LE GÉNOCIDE ARMÉNIEN
Il fut perpétré d'avril 1915 à juillet 1916, voire 1923, au cours duquel les deux tiers des Arméniens qui vivent alors sur le territoire de la Turquie périssent du fait de déportations, famines et massacres de grande
ampleur. Il est planifié et exécuté par le parti au pouvoir à l'époque, le Comité Union et Progrès (CUP), plus connu sous le nom de «Jeunes-Turcs», composé en particulier du triumvirat d'officiers
Talaat Pacha, Enver Pacha et Djemal Pacha, qui dirige l'Empire ottoman alors engagé dans la Première Guerre mondiale aux côtés des Empires centraux. Considéré comme le premier génocide du XXe siècle1,
il coûte la vie à environ un million cinq cent mille Arméniens d'Anatolie et d'Arménie occidentale. Les déportations et massacres sont préparés et organisés depuis Constantinople, alors capitale de l'Empire,
et mis en œuvre à l'échelle locale par les responsables des divers districts et provinces. Chaque responsable local est chargé de rassembler ses administrés arméniens, puis les soldats et gendarmes ottomans escortent
les convois jusqu'au désert dans des «marches de la mort» et procèdent eux-mêmes aux assassinats ou laissent libre cours à la violence de groupes de bandits armés. De nombreux criminels, regroupés dans ce
qui sera connu comme l'«Organisation spéciale», ont été libérés par les autorités turques à cette fin. De nombreux témoins, diplomates, missionnaires occidentaux sont présents sur les
lieux des massacres. Ceux-ci rédigent de très nombreuses notes à destination des gouvernements occidentaux, décrivant avec détail le processus génocidaire en cours. Ces notes sont conservées dans les archives
des pays destinataires, en particulier la France, l'Angleterre, l'Italie, l'Allemagne, les États-Unis et dans les archives secrètes du Vatican. Les témoins les plus notables sont Henri Morgenthau, Armin T. Wegner, Johannes Lepsius et Leslie
Davis. Le rôle de l'Allemagne a longtemps été sous-évalué et fait encore l'objet de controverses. Bien que le gouvernement allemand n'ait pas pris part activement aux massacres, les études récentes montrent que
l'Allemagne était informée des plans génocidaires de l'Empire ottoman dès 191260, et décida de ne rien faire, comme le confirma Henry Morgenthau. De même, la participation à la préparation et la mise en
œuvre des massacres de certains fonctionnaires et militaires allemands en poste dans l'Empire ottoman a été mise au jour. À partir des archives allemandes et autrichiennes, Vahakn Dadrian évoque l'exemple du général
Fritz Bronsart von Schellendorf, vice chef d'état major ottoman, qui signa des ordres de déportation dans lesquels il demande que de «sévères mesures» soient prises à l'encontre des bataillons de travail arméniens.
Sa reconnaissance politique à travers le monde fait encore l'objet de débats et de controverses, à cause de la négation obstinée de ce génocide par la Turquie. En avril 2015, le génocide est reconnu par les
parlements de vingt-quatre pays.