgique recommande à des gouvernements de gauche de donner la priorité à la réalisation d’un audit intégral de la dette (avec une participation citoyenne active), combinée si nécessaire à la suspension des remboursements. Il s’agit de refuser de payer la part de la dette identifiée comme illégitime, illégale, odieuse et/ou insoutenable, ainsi que d’imposer une réduction du reliquat. La réduction du reliquat [c’est-à-dire de la part restante, après annulation de la part illégitime et/ou illégale] peut s’apparenter à une restructuration, mais en aucun cas elle ne pourra isolément constituer une réponse suffisante.

 

17. Au menu de Bruxelles et de Washington

        Le compte à rebours est déjà enclenché. La Grèce doit rembourser 6,7 milliards d’€ à la Banque Centrale Européenne en juillet et en août prochains.  La BCE détient actuellement € 27,2 milliards  de dette grecque négociable, soit environ 42% du total. Deux de ces obligations arrivent à échéance le 20.07.2015, pour € 3,5 milliards, et deux autres en août 2015, pour € 3,2 milliards, soit au total € 6,7 milliards. Pour des raisons juridiques liées à son statut, la BCE ne peut approuver ni une réduction, non plus une reconduction de la dette qui toucherait les titres grecs (parce que cela signifierait le financement monétaire d’un gouvernement). Les marchés de capitaux se taisent.

     L’expertise 2015 concernant la santé économique de la Grèce prévoit un «trou de financement», évalué à 12,6 milliards d’Euros. En vue de contourner un troisième plan d’aide, le FMI préconise un nouveau panel de restrictions budgétaires à hauteur de 5,7 milliards €, entre 2015 et 2016. En Grèce, où le chômage frappe 27 % de la population active en saisissant notamment 60 % de la jeunesse, l’annonce d’une nouvelle cure d’austérité pourrait bien s’interpréter comme un nouveau geste maladroit, au risque d’une nouvelle récession.

 

18. Les risques pour l’Allemagne et la France

         La dette grecque s’élève à 321 milliards € (soit 175% du PIB) dont la majeure partie est détenue par des créanciers publics européens pour un montant de 194,7 milliards € (soit 60,5% de la dette globale). Ce montant provient, d’une part, des prêts octroyés à travers le programme EFSF pour 141,9 milliards € (soit 44% de la dette) et, d’autre part, de prêts bilatéraux à hauteur de 52,9 milliards € (soit 16,5% de la dette). Les autres principaux détenteurs de la dette sont le FMI pour 32,1 milliards € et la BCE pour 25 milliards €. Au total, les sommes engagées par ces créanciers englobent 80% de la dette grecque. Le financement du fonds européen de stabilité étant assuré par les pays de la zone Euro en proportion de la taille de leur PIB, les pays les plus importants se retrouvent, de facto, les plus exposés à la dette grecque. L’Allemagne en premier lieu, mais aussi la France, l’Italie et l’Espagne ont, à ce titre, engagé des fonds conséquents.

     Sur les 194,7 milliards € d’argent public prêté à la Grèce, l’Allemagne en concentre 56,5 milliards €, soit 29% des aides avancées. La contribution allemande se compose de 41 milliards € provenant des fonds EFSF et de 15,2 milliards € de prêts bilatéraux. En prenant en compte les différents prêts accordés aux banques grecques (4,6 milliards €) et aux entreprises ou individus privés (3,6 milliards €), l’exposition globale de l’économie allemande à la dette grecque atteint 64,7 milliards €, soit 2,4% du PIB allemand.

     La France est le deuxième Etat-membre d’Union le plus exposé à la Grèce. Dans le cadre du premier plan d'aide, elle a déboursé 11,38 milliards des 52,9 milliards d’Euros prêtés par les Européens sous la forme de prêts bilatéraux. Soit plus de 21 % contre près de 29 % pour l'Allemagne (15,1 milliards €). De l'argent que les deux pays ont eux-mêmes emprunté sur les marchés, ce qui a aggravé leur taux d'endettement.

     À ces 11,38 milliards € de facture potentielle, il faut ajouter la part française dans le deuxième plan d'aide à la Grèce destiné à faciliter la restructuration de la dette détenue par les investisseurs privés, à recapitaliser les banques grecques en difficulté et à continuer à financer le pays. Cette contribution passe par des garanties apportées sur les emprunts du FESF. Cette institution de sauvetage provisoire de la zone Euro a déjà prêté 141,8 milliards € à la Grèce sur plus de 30 ans avec une période de 10 ans sans versement d'intérêts. Le montant des engagements français se monte à 31 milliards d'Euros. L'Allemagne, elle, est exposée à hauteur de 41,3 milliards €.

     Au total, si la Grèce faisait défaut sur la totalité de sa dette européenne, la facture pour la France pourrait ainsi atteindre 42 milliards €, soit l'équivalent du coût du pacte de responsabilité de François Hollande d'ici à 2017 ! À tout cela, il faudrait encore ajouter les pertes des banques nationales de la zone Euro. Au 31 décembre 2013, celles-ci possédaient encore 22,7 milliards € de dette grecque. Selon des estimations, ce montant serait encore d'une vingtaine de milliards € en 2014. En raison de sa part dans le capital de la BCE, la Banque de France est ainsi exposée à hauteur de quelque 2,6 milliards €.

     La Grèce était enfin endettée vis-à-vis de l'Eurosystème à hauteur de 41,7 milliards d'Euros en novembre 2014 dans le cadre du système de paiement interbancaire Target 2. En cas de sortie de la zone Euro, la Banque de Grèce resterait endettée de ce montant vis-à-vis de la BCE sans pouvoir le convertir en nouvelle drachme. Il y a alors fort à parier qu'elle ne pourra pas honorer cet engagement. La perte pour la BCE serait donc répartie sur les banques nationales restant dans la zone Euro, dont 8,5 milliards € pour la Banque de France. À leur tour, les banques nationales devraient alors théoriquement être recapitalisées par leurs États respectifs. À tout le moins, elles seraient contraintes de réduire les dividendes qu'elles leur versent habituellement grâce aux gains réalisés sur les opérations de politique monétaire.

      En revanche, les banques françaises privées ont considérablement réduit leur exposition au secteur public grec, tout comme les banques allemandes. Leur engagement est passé depuis 2010 de plus de 14 milliards de dollars, à seulement 120 millions. Ce désengagement est similaire sur le secteur privé grec. Les banques françaises ne sont plus exposées qu'à hauteur de 1,646 milliard, une somme à laquelle il faut tout de même ajouter 471 millions de dollars d'expositions vis-à-vis des banques grecques.

 

19. Manque de liquidités aux banques grecques

       Suite à la contraction incessante de l’économie du pays et la perte de revenu des menages, depuis 2010, les banques grecques ont perdu 69 milliards d’Euros de dépôts, soit près de 30% du total. Avec la peur des élections, les épargnants grecs ont accentué le retrait de leurs dépôts bancaires. Le quotidien conservateur «Kathimerini» a indiqué, citant des sources bancaires, que le montant des dépôts retirés devrait atteindre 7 milliards d'Euros sur deux mois à fin janvier, ce qui est considérable.

 

     La question de la liquidité des banques helléniques demeure centrale dans les scénarios de l’après-élection en Grèce. La BCE avait, voici deux semaines, rappelé que l’accès à son programme d’octroi de liquidités d'urgence («Emergency liquidity assistance» - ELA) du système bancaire grec dépendait d’un audit des mesures d’austérité mené par les inspecteurs de la «Troïka». En absence de ce rapport, la BCE annulerait une ligne de crédit ELA de € 40 milliards vitale pour les fragiles banques grecques. Cependant, la menace d'un effondrement du système bancaire a amené le 21.01.2015 la BCE à accepter la demande de recours déposée par les quatre banques "systémiques" grecques (Alpha, Eurobank, la Banque du Pirée et la Banque nationale de Grèce). Le montant accordé n'a pas été précisé. Pour rappel, l’ELA consiste en un prêt d’urgence que les banques centrales nationales de l’Eurozone peuvent attribuer à des banques connaissant des pénuries de liquidités ponctuelles de nature à perturber gravement le système, avec l’aval de la BCE. Ces pénuries de liquidités peuvent notamment survenir lorsqu’un grand nombre d'épargnants se présentent simultanément pour récupérer leurs économies, ce que l’on appelle une panique bancaire, ou «bank-run». C’est ce qui s’est passé avec l’annonce des élections du 25.01.2015 et la victoire prévue de SYRIZA...

 

 

20. Epilogue

       Tout en soulignant que les Grecs étaient libres de décider de leur gouvernement et que le pays était le seul à même de choisir s’il veut ou non rester dans l’Euro, le Président français François Hollande a rappelé que la Grèce devait aussi respecter ses engagements avec la zone Euro. Et quels engagements ! La Grèce a emprunté à la zone Euro 194,7 milliards d’Euros, dont 52,9 milliards € directement auprès de différents pays, principalement l’Allemagne et la France, et 141,8 milliards €  auprès du EFSF qui jouit de la signature de tous les pays de l’eurozone. De son côté, le FMI a déboursé depuis le début de la crise grecque 31,8 milliards d’Euros.

        Au total, la Grèce a donc déjà emprunté 226,5 milliards €, et pourrait encore obtenir dans le cadre de son plan d’aide 1,8 milliard € du FESF (MES) avant la fin février 2015, et 16,3 milliards € du FMI d'ici la mi-2016, à condition de respecter le programme économique imposé par ses créanciers. Pour compléter le tableau, il faut ajouter que la BCE avait racheté pour un peu plus de 25 milliards d’Euros d’obligations grecques au début de la crise en 2010-2011. S’il fallait tirer un trait sur ces 4 années de soutien, la perte serait colossale et la Grèce s’exclurait de l’Euro mais aussi des marchés financiers.

       Le Président de la Commission Jean-Claude Juncker s'était ainsi lourdement introduit dans le débat grec en faveur des «visages familiers», suivi en la matière de son commissaire à l'économie, le socialiste français Pierre Moscovici. Après son ministre des finances, la Chancelière Angela Merkel elle-même s'en était mêlée : «Le gouvernement allemand, rapportait début janvier le site du Spiegel, juge quasiment inévitable une sortie (de la Grèce) de la zone Euro, si le chef de l'opposition Alexis Tsipras (président de SYRIZA) dirige le gouvernement après les élections (législatives), abandonne la ligne de rigueur budgétaire et ne rembourse plus les dettes du pays». Sans effet dans les sondages grecs, malgré l'attachement majoritaire de la population à la monnaie unique, la menace avait été critiquée jusqu'en Allemagne. Sans la démentir, la Chancelière amorçait cette semaine un certain rétro-pédalage «je souhaite que la Grèce reste dans l'Euro», non sans rappeler aussitôt ses conditions : «solidarité en échanges d'efforts», c'est à dire la poursuite des politiques de rigueur budgétaire. Celles, justement, que remettrait en cause SYRIZA, si devenu par infortune le futur parti gouvernant.

      Malheureusement, si Tsipras parvient au pouvoir et respecte les accords avec la zone Euro, il s’apercevra très vite que l’ex-Premier ministre, Antonis Samaras, a déjà négocié à peu près tout ce qui était possible dans un cadre légal. Ainsi, les Européens prêtent à la Grèce à des conditions bien plus généreuses qu’à l’Irlande, Chypre, ou au Portugal. La durée moyenne des prêts est de trente-deux ans, ils sont assortis d’un moratoire de remboursement de dix ans qui n’existe pas ailleurs. Et leurs taux d’intérêt sont très faibles. En outre, la BCE s’est engagée à reverser à la Grèce tous les profits réalisés sur la revente des obligations grecques. Comme le FMI de son côté a averti qu’aucune renégociation de son aide n’était possible, les marges de manœuvre sont maigres.

     Le 19.01.2015, Christine Lagarde a mis en garde la Grèce sur les conséquences d'une restructuration de sa dette, à quelques jours d'élections législatives. "En principe, les efforts collectifs sont les bienvenus mais, dans le même temps, une dette est une dette, c'est un contrat !", explique la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) dans les colonnes du quotidien irlandais «The Irish Times» : "Un défaut, une restructuration, une modification de ses termes ont des conséquences sur la signature d'un pays et sur la confiance accordée à cette signature", poursuit-elle...

Au mieux, la Grèce peut demander encore un allongement de la durée des prêts et une nouvelle petite baisse de taux. Ce qui avait d’ailleurs déjà été promis (mais non appliqué) par les ministres des Finances de la zone Euro en novembre 2012, à condition que la Grèce dégage un excédent primaire budgétaire. Quel que soit le gagnant des élections, il y aura donc une renégociation de la dette grecque. Toute la question porte sur son ampleur. L’ «effacement significatif» promis par Tsipras promettrait un long et rude bras de fer politique avec les 18 autres pays de la zone Euro.

     En fait, Tsipras devrait s’attendre à recevoir un appel de la BCE dans les semaines qui suivront son (encore hypothétique) entrée en fonction, lui rappelant que la Grèce doit quelque 40 milliards € en soutien au système bancaire. Il s’agira d’une menace voilée de couper le robinet, comme elle a menacé de le faire en Irlande, et qu’elle a bien failli le faire à Chypre. Qu’adviendrait-il si – comme à Chypre lorsqu'en 2013 le parlement refusa les mesures de rigueur associées au «plan d’aide» euro-allemand – la BCE décrète une manière de blocus, suspendant son alimentation en billets ainsi que les transactions entre les banques grecques et celles de l’eurozone ? Où la Grèce trouvera-t-elle les 20 milliards € qu’elle doit payer à ses créanciers en 2015 ? Un défaut grec serait-il vraiment indolore pour les autres États de la zone Euro ?Un bras de fer pourrait alors s'engager entre l'UE et le futur gouvernement grec, si SYRIZA était élu.

     Quant à une victoire étriquée des partisans de la politique de la «Troïka» le 25 janvier 2015, elle ne réglerait rien. Elle ne ferait qu’enfoncer un peu plus le pays dans la déflation, la crise humanitaire, le désespoir. Elle ne ferait que retarder les échéances sans rien régler, augmenter les risques de contestation violente ou d’aventure hors des sentiers de ce que la Troïka a laissé subsister de démocratie.

     Sur le site Internet du Point, le 3 janvier 2015, l’économiste Bernard Chokrane estime que le résultat des élections sera de peu d’importance puisque, quel que soit le vainqueur, «la Grèce fera de toute façon défaut en 2015. (…) La Grèce ne paiera pas, tout simplement parce qu'elle en est incapable. Le traitement d'austérité drastique, infligé au mépris de la science économique, qui a été imposé à la Grèce en est la cause.». En effet, une dette à 174 % du PIB, elle est insoutenable et la ramener à 124 % d’ici à 2020 impossible.

 

Dr. Angel ANGELIDIS

Bruxelles, le 23.01.2015

 


 

Sources :

http://www.20minutes.fr/economie/895103-20120309-goldman-sachs-grand-gagnant-crise-dette-grecque

http://www.wikistrike.com/article-goldman-sachs-a-camoufle-la-dette-de-la-grece-puis-parie-sur-sa-faillite-99715852.html

http://www.berichcorp.com/grece-le-swap-de-goldman-sachs-2001/

http://bts-banque.nursit.com/Dette-publique-deficit-public-et

http://bts-banque.nursit.com/Le-Pacte-de-Stabilite-et-de

http://tempsreel.nouvelobs.com/topnews/20150105.AFP4660/l-euro-chute-sous-1-20-dollar-inquietudes-avant-les-elections-grecques.html

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http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2015/01/05/31002-20150105ARTFIG00213-sortie-de-l-euro-pourquoi-angela-merkel-lache-la-grece.php

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/01/04/20002-20150104ARTFIG00066-berlin-pret-a-l-intransigeance-si-les-grecs-abandonnent-l-austerite.php

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/12/30/20002-20141230ARTFIG00190-comment-le-melenchon-grec-compte-redresser-l-economie-du-pays.php

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http://www.express.be/business/fr/economy/une-sortie-de-la-grece-de-la-zone-euro-ne-serait-plus-insupportable/210358.htm

http://www.wsj.com/articles/grexit-could-happen-by-accident-1421012401

http://fr.metrotime.be/2015/01/06/must-read/pourquoi-le-grexit-naura-pas-lieu/

http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20141220trib8353bb775/pourquoi-la-crise-grecque-est-loin-d-etre-achevee.html

http://www.economie.gouv.fr/facileco/accords-europeens-pour-sortir-zone-euro-2001-2012

http://leblogalupus.com/2014/01/19/2014-la-grece-quitte-leuro/

http://www.herodote.net/La_Grece_un_pays_en_detresse-article-1489.php

http://www.mondialisation.ca/restructuration-audit-suspension-et-annulation-de-la-dette/5425930

http://russeurope.hypotheses.org/1364

 


 

Source: http://russeurope.hypotheses.org/1364
Source: http://www.les-crises.fr/grece-tout-faux/
La restructuration de 2012 et les échéances de la dette grecque.

Commentaires

21.04 | 19:00

trop top..... on va dans la region cet été… merci à vous...

13.01 | 15:03

God save the queen

08.01 | 17:39

Grand merci pour la leçon d'histoire.
Nguyen Van Kiet

29.09 | 15:00

remarquable de précisions et donne l'idée générale de la ruse de guerre pour mieux répartir ses forces.