Source: http://herald-dick-magazine.blogspot.com/2014/04/ukraine-ses-divisions-administratives_28.html
4. LANGUES
L'ukrainien est la langue officielle mais treize autres langues minoritaires sont reconnues, dont le russe dominant à l'est et au sud
(Odessa). La plupart des Ukrainiens parlent russe couramment du fait que 17 % de la population est officiellement russe. Dans l'ouest et le sud du pays, on trouve des minorités qui parlent le polonais, le hongrois, le biélorusse, le roumain,
le grec, le yiddish, ainsi que le tchèque, et le slovaque. En Ukraine, la quasi-totalité des Grecs habitent dans la ville de Mariupol et ses environs, sur les rives de la mer d’Azov [1]. L’allemand, qui jadis était une langue minoritaire (Allemands de la Volga), a disparu presque complètement après la libération de l'Ukraine par l'armée Rouge en 1943/1944. Aujourd'hui, l'allemand
est surtout enseigné à l'Université, et il est une langue commerciale sans doute la troisième langue étrangère enseignée après le russe, et l'anglais.
La situation linguistique est un indicateur puissant de la division du pays. Le recensement de 2001, s’intéressant
à la langue maternelle, montrait qu’environ un tiers des Ukrainiens ont eu le russe comme langue maternelle. La langue russe (en tant que langue parlée au quotidien) est très étendue à l’Est. Dans la capitale,
le bilinguisme russo-ukrainien demeure une nécessité car le nombre des russophones est légèrement supérieur au nombre des ukrainophones. Il convient aussi de signaler l’existence du «surjiyk»
[2], un dialecte «intermédiaire» entre le russe et l'ukrainien, massivement parlé dans les campagnes du pays (jusqu’à 21,7% dans la Région
Est-Centre).
[1]
D’après le recensement soviétique de 1989, il y avait 351.000 Grecs en Union Soviétique dont 98.594 en Ukraine et environ 89.000 à Mariupol et dans ses environs. Les Grecs de Mariupol sont des descendants des Grecs de
Crimée. Les premières colonies grecques de Crimée (Evpatoria, Kherson, Feodosia) furent fondées du VIIIème au Vème siècles avant J.-C. Après la chute de Constantinople, la Crimée passa sous le
contrôle de l’Empire ottoman pour une période de trois cent ans. Ce n’est qu’en 1774, après la signature de la Traitée de Kutchuk-Kainardji mettant fin à la guerre russo-turque qu'elle devint partie intégrante
de l’Empire de Russie. À la fin du XVIIIème siècle les Grecs de Crimée furent transférés à Mariupol sur les rives de la mer d’Azov sur ordre de l’impératrice Catherine II. Deux cents
ans plus tard, ils habitent toujours le même contrée d’où leur dénomination «Grecs de Mariupol» ou «Grecs de la région de la mer d’Azov». Ils constituent aujourd’hui 85% des Grecs
d’Ukraine. Selon les statistiques de 1994, 77% des Grecs en Ukraine sont de langue maternelle russe, 18,6% de langue maternelle grecque, alors que seulement 2,3% s’affirment de langue maternelle ukrainienne. Le faible part des ukrainophones parmi
les Grecs d’Ukraine s’explique par la politique de russification, mais aussi par le fait que la quasi-totalité des Grecs d’Ukraine habitent les parties sud-est du pays, et en premier lieu la région de Doneck, traditionnellement
russophone.
[2] Le sourjyk (parfois orthographié sourzhyk, sourzyk, surzyk
ou surzhyk, (en ukrainien суржик, en russe суржик) est un langage mixte, utilisé par quelque 15 à 20 % de la population ukrainienne. Originellement ce terme signifie «mélange». Surzhyk est né à la fin du XVIIIe
siècle lorsque les paysans ukrainiens ont commencé à être plus au contact de la langue russe au cours de l’industrialisation et la modernisation de l’Ukraine au sein de l’Empire russe. Cependant à cause d’une
scolarité insuffisante, la plupart des paysans ukrainiens qui s'efforcèrent de parler en russe ont fini par le mélanger avec leur ukrainien natif et donc le sourjyk a commencé à se développer. Dans les années
1920, après que l'Ukraine est devenue une partie de l'URSS, la langue ukrainienne a commencé à être rétablie en vertu de la politique soviétique de Korenizatsiya (nativisation), qui appuie le développement
des langues non russes afin d'obtenir le soutien des groupes ethniques qui ont été officiellement opprimés par le régime tsariste. Cette politique est changée à partir de 1930 sous le régime de Staline qui supprime
l’usage de l’ukrainien dans l’objectif de promouvoir l’usage d’une seule langue dans l’état soviétique. La terminologie et la formulation semblables ou identiques au russe ont été promues. Beaucoup
de mots ou de termes russes ont remplacé leurs équivalents en ukrainien et puis ont été manipulés avec la phonétique et la grammaire ukrainienne. Suite à ceci, il en est résulté un ukrainien plus
russisé que celui qui existait avant la création de l'Union soviétique. Ce changement de codification est devenu un sujet de dispute sur ce qu’il puisse être considéré comme pur ukrainien après que
l'Ukraine est devenue indépendante. Ainsi, la nature du sourjyk, idiome constitué à partir du russe et de l'ukrainien (il apparaît souvent localement sous la désignation «ukrusse») est objet de disputes
tant par les linguistes que par les politiques ukrainiens. Après l'effondrement de l'URSS et l'émergence de l'Ukraine comme un Etat indépendant, l’ukrainien est devenu l'unique langue officielle du pays, et donc parler cette
langue est devenue une obligation pour les politiciens. Beaucoup de ces gens étaient des russophones qui avaient commencé à utiliser l'ukrainien, mais n'ayant pas la maîtrise de la langue ils employèrent une forme de surjiyk
qui montre clairement les effets que la russification a eus sur l'ukrainien. Le débat linguistique s’est focalisé sur la façon correcte de parler l’ukrainien, certains linguistes affirment que l'ukrainien devrait être
utilisé uniquement dans les formes qui existaient avant la constitution de l'URSS, tandis que d’autres soutiennent que les formes actuelles datant de l’ère soviétique, sont plus contemporaines et bien connues à la population
et qu’elles seraient donc plus appropriées pour un usage moderne. Toutefois, parler surjiyk plutôt qu’ukrainien est perçu négativement par les militants nationalistes ukrainiens qui le considèrent comme une menace
pour la langue, la culture et l’identité ukrainienne.